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Modèle écologique de développement humain

Chapitre 2 – Cadre conceptuel et théorique

2.2 Modèle écologique de développement humain

Le modèle écologique de développement humain a été développé initialement par Urie Bronfenbrenner, notamment dans son ouvrage The Ecology of Human Development, Experiments by Nature and Design, publié en 1979 puis bonifié plusieurs fois par la suite. Ce modèle offre une conception du développement de la personne en interaction avec son environnement et les différents systèmes qui le composent. Selon cette perspective, le

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développement d’une personne est influencé par les différents niveaux de systèmes avec lesquels elle est en contact, mais qu’elle peut également influencer à son tour (Bronfenbrenner, 1979). Ainsi, « le comportement humain résulte d’une adaptation progressive et mutuelle entre la personne et son environnement » (Drapeau, 2008 :11). Le premier élément à considérer dans le modèle de développement humain est l’ontosystème, c’est-à-dire la personne elle-même. La personne étant située au centre de ce modèle, ses caractéristiques personnelles sont très importantes. En effet, chaque personne est appelée à réagir différemment à son environnement et l’influencera d’une manière qui lui est unique et personnelle (Gabarino, 1992, cité par Drapeau, 2008). Trois types de caractéristiques personnelles peuvent ainsi entrer en jeu dans le développement de la personne. Le premier concerne certaines caractéristiques qui agissent comme stimuli sociaux, autrement dit qui influenceront les réactions de l’environnement envers la personne. Viennent ensuite les dispositions personnelles qui concernent davantage la personnalité de chaque individu et la façon dont il entre en contact avec son environnement. Finalement, les ressources individuelles que la personne est amenée à développer au cours de sa vie, telles que ses habiletés, connaissances et expériences, jouent également un rôle important dans les interactions de la personne avec son environnement (Bronfenbrenner et Morris, 2006, cités par Drapeau, 2008).

Le premier niveau de système avec lequel une personne est en contact est le microsystème. Celui-ci concerne l’environnement immédiat d’une personne, c’est-à-dire les milieux avec lesquels celle-ci est directement en contact et l’ensemble des activités, rôles et relations interpersonnelles de la personne au sein de ceux-ci (Bronfenbrenner, 1979). Le développement de la personne s’effectue notamment grâce aux interactions avec des personnes, objets et symboles présents dans son environnement immédiat. Pour être significatives, ces interactions doivent avoir lieu régulièrement pendant une certaine période. Il s’agit des processus proximaux. La façon dont les processus proximaux affecteront le développement dépend de différents facteurs tels que les caractéristiques de la personne et leur évolution, l’environnement où ils se déroulent et le contexte social (continuité et changements sociaux). Les processus proximaux impliquent que la personne s’engage dans une activité qui doit avoir lieu sur une base régulière pendant une période assez longue pour

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pouvoir être significative et devenir plus complexe. Ces processus ne doivent pas être unidirectionnels et doivent donc impliquer un certain niveau de réciprocité (Bronfenbrenner, 1999). Le concept de rôle est central pour comprendre le microsystème. Celui-ci consiste en un ensemble d’activités et de relations que l’on attend de la part d’une personne occupant une position spécifique dans une société (Bronfenbrenner, 1979). Les attentes envers une personne par rapport au(x) rôle(s) qu’elle occupe sont définies en fonction de la culture de la société dans laquelle elle s’insère (Bronfenbrenner, 1979 ; Bronfenbrenner, 1999) et un changement dans ces attentes correspondra généralement à un changement de comportement qui, s’il persiste dans le temps, deviendra un changement dans le développement de la personne (Bonfenbrenner, 1999). Le développement humain est facilité par le fait d’occuper une variété de rôles et par l’appartenance à différents milieux, chacun caractérisé par un ensemble d’activités, relations et rôles spécifiques (Bronfenbrenner, 1979).

