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Le modèle de mise à jour des croyances

HYPOTHESES GENERATOR OPTION

1.1.6. Le modèle de mise à jour des croyances

Dans ce modèle, Hillel J. E Hogarth et Robin M. Einhorn (1992) considèrent que les individus appréhendent les tâches de mise à jour des croyances par un processus séquentiel d'ancrage et d'ajustement. Au cœur du processus de prise de décision, l'attitude courante (l'ancre) est ajustée par l'impact d'informations successives.

1.1.6.1. Description du modèle de mise à jour des croyances

Ce modèle s’intéresse à la façon dont les individus peuvent modifier leur jugement ou leurs croyances en fonction de l’occurrence de nouvelles informations. Depuis plusieurs années des domaines de recherche en probabilité11 et en économie12, notamment, ont étudié le fait que les croyances peuvent influencer une série de décisions. Dans le cadre de ce modèle, les caractéristiques sont les suivantes :

Modèle SBS (Step-by-Step) : l’ordre dans lequel les informations sont présentées aux décideurs peut influencer le jugement final, si les croyances sont mises à jour ;

Modèle EOS (End-of-Sequence) : les effets rencontrés peuvent être éliminés si le décideur attend d’avoir reçu toutes les informations avant de prendre une décision.

Premièrement, concernant le modèle SBS : Ces auteurs prévoient un effet lorsque les informations sont présentées de manière séquentielle. Dans ce modèle, l’effet se produit lorsque les individus fondent leur jugement par ancrage sur une position actuelle qui va être actualisée en fonction de nouvelles informations. Ainsi, chaque nouvelle information engendre un nouveau point d’ancrage.

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Il s’agit, notamment, des travaux de Peterson et Beach (1967) ; Fischhoff et Beyth-Maron (1983).

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Si certaines informations confirment le jugement et que d’autres l’infirment, l’ordre dans lequel le processus s’effectue influence le jugement final, il s’agit d’un effet d’ordre13

.

Deuxièmement, concernant le Modèle EOS : Lorsque les individus adoptent un mode de réponse en fin de séquence (EOS), les acteurs fondent leur jugement sur une hypothèse, après que toutes les informations aient été présentées. Dans ce modèle, l’ordre dans lequel l’information est présentée est sans conséquence, puisque le processus est considéré dans son ensemble.

Nous proposons dans le schéma suivant (cf. figure 6) de présenter les travaux sur la compatibilité des processus SBS et EOS de Hillel J. E Hogarth et Robin M. Einhorn.

Response mode

Complex evidence items and / or long

series

Impossible

Simple evidence items and short

series All tasks SbS EoS SbS EoS Process

Figure 6 : Compatibilité des processus SBS & EOS (Hogarth, Einhorn, 1992 p. 13)

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L’effet d’ordre est un biais lors d’une enquête. Il se traduit par le fait que les résultats d’une question sont influencés par l’ordre des propositions aux questions.

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Pour enrichir leurs travaux, Hillel J. E Hogarth et Robin M. Einhorn ont réalisé plusieurs expériences dans lesquelles ils ont cherché à varier la complexité des stimuli (simple : adjectif, nombre; complexe : grande quantité d'informations, stimuli non familiers…), la longueur des listes d'informations et le type de réponse (après chaque information reçue ou après l'intégralité des informations reçues). Dans certains cas ils obtiennent un effet de primauté, mais seulement, lorsque le test est réalisé a posteriori.

De plus, lorsque l'évaluation est demandée après que chaque information soit reçue, ils obtiennent principalement un effet de récence14 et jamais d'effet primauté15. En d’autres mots, les individus ont tendance à retenir plus facilement les dernières informations qu’ils ont reçues.

À présent nous allons présenter une expérimentation dans laquelle Martin A. Tolcott, Freeman F. Marvin et Paul E. Lehner (1989) ont testé les modèles SBS et EOS.

À l’aide d’un papier et d’un crayon, des officiers de l’US Air Force16

devaient décrire la réponse qu’ils apporteraient à une information concernant une cible inconnue. L’information leur a été présentée soit séquentiellement (SBS) soit simultanément (EOS). Certaines informations étaient positives d’autres négatives par rapport au fait que la cible pouvait être hostile.

Dans le cadre de cette expérimentation, ils ont varié systématiquement l’ordre dans lequel les informations apparaissent dans la procédure. Nous présenterons succinctement les résultats obtenus pour chaque modèle.

Modèle SBS : Les individus ont été invités à fournir une estimation de la probabilité concernant l’identité de la cible ;

Modèle EOS : Les individus ont été invités à fournir une estimation de la probabilité au moment où toutes les informations ont été fournies.

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L'effet de récence désigne la facilité à rappeler les derniers éléments d'une liste de stimuli que l'on doit mémoriser.

15 L’information reçue en premier déterminerait plus l'impression que l'on a d'autrui que l'information reçue

ensuite.

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En résumé, lorsque l’information a été présentée dans le cadre du modèle SBS, l’ordre dans lequel l’information apparaît influence les estimations des décideurs, entraînant ainsi un effet d’ordre. Dans ce cadre, il s’agit du poids que peuvent représenter toutes nouvelles informations qui surviennent en fin de séquence.

En revanche, dans le cadre du modèle EOS, l’ordre dans lequel apparaissent les informations n’influence pas les estimations réalisées par les individus. Cela suggère qu’ils utilisent une stratégie plus globale dans la formation de leurs estimations.

1.1.6.2. Les contributions du modèle de mise à jour des croyances à l’approche naturaliste de la décision

Les contributions du modèle de mise à jour des croyances au courant naturaliste de la décision ont été validées par une recherche-action menée par Leonard Aldman, Terry A. Bresnick et Martin A. Tolcott (1993).

Ces auteurs ont étudié les tactiques utilisées dans un système de défense de l’US Air Force17

. Ils ont approfondi les caractéristiques de traitement de l’information dans le cas de décision prise par un individu expert. Ici, ils soulignent le fait que les individus experts traitent plus facilement des informations contradictoires et sont donc moins sensibles aux effets d’ordres. L’analyse faite par ces auteurs sur la capacité des individus à prendre des décisions selon l’ordre dans lequel l’information fut présentée a enrichi le modèle de la première reconnaissance, dans le cas de diagnostic de situation. En effet, il s’agit du poids que peuvent représenter toutes nouvelles informations qui surviennent en situation pour l’expert.