1.3 ÉCHANGES CULTURELS
1.3.2 MIGRATION CULTURELLE
-- Déplacement des chinois en Europe
Le transport intercontinental, plus quotidien que jamais, surtout par la voie nautique, a profondément favorisé la mobilisation des Chinois. On note parmi eux, une personne respectable, qui a atteint l'Europe: Rabban Bar Sauma (1220-1294).
Bar Sauma, nestorien, a accompli avec Rabban Markos74
(1244-1317), un pèlerinage à Jérusalem en 1275. Douze ans plus tard, en tant qu'ambassadeur, il a gagné Rome, l’Angleterre, la France etc. Il a d'abord rendu visite à Andronic II Paléologue75 (1259-1332) à Constantinople. Bar
Sauma a décidé de se diriger à Paris où il a été reçu par Philippe le Bel IV76 (1268-1314), plus tard à Bordeaux par Édouard I77 (1239-1307). En 1288 Bar Sauma est repassé par
Rome, le pape Nicolas IV78 (1227-1292) s’est réjoui des récits de la propagation religieuse. Son voyage a convaincu Rome et les empereurs européens du partage de croyance des Chinois. Un nombre considérable des missionnaires et des ambassades envoyés en Chine favorisaient beaucoup les échanges dans les années qui suivaient.
74 étudiant de Rabban Markos, ambassade de la Chine sous contrôle de la
Mongolie vers Rome
75 Empereur byzantin du 1282 au 1328
76 Philippe IV de France, le roi de fer, onzième roi de la dynastie des Capétiens
directs pendant 1285-‐1314
77 Roi d'Angleterre de 1272-‐1307
-- Arrivée des Occidentaux en Chine
Malgré la relation délicate entre l’Europe et la Chine sous contrôle de la Mongolie et les luttes de pouvoirs, bien des missionnaires ont pu se déplacer en Chine et assurer leur rédaction des mémoires de voyage.
Jean de Plan Carpin79 (1182-1252) a été commissionné
par le pape Innocent IV80 (1180/90-1254) en Mongolie pour la promotion de la paix et l'acquisition de connaissances sur les habitants. Début 1247, il s'est mis à étudier de la vie du peuple mongol, et a écrit un livre nommé
l'Histoire des Mongols appelés par nous Tartares. La
France s'intéressait également à ce pays oriental. En 1253, Louis IX81 (1214-1270) a choisi d'envoyer en mission
Guillaume de Rubrouck (1215-1295). Le souhait d'alliance avec Güyük Khan82 (1206-1248) était toujours sans résultat jusqu'à son retour. Mais son ouvrage Voyage dans l'Empire
Mongol a fait du volume, dans lequel il expliquait en
détails les pratiques de la vie des Mongols, les costumes, le système de justice, les religions et ses journées dans la cour royale. Ce mémoire de voyage date d’un demi siècle plus tôt que celui de Marco Polo dans le milieu culturel. On trouve d’autres contributeurs dans l'histoire des échanges intercontinentaux, tels que le missionnaire de Louis IX (1214-1270) André de Longjumeau83 (1200-1271), et le fondateur de la mission catholique de Chine Jean de
79 Giovanni dal Piano dei Carpini, ou Plano Cerpini, religieux franciscain italien 80 pape du 1243 à 1254
81 Saint Louis, roi de France de 1226 à 1270, neuvième de la dynastie des
Capétiens directs.
82 fils de Gengis Khan, troisième khan suprême des Mongols
83 missionnaire et diplomate dominicain
Montecorvino 84 (1247-1328), sans oublier la personne la
plus reconnue Marco Polo (1254-1324)85.
Un caractère attire, cependant, l'attention lorsqu'on examine le contenu de tous ces récits: l'ignorance de la culture et des pensées traditionnelles chinoises. Ce phénomène intéressant est en fait compréhensible parce qu'il est lié au fait du règne des Mongols et de son pouvoir immense. Le manque d'intérêt porté à la vie culturelle traditionnelle des ethnies autre que les peuples de Mongolie peut être considéré comme explicable.
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Activités des missionnairesCertes, la route de la soie a créé un environnement favorable aux échanges, mais les connaissances des esprits nationaux et des stades psychosociaux nécessitaient encore des efforts. On doit être reconnaissant à la Compagnie de Jésus86.
La première arrivée des jésuites remonte à 1552. Jusqu'au décès de l'empereur Qian’Long87 (1711-1799), le
nombre des jésuites approchait quatre cent cinquante. Différent du chiffre officiel, le nombre des clercs réguliers connus étaient d'environ huit cents dont un Anglais, les autres étant des Européens continentaux venus de pays où le catholicisme exerçait une influence
84 aussi dit : Jean de Montecorvin, franciscain
85 Actuellement la dispute autour de Marco Polo continue. Certains refusent de
reconnaître la réalité de son voyage, défendue par d’autres. Faute de preuves suffisantes, jusqu'à nos jours les deux parties n'arrivent pas à s’accorder.
86 l'ordre religieux catholique, fondé dans les années 1540s
87 Qianlong, Kien-‐long, k'ien-‐long, khian-‐loung, quatrième empereur de la
dominante 88 . Le fondateur de la Compagnie de Jésus
François Xavier89 (1506-1552) essayait d'entrer en Chine ancien par voie maritime. Suite aux interdictions politiques pendant la dynastie Ming90 (1368-1644), il n'a pas pu achever son voyage en 1552. Dans les années suivantes, les Portugais ont établi leur communauté à Macau91, suivies par les prêtres. Le gouvernement de Macau interdisait toutefois aux prêtres l'accès aux autres régions chinoises.