Le modèle de développement humain ne s’intéresse pas seulement séparément aux différents milieux avec lesquels les personnes sont en contact, mais également à l’interaction de ces milieux entre eux, ce que Bronfenbrenner nomme le mésosystème. Ainsi, les processus qui s’opèrent dans les différents milieux ne sont pas indépendants et peuvent s’influencer entre eux (Bronfenbrenner, 1986). Ainsi, la participation par une personne à plus d’un milieu crée un lien primaire auquel peuvent s’ajouter des liens secondaires. Le changement amené par l’entrée de la personne dans un nouveau milieu ou dans un nouveau rôle, nommée « transition écologique », revêt par ailleurs une importance significative dans son développement. Le potentiel de développement du mésosystème dépend de plusieurs facteurs tels que le nombre et la qualité des liens créés à l’intérieur des milieux et le fait que certains de ces liens se retrouvent dans plus d’un des milieux de contact de la personne. Ensuite, la variété des activités réalisées dans les différents milieux vient également influencer le potentiel de développement du mésosystème, de même que la variété des cultures et sous-cultures avec lesquelles la personne est en contact. Un facteur essentiel est aussi la compatibilité des rôles occupés par la personne dans les différents milieux qu’elle fréquente (Bronfenbrenner, 1979). Finalement, afin de bien comprendre le développement humain en lien avec les systèmes dans lequel se situe une personne, il importe de tenir compte également de l’influence des systèmes plus larges, soit l’exosystème et le macrosystème. L’exosystème réfère aux milieux

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dans lesquels la personne n’est pas partie prenante, mais qui peuvent avoir une influence sur les milieux auxquels elle participe ou être influencés par ceux-ci (Bronfenbrenner, 1979;1986). Par exemple, les institutions du système de santé et de services sociaux, l’organisation du système éducatif ou les bureaux de l’immigration sont tous des éléments d’exosystème susceptibles d’influencer de façon importante la vie des nouveaux arrivants au Québec. Le macrosystème réfère quant à lui au contexte plus global dans lequel s’inscrivent les autres niveaux de systèmes, c’est-à-dire le niveau sociétal tel que les institutions, la culture, les croyances et idéologies de la société au sein de laquelle la personne évolue (Bronfenbrenner, 1979). Finalement, le chronosystème, ajouté par Bronfenbrenner lors d’une révision du modèle écologique, permet de tenir compte du passage du temps, plus spécifiquement les changements que celui-ci peut produire dans le développement de la personne et dans son environnement (Bronfenbrenner, 1986). Ainsi, le modèle écologique se conçoit comme ensemble de systèmes imbriqués les uns dans les autres, du microsystème au macrosystème et la force des facteurs contribuant au développement dans un système dépend des structures de celui-ci ainsi que de celles des niveaux supérieurs. Ce modèle conserve toutefois en son centre les caractéristiques spécifiques de la personne et son pouvoir d’action sur sa vie et sur son environnement (Bronfenbrenner, 1999).

Dans le cadre de ce projet, le concept de miscrosystème permettra d’analyser l’interaction des répondantes avec le milieu dans lequel elles pratiquent leur bénévolat, et ce sous différents aspects, soit les activités qu’elles y pratiquent, les rôles qu’elles y tiennent et les relations interpersonnelles qu’elles y ont formées. Ensuite, le concept de mésosystème permettra d’analyser la façon dont leur participation au milieu de bénévolat s’articule avec les autres sphères de leur vie (ex : familiale, professionnelle, religieuse, etc.), notamment les liens secondaires, la variété des activités réalisées par les répondantes dans les différentes sphères de leur vie et la variété des cultures (entendues au sens large) avec lesquelles elles sont en contact. Pourront aussi être examinés les rôles qu’elles tiennent dans les différentes sphères de leur vie, leur niveau de compatibilité et la façon dont ceux-ci influencent leur développement. Les concepts d’exosystème et de macrosystème ne seront pas utilisés de façon centrale, mais ils seront pris en considération puisque les conditions de vie des répondantes et les difficultés (ou les éléments facilitateurs) qu’elles rencontrent dans leurs parcours migratoires feront partie de l’analyse. Par ailleurs, le concept d’ontosystème

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permettra de placer la personne et ses caractéristiques individuelles au centre de l’analyse, chaque parcours étant unique et singulier.