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Comme nous avons pu le voir dans la section précédente, la mindfulness est un sujet neuf dans son approche scientifique contemporaine.

Du point de vue thérapeutique, ses effets sont mieux connus et les principes d’action physiologiques, neurobiologiques et psychologiques font l’objet de recherche intense. Dans le domaine de l’application managériale que savons-nous réellement aujourd’hui ? L’effet de mode qui entoure la mindfulness au travail peut en effet créer un biais de perception important entre engouement socio-médiatique, réalité de la diffusion des pratiques de mindfulness dans les organisations et approche scientifique de la pleine-conscience au travail.

Cette section vise donc :

- à dresser un état des lieux de la littérature scientifique abordant véritablement et directement l’impact de la mindfulness sur le travail, d’une part,

- à identifier, via une synthèse des quelques réflexions théoriques existantes, les perspectives des recherches en science de gestion sur ce sujet, d’autre part.

1. Une revue systématique de la littérature

La littérature sur la mindfulness est fortement transdisciplinaire et son corpus est fragmenté. L’approche traditionnelle de la mindfulness fait l’objet d’une littérature importante dans les champs de l’étude des religions et notamment du bouddhisme. Son approche moderne s’inscrit depuis 30 ans comme un champ à part entière en médecine, psychologie, et neurosciences. Et depuis quelques années les sciences sociales s’en préoccupent également et opérationnalisent le concept.

Ces approches se nourrissent mutuellement et, si la transdisciplinarité est source de richesse, il est parfois difficile d’avoir une vue d’ensemble des travaux sur un sujet et d’identifier clairement les sources mobilisées pour les étayer. La tentation est en effet grande de mobiliser des résultats de publications médicales ou neuroscientifiques et de les transposer dans un autre domaine sans autre précaution. Les « preuves » neuroscientifiques ou médicales d’efficacité de la pleine-conscience peuvent ainsi devenir argument d’autorité bien que totalement décontextualisées.

Le thème de la mindfulness au travail est particulièrement sujet à cette tentation et cela est compréhensible tant le sujet reste neuf. Il nous semble donc d’autant plus nécessaire de mener une revue systématique de la littérature afin de présenter de manière synoptique les travaux sur le sujet dans une perspective « evidence based » (Pfeffer et Sutton, 2006 ; Rousseau, 2006). La revue systématique de la littérature diffère d’une revue classique de la littérature à plusieurs titres : elle est réalisée selon une méthode scientifique, transparente et reproductible. Elle vise

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ainsi à réduire les biais et la partialité dans la sélection des travaux pris en compte (Tranfield, Denyer et Smart, 2003). Elle permet ainsi de synthétiser avec une plus grande objectivité un ensemble d’études et d’en rendre compte (Petticrew et Roberts, 2006).

L’objet de la revue systématique est de donner une vision synoptique des travaux sur la mindfulness au travail.

Cela passe par l’identification des publications portant explicitement sur ce thème en catégorisant : la nature de l’étude (empirique, théorique ou méta-analyse), le contexte professionnel et la population étudiés, le sujet central, la méthodologie (quantitative, qualitative ou mixte) et le protocole utilisés, le type de programme de développement de la pleine-conscience utilisé (le cas échéant), et les principaux résultats.

2. Méthodologie

2.1. Méthode de recherche

Les publications ont été identifiées à l’aide des bases de données documentaires disponibles à l’Université Savoie Mont Blanc.

Les bases suivantes ont été utilisées de manière successive : Business Source Premier, Cairn, Emerald, Francis, Green file, JStor Business Collection, PsycARTICLES, Psychology and Behavioral Sciences Collection, PsycINFO, PubMed, SAGE Premier, Vente et gestion, Wiley Full Collection.

Les documents ont été répertoriés et dé-doublonnés au fur et à mesure. Chaque document a été intégré dans une collection bibliographique (logiciel Zotéro) avec son abstract et la version en texte intégral du document. Les documents dont le texte intégral n’a pu être obtenu via les bases de données l’ont été via research gate ou l’aide de collègues appartenant à d’autres universités. Seuls 4 articles issus de bases médicales n’ont pu être obtenus en version intégrale (sur 144 articles).

Dans un second temps, les résultats obtenus ont été consolidés par une analyse bibliographique des différentes méta-analyses identifiées par la recherche initiale. Les articles nouveaux ont été ajoutés et répertoriés comme issus de cette seconde analyse.

2.2. Critères d’inclusion et d’exclusion

La recherche portant sur la mindfulness en contexte professionnel, les mots clefs de recherche retenus sont les suivants : mindfulness, work, worplace, pleine-conscience, travail, MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) et ACT (Acceptance and Comitment Therapy).

