• Aucun résultat trouvé

Définir la mindfulness ou la pleine-conscience5, est un exercice complexe du fait de la nature- même du concept, de ses origines, de sa mobilisation dans différentes disciplines et de sa proximité apparente avec d’autres états mentaux.

Après avoir répertorié les définitions de la mindfulness qui s’offrent à nous et les avoir organisées, nous nous intéresserons aux sources de la pleine-conscience : les grandes traditions spirituelles et philosophiques, et bien entendu les origines bouddhistes. Enfin, nous nous attacherons à décrire les modèles contemporains de la pleine-conscience.

1. L’arbre qui cache la forêt

Définir c’est énoncer la nature, les qualités, les propriétés essentielles de l'être ou de la chose que le mot désigne (Dictionnaire Larousse). Définir la mindfulness, ou la pleine-conscience, c’est tenter d’énoncer la nature d’un mode de fonctionnement de l’esprit, les qualités d’une manière d’être-au-monde et les propriétés d’une qualité de la conscience. Probablement n’y a-t-il pas et n’y aura-a-t-il jamais de définition arrêtée malgré la sophistication des mesures neuroscientifiques et la richesse du débat scientifique. Définir la mindfulness, c’est se confronter à l’intimité et à la complexité de la conscience humaine.

La définition la plus couramment citée est celle de Kabat-Zinn (2005, 1er ed. 1994) : prêter attention d’une manière particulière : intentionnellement, instant après instant et sans-jugement. Ainsi toute action de la vie peut être réalisée en pleine-conscience et pratiquer la mindfulness est d’une simplicité apparente absolue qui est résumée par l’adage Zen « quand je mange, je mange, quand je dors, je dors ».

Cette apparente simplicité cède rapidement le pas face à une double mise à l’épreuve : celle de la pratique et celle de la description détaillée de l’état de pleine-conscience, de ses mécanismes et de la pratique menant à cet état.

La pratique tout d’abord, qui permet de se rendre compte immédiatement que manger un fruit ou boire un café ne se fait que rarement en pleine-conscience. Même en tentant de le faire, le constat est que cette absolue simplicité semble être un objectif très difficilement atteignable et que seul l’exercice peut permettre d’apprendre à être pleinement présent, instant après instant, dans une attitude d’acceptation et de non jugement. Et plus la pratique progresse, plus le pratiquant se rend compte que de subtils mouvements de son esprit l’éloignent encore de la pureté de cette simplicité absolue.

Quant aux descriptions détaillées de l’état de pleine-conscience et des pratiques menant à cet état, elles divergent rapidement. Kabat-Zinn complète sa définition en précisant que la

70

conscience implique un rapport à son vécu qui soit amical, bienveillant, compassionnel et dénué de jugement. La description simple se complexifie, et en répertoriant les différentes définitions de la littérature il apparaît rapidement que le sens de la pleine-conscience est si subtil qu’il peut sembler insaisissable. Les multiples définitions qui coexistent reflètent à la fois la richesse du concept et la diversité des écoles de pensée qui mettent l’accent sur certains de ses aspects plus que sur d’autres.

Définir la mindfulness c’est voir la forêt derrière l’arbre, la complexité dans la simplicité.

1.1. Panorama des définitions

L’ensemble des définitions de la mindfuness que nous avons pu répertorier (cf. Tableau 2-1, p. 76) en nous appuyant sur notre propre revue de la littérature et en la croisant avec les travaux de Dane (2010) et Nilsson et Kazemi (2016) se caractérise par la diversité et la richesse.

Trois catégories de sources cohabitent :

- les définitions purement psychologiques,

- les définitions psychologiques influencées par la littérature universitaire sur le bouddhisme,

- et les définitions données par des maîtres bouddhistes s’appuyant sur leur propre expérience et les commentaires des textes canoniques.

La Figure 2-1 (p.71) présente de manière synthétique le résultat de l’analyse thématique de ces définitions et met en évidence les convergences et divergences entre ces trois grandes catégories de sources.

Bien qu’il n’existe pas de consensus sur une définition de la mindfulness (Kang et Whittingham, 2010), nous pouvons noter que toutes partagent très largement le même socle qui est la conscience du moment présent, soit la définition la plus simple et la plus proche de l’adage Zen cité précédemment.

