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5. LIENS ENTRE STRUCTURE TERRITORIALE ET CONSOMMATIONS ÉNERGÉTIQUES

5.3 C ONSTRUCTION DES VARIABLES

5.3.3 La mixité

La CPDT s'est déjà longuement penchée sur la variable de mixité. Les résultats de l'étude bibliographique et empirique qui nous intéressent directement se résument comme suit38 :

— « la mixité mesurée par les indices emplois / population et la densité d'emplois paraît a priori favoriser les transports en commun, et plus clairement le train. Sa corrélation avec les modes lents est moins claire (…) ;

38 A.C. Klinkenberg, CPDT, Lepur, ULg. dans (2003). Rapport final de la subvention, Première partie. Contribution du développement territorial à la réduction de l'effet de serre. P.73-100

CPDTSUBVENTION 2009-2010NOTE DE TRAVAIL LEPUROCTOBRE 2010

— La densité paraît influencer les parts modales au moins autant que les indices de mixité.

Elle semble plus clairement favoriser les transports en commun, mais aussi les modes lents.

(…)

— La variance des parts modales est très élevée dans les trois cas, et spécialement élevée pour les classes de faible mixité ou densité. Cela provient de la coexistence de plusieurs facteurs explicatifs des parts modales, parmi lesquels la densité, la taille des villes, la distance au centre... »

Une revue de la littérature scientifique fait ressortir que l'augmentation de la mixité réduit la consommation d'énergie (Banister et al, 1996 ; Naess et al, 1995), les distances parcourues (Fouchier, 1997 ; Gwiasda, 1999 ; Cervero et Cockelman, 1997 ; RØe, 1999 ; Hanson, 1982), et favorise l'utilisation des modes non motorisés et les transports publics (Handy, 1993 ; Frank et Pivo, 1994 ; Snellen, 2002). La mixité, ou diversité des usages du sol est dès lors souvent mise en avant comme un facteur de mobilité durable au même titre que la densité. L'idée est que plus les usages du sol sont variés dans une zone géographique donnée, plus la probabilité qu'une destination soit proche de l'origine est élevée. Nous avons fait le choix de deux indicateurs de mixité dans cette recherche.

5.3.3.1 Équilibre emplois-résidents

La plus simple mesure de la mixité est représentée par l'équilibre entre emplois et résidents.

Elle se résume par le ratio emplois/résidents à l'intérieur d'un périmètre donné (Camagni et alii, 2002, p.126). Un partage équilibré entre ces deux fonctions indique qu'il existe une proximité réelle entre le domicile et le lieu d'emploi. Cette variable territoriale est intéres-sante, mais elle ne peut pourtant pas expliquer en tant que telle les comportements de mobilité de la population. Les dynamiques de déplacement vont bien au-delà des limites administratives existantes. Comme pour bien d'autres variables, le biais introduit par le découpage spatial est conséquent. Celui-ci est d'autant plus important que la zone considérée est petite, car le rapport entre emplois et résidents à l'intérieur d'une zone donnée revient finalement à essayer d'expliquer des déplacements internes à la zone.

Peng (1997) souligne que la régionalisation du lien domicile-travail impose d'intégrer une nouvelle échelle à cet indicateur de mixité. Il propose d'opter pour une échelle méso et de mesurer l'équilibre emplois-résidences dans un cercle ayant comme centre la résidence et comme rayon la distance médiane de déplacement.

5.3.3.2 La diversité sectorielle (mixité fonctionnelle)

À elle seule, la mesure du rapport entre nombre global d'emplois et nombre de résidents ne représente pas une mesure de diversité complète. La variable emplois est hétérogène et les différents types qui la composent n'ont pas tous la même influence sur les comportements de mobilité.

Une des solutions à ce problème passerait par la différentiation entre l'emploi local et l'emploi à portée plus large (Pouyanne, 2004). Cependant, pour être intégrée dans notre analyse, la différentiation des différents pôles d'emploi à une échelle assez fine se heurte à un problème méthodologique et au manque de données. Premièrement, il serait en effet bien difficile de faire l'arbitrage entre les différents types d'emploi à partir de la nomenclature NACEBEL, qui n'a pas été créé à cet effet. Deuxièmement, quand bien même nous arriverions à distinguer les emplois à portée locale de ceux à portée régionale, il n'existe pas encore de source de données d'emploi au lieu de travail à l'échelle des secteurs statistiques.

