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Un modèle testé

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L’alignement stratégique, une lecture critique de la littérature

Encadré 2 : une analyse temporelle des citations

2. Le SAM : un modèle opérationnalisé, testé et approfondi

2.2. Un modèle testé

Le modèle SAM a été testé par de nombreuses études qui ont adopté une approche partielle en se focalisant sur l’alignement de deux dimensions (malgré ce qu’Henderson et Venkatraman pensaient de ce type d’analyse), ou une approche de type gestalt (Venkatraman, 1989a) en testant l’alignement des 4 dimensions simultanément. Notons que l’objectif de vérification du modèle ne consiste pas à simplement mesurer le niveau d’alignement, mais à étudier son impact sur la performance des organisations. L’alignement stratégique est supposé influencer positivement la profitabilité des affaires de l’organisation (Luftman., 1996). A l’inverse, un mauvais alignement ne permet pas de bénéficier du levier de performance apporté par l’amélioration de l’efficacité des TI (Porter, 1987 ; Galliers, 1991) et nuit à la performance globale de l’organisation (Weill et Broadbent, 1998 ; Venkatraman, 2000).

Sur le modèle de la synthèse de la littérature proposée par Bergeron et al. (2004), nous proposons une analyse des articles testant l’impact de l’alignement stratégique, au sens du SAM, sur la performance des organisations.

2.2.1. Méthode et résultats de la revue de littérature

A partir de la revue de littérature commentée de Chan et Reich (2007b), nous avons relevé tous les articles mesurant l’impact de l’alignement stratégique sur la performance et mobilisant le SAM. Nous avons complété cette sélection d’articles par des articles que Chan et Reich n’ont pas analysés.

Ces articles ont été sélectionnés en fonction de leur projet de recherche. Nous avons choisi de conserver uniquement ceux qui cherchent à mesurer l’impact de l’alignement stratégique (quel qu’il soit) sur la performance de l’organisation. Ceux qui s’intéressent strictement aux antécédents de l’alignement ou aux conditions de l’alignement n’ont pas été retenus53. Nous présentons dans un tableau récapitulatif en Annexe 2 ces différents articles en précisant :

 le modèle de référence mobilisé (SAM ou modèle dérivés du SAM) ;

53 Par exemple l’article de Burn et Szeto (2000) étudie les quatre perspectives d’alignement définies par Henderson et Venkatraman mais ne s’intéressent qu’aux paramètres de cet alignement et pas à l’impact de l’alignement sur la performance de l’organisation. A l’inverse, l’article de Chan, Sabherwal et Thatcher (2006) mesure certes l’impact des antécédents sur l’alignement de la stratégie SI et de la stratégie business, mais également l’impact de cet alignement sur la performance. Nous le mobilisons dans cette synthèse.

 la méthodologie utilisée en distinguant les recherches qualitatives des recherches quantitatives ;

 La source des données utilisées (type d’échantillon, de répondants ou de documents) ;

 Les domaines du modèle étudiés parmi les quatre proposés par le SAM ;

 L’approche privilégiée (dynamique ou statique) ;

 Les conclusions apportées par les auteurs quant à l’impact de l’alignement sur la performance.

Méthodologies et données utilisées

L’échantillon est constitué de 21 articles qui traitent de l’impact sur la performance de l’alignement stratégique à partir de la définition et/ou du modèle apportés par les travaux d’Henderson et Venkatraman.

20 articles parmi les 21 sélectionnés proposent une méthodologie quantitative pour répondre à leur question de recherche. Seul un article (Palmer et Markus, 2000) utilise une méthode de recherche mixte en développant une étude préliminaire qualitative suivie d’une étude quantitative.

Nous remarquons que toutes ces études quantitatives, lorsqu’il est possible d’identifier les répondants, sont réalisées à partir de questionnaires soumis à des top-managers d’affaires et/ou SI d’organisations de toutes tailles. Nous retrouvons le caractère managérial qui implique une approche planificatrice et rationnelle de la stratégie. Dans cette perspective, la stratégie d’affaires et SI de toute entreprise est le résultat d’une décision volontaire et sous contrôle du management. Ainsi, les discours des managers sur la stratégie expriment la stratégie effectivement suivie par l’organisation (Hambrick et Mason, 1984).

Perspective SI ou TI ?

Comme nous l’avons remarqué, il existe dans les travaux d’Henderson et Venkatraman un flou concernant la définition du système d’information. Les auteurs jonglent entre différents termes pour caractériser les mêmes construits. Dans les premiers articles de 1989, ils parlent de TI/SI sans clairement distinguer les deux notions (même si implicitement on peut

comprendre que le TI correspond à une dimension plus technique du SI contrairement à la dimension processuelle par exemple). Dans l’article de 1991, ils parlent uniquement de TI.