Pour les définitions purement psychologiques, la base récurrente est l’attention accordée à l’expérience du moment présent. Ceci est logique compte tenu du fait que la notion de régulation de l’attention est centrale dans ces modèles et que les démarches de soin visent à reconnaitre l’expérience pour ce qu’elle est. Ensuite, la notion d’acceptation sans-jugement apparaît là aussi comme élément central d’un projet thérapeutique.

Du point de vue bouddhiste l’attention est moins centrale. Les définitions insistent davantage sur une qualité de l’esprit, clair et lucide. Là encore, l’accent est mis sur ce qui est essentiel dans la pleine-conscience bouddhiste : un esprit éveillé et clairvoyant (c’est-à-dire voyant la réalité nue). En effet, la capacité à focaliser son attention de manière stable et continue est une compétence nécessaire mais non suffisante.

71

Quant aux définitions psychologiques puisant leur source dans la littérature bouddhiste, elles insistent sur l’orientation intentionnelle de l’attention dans une attitude de non jugement et de bienveillance. Ces éléments n’apparaissent pas au premier plan des définitions purement bouddhistes, puisque l’intentionnalité positive fait partie de fait du cheminement bouddhiste. Il semblerait que cette dimension ait donc été ajoutée afin de se rapprocher de l’essence de la mindfulness bouddhiste sans pour autant imposer un carcan éthique normatif dans une approche séculière de la pleine-conscience.

Ces très nombreuses définitions ne s’opposent en rien, et reflètent par leurs différences les préoccupations théoriques et pratiques des cliniciens et chercheurs (Brown, Ryan et Creswell, 2007b).

Figure 2-1 : synthèse de l’analyse thématique des définitions de la pleine-conscience.

1.2. Un même terme pour trois niveaux d’analyse

Les définitions présentées reflètent également une difficulté terminologique de la mindfulness qui désigne à la fois une disposition de l’individu (ou trait de personnalité), un état spécifique (résultant le plus souvent d’une pratique méditative) et une pratique (la méditation de pleine-conscience proprement dite) (Black, 2011). Ces différences apparaissent aussi dans les sources

Moment présent Conscience Attention focalisée Expérience vécue Acceptation Non-jugement Intention / orientation Bienveillance Qualité de l’esprit Stabilité Clarté / lucidité Psychologie Bouddhisme Psychologie influencée par le bouddhisme

72

bouddhistes qui décrivent la mindfulness comme une pratique, un processus et un état ou une propriété de l’esprit (Mikulas, 2011).

La pleine-conscience peut ainsi être vue comme un état de conscience (Hạnh, Ho et Vo, 1987 ; Lau et al., 2006 ; Rosch, 2007). Brown, Ryan et Creswell (2007b) parlent d’une qualité de la conscience tandis que Bishop et al. (2004, p. 234) préfèrent le terme de mode qui reflète mieux selon eux le fait que la mindfulness serait le fruit d’un processus intentionnel qui peut être utilisé comme une compétence et s’améliorer avec la pratique.

La mindfulness est une capacité inhérente à l’être humain (Brown et Ryan, 2003 ; Kabat-Zinn, 2003) et chacun peut être mindful à son niveau ou à certains moments. Et comme certains ont une disposition à être en pleine-conscience plus fréquemment que d’autres, la mindfulness peut être considérée à la fois comme un état mais aussi comme un trait de personnalité (ou disposition individuelle) qui peut être mesuré (Dane, 2010).

Enfin, puisque chacun a la possibilité d’être en pleine-conscience, il est cohérent d’imaginer que cette capacité puisse être développée par la volonté et l’effort conscient, et modérée par d’autres facteurs personnels (Brown et Ryan, 2003). Ainsi, la pratique méditative peut-elle être considérée comme un moyen de développer cette aptitude (Shapiro et al., 2006), mais d’autres pratiques peuvent probablement contribuer au même résultat (Brown et Ryan, 2004).

1.3. Conscience, Pleine-conscience et Mindfulness

Le terme anglais de mindfulness est très parlant même si la traduction du sanskrit sati par mindfulness peut parfois prêter à confusion (cf § 2.2.1 p. 81).

