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2.2 Modèles descriptifs de plasmas astrophysiques

2.2.3 Modèles Magnéto-Hydro-Dynamiques

La plupart des descriptions fluides des plasmas reposent sur la théorie de la MHD, introduite pour la première fois par Alfvén (1942). Cette théorie fut tout d’abord abordée dans le cadre idéal, c’est-à-dire d’un plasma mono-fluide parfaite-ment conducteur. Il en existe aujourd’hui diverses versions, dites MHD non-idéales, qui assouplissent certaines hypothèses afin de pouvoir décrire des phénomènes plus complexes.

La MHD idéale

La MHD idéale repose sur cinq équations, ainsi que les hypothèses ayant permis de les obtenir, et une relation de fermeture (Eq.2.28) :

∂B

Les six variables associées à ces équations sontBle champ magnétique,Ele champ électrique, ρ la densité de masse, u la vitesse fluide du plasma, J le courant etP

la pression scalaire. A cela s’ajoutent les constantes que sont µ0, la perméabilité du vide, etγ, l’indice polytropique. Il est de plus possible d’éliminer la variable E en combinant les équation 2.23 et 2.25 en une seule :

∂B

∂t =×(u×B) (2.29)

Les deux premières équations (2.23 et 2.24) ne nécessitent pas d’hypothèses particulières. Elles sont issues respectivement de l’équation de Maxwell-Faraday (Eq.2.6) et de l’équation de continuité de la masse (Eq.2.13). L’Eq.2.25 s’appelle la loi d’Ohm idéale et repose sur l’hypothèse de plasma parfaitement conducteur.

En l’absence de tout résistivité du plasma, nous pouvons supprimer les termes non idéaux de l’équation de la loi d’Ohm (Eq.2.20). Le terme j×B de cette équation, appelé terme Hall, est quand à lui un terme idéal, mais peut être négligé si nous le considèrons négligeable face au terme de convection u×B. En remarquant que

×B =µ0jetB0/ne=ωcipi2, oùωci etωpisont, respectivement, les pulsations cyclotron et plasma des ions, nous pouvons noter :

h 1

c la vitesse de la lumière, T et L sont respectivement les échelles caractéris-tiques de variation en longueur et en temps, et B0 une valeur typique du champ magnétique. Dans cette formule, cT /L est typiquement très grand et c/Lωpi très petit. Nous pouvons en première approximation estimer qu’ils se compensent mu-tuellement. Cela revient à dire que le terme Hall est négligeable si ωcipi << 1, ce qui se vérifie en milieu dense (coeur d’étoile, par exemple), mais demeure très discutable en milieu spatiaux. De la prise en compte de ce terme dans les équations découle la MHD Hall, dont nous discuterons plus tard.

L’Eq.2.26 repose sur l’équation de Maxwell-Ampère simplifiée du courant de déplacement tE/c2. Cette simplification repose sur le fait que la vitesse caracté-ristique du plasma est négligeable par rapport à la vitesse de la lumière. Dans le cadre de la MHD idéale, cela se justifie aisément grâce à des calculs d’ordre de grandeur :

T etLsont respectivement les échelles caractéristiques de variation en longueur et en temps, et E0 et B0 des valeurs typiques du champ magnétique et champ électrique. En s’appuyant maintenant sur la loi d’Ohm idéale (Eq.2.25), Nous obtenons que E0/B0V, où VL/T la vitesse caractéristique du plasma.

L’équation précédente se simplifie donc ainsi :

et nous en concluons que le courant de déplacement est effectivement négligeable dans le cadre de la MHD.

L’Eq.2.27 se déduit quant à elle de l’équation fondamentale de la dynamique par unité de volume. Pour un fluide eulérien non magnétisé, la somme des forces par unité de volume s’appliquant sur le système se résume à un gradient de pression, c’est-à-dire :

ρdu

dt =−∇P (2.33)

Dans le cadre d’un fluide magnétisé, cependant, il faut également appliquer la force de Lorentz à toutes les espèces s, sachant qu’en vertu de la quasi-neutralité, nneni :

En ajoutant cette force à l’Eq.2.33, nous retrouvons l’Eq.2.27.

L’Eq.2.28 est la relation de fermeture du système d’équation. Elle n’est pas imposée par le modèle et peut être modifiée en fonction de ce que nous souhaitons modéliser. Nous avons choisi d’indiquer ici le choix de fermeture le plus courant en MHD, c’est-à-dire une relation de type loi polytropique entre la pression P (supposée isotrope) et la densité ρ, où γ est le coefficient polytropique. Cette relation est issue de la physique des gaz parfaits, auxquels le plasma est assimilé dans le cadre de la MHD. En fonction de la valeur attribuée à γ, nous retrouvons différentes situations, telles que le cas isotherme (γ = 1) ou le cas adiabatique (γ =Cp/Cv, oùCp etCv sont les capacité calorifiques du gaz à pression et volume constants, respectivement).

Il est important de noter que la MHD idéale n’est pas utilisable dans le cadre de la reconnexion magnétique. En effet, cette dernière repose sur une démagnétisa-tion locale du plasma. Cela revient à violer l’Eq.2.25. Pour étudier la reconnexion magnétique, il existe cependant plusieurs autres formalismes MHD.

Les MHD résistives et Hall

La MHD idéale néglige totalement la résistance électrique et les autres sources de dissipation d’énergie. Ces dernières sont pourtant fondamentales pour le déclen-chement de la reconnexion magnétique. Un moyen simple d’adapter la MHD pour permettre la reconnexion est donc d’ajouter un terme de résistivité dans l’Eq.2.25.

La façon la plus courante de faire est de réécrire l’équation ainsi :

E+u×B=ηJ (2.38)

η le coefficient de résistivité. Les autres équations ne sont pas affectées. Nous parlons alors de MHD résistive. Il est également possible de choisir un terme de dissipation d’ordre supérieur tel que −ν∇(J2), oùν le terme d’hyperviscosité (Aunai et al. 2013).

En partant de la loi d’Ohm complète (Eq.2.20), une autre relation s’offre à nous.

Dans le cadre fluide de la MHD, nous pouvons nous permettre de considérer que le mouvement du plasma est assimilable à celui des ions, qui dictent la dynamique.

Autrement dit, uui. De plus, le gradient de pression des électrons ·

→−

Pe/en et leur inertie me/e dtue peuvent également être négligés, considérant que les variations spatiales et temporelles se font à des échelles ioniques. Cela revient donc à réécrire l’équation sous la forme :

E+u×B= 1

enJ×B (2.39)

Ce terme ajouté par rapport à la MHD idéale s’appelle le terme Hall, et cette variante porte par conséquent le nom deMHD Hall. Ce formalisme est plus réa-liste quand il s’agit de décrire des plasmas spatiaux et s’est révélé particulièrement adapté pour décrire la reconnexion magnétique de manière fluide (Birn et al. 2001;

Ma & Bhattacharjee 2001; Otto 2001). Il faut cependant insister sur le fait que le terme Hall n’est pas un terme résistif et ne peut donc pas suffire à déclencher la reconnexion magnétique dans le cadre de la MHD idéale.