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C. M J Velaers, professeur ordinaire de droit public à l’Université d’Anvers

1. La mission du Sénat après le recours à la sonnette d’alarme

La première question qui a été posée porte sur l’étendue de la compétence du Sénat en ce qui concerne l’examen de la motion quant au fond. «Comment le Sénat peut/ doit-il se positionner en tant qu’organe politique lors de l’accomplissement de cette mission? Doit-il prendre une position politique ou juridique?».

D’un point de vue politique, la décision que doivent prendre la Chambre et le Sénat aura des eff ets considé- rables. En raison du recours à la sonnette d’alarme et de la déclaration de sa recevabilité par les présidents de la Chambre, du Sénat et des Parlements de Communauté, le Parlement fl amand ne peut reprendre l’examen des dispositions de la proposition de décret désignées par la motion «qu’après que chacune des Chambres législatives a déclaré la motion non fondée».

Que la décision ait des eff ets politiques considérables n’implique toutefois pas qu’il s’agisse d’une décision politique. La Chambre et le Sénat ne sont évidemment pas des juridictions, mais bien des assemblées politiques représentatives. Néanmoins, les deux chambres doivent en l’espèce répondre à une question de droit. Elles doivent contrôler la proposition de décret au regard de l’interdic- tion de discrimination pour des raisons idéologiques et philosophiques. En eff et, la loi du 3 juillet 1971 qui doit s’appliquer met en oeuvre l’article 131 de la Constitution, lequel dispose ce qui suit: «La loi arrête les mesures en vue de prévenir toute discrimination pour des raisons idéologiques et philosophiques.».

La sonnette d’alarme idéologique diff ère fondamenta- lement de la sonnette d’alarme communautaire prévue à l’article 54 de la Constitution (70), qui suppose que les trois quarts au moins des membres d’un groupe (70) Art. 54, § 1er, de la Constitution: Sauf pour les budgets ainsi que pour

les lois qui requièrent une majorité spéciale, une motion motivée, signée par les trois quarts au moins des membres d'un des groupes linguistiques et introduite après le dépôt du rapport et avant le vote fi nal en séance publique, peut déclarer que les dispositions d'un projet ou d'une proposition de loi qu'elle désigne sont de nture à porter gravement atteinte aux relations entre les communautés.

resolutie aangeeft dat een ontwerp of voorstel van wet de belangen van een gemeenschap schendt, wat uiteraard een louter politieke beoordeling impliceert.

Om te begrijpen waarom de wetgever aan Kamer en Senaat de opdracht heeft gegeven om ontwerpen of voorstellen van decreet te toetsen aan het grondwet- telijk verbod om te discrimineren om ideologische en fi losofi sche redenen, moeten we de wet van 3 juli 1971 plaatsen in de context van die tijd, de context van de eerste staatshervorming. Drie redenen hebben de wet- gever ertoe bewogen om die opdracht aan de Kamers toe te wijzen.

a. In 1970 was er nog geen Grondwettelijk Hof. Kamer en Senaat oordeelden in die tijd zelf over de grondwet- tigheid van de ontwerpen en voorstellen van wet die zij goedkeurden. Zij hadden ter zake het laatste woord. De wet was onschendbaar. Rechters oordeelden volgens de wet, niet over de wet. De cultuurraden die in 1970-1971 werden opgericht kregen hetzelfde privilegie voor hun decreten (71), met één uitzondering, de toetsing aan het verbod om te discrimineren om ideologische of fi losofi sche redenen: die kwam, na het luiden van de ideologische alarmbel, aan Kamer en Senaat toe.

b. In 1970 oordeelde men immers dat men het niet zon- der meer aan de cultuurraden kon overlaten om zelf te oordelen of de ontwerpen en voorstellen die zij in het kader van de ontluikende culturele autonomie goed- keurden, in overeenstemming waren met het verbod om te discrimineren om ideologische of fi losofi sche rede-

nen. De hele 19e eeuw door en ook nog een stuk in de

20e eeuw was het verzuilde België immers getekend door

de breuklijn tussen katholieken en vrijzinnigen. Vooral inzake cultuur en onderwijs stonden beide strekkingen vaak tegenover elkaar. Op nationaal niveau hielden ze elkaar wel enigszins in evenwicht en slaagden er dan ook in om evenwichtige compromissen te bereiken, zoals in 1958 met het Schoolpact nog was gebleken. De minderheden in beide gebieden vreesden echter gediscrimineerd te worden wanneer voortaan de cul- tuurgemeenschappen de zo gevoelige beleidsdomeinen cultuur en later ook onderwijs zouden beheren. Op dat niveau was dat evenwicht er immers niet, zo vreesde men: in Vlaanderen overwoog het katholicisme en in het Franstalige landsgedeelte stond de vrijzinnigheid sterker. Vandaar dat Kamer en Senaat zouden moeten oordelen of het ontwerp of voorstel van decreet het grondwettelijk (71) We gaan hier niet in op de toetsing aan de bevoegdheidsverdelende regels waarvoor op een bepaald ogenblik een toetsing door een afdeling bevoegd- heidsconfl icten, van de Raad van State, in het vooruitzicht werd gesteld en waarvoor uiteindelijk de Wetgevende Kamers het laatste woord hielden. linguistique de la Chambre ou du Sénat indiquent dans