La traduction française de pleine-conscience fait débat. Le terme conscience désigne en français indifféremment les deux termes anglais awareness et consciousness. Le premier renvoie au fait d’être éveillé, sur ses gardes, de se rendre compte et désigne une vigilance ouverte. Le second désigne la conscience réflexive, la représentation que l’on se fait de sa propre existence et par extension de sa propre identité et de son âme (Berghmans et Herbert, 2010, p. 15).

La mindfulness fait référence à la conscience comme awarness : l’esprit est totalement en éveil et vigilant pour ce qui se présente, il est attentif aux expériences intérieures et à l’ensemble des évènements mentaux. La traduction de mindfulness par pleine-conscience doit donc se comprendre dans ce sens et fait débat. Varela, Thomson et Rosch (1993) défendaient l’attention vigilante qui souligne davantage le caractère intentionnel de la conscience-awareness. On trouve également le terme de pleine-attention qui peut facilement créer une confusion avec l’idée de concentration.

Il est donc important de retenir que la pleine-conscience est celle de la conscience-awarness et non de la conscience-consciousness et que le terme pleine-conscience désigne tout comme l’anglais mindfulness à la fois un état, un trait et un ensemble de pratiques.

73

Référence Domaine Définition de la mindfulness

Baer, Smith et Allen, (2004, p. 191)

Psychologie Mindfulness [. . .] is generally defined to include focusing one’s attention in a nonjudgmental or accepting way on the experience occurring in the present moment [and] can be contrasted with states of mind in which attention is focused

Baer et Krietemeyer, (2006, p. 3) d'après Kabat-Zinn, 2013, 1er

ed. 1990)

Psychologie intentionally focusing one's attention on the experience occurring at the present moment in a nonjudgmental or accepting way

Bishop et al. (2004, p. 234)

Psychologie Mindfulness is a process of regulating attention in order to bring a quality of non-elaborative

awareness to current experience and a quality of relating to one’s experience within an orientation of curiosity, experiential openness, and acceptance.

Bodhi (2011, p. 25) Bouddhisme (initié) . . . sati . . . provides the connection between its two primary canonical meanings: as memory and as lucid awareness of present happenings.

Brantley (2007, p. 4) Psychologie . . . friendly, non-judgmental, present-moment awareness. Brown et Ryan (2003,

p. 822‑824) Psychologie

the state of being attentive to and aware of what is taking place in the present / present-centered attention and awareness

(Brown, Ryan et Creswell, 2007b, p. 212)

Psychologie A receptive attention to and awareness of present moment events and experience.

Cardaciotto et al. (2008, p. 205)

Psychologie tendency to be highly aware of one’s internal and external experiences in the context of an accepting, nonjudgmental stance toward those experiences.

Dane (2010, p. 1000) Management . . . mindfulness may be defined as a state of consciousness in which attention is focused on present moment phenomena occurring both externally and internally.

Dimidjian et Linehan (2008, p. 327)

Psychologie Mindfulness practice has been described as the intentional process of observing, describing, and participating in reality nonjudgmentally, in the moment, and effectively.

74

Epstein, (2013, p. 96, 1er ed. 1995)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

. . . mindfulness, or bare attention, in which moment-to-moment awareness of changing objects of perception is cultivated.

Fletcher et Hayes (2005, p. 322)

Psychologie Mindfulness can thus be defined as the defused, accepting, open contact with the present moment and the private events it contains as a conscious human being experientially distinct from the content being noticed.

Grabovac, Lau et Willett (2011, p. 157)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

moment-by-moment observing of the three characteristics (impermanence, suffering, and notself) of the meditation object

Goldstein (2002, p. 89) Bouddhisme (initié) Mindfulness is the quality of mind that notices what is present without judgment, without interference Goldstein et Kornfield

(2001, p. 154)

Bouddhisme (initié) Mindfulness means awareness, openness, and acceptance of whatever arises, without attachment to pleasant, aversion to the unpleasant, or forgetfulness of natural feelings.

