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Chapitre 3 Le modèle proposé : Le modèle autopoïétique de la gestion des connaissances imparfaites

3.2. Evolution de la connaissance dans le modèle autopoïétique de la gestion des connaissances

3.3.3. Le modèle proposé selon un point de vue technique

Dans cette section nous présentons une classification du système opérationnel associé au système de connaissance, à partir des trois approches cognitives que nous avons vu au chapitre 1, à savoir : les SBC issus de l'approche cognitiviste, les SBC issus de l'approche connexioniste, et les

SBC issus de l'approche enactiviste.

Les SBC issus de l'approche cognitiviste

Un système de connaissance de type cognitiviste fonctionne selon l'approche de la cognition (le traitement symbolique de la connaissance), d'où le nom de cogniticiens donné dans les années 80 aux informaticiens chargés de recueillir l'expertise chez l'expert afin de constituer un cahier des charges pour la construction d'un système expert ou d'un système à base de connaissance. Ces systèmes de connaissance sont bâtis sur la dualité savoir-faire/connaissance.

Ainsi, un système de connaissance prend en charge une réalité physique sous forme de code symbolique. Comme l'a dit Ermine, « tout phénomène perceptible (signe) s'observe selon trois niveaux indissociables : le référent ou signe (la manifestation), le signifié (la désignation), le signifiant (le sens) ou encore se perçoit selon trois dimensions : syntaxique, sémantique, pragmatique. Cette conjonction de points de vue est inséparable ». Puis il a dit, en citant Le Moigne « on ne peut pas … manipuler un symbole en faisant comme s'il n'était qu'un signe dénué a priori de signification et de configurabilité » [Ermine, 96].

En conséquence, toute l'informatique (computing en anglais, computación en espagnol) de nos jours, se fait par le biais du traitement symbolique de l'information (base de données, réseaux, etc.), et du traitement symbolique de la connaissance (l'émulation du savoir-faire des experts par des systèmes experts, les SBC de type base de règles ou base de cas, etc.), mais également la bureautique (le traitement symbolique de documents), la télématique (le traitement symbolique du son, de l'image et de la parole dans un même support), etc., s'appuient aussi sur l'approche cognitiviste de la cognition. De plus, ce n'est pas seulement le software qui suit une ligne symbolique, mais aussi le

hardware de la machine [Narvarte, 90]. En effet, la représentation binaire est partout dans la structure

de la machine.

Nous attirons l'attention aussi, que le fait d'avoir cette contrainte symbolique pour la représentation de la connaissance, a limité notre travail de thèse à l'extraction des connaissances de données étendue aux données floues (objets imprécis et événements incertains) d'une base de données relationnelles floues de type FSQL. Cela signifie, que la seule façon de faire le flou dans une machine logique (0 ou 1), c'est à travers la simulation d'une couche logique. Cette couche sert de pont entre la couche conceptuel et la couche physique. D'ailleurs, cela implique la construction de tables

de conversion66 (dans la couche logique) pour faire le passage entre les autres deux couches, cela implique aussi un gaspillage de ressources énormes en termes de temps CPU67.

Il semblerait que le contexte scientifique de cette thèse (où l'objectif est la gestion de connaissances imparfaites) soulève la question se savoir si dans un futur (proche pour l'humanité) aurons-nous une machine flou, c'est-à-dire une machine où les propriétés des composants dans l'espace matériel. Nous pesons, que la direction de ces recherches à la bioinformatique, car nous vivons tous les jours avec le flou (et le non flou aussi d'ailleurs).

C'est pour cette raison, que dans la citation du chapitre 1, nous avons mis à Francisco Varela, car lui est un biologiste et informaticien. En plus, lorsqu'il dit « le monde du vivant, la logique de l'autoréférence et tout l'histoire naturelle de la circularité devrait nous dire que la tolérance et le pluralisme sont le véritable fondement de la connaissance. Ici, les actes valent mieux que les mots ».

Pour nous ce paragraphe est clé dans la démarche et le canevas de pensée chez Varela, car c'est une véritable invitation à explorer d'autres chemins pour représenter la connaissance. Et, comme l'a si bien dit Gaston Bachelard dans son livre, intitulé Le nouvel esprit scientifique (publié en 1934) :

Pourquoi pas ? Eh oui, pourquoi ne serait-il pas opportun d'imaginer l'informatique en dehors de

l'approche cognitiviste. Cela signifie qu'il faut laisser derrière le paradigme de l'ordinateur (informatique ou computationnel) chez John von Newman. Pas si longtemps Warren McCulloch l'a fait avec le modèle connexioniste, fondé sur l'approche connexionniste (que nous verrons par la suite). L'avenir pour nous se trouve, comme nous l'avons dit plus haut, dans la bioinformatique, et donc l'approche de l'enaction (que nous verrons ici aussi), pourrait devenir un arbre si solide pour construire une nouvelle approche de l'informatique, et de nouveaux systèmes de connaissance.