Ces deux derniers éléments sont les deux programmes d’intervention basés sur la pleine conscience faisant l’objet d’une utilisation professionnelle.

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Seuls les résultats en langue française ou anglaise ont été pris en compte. Les critères d’exclusion utilisés sont les suivants :

- Publications dans une revue ne faisant pas l’objet d’une révision en aveugle par les pairs, - Etude n’ayant pas été menée en milieu professionnel ou sur des personnes en emploi (par

exemple études en psychologie menée sur des étudiants),

- Etude à visée purement thérapeutique ou sur la mise en œuvre de la mindfulness comme thérapeutique,

- Etude abordant la mindfulness spécifiquement dans le cadre théorique de Langer (Langer, 1997, 2009). L’approche de Langer, bien que dénommée également mindfulness, diffère très fortement de l’état de pleine-conscience et des pratiques de mindfulness tels que nous les définissons au chapitre suivant.

2.3. Analyse des données

Les articles ont été analysés de manière systématique. Ceux présentant un ou plusieurs critères d’exclusion ont été exclus et identifiés comme tels.

Les autres ont fait l’objet d’une analyse selon les critères suivants :

- Contexte professionnel de l’étude : médical, corporate, tous secteurs, universitaire, social, éducation, public, protection/défense

- Population étudiée : employés ou encadrants, type de métier exercé ou catégorie de métier - Effectif : nombre de sujets inclus dans l’étude

- Type de recherche : empirique, théorique ou méta-analyse - Démarche de recherche : quantitative, qualitative ou mixte

- Protocole utilisé : Randomized Control Trial, mesure unique, mesures pré-post intervention simples, longitudinal…

- Nature de l’intervention menée dans les protocoles expérimentaux ou quasi-expérimentaux : ad-hoc, MBSR, ACT, MBSR-ld (low dose) / présentiel, distanciel ou mixte / détail sur les programmes ad hoc

- Principaux résultats

- Thème principal de la recherche

Les sous-catégories pour chaque critère d’analyse ont été définis apriori afin de construire la grille d’analyse. Ceux-ci ont été complétés au fil de l’analyse et l’ensemble des données a été vérifié a posteriori afin de garantir la cohérence des données. Le traitement des données s’est fait sous Excel.

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3. Résultats

3.1. Echantillon

Le tableau suivant précise les étapes de la construction de l’échantillon. Le corpus obtenu est assez limité (115 articles) mais finalement correct pour un sujet aussi neuf. Les articles constituant l’échantillon sont répertoriés avec leur résumé en annexe 1.

Les publications en langue française sont quasi inexistantes. La recherche dans les bases de données renvoie 6 résultats : trois chapitres d’ouvrages (Berghmans, 2010 ; de Neckere et Dierickx, 2011 ; Steiler, 2012) et trois expérimentations ne respectant pas les critères d’inclusion (Berghmans, Tarquinio et Kretsch, 2010 ; C., 2010 ; Lestage et Xu, 2016).

L’ajout de 24 articles provenant de revues médicales auxquelles les bases de données de l’Université Savoie Mont Blanc ne donnent pas accès souligne combien les champs scientifiques peuvent rester étanches. Le fait d’avoir recoupé nos premiers résultats avec le contenu de trois méta-analyses a permis d’identifier ces nouveaux articles.

Etapes Détails Nombre

d’articles

Recherches dans les bases de données Date de collecte : fin juin 2016 Après dé-doublonnage

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Recoupement avec les 3 méta-analyses identifiées à l’étape précédente dans l’échantillon :

- 2 dans le domaine de la santé (Burton et al., 2016 ; Irving, Dobkin et Park, 2009)

- une généraliste (Allen et al., 2015)

Ajout de :

- 24 articles issus de revues médicales - 1 article référencé dans Business Source Premier avec comme sujet principal « zen »

144

Suppression des publications générales ou expérimentations menées sur des étudiants

Suppression de 22 articles : 20 articles d’expériences menées sur des étudiants et 2 articles sur les relations de couple

122

Suppression des publications non scientifiques

1 article paru dans People & Strategy (Ehrlich, 2015), répertorié sur Business Source Premier. La revue ne met pas en place de review en aveugle

121

Suppression des publications ayant les travaux de Langer comme cadre théorique

3 articles en stratégie et innovation (Fiol et O’Connor, 2003 ; Gärtner, 2011 ; Swanson et Ramiller, 2004)

118

Suppression des articles à visée thérapeutique

2 articles sur l’implémentation de la mindfulness en centre de soin (Demarzo, Cebolla et Garcia-Campayo, 2015 ; Garland, 2013) et 1 sur le traitement du stress professionnel en consultation (C., 2010)

115

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3.2. Typologie générale

Sur 115 articles, 3 sont des méta-analyses, 18 des articles généraux et purement théoriques et 94 des articles empiriques.