Les activités limitées ont fait réfléchir Michel Ruggieri 92 (1543-1607): l'apprentissage des traditions chinoises et de la langue est crucial pour la propagation religieuse. En 1580, Ruggieri est entré en Chine continentale, accompagné par des marchands portugais, où, grâce à sa tenue courtoise qui conforme aux civilités chinoises et à sa maîtrise de la langue, il a donné aux fonctionnaires régionaux une excellente impression. Ainsi il est devenu en peu de temps le premier prêtre autorisé à séjourner sur le territoire central de la Chine.
Matteo Ricci93 (1552-1610), camarade d’étude pour la
langue chinoise de Ruggieri, a dépassé le succès de son compatriote. D'une part, il consacrait le temps à la traduction des livres scientifiques européens, avec une sélection des chapitres respectant la doctrine catholique et applicable en Chine. D'autre part Matteo Ricci cherchait à établir des liens de dépendance réciproque
88 YU Ligong, la révolution de la propagation de la foi et la naissance des Églises en Chine, Presse des Olives, 2006, Taiwan, 957413587X, 9789574135875, pages 32 -‐
35
89 missionnaire jésuite navarrais
90 dernière dynastie dominée par les Han 91 nom portugais de la ville de Macao
92 罗明坚 Luo Mingjian, jésuite italien et missionnaire 93 利玛窦 Li Madou, jésuite italien et missionnaire
avec les fonctionnaires. Ses efforts lui ont bientôt apporté l'audience de l'empereur Ming’wan’li 94 (1563- 1620) et l'accord impérial de la construction de la Cathédrale de l'Immaculée-Conception95 à Beijing96.
La Cathédrale de l'Immaculée-Conception d'autrefois
La Cathédrale de l'Immaculée-Conception d'aujourd'hui
94 treizième empereur de la dynastie Ming de 1572 à 1620 95 Nan tang, construction débute en 1605, finalisée en 1904 96 Pékin, capital du pays
L’empereur Kang’xi 97 (1654-1722) se fiait au catholicisme pendant une longue durée de son règne. Il s'intéressait surtout aux mathématiques du fait de travail des prêtres. Ci-joints sont deux tableaux98 offrant une
démonstration sur l'évolution de la propagation de la foi.
97 deuxième empereur de la dynastie Qing de 1662 à 1722
98 Shun Yulu, Le passé et le présent du catholicisme en Chine, Presse des Sciences
Le ratio entre les catholiques et la population totale et celui entre les cathédrales et les temples risquent d'être moins satisfaisants. Néanmoins il ne faut absolument pas négliger les progrès réalisés par les missionnaires. Statistiquement les jésuites ont accompli leur travail d'une manière remarquable.
Les membres du prêche d'outre-mer français ont en outre de l'importance. Le premier missionnaire français envoyée par la Compagnie de Jésus était Nicolas Trigault99 (1577-1628). Soixante-dix ans plus tard que l'arrivée de Trigault en 1611, répondant à l'invitation de l'empereur Kang’xi, Louis XIV 100 (1638-1715) a missionné six
99 金尼阁 Jin Nige, jésuite des Pays-‐Bas
mathématiciens jésuites pour servir à la cour impériale à Beijing, dont cinq entre eux sont arrivés en février 1688. Ce sont Joachim Bouvet 101 (1656-1730), Louis-Daniel
Lecomte102 (1666-1727), Jean-François Gerbillon103 (1654- 1707), Claude de Visdelou 104 (1656-1737), Jean de
Fontaney105 (1643-1710)106.
Gerbillon a participé à la négociation sino-russe et à la signature du Traité de Nertchinsk 107 . Avec Bouvet, Gerbillon utilisait la quinine dans la guérison du paludisme de Kang’xi, qui a manifesté plus tard sa gratitude sous forme d'un décret offrant la construction de l'église du Saint-Sauveur 108 . Les recherches sur le Livre des mutations 109 et la collaboration à la carte générale de la Chine, d'ailleurs, ont assuré à Bouvet une relation proche avec Kang’xi, ainsi que la rédaction des manuels mathématiques en mandchou110. Il s'est également rendu utile auprès de Louis XIV. À part des cadeaux royaux ramenés en France, il a publié à Paris en 1697 le Portrait
historique de l'empereur de la Chine et L'État présent de la Chine.
101 白晋 Bai Jin, missionnaire jésuite Français 102 李明 Li Ming, missionnaire jésuite Français 103 张诚 Zhang Cheng, missionnaire jésuite Français 104 刘应 Liu Ying, missionnaire jésuite Français
105 洪若翰 Hong Ruohan, missionnaire jésuite Français
106 YU Ligong, la révolution de la propagation de la foi et la naissance des Églises en Chine, Presse des Olives, 2006, Taiwan, 957413587X, 9789574135875, page 167 107 signé le 6 septembre 1689, portant sur la frontière entre la Chine et la Russie. 108 北堂 bei’tang -‐ l’eglise du nord
109 grand classique chinois