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Dans le chapitre 5 nous développons une stratégie pour la construction des couches. La couche conceptuelle que permet la représentation de données imprécises, et la couche logique que permet la représentation de tables de conversion, pour le passage de la couche conceptuel à la couche physique (que dans cette expérience est Oracle 8). Les aspects théoriques de l'imprécis et de l'incertain sont donné dans le chapitre 4. Principalement, du livre de Dubois et Prade, intitulé Théorie des

Possibilités - Applications à la représentation des connaissances en informatique (publié pour la première fois en 1985,

puis en 1988). 67

Dans l'annexe 2 nous avons incorporé en exemple pour le traitement flou de 19 tuples (registres) à l'aide du système FSQL sous Oracle 8. Néanmoins, il faut souligne que les temps d'exécution pour une interrogation flou (avec un ou deux filtres flous) sont loin d'être fier, si l'on sait que l'entreprise gère en batch, entre 5000 et 10000 registres pour un simple procédure de gestion de stocks.

Les SBC issus de l'approche connexioniste

Un système de connaissance de type connexioniste fonctionne selon une approche de la connexion (le traitement en réseau de la connaissance). Ces systèmes de connaissance sont bâtis sur la dualité environnement/connaissance, dans lesquels un phénomène de veille participe dans le recueillement d'informations dans l'environnement interne et externe (les travaux de Jean-Louis Ermine vont dans ce sens). Dans cette logique le modèle de la marguerite qui ne fait qu'enrichir davantage les modèles MASK et MKSM sont issus d'un milieu cognitiviste comme le montrent ses deux ouvrages fondamentaux de l'époque. L'un est Systèmes experts, théorie et pratique (publié en 1989) [Ermine, 89], l'autre est Génie logiciel et génie cognitif pour les systèmes à base de

connaissances (publié en 1993) [Ermine, 93]. Ce virage à droite, dans le changement de pensée, peut

s'observer aussi chez Michel Grundstein, en effet lui est passé du cognitivisme au connexionnisme, comme nous l'avons constaté dans son livre Les systèmes à base de connaissances, systèmes experts

pour l'entreprise (publié en 1988) [Grundstein et al, 88], et dans son article La capitalisation des connaissances de l'entreprise, une problématique de management (publié en 1996) [Grundstein,

96]68.

Les SBC issus de l'approche enactiviste

L'approche de l'enaction de Maturana et Varela considère la connaissance comme un système d'actions [Maturana et Varela, 73], où l'action existe, pour l'acteur, comme un acte de langage (c'est- à-dire le langage et ses émotions) et la culture (c'est-à-dire la structure sociale). Et donc, dans l'approche enactiviste la connaissance est le fruit du flux conversationnel d'une entreprise [Flores, 96a], [Flores, 96b].

Ainsi, notre hypothèse de recherche pour la construction d'un modèle autopoïétique de la gestion des connaissances imparfaites se base sur le fait que la connaissance ne peut pas être considérée comme un système de connaissance qui fonctionne selon une approche cognitiviste (le traitement symbolique de la connaissance, bâti sur la dualité savoir-faire/connaissance), ni selon une approche connexionniste (le traitement en réseau de la connaissance, bâti sur la dualité environnement/connaissance), mais comme un système de connaissance qui fonctionne selon une

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Nous soulignons au passage que les travaux de Alexandre Pachulski (2001), Thierno Tounkara (2002) et Barthelme- Trapp (2003) ont été très influencés par Ermine et Grundstein. Néanmoins, aucun des trois n'a fait appel à la théorie autopoïétique dans la construction de ses approches pour la gestion des connaissances, bien que dans la section référence bibliographiques de leurs thèses respectives, nous trouvons la citation aux ouvrages de Maturana (Biology of cognition) chez Tounkara, et de Maturana et Varela (L'arbre des connaissances) chez Barthelme-Trapp, en plus de quatre ouvrages chez Varela (Autonomie et connaissances, Connaître les sciences cognitives, The Embodied Mind, et Quel savoir pour l'éthique). Enfin, Pachulski fait référence à une seule livre de Varela.