Les premiers sont datés de 2002 et on note une augmentation notable du nombre de publications à partir de 2010. Il y a eu autant de publications au premier semestre 2016 que dans toute l’année 2015. La répartition par année est présentée dans le diagramme ci-dessous.

Figure 1-1 : Evolution du nombre de publications par année et par catégorie

Les publications se répartissent dans 74 revues différentes (cf annexe 2). Neuf articles sont parus dans la revue Mindfulness (revue de référence sur le sujet), 4 dans Journal of Occupational Health Psychology et dans Industrial and Organizational Psychology. Le tableau suivant présente les revues ayant publié deux articles et plus (52 publications au total pour 18 titres différents).

La majorité des revues appartiennent au champ de la médecine ou de la psychologie. 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 N o m b re d e p u b lic at ion s années de publication

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nom revue nb Classement

FNEGE

Mindfulness 9

Industrial and Organizational Psychology 4

Journal of Occupational Health Psychology 4 3

EXPLORE: The Journal of Science and Healing 3

Holistic Nursing Practice 3

Journal of Applied Psychology 3 1

Personality and Individual Differences 3

Stress and Health 3

Applied Nursing Research 2

Behaviour Research and Therapy 2

Counselling and Psychotherapy Research 2

Emotion 2

International Journal of Stress Management 2

Journal of Management 2 1

Journal of Occupational and Environmental Medicine 2

Journal of Occupational and Organizational Psychology 2 2

Journal of Vocational Behavior 2 2

PLoS ONE 2

Tableau 1-2 : classement décroissant des revues en fonction du nombre de publications (extrait)

9 revues du classement FNEGE2 apparaissent dans l’échantillon, dont plusieurs revues de référence en management et GRH, pour un total de 17 publications :

- Trois Revues de rang 1 : Journal of management (2 publications), Journal of Applied Psychology (3 publications) et Human Relations (1 publication)

- Trois Revues de rang 2 : Journal of Occupational and Organizational Psychology (2 publications), Journal of Vocational Behavior (2 publications) et Journal of Management Inquiry (1 publication)

- Deux revues de rang 3 : Journal of Occupational Health Psychology (4 publications) et Journal of Managerial Psychology (1 publication)

- 1 revue de rang 4 : Career Development International (1 publication)

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Cet état confirme le fait que la mindfulness au travail a d’abord été abordée avec un point de vue médical, et très souvent par les soignants pour les soignants.

Avant de nous intéresser aux recherches expérimentales, nous allons présenter les publications théoriques et 3 méta-analyses.

3.3. Publications théoriques et méta-analyses

Les publications théoriques sont constituées de 6 chapitres d’ouvrages et de 12 articles. Nous compléterons ce paragraphe par les 3 méta-analyses identifiées

3.3.1 Publications théoriques et générales

a) Chapitres d’ouvrages

Les 6 chapitres d’ouvrage paraissent entre 2010 et 2016. Les premiers sont très généraux et présentent la mindfulness, ses effets, et son intérêt potentiel pour le monde du travail (Berghmans, 2010 ; Glomb et al., 2011 ; de Neckere et Dierickx, 2011 ; Steiler, 2012). Les deux suivants sont plus techniques : Choi et Leroy (2015) s’intéressent aux méthodes utilisées pour étudier la mindfulness dans les organisations, et Bond, Flaxman et Lloyd (2016) décrivent l’utilisation de la thérapy ACT en milieu professionnel.

Les ouvrages et chapitres d’ouvrage étant souvent moins bien référencés, il est certain que d’autres ouvrages sont parus sur le sujet dans cette période. Cependant les chapitres scientifiques restent rares et il n’existe pas à notre connaissance d’ouvrage scientifique de référence sur la mindfulness au travail.

b) Articles théoriques et généraux

Les articles théoriques sont un peu plus nombreux et abordent trois grand sujets : l’impact général de la mindfulness sur le travail, le lien entre performance et travail, et enfin l’impact sur le développement managérial.

Weick et Putnam (2006) font une description détaillée de la mindfulness dans son acception traditionnelle et la mettent en perspective avec l’importance des facteurs attentionnels dans les organisations contemporaines. Bien que s’inscrivant également dans l’approche de Langer qui a été mobilisée en stratégie et innovation, ils étaient précurseurs en soulignant l’intérêt potentiel de la mindfulness traditionnelle face à nos conceptions occidentales des organisations.