une résolution qu’un projet ou qu’une proposition de loi porte atteinte aux intérêts d’une Communauté, ce qui est naturellement une appréciation purement politique. Pour comprendre pourquoi le législateur a confi é à la Chambre et au Sénat la mission de confronter des projets ou propositions de décret à l’interdiction constitutionnelle de discrimination pour des raisons idéologiques et phi- losophiques, il faut replacer la loi du 3 juillet 1971 dans le contexte de l’époque, à savoir la première réforme de l’État. Les raisons qui ont poussé le législateur à attribuer cette mission aux chambres étaient de trois ordres:

a. En 1970, il n’y avait pas encore de Cour constitu- tionnelle. À l’époque, la Chambre et le Sénat jugeaient eux-mêmes de la constitutionnalité des projets et des propositions de loi qu’ils votaient. À cet égard, ils avaient le dernier mot. La loi était sacrosainte. Les juges se prononçaient selon la loi et non sur la loi. Les conseils culturels créés en 1970-1971 ont bénéfi cié du même privilège pour leurs décrets (71), à une exception près, le contrôle de l’interdiction de discrimination pour des raisons idéologiques et philosophiques, qui relevait, en cas de recours à la sonnette d’alarme idéologique, de la compétence de la Chambre et du Sénat.

b. En 1970, on a considéré qu’il ne fallait pas laisser purement et simplement les conseils culturels déterminer eux-mêmes si les projets et propositions qu’ils adoptaient dans le cadre de l’autonomie culturelle nouvellement acquise respectaient l’interdiction de discrimination pour des raisons idéologiques et philosophiques. En

eff et, durant tout le XIXe siècle et une partie du XXe,

la Belgique a été marquée par la ligne de fracture entre catholiques et laïques. C’est surtout en matière de culture et d’enseignement que les deux tendances se sont sou- vent aff rontées. Au niveau national, elles s’équilibraient plus ou moins et elles sont donc parvenues à des com- promis équilibrés, comme le Pacte scolaire de 1958. Cependant, les minorités des deux régions craignaient d’être discriminées lorsque les communautés culturelles seraient chargées des domaines sensibles de la culture et, ultérieurement, de l’enseignement. À cet échelon, on craignait un déséquilibre, car le catholicisme était prépondérant en Flandre alors que, dans la partie fran- cophone, les laïques l’emportaient. C’est pour cette raison que la loi du 3 juillet 1971 a instauré la possibilité pour la minorité du conseil culturel de tirer la sonnette d’alarme, avec pour conséquence que – pour autant (71) Nous n'abordons pas ici le contrôle des règles répartitrices de compé- tences, pour lesquelles on pensait, à un certain moment, à une section des confl its de compétences au sein du Conseil d'État; fi nalement, les chambres législatives ont conservé le dernier mot.

verbod om te discrimineren om ideologische of fi loso- fi sche redenen schond.

c. Ten slotte was België in 1970 ook nog geen federale Staat. De autonomie was helemaal ingekapseld in de Belgische Staat. De cultuurgemeenschappen hadden noch een eigen rechtstreeks gekozen parlement, noch een eigen regering. De autonomie impliceerde slechts dat terwijl de culturele wetten voorheen door alle Kamerleden en senatoren werden goedgekeurd voor het hele land, ze voortaan door cultuurraden zouden worden aangenomen, elk voor zijn taalgebied en voor de uni-communautaire instellingen in Brussel. Die cultuurraden waren samen- gesteld uit de rechtstreeks verkozen leden van respectie- velijk de Nederlandse en de Franse taalgroep van Kamer en Senaat. Na het luiden van de ideologische alarmbel verhuisde het dossier, om de hiervoor vermelde reden, naar de Kamers, waar alle Kamerleden en senatoren, niet alleen deze van de desbetreff ende cultuurraad, erover konden oordelen. Er zat logica in het systeem. Thans zit die er volgens professor Velaers niet meer in. Hij komt er zo dadelijk op terug.

2. Discriminatie om ideologische en fi losofi sche