Dans ceux de 1993 et 1999 (qui sont identiques) ils ne parlent que de SI. Cette confusion quant au sujet d’étude se retrouve dans les articles étudiés :

 12 articles sur 21 assument clairement une orientation technologiques à leurs travaux puisqu’ils parlent de stratégie TI, d’alignement stratégique des TI, etc. ;

 2 articles parlent de SI mais adoptent un positionnement purement technologique en se focalisant entre autres sur les « investissements TI » ou les « TI stratégiques » pour Teo et King (1996), et « l’impact des TI sur l’organisation » pour Pollalis (2003) ;

 3 articles utilisent le terme de SI sans en donner une définition claire ce qui maintient une ambiguïté quant au rapport SI/TI (Baets, 1996 ; Chan, 2001 ; Sabherwal et Chan, 2001) ;

 1 article parle de SI/TI sans pour autant les distinguer (Chan, Sabherwal R. et Thatcher, 2006) ;

 2 articles se positionnent clairement dans une perspective SI en dépassant une approche purement technique du terme (Hirschheim et Sabherwal, 2001 ; Croteau, Bergeron et Raymond, 2001).

Ces articles adoptent une approche principalement technique de l’alignement stratégique et ne prennent pas en considération les autres dimensions du système d’information.

Domaines étudiés

Dans leurs articles fondateurs, Henderson et Venkatraman soulignent que l’étude de l’alignement stratégique ne doit pas s’arrêter à des analyses bidimensionnelles qui n’impliquent que deux domaines. Ils proposent au contraire une approche processuelle qui aborde l’alignement stratégique comme un ensemble d’alignements croisés mettant en action trois domaines.

Parmi les 21 articles étudiés, 12 traitent d’alignements entre deux domaines, dont 11 se focalisent sur l’alignement entre stratégie d’affaires et stratégie SI, et 1 seul sur l’alignement entre structure d’affaires et structure SI.

2 articles seulement étudient l’alignement de 3 dimensions simultanément à savoir stratégie d’affaires/structure d’affaires/stratégie SI pour Jouirou et Kalika (2004) ; ou stratégie d’affaires/stratégie SI/structure SI pour Croteau , Bergeron et Raymond (2001).

Enfin les 6 autres articles ont une approche plus globale du modèle bien qu’il faille nuancer cette remarque. En effet, sur ces 6 articles, seuls 2 vérifient vraiment le modèle dans une perspective de gestalt (Venkatraman, 1989a) en étudiant simultanément l’ensemble des domaines du modèle. Les 4 autres s’intéressent pour leur part aux antécédents de l’alignement qui permettent d’améliorer l’impact positif de l’alignement stratégique (d’un point de vue global) sur la performance.

Notons qu’à travers ces approches partielles du modèle d’alignement stratégique, les auteurs adoptent une perspective de contenu stratégique. Ces recherches sont, dans leur ensemble, contradictoires avec l’appel des auteurs fondateurs qui plaidaient pour une opérationnalisation globale et processuelle du modèle.

Approche statique vs. Approche dynamique

Nous l’avons souligné ci-dessus, l’approche de l’alignement stratégique envisagée par Henderson et Venkatraman était résolument dynamique. Il est le produit d’un processus. Or, parmi les 21 articles étudiés, seuls 6 (dont deux identiques) adoptent une approche dynamique, les 16 restants se positionnent dans une perspective statique.

Sur les 6 articles dynamiques, 4 se focalisent sur les antécédents à l’alignement stratégique.

Ils correspondent facteurs qui influencent positivement ou négativement le niveau d’alignement stratégique atteint en fin de processus (Baets, 1996 ; Luftman, Papp et Brier, 1999 ; Luftman et Brier, 1999 ; Papp, 1999). L’article d’Hirschheim et Sabherwal (2001) décrit la perception de l’alignement stratégique de l’alignement stratégique dans une approche dynamique en soulignant que l’évolution d’une des dimensions stratégiques (d’affaires ou SI) doit nécessairement provoquer un mouvement de l’autre dimension, au risque de subir une perte de performance. Enfin, l’article de Pollalis (2003) montre que l’alignement stratégique conditionne la performance organisationnelle tant au niveau du processus que de l’output final.

Les 15 autres articles s’attachent pour leur part à mesurer le contenu stratégique. Ils proposent une photographie à une période donnée de l’alignement stratégique et de son impact sur la performance.