Il faut ensuite attendre 10 ans pour voir émerger une proposition d’un cadre d’analyse général de la mindfulness au travail. Good et al. (2016) proposent dans Journal of Management un état des lieux précis et structuré des apports potentiels de la mindfulness au travail qui constitue un véritable programme de recherche.

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Le thème de la performance est abordé dans trois articles. Une première fois par Dane (2010), également dans Journal of Management, qui plaide pour l’étude de la mindfulness comme facteur de performance. Le deuxième article (Hyland, Lee et Mills, 2015) détaille les effets potentiels de la pleine-conscience sur la performance individuelle et organisationnelle. Le troisième article (Choi et Tobias, 2015) est un article critique qui souligne la nécessité d’études approfondies du sujet et invite à la prudence. Les auteurs mettent en avant l’importance d’une compréhension forte des différentes acceptations de la mindfulness, de protocoles de recherches plus rigoureux et d’études contextuelles et multi-niveaux.

Enfin, le troisième thème abordé est celui du leadership. Six publications s’y intéressent. Les deux premières font le lien entre acception bouddhiste de la mindfulness et potentiel de développement des leaders (Dhiman, 2009 ; Goldman Schuyler, 2010). Les deux suivants évoquent l’impact de la mindfulness dans les programmes de développement du leadership, mais n’en font pas un composant central et l’intègrent à des pratiques de coaching (Kinsler, 2014) ou de renforcement du lien corps-esprit (Brendel et Bennett, 2016). Les deux derniers étudient comme nous le faisons la possibilité d’utiliser la mindfulness pour aider les leaders à changer de perspective, prendre du recul et adopter une vision plus globale (Chandwani, Agrawal et Kedia, 2015 ; Yeganeh et Good, 2016).

3.3.2 Méta-analyses

Les méta-analyses sont au nombre de trois. Techniquement ce groupe comprend deux revues systématiques (Allen et al., 2015 ; Irving, Dobkin et Park, 2009) et une publication mixte intégrant à la fois une revue systématique et une meta-analyse statistique (Burton et al., 2016). Irving, Dobkin et Park (2009) et Burton (2016) et al. focalisent leurs recherches sur les professionnels de la santé. Toutes deux concluent à l’intérêt des méthodes d’intervention basées sur la pleine-conscience pour la prévention du stress et du burnout. Burton et al. soulignent néanmoins la faiblesse des échantillons qui limite la portée des résultats. Comme nous l’avons évoqué plus haut, ces deux recherches intègrent en presque totalité des articles issus de revues médicales.

Allen et al. (2015) adoptent une démarche critique et moins systématique. Les auteurs repartent des références de Hyland, Lee et Mills (2015) et les complètent pour donner un contrepoint critique. Allen et al. insistent sur les limites des études existantes et sur la prudence avec laquelle aborder les expériences de laboratoire et les échantillons purement étudiants.

3.4. Les études empiriques, typologie

3.4.1 Les secteurs d’activité

Les secteurs d’activité peuvent se répartir en différentes catégories : médical, entreprises privées (corporate), universitaire, éducation (primaire et secondaire), social, services publics,

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protection / défense (police, pompiers, armée), et tous secteurs lorsque les études sont transversales à l’ensemble des secteurs d’activité.

Sur 94 études, 38 portent sur le secteur médical, 22 sont transversales à l’ensemble des secteurs d’activité (échantillon de convenances inter-entreprises ou tous secteurs), et 12 seulement sont des expérimentations dans des entreprises privées spécifiques. Le secteur public est très peu étudié en dehors de l’éducation, de l’Université et du secteur social. 1 seule étude se focalise en effet sur une administration.

Le graphique suivant indique l’évolution de la répartition au fil du temps. On constate que le secteur médical a été le premier à être étudié et qu’il l’était majoritairement jusqu’en 2010. Progressivement, les secteurs du social, universitaire et de la protection/sécurité apparaissent. A partir de 2013 les études sur des entreprises spécifiques ou transversales à l’ensemble des secteurs d’activité se multiplient et deviennent majoritaires. La mindfulness au travail devient un sujet d’étude général et les expérimentations se multiplient dans tous les secteurs d’activité.

Figure 1-2 : évolution temporelle des études empiriques par secteurs d’activité (détail) En regroupant les catégories l’évolution apparait encore plus clairement. Le graphique suivant présente cette évolution en 4 catégories : médical, protection/défense, public/parapublic (regroupement de public, social, éducation et universitaire) et entreprise (regroupement de corporate et tous secteurs).