À terme, le croisement entre les données de la Banque Carrefour des entreprises et les données décentralisées de l'ONSS pourra néanmoins constituer une base exploitable pour définir les différents pôles d'emplois à une échelle fine.

Nous nous sommes donc orientés vers une mesure désagrégée de la variété des activités présentes dans une zone donnée. Nous avons construit un indicateur de diversité sectorielle sur base du calcul de la « richesse relative » (relative richness) et des affectations inscrites au COSW de 2001. La formule de la « richesse relative » est définie par la formule suivante (Richard T. Forman, 1995) :

Où « s » est égal au nombre de types d'habitat et « smax » est égal au nombre maximum de types d'habitat.

L'indicateur de mixité que nous avons calculé est en réalité un peu plus complexe que cela, sa valeur est pondérée par la distance qui sépare les différentes fonctions. La mesure de la mixité s'est faite de manière désagrégée, sur des pixels de 10 x 10 mètres, sur l'ensemble du territoire wallon. Les affectations au COSW retenues sont au nombre de 9. Au lieu de faire une mesure qui ne tient compte que de la présence ou de l'absence d'une activité dans un rayon de 500 mètres, nous avons attribué un poids relatifvariant de 1 à 5 suivant la proximité d'une occupation du sol au pixel considéré. Ainsi, la plus courte distance euclidienne entre le pixel considéré et une affectation déterminera le nombre de points de mixité supplémentaire que cette zone obtient.

Figure 59. Méthodologie suivie pour la construction de l'indice de mixité fonctionnelle

L'indicateur de mixité créé varie de 0 à 45. Lorsqu'un pixel vaut 45, cela veut dire que les 9 affectations retenues ci-dessus sont présentes dans un rayon de 100 mètres autour de celui-ci.

CPDTSUBVENTION 2009-2010NOTE DE TRAVAIL LEPUROCTOBRE 2010 Type d'occupation du sol à 100 m à 200 m à 300 m à 400 m à 500 m

Terrains résidentiels 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Activités industrielles et artisanat 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Service administratif 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Service social et de santé 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Équipement scolaire 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Équipement socioculturel 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point Équipement sportif et récréatif couvert 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Commerce 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Services et bureaux 5 points 4 points 3 points 2 points 1 point

Le raster des résultats est présenté ci-dessous (figure 60). L‘indicateur de mixité met clairement en évidence les grandes villes et les vastes zones fortement urbanisées du sillon Sambre et Meuse. Cependant, ce n‘est pas nécessairement dans les grandes villes qu‘on retrouve une mixité des fonctions maximale ; la carte montre que les centres des petites villes relativement compactes (Spa, Marche-en-Famenne, Wavre, Louvain-la-Neuve…) affichent des scores très élevés. On peut même faire remarquer que certains petits villages du monde rural sont assez mixtes (La Roche-en-Ardenne).

Figure 60. Mixité fonctionnelle

Afin d'effectuer nos calculs ultérieurs de corrélation et de régression, nous devions également rapporter les valeurs de mixité calculées par pixel de 10 x 10 mètres aux entités administratives des secteurs statistiques, des anciennes communes et des communes. À l'image de la densité, la distinction entre mixité brute et mixité nette est importante. Dans le premier cas, il s'agit de calculer la moyenne des valeurs des pixels sur la superficie totale d'une zone administrative. Dans le cas de la mixité nette, la moyenne est faite sur la superficie urbanisée calculée sur base du COSW.

Le graphique ci-dessous montre, une fois encore, à quel point les deux mesures sont différentes. Tout comme dans le cas de la densité, on s'aperçoit que l'histogramme des fréquences de la mixité fonctionnelle nette prend une allure de gaussienne (distribution normale), et que la distribution de la mixité fonctionnelle brute est dissymétrique à droite.

Sans rentrer dans les détails, ceci prouve encore une fois que la prise en compte de la superficie totale d'une zone administrative altère les résultats et ne constitue pas une métrique de l'espace urbanisé souhaitable dans cette recherche.

Figure 61. Comparaison entre mixité brute et mixité nette, calculées à l'échelle des anciennes communes

Données : COSW, INS