Impact sur la performance

Tous les articles étudiés soulignent l’impact positif de l’alignement stratégique sur la performance quel que soit les dimensions retenues ou la perspective choisie.

2.2.2. Discussion

Comme le montre le tableau de synthèse (Tableau 15), la littérature vérifiant et testant le SAM est tantôt cohérente, tantôt incohérente avec les préconisations des auteurs de référence.

Les éléments en cohérences sont :

les données utilisées : elles soulignent la perspective managériale de l’alignement stratégique. Sur ce critère, les auteurs étudiés rejoignent les travaux originaux qui mettent l’accent sur le rôle capital des managers dans l’alignement stratégique de leur organisation ;

l’approche technique des SI : la perspective technique est majoritairement adoptée par les articles étudiés. Toutefois cette cohérence est plus le résultat d’un manque de précision sur les termes employés dans le modèle de référence que d’une réelle volonté initiale d’Henderson et Venkatraman de défendre une perspective plutôt qu’une autre ;

l’impact sur la performance : l’objectif des auteurs initiaux est de rationnaliser l’approche de la gestion stratégique des SI et son impact sur la performance de l’entreprise. L’ensemble des résultats obtenus par les différentes études, confirment la relation positive entre alignement stratégique et performance de l’entreprise.

Les éléments qui vont à contresens des propositions ou préconisations d’Henderson et Venkatraman dans leurs différents articles sont :

les domaines étudiés : la majorité des articles adoptent une approche bidimensionnelle du modèle SAM. Seuls quelques-uns respectent la logique d’origine du modèle. De plus, comme le soulignent Camponovo et Pigneur (2004), les articles tendent à avoir une

approche uniquement interne de l’alignement sratégique alors qu’Henderson et Venkatraman soulignent que l’alignement des domaines doit également être externe.

le caractère dynamique/statique du modèle : la vision communément adoptée de l’alignement stratégique est plutôt statique alors même que les travaux fondateurs privilégient une approche dynamique ;

Ces déviations sont liées au fait que le concept d’alignement stratégique est équivoque voir tautologique (Maes, 2000 ; Maes, Dirksen et Truijens, 2000). Malgré le nombre de dénominations et de définitions, la notion d’alignement reste relativement abstraite voire incohérente. Par exemple, Tallon et Kraemer (1998 : p. 2) le définissent comme

« l’alignement de la stratégie SI et de la stratégie d’affaires ». Cette définition est partielle et tend à limiter l’analyse à une perspective bidimensionnelle qui ne concernerait que les dimensions stratégiques, alors même que le modèle initial propose une approche globale.

D’autres définitions du concept entraînent des interprétations contradictoires qui amènent certains auteurs à étudier l’alignement comme un processus (Burn, 1997) et d’autres comme un résultat (Bergeron et al., 2001).

Cette confusion sur la définition du concept est à l’origine d’une critique commune à des auteurs comme Coakley, Fiegener et White (1996), Ciborra (1997, 1998) ou Avison et al.

(2004). Celle-ci porte sur les limites pratiques du modèle. Cette question est liée à la mesure du degré d’alignement, mais surtout à la non-prise en compte de la complexité de l’environnement qui suppose que les entreprises sont encastrées dans de nombreux contextes (Ciborra, 1997 ; 1998), du rôle des acteurs humains dans l’alignement et des comportements qu’ils peuvent avoir comme l’apprentissage (Ciborra, 1998) ou l’émergence de nouvelles pratiques (Ciborra et Hanseth, 1998). Maes (2000), d’après Maes et al. (2000), plaide pour une reconstruction du modèle d’alignement stratégique à partir de différents postulats :

 la définition du concept d’alignement stratégique doit être claire et compréhensible ;

 l’alignement stratégique doit être considéré comme étant un processus et pas seulement un résultat ;

 l’alignement stratégique doit être mesurable ;

 l’alignement stratégique doit suffisamment prendre en compte les contextes multiples auxquels les organisations sont confrontées ;

 l’alignement stratégique doit être mieux adapté à la réalité des entreprises dans lesquelles les managers ne peuvent pas tout décider et contrôler et les individus bénéficient de nombreuses marges de manœuvre.

Tableau 15 : Synthèse de la revue de littérature

Intitulés des thématiques

Propositions d’Henderson

et Venkatraman Tendances dans la littérature Cohérence ?

Méthode de dimension humaine et dynamique des SI au sens de Reix et Rowe (2002).

La littérature a tenté de combler ces deux limites en développant la notion d’alignement social et une approche dynamique sur le principe du Punctuated Equilibrium Model (Gersick, 1991).

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