Grosrey (2007, p. 855) Bouddhisme (initié) Capacité à abandonner le souci du passé et la crainte de l'avenir pour se placer spontanément dans la paix intérieure et demeurer dans l'appréciation de la valeur infinie des choses de chaque instant. C'est aussi un facteur mental appelé parfois "observateur abstrait" dans le cadre de la pratique méditative. Il permet de d'observer le comportement de l'esprit afin de voir s'il se disperse ou s'il est pris par la torpeur. Il aide le méditant à revenir à son objet d'attention et à se maintenir dans un état de relaxation et de vigilance.

Hạnh, Ho et Vo (1987, p. 11, 1er ed 1976)

Bouddhisme (initié) Keeping one’s consciousness alive to the present reality.

Hạnh (2008) Bouddhisme (initié) The practice of being fully present and alive, body and mind united. Mindfulness is the energy that helps us to know what is going on in the present moment.

Harvey (2011, p. 38, 1er

ed 2000)

Bouddhisme (universitaire)

A state of keen awareness of mental and physical phenomena as they arise within and around (oneself).

Herndon (2008, p. 32) Psychologie Being attentively present to what is happening in the here and now.

Hick, (2009, p. 1) Management Mindfulness is an orientation to our everyday experiences that can be cultivated by means of various exercises and practices.

Kabat-Zinn (2005 p. 4, 1er ed. 1994)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

Paying attention in a particular way: on purpose, in the present moment, and nonjudgmentally. Open-hearted moment-to-moment, nonjudgmental awareness

75

Kabat-Zinn (2003, p. 145)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

The awareness that emerges through paying attention on purpose, in the present moment, and nonjudgmentally to the unfolding of experience moment by moment

mindfulness includes ‘an affectionate, compassionate quality within the attending, a sense of openhearted, friendly presence and interest.’

Kang et Whittingham, (2010, p. 170)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

Mindfulness is nonreactive, nonelaborative, nonreified awareness that has meta-cognitive functions, monitoring ongoing awareness and discriminating wisely between aspects of awareness content so that awareness and behavior can be directed according to the goals of genuine happiness, virtue and truth. Langer (2014, p. 220,

1er ed. 1989)

Psychologie / Management Mindfulness is a flexible state of mind in which we are actively engaged in the present, noticing new things and sensitive to context, with an open, nonjudgmental orientation to experience.

Lau et al. (2006, p. 1447)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

A mode, or state-like quality, that is maintained only when attention to experience is intentionally cultivated.

Long et Christian (2015, p. 1409)

Management Mindfulness, a psychological construct associated with nonjudgmental attention and awareness of present-moment experiences.

Marlatt et Kristeller (1999, p. 68)

Psychologie Bringing one’s complete attention to the present experience on a moment-to-moment basis. […] mindfulness involves observing experiences ‘with an attitude of acceptance and loving kindness Mikulas (2011, p. 5)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

Mindfulness, as a behavior of the mind, is the active maximizing of the breadth and clarity of

awareness. It includes moving and sharpening the focus of awareness within the field of consciousness Ñānavīra, Bodhesako et

Williams (1987, p. 155)

Bouddhisme (initié) Mindfulness is in general connectedness, not being scatter-brained; whereas awareness is more precisely keeping oneself under constant observation, not letting one’s actions (or thoughts, or feelings, etc.) pass unnoticed.

Nyanaponika (2014, p. 5, 1er ed 1962)

Bouddhisme (initié) The clear and single-minded awareness of what actually happens to us and in us at the successive moments of perception.

Davids (1881, p. 145) Bouddhisme (universitaire) . . . sati is literary “memory”, but is used with reference to the constantly repeated phase “mindful and thoughtful” (sato sampanjano); and means that activity of mind and constant presence of mind which is one of the duties most frequently inculcated on the good Buddhist.

Rosch (2007, p. 259) Psychologie A simple mental factor that can be present or absent in a moment of consciousness. It means to adhere, in that moment, to object of consciousness with a clear mental focus.

76

Roche, Haar et Luthans, (2014, p. 477)

Management Mindfulness refers to an open state of mind where the leader’s attention, informed by a sensitive awareness, merely observes what is taking place: worry about the future and negative ruminations or projections are brought back to the present moment where the situation is seen for what it is.

