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Environnement-organisation et environnement-patrimoine de connaissances

Chapitre 3 Le modèle proposé : Le modèle autopoïétique de la gestion des connaissances imparfaites

3.1.4. Environnement-organisation et environnement-patrimoine de connaissances

Si nous partons de l'hypothèse que le processus d'interaction EP est le fondement du processus de création et d'évolution de connaissances du modèle de gestion des connaissances de Ermine, reste à définir le concept de système utilisé dans le modèle, s'agit-il d'un système ouvert ou d'un système fermé ?

Pour répondre à cette question-là, regardons un peu plus en détails l'hypothèse de base du modèle de la gestion des connaissances de Ermine. A ce propos, Tounkara a dit « la relation environnement-organisation et la relation environnement-patrimoine de connaissances … nous postulons que la confrontation entre l'entreprise et son environnement se fait via le patrimoine de connaissances et qu'il existe donc un processus d'interaction entre le patrimoine de connaissances et l'environnement de l'entreprise … à travers les acteurs détenteurs du savoir de l'entreprise le patrimoine de connaissances n'est pas un système isolé de l'environnement. Il est au contraire

17 Ici ce concept prend l'importance d'un "macroscope" (vers une vision globale), en utilisant le terme chez Joël de Rosnay.

fortement relié à l'environnement et agit sur lui en créant de nouvelles connaissances qui vont modifier ainsi quelque peu l'environnement »18.

Par conséquent, le système de connaissances du modèle de la gestion des connaissances de Ermine, est un système ouvert : entrées/transformation/sorties. Ainsi, les entrées (appelées flux de compétences), la transformation, et les sorties (appelées flux cognitifs) sont définis par une approche système : l'approche OIDC19.

Néanmoins, cette définition est un peu limitée, parce qu'elle ne permet pas de définir avec exactitude, la frontière entre l'environnement et le système OIDC, autrement dit, les limites entre ce qui est à l'intérieur (ce qui appartient au système) et, simultanément et nécessairement, à l'extérieur (ce qui appartient à l'environnement). A ce propos, par rapport aux relations entre le système de connaissances (C) et le système opérant (O), le système d'information (I), et le système de décision (D), Ermine a dit « le sous-système de connaissances est vu comme un sous-système actif du système. Ce processus se traduit classiquement par des flux qui créent des interrelations actives avec les autres sous-systèmes du systèmes … les flux de compétence, représentent justement la compétence (au sens classique et intuitif) en terme de connaissance, des différents sous-systèmes du système, c'est en quoi ils enrichissent le patrimoine de connaissances … les flux de cognition correspondent à l'appropriation implicite (le plus souvent) ou explicite de ce patrimoine en vue de l'utiliser dans le processus de transformation propre au système ». Nous constatons donc que les relations entre composants (O,I,D,C) du système OIDC sont les porteuses de compétences et de connaissances.

D'autre part, pour Tounkara les relations environnement-organisation et environnement- patrimoine de connaissances, peuvent être organisées en trois perspectives « (1) l'entreprise et son environnement sont deux sous-systèmes distincts, en interaction forte ; (2) l'intelligence de l'entreprise repose sur une mémoire collective que l'on appelle le "patrimoine de connaissances" ; et (3) il existe un processus d’interaction entre le patrimoine de connaissances de l'entreprise et son environnement » [Tounkara, 02].

Dans cette argumentation, reste à savoir quelle est la signification du concept d'interaction

forte dans un processus d'interaction par parallélisme ?

A partir de ces trois aspects : (1) organisation et fonctionnement ; (2) opération de distinction ; et (3) environnement-organisation et environnement-patrimoine de connaissances, le modèle de gestion des connaissances de Ermine peut être expliqué en termes d'organisation et de

18 Dans cette argumentation, nous supposons qu'un système isolé correspond à un système fermé. 19

Cette approche est détaillée au chapitre 2.

structure des connaissances à travers un système de gestion des connaissances, composé de deux sous-systèmes, à savoir :

- le système de connaissances. Ce système est conçu d'une part, dans le domaine de l'organisation, par la description de l'unité à travers le modèle de la marguerite20, et d'autre part, dans le domaine de la structure, par les composants de l'unité conçus par l'approche de l'enaction de la cognition de Karl Weick.

- le système opérationnel. Ce système est conçu, d'une part, dans le domaine de l'organisation, par la description de l'unité à travers le modèle OIDC, et d'autre part, dans le domaine de la structure, par les composants de l'unité conçus par l'approche cognitiviste de la cognition.

Nous postulons que ce système de gestion des connaissances doit être décrit en termes d'organisation et de structure des connaissances, autour d'un paradigme d'unité, d'identité, et d'autonomie, c'est-à-dire comme un système autopoïétique.

Autrement dit, nous proposons de décrire le système de gestion des connaissances, non pas par une relation connaissance-environnement, mais par une relation connaissance-autopoïèse, à travers l'unité, l'identité et l'autonomie du système de connaissances et du système opérationnel.

Une partie de cette proposition est validée du fait que le paradigme d'unité, d'identité, et d'autonomie se trouve déjà de forme implicite dans le modèle OIDC, comme le souligne Ermine « les flux de cognition, qui transitent du système de connaissance vers les autres sous-systèmes peuvent exister de manière diffuse, opérant pas osmose, interpénétrant le système de connaissances et les autres sous-systèmes, selon l'hypothèse que cette pénétration est "profitable" (contribue au projet) globalement à tout le processus du système » [Ermine, 96]. Puis, il a ajouté « les flux de cognition du système de connaissance vers le système d'information sont d'une nature particulière … puisqu'ils sont le fruit de l'activité qui consiste à identifier, caractériser et expliciter les connaissances, afin que le système d'information puisse les stocker et les mettre à disposition suivant sa mission première » [Ermine, 96].

Le système autopoïétique ne fait que ressortir davantage le caractère vivant et viable du système de gestion des connaissances, vis à vis de son organisation et de sa structure, mais non pas par rapport à la relation entre composants, mais par rapport à la relation entre processus de production des composants, selon l'approche de l'enaction de Maturana et Varela.

20

Dans le modèle de la marguerite on préfère utiliser le terme "patrimoine de connaissances" au lieu de système des connaissances, car dans le modèle OIDC, la composant (C) du modèle est un système de connaissances. Nous avons bien à l'esprit que ces deux systèmes sont différentes, donc pour ne pas introduire un terme supplémentaire, nous utilisons de façon générique système de connaissance.

3.2. Evolution de la connaissance dans le modèle autopoïétique de la gestion des