Ce chapitre avait pour objectif de décrire la métallisation en face avant des cellules photovoltaïques
industrielles. Pour résumer, un bon contact peut être défini par quatre figures de mérite qui sont les
ré-sistivités de ligne ρ
let de contact ρ
c, la résistance shunt R
S het son ratio hauteur/largeur AR. À l’échelle
industrielle, l’optimisation de ces dernières est généralement réalisée grâce à un procédé standard. Une
pâte composée d’argent et de fritte de verre est d’abord déposée par sérigraphie. Par la suite, la cellule est
recuite à haute température pour permettre la gravure de la couche antireflet et la formation les contacts
finaux. De nombreux travaux ont permis de comprendre comment la microstructure résultante était créée et
quelles étaient ses conséquences sur l’extraction du courant photogénéré. Bien que simple dans son
prin-cipe, la métallisation des cellules industrielles se révèle être relativement complexe. Ainsi, l’optimisation
de cette étape dépend de nombreux paramètres comme le résume la figure II.18 page 71. La plupart des
travaux sur le sujet ont concerné l’impact de ces derniers sur les propriétés électriques des contact car ce
sont souvent celles-ci qui dictent le choix d’une pâte à l’échelle industrielle. Au contraire, peu d’études ont
concerné l’obtention d’un fort ratio AR. Les principaux facteurs permettant de jouer sur celui-ci sont les
propriétés rhéologiques de la pâte et le choix des paramètres d’impression. C’est également ces derniers qui
apparaissent prédominants pour réduire la consommation de pâte.
La dernière section de ce chapitre a montré qu’il était nécessaire de s’affranchir de ce procédé à plus ou
moins long terme. En comparaison des contacts déposés sur les cellules à haut rendement, ceux des cellules
industrielles induisent de nombreuses pertes. D’un point de vue économique l’utilisation d’argent dans les
pâtes a également de fortes conséquences. Plusieurs alternatives ont vu le jour ces dernières années. Trois
d’entre elles commencent déjà à intégrer les usines de production. Elles sont dérivées de la sérigraphie
et elles se concentrent sur l’augmentation du ratio AR des contacts. Néanmoins, il faut souligner qu’à
l’heure actuelle, aucune ne s’est vraiment imposée sur le marché et que ces solutions ne permettent pas
de s’affranchir des pâtes à base d’argent.
Enfin, c’est le concept double couche qui a été présenté. Grâce à ce dernier, il est possible de jouer
sur les autres figures de mérite de la métallisation, mais aussi de séparer leur optimisation dans le temps.
Alors que le premier dépôt est destiné à améliorer mécaniquement et électriquement la prise de contact,
le second permet de réduire la résistivité de ligne et d’augmenter le ratioAR. De l’argent ou l’empilement
nickel/cuivre/étain peuvent jouer le rôle de couche électrode. Celle-ci est réalisée par LIP dans la majorité
des cas. A l’inverse, plusieurs solutions existent pour déposer la couche d’accroche. À l’heure actuelle,
toutes sont encore en développement, mais des pilotes sont déjà commercialisés pour le procédé jet d’encre
et l’aérosol. La meilleure solution pour s’affranchir des limitations technologiques et économiques des
contacts actuels reste de remplacer l’argent par du cuivre et la couche d’accroche par un silicide de nickel.
Néanmoins, ce procédé n’est pas encore prêt et son industrialisation devrait se faire par étapes.
Formulation des problématiques
Suite à cette étude bibliographique, le plan de thèse suivra les deux axes de travail suivants :
❐ Étude de la sérigraphie à l’échelle industrielle:
Après le choix de la pâte qui est souvent régi par les propriétés électriques des contacts, il est
néces-saire de maximiser leur ratio hauteur/largeur et de limiter la quantité d’argent déposée. Ces aspects
n’ont été que peu étudiés. Cependant, ils apparaissent de plus en plus importants à cause de
l’aug-mentation du prix de l’argent et de l’hégémonie du procédé standard qui devrait perdurer durant la
prochaine décennie
[2]. L’objectif est d’étudier l’influence des propriétés rhéologiques des pâtes
d’ar-gent et des principaux paramètres du procédé sur les caractéristiques des impressions.
❐ Développement de la flexographie pour le concept double couche:
Bien que des pilotes existent pour les procédés jet d’encre et aérosol, ce schéma de métallisation a du
mal à intégrer les lignes de production. Au contraire, la flexographie semble répondre aux contraintes
de l’industrie photovoltaïque. Dans des secteurs tels que la production d’emballage, elle a déjà
dé-montré sa fiabilité et sa robustesse pour imprimer de faibles volumes d’encre sur des substrats fragiles
et irréguliers à une vitesse d’impression de plusieurs mètres par seconde. Lorenz et al.
[250]ont
récem-ment montré que grâce à sa haute cadence de production, le CoO de la métallisation des cellules
pouvait être considérablement réduit, jusqu’à 30 % si la flexographie est utilisée pour déposer à la
fois l’aluminium sur la face arrière et la couche d’accroche sur la face avant (suivi d’un
épaississe-ment avec l’empileépaississe-ment nickel/cuivre/argent). Pourtant, ce procédé n’a été que peu étudié. Aucune
étude ne rapportait son utilisation au début de cette thèse. L’objectif est d’étudier et d’adapter les
paramètres de la flexographie pour déposer une couche d’accroche de moins de 50µm de large qui
puisse être épaissie par LIP par la suite. Pour valider la faisabilité du concept, c’est de l’argent qui a
été choisi pour servir de couche électrode.