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 N o m b re d e p u b lic at ion s années de publication

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Figure 1-3 : évolution temporelle des études empiriques par grands secteurs d’activité

3.4.2 Les populations étudiées

Les populations étudiées varient en fonction des secteurs d’activité (cf. Tableau 1-3 ci-après) :

- Dans le secteur médical, les soignants ont fait l’objet de 36 études empiriques (dont 5 sur des étudiants en médecine3). Les échantillons sont variés en termes de métiers (médecins, psychologues, infirmiers, aides-soignants, maïeuticiens, kinésithérapeutes) comme d’environnement professionnel (différents services hospitaliers, hôpitaux de jours, cliniques spécialisées). Seules 4 études mêlent soignants et personnels administratifs. Aucune étude ne cible spécifiquement les administratifs, ni le rôle d’encadrant.

- Dans le domaine Universitaire les échantillons mixent toujours enseignants et personnels administratifs, contrairement à l’éducation qui se centre exclusivement sur les enseignants. - Dans le domaine de la protection/défense, les soldats sont les plus étudiés (4 études sur 6). - Dans le domaine des entreprises et les études transversales (tous secteurs) ce sont les employés qui sont les plus fréquemment étudiés. Six études seulement portent spécifiquement sur les managers (sur 37).

3 Ces 5 études ont été conservées bien que portant sur des étudiants. Les échantillons concernés étaient en fin de cursus (médecins ou infirmiers) et tous en situation d’exercice de la profession.

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 N o m b re d e p u b lic at ion s Années de publication

46 M éd ical C or p or ate T ou s se cte u rs U n iver sitaire S oc ial E d u cation P u b li c Pr ote ction / d éfe n se T otal Managers 2 4 6

Mixte manager et employés 1 3 1 5

Employés 10 15 1 1 27 Employés (étudiants) 2 2 Soignants 29 2 31 Soignants (étudiants) 5 5 Soignants et administratifs 4 4 Enseignants et administratifs 6 6 Enseignants 4 4 Policiers 1 1 Pompiers 1 1 Soldats 4 4 Total 38 13 24 6 4 4 1 6

Tableau 1-3 : populations étudiées par secteur d’activité

Au total, sur 96 études, 36 portent spécifiquement sur les soignants et 29 sur des employés (dont 2 échantillons d’étudiants occupant un emploi en CDD). Historiquement, il est compréhensible que les soignants aient été les premières cibles des études. Il est plus étonnant que les soignants encadrants (médecins chefs, infirmiers chefs) ne l’aient jamais été, de même que l’encadrement administratif des structures de santé.

Quant aux managers, bien que les études de la mindfulness dans le monde de l’entreprise se multiplient depuis 4 ans, ils restent très peu étudiés. La première étude remonte à 2006 (Cayer et Baron, 2006) et intègre des exercices de mindfulness dans un programme complet de formation managériale. Deux études mesurent l’influence de la disposition des managers à la mindfulness (trait de personnalité) sur leur performance (Shao et Skarlicki, 2009) et sur leur bien-être (Roche, Haar et Luthans, 2014). Ces deux thèmes sont abordés conjointement dans deux études quantitatives et qualitatives menées dans la même entreprise (Shonin et al., 2014 ; Shonin et Gordon, 2014). Enfin Baron (2016) qui a expérimenté un programme de leadership dérivé de la thérapie ACT et évalué son impact sur l’authenticité des leaders.

47 3.4.3 Les designs de recherche

Sur 94 études empiriques, seules 6 recherches utilisent une méthode qualitative, et 5 une approche mixte (qualitatives et quantitative). Parmi les études qualitatives, 4 portent sur les soignants, 1 sur les employés et 1 sur les managers. Les 4 premières s’intéressent à l’impact de la mindfulness sur les relations au travail (Baker, 2016 ; Beckman et al., 2012) et la santé au travail (Cohen-Katz, Wiley, Capuano, Baker, Deitrick, et al., 2005 ; Rothaupt et Morgan, 2007), une étude porte sur l’adoption par des salariés d’une application mobile de mindfulness (Laurie et Blandford, 2016) et la dernière porte sur l’impact managérial (Shonin et Gordon, 2014). Les 84 études quantitatives mettent en œuvre majoritairement des études randomisées avec groupe de contrôle (RCT). Sur les designs de recherche, l’impact de la médecine se fait donc sentir également puisque les RCT sont les protocoles classiques de recherche dans cette discipline quand il s’agit d’évaluer l’efficacité d’un traitement. Au total nous avons répertorié