Salzberg (2008, p. 135) Bouddhisme (initié) Mindfulness is a quality of relationship to the object of awareness. Just having an experience, say hearing a sound, is not really being mindful. Knowing a sound without grasping, aversion, or delusion is being mindful.

(Schmidt, 2004, p. 9) Psychologie Mindfulness is a bare and continuous moment-to-moment awareness of our experience. Segal, Williams et

Teasdale (2013,

p. 322‑323, 1er ed 2001)

Psychologie . . . in mindfulness practice, the focus of a person’s attention is opened to admit whatever enters experience, while at the same time, a stance of kindly curiosity allows the person to investigate whatever appears, without falling prey to automatic judgment or reactivity.”

Siegel, Germer et Olendzki (2009, p. 26)

Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

. . . awareness, of present experience, with acceptance.

Stanley (2013, p. 66) Psychologie / Bouddhisme (universitaire)

Sati can be translated as mindfulness or awareness and can be defined as an embodied and ethically sensitive practice of present moment recollection.

Thondup (1998, p. 48) Bouddhisme (initié) Giving full attention to the present, without worries about the past or future. Watford et Stafford

(2015, p. 90)

Psychologie Mindfulness is a mental state characterized by particular qualities of attention and awareness that has its origins in Buddhist and other Eastern meditative traditions.

Weick et Sutcliffe (2006, p. 518)

Psychologie / Management Eastern mindfulness means having the ability to hang to current objects, to remember them, and not to lose sight of them through distraction, wandering attention, associative thinking, explaining away, or rejection.

77

1.4. Une forme de méditation

La mindfulness comme pratique est une forme de méditation, mais de nombreuses autres formes de méditation existent.

Etymologiquement, méditation vient du latin meditare dérivant de mederi qui signifie « prendre soin ». Méditation partage donc la même racine med que médecin ou médicament. Les spécialistes de la méditation comme Matthieu Ricard ou Christophe André soulignent fréquemment l’importance de la méditation comme une pratique d’hygiène mentale.

En sanscrit, la méditation est désignée par bhavana qui signifie pratique ou développement. Midal, (2014, p. 6) indique que le sens premier de bhavana est agricole et désigne le fait de « cultiver » la terre, d’en prendre soin et de faire croitre les plantes. Par extension le terme s’applique à l’esprit. Midal indique également que certains sanskristes pensent que bhava serait la racine d’être (Bin en Allemand, Be en anglais) et de vie (bios en grec). Méditer signifierait alors cultiver son être ou être en lien avec la vie.

La méditation peut se définir comme une famille de pratiques d’autorégulation centrées sur l’entrainement de l’attention et de la conscience afin d’atteindre un plus grand contrôle des processus mentaux et de favoriser le bien-être mental et le développement d’états spécifiques comme le calme, la lucidité et la concentration (Walsh et Shapiro, 2006, p. 228‑229).

Cette définition permet de distinguer la famille des pratiques méditatives d’autres familles de pratiques d’autorégulation comme l’autohypnose, la sophrologie ou les exercices de visualisation qui visent d’abord à changer les contenus mentaux (pensées, émotions) plutôt qu’à réguler l’attention. De même, la définition de Walsh et Shapiro permet de distinguer la méditation d’autres pratiques comme le Yoga, le Tai-chi-chuan ou Chi-qong qui incorporent la méditation mais reposent sur le contrôle du corps et de son énergie subtile (chi).

Goleman (1988) distingue les méditations de concentration des méditations de pleine-conscience. Les premières se focalisent sur un unique objet attentionnel (respiration, mantra) à l’exclusion de tout autre. Les secondes orientent l’attention vers l’ensemble de l’expérience du moment présent (sensations, émotions, pensées…). Entre ces deux pôles s’étend un continuum de pratiques méditatives. Chiesa (2013) souligne cependant qu’aujourd’hui cette distinction est plutôt vue comme deux axes orthogonaux, toute forme de méditation incluant à la fois concentration et mindfulness à des degrés divers, et que les deux processus interagissent de manière permanente. Les observations neuroscientifiques de Lutz et al. (2008) confirment ces interactions.

Walsh et Shapiro (2006) distinguent les différentes formes de méditation en fonction de trois critères : le type d’attention (centrée sur un objet unique ou sur une série d’objets), la relation