Chapitre
III
Matériel et méthodes expérimentales
III.1. Description des matériaux utilisés
III.1.1 Les cellules bleues
Les cellules utilisées dans le cadre de cette étude ont été fournies par MPO-Energy. Comme le montre la
figure III.1, ces dernières ont été fabriquées selon le procédé standard (voir la section I.3 page 21) à partir de
wafers bruts de silicium monocristallin (CZ-Si) de 15,6×15,6 cm
2de forme pseudo-carrée (surfaceS
cpv=
239 cm
2) et d’une épaisseur de 190µm. Ils ont d’abord été texturés à l’aide d’un bain basique pour former
des pyramides de 1 à 10µm de hauteur. Dans un second temps, la jonction pn a été réalisée par implantation
ionique (concentration en donneurs à la surface N
D≈ 10
20cm
−3pour une profondeur de jonction x
jde
≈ 0,4µm) avant le dépôt de la couche antireflet par PECVD (70 nm deSiN
x: H). Les « cellules bleues »
(image encadrée sur la figure III.1) ainsi obtenues sont le point de départ des investigations menées au cours
de ces travaux.
FigureIII.1:Photographie illustrant les différentes étapes du procédé de fabrication des cellules utilisées
lors de ces travaux. Voir la section I.3 page 21 pour plus de détails sur le procédé standard. L’image
encadrée montre une « cellule bleue » et l’encart illustre la texturation de surface de cette dernière.
À partir des cellules bleues, des lots « mixtes » de 100 cellules bleues ont été constitués. En effet,
les différentes étapes décrites précédemment sont réalisées sur des lots de 100 wafers. Cependant, des
variations de leur qualité intrinsèque ou encore des modifications des conditions dans lesquelles ils ont
été traités (notamment lors de la texturation de surface et du dépôt de la couche antireflet) peuvent avoir un
impact sur l’étape de métallisation de la face avant (voir la figure II.18 page 71). Par conséquent, 100 lots de
100 cellules ont d’abord été sélectionnés. Dans chacun d’entre eux, une cellule a été choisie aléatoirement
pour constituer les 100 nouveaux lots mixtes de 100 cellules bleues qui ont ensuite été utilisés lors des
essais d’impression. Les conditions de dépôt de l’aluminium en face arrière et les paramètres du recuit des
cellules ont été maintenus constants tout au long des expériences. Grâce à cette méthodologie, l’analyse des
données obtenues en moyennant les propriétés mesurées sur les cellules métallisées permet d’éviter que les
étapes prenant place avant celle de métallisation influencent les résultats et faussent leur interprétation. Sur
la ligne de production de MPO-Energy, la largeur et la hauteur moyenne des contacts imprimés sur ces lots
sont de 90µm et 20µm, pour des cellules caractérisées par un rendement moyen de 18,8 %.
Lors de l’étude de la sérigraphie (chapitre IV), l’utilisation de la ligne industrielle de MPO-Energy a
permis d’imprimer les lots mixtes de 100 de cellules bleues (voir la section III.3.1 page 101). Au contraire,
l’usage d’une presse de laboratoire lors de l’étude de la flexographie (chapitre V) a conduit à une limitation
évidente du nombre d’échantillons étudiés (voir la section III.3.2 page 102). Dans ce cas, seules quelques
cellules ont été sélectionnées aléatoirement dans plusieurs lots mixtes. Par ailleurs, chacune d’entre elles a
été redimensionnée par laser pour former trois échantillons de 15,6×4 cm
2afin d’être compatible avec le
format d’impression de cette presse.
III.1.2 Les pâtes et les encres
Quatre pâtes de sérigraphie commerciales ont été considérées lors de ces travaux. Ce choix a été motivé
par la difficulté de formulation d’une pâte qui puisse répondre au cahier des charges de la métallisation de la
face avant des cellules. Bien que leur composition exacte soit gardée secrète, le tableau III.1 donne quelques
informations sur les composants des pâtes A, B, C et D sur la base des données recueillies sur leur fiche
sécurité. Il faut souligner que ces quatre pâtes ont été sélectionnées auprès des trois plus importants
four-nisseurs du secteur (les pâtes A et B proviennent de la même société comme le souligne leur composition
relativement similaire), ce qui permet l’analyse d’un échantillon représentatif des produits disponibles pour
cette étape de fabrication des cellules. La pâte A a également été sélectionnée pour formuler quatre encres
de flexographie grâce à plusieurs dilutions.
Pâte
Concentration massique des composants (%m)
Poudre
d’argent
Monoxyde de
plomb dans de la
fritte de verre
Solvant Liant, plastifiant
Pâte A n.c. 2,5 à 10 % 2,5 à 10 % de
2-(2-butoxyethoxy)éthanol
0 à 2,5 % de
colophane
Pâte B n.c. 2,5 à 5 % 5 à 10 % de
2-(2-butoxyethoxy)éthanol
0 à 2,5 % de
colophane
Pâte C 50 à 100 % 3 à 5 % 3 à 5 % de
2-(2-butoxyethoxy)éthanol
1 à 3 %
d’oxydipropyl
dibenzoate
Pâte D 85 à 90 % 1 à 5 %
5 à 10 % de
trimethylpentanediol
monoisobutyrate
1 à 5 % d’adipate
de dimethyle
Dans le document
Etude de la métallisation de la face avant des cellules photovoltaïques en silicium
(Page 110-114)