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2. LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LE TOURISME

2.4 M ESURES D ’ ATTENUATION ET D ’ ADAPTATION DANS LE SECTEUR DU TOURISME

2.4.1 Les mesures d’atténuation

Dans son rapport, le GIEC présente une série de mesures d’atténuation générales, applicables au monde entier, pour différents secteurs d’activités (Figure 17).

Ce tableau présente également plusieurs conditions favorables ou défavorables à leur réalisation. La critique principale que nous pourrions faire aux recherches portant sur les mesures d’atténuation, est le manque de recul à moyen ou à long terme. En effet, ces mesures sont en place depuis quelques années seulement, et il manque encore actuelle-ment des mesures d’évaluation de celles-ci.

Figure 17 : Exemples des principales technologies et politiques d'atténuation

En ce qui concerne le secteur touristique, celui-ci contribuerait aujourd’hui (calcul de 2005) à 5 % des émissions anthropiques de CO2, et cela sans compter les émissions liées à la construction des hôtels, des aéroports ou des routes (UNEP 2008)

Le secteur du tourisme est composé d’une multitude d’entreprises, allant de la microentre-prise locale aux groupes internationaux. De plus, cette industrie comporte des produits et des services très variés : logement, transport, catering, attractions, souvenirs, … Les mesures d’atténuation s’y rapportant sont donc très étendues. Celles-ci peuvent être réalisées de différentes manières et par différents acteurs appartenant à la sphère touristique. Les solutions se trouvent tout autant dans un changement des techniques que dans un changement des comportements. Le tableau ci-dessous (Figure 18) reprend une liste de mesures par types d’acteurs et d’activités.

Ce tableau comporte avant tout des suggestions ou des exemples de pratiques locales pour diminuer les émissions à effet de serre. Malheureusement, la littérature est encore très pauvre quant à l’analyse des conséquences de ces mesures aussi bien sur la réduction des émissions que sur le changement de comportement des touristes ou encore le coût de leur mise en œuvre.

Figure 18 : Mesures d'atténuation possibles en tourisme (UNEP 2008)

Le secteur des transports est de loin le secteur touristique qui contribue le plus à l’émission de GES. La Figure 19 illustre les émissions moyennes par kilomètre parcouru par une personne selon le moyen de transport utilisé. Les transports aériens sont très clairement les plus polluants, surtout sur les courtes distances.

Figure 19 : Emissions de CO2 pour divers moyens de transport (UNEP 2008)

Au niveau du transport aérien, très peu de compagnies sont proactives dans le domaine des réductions des émissions de GES : les compagnies low-cost, qui se sont rapidement développées ces dernières années ont une flotte beaucoup plus jeune que les autres, et donc sont moins polluantes mais on ne peut pas dire qu’elles adoptent une démarche active en la matière.

Pourtant, les choix d’action ne manquent pas pour ces compagnies :

- Maintenir une flotte jeune au regard des technologies utilisées: remplacer les anciens avions par les nouveaux A380 ou B787, c’est réduire de 20 à 30% les émissions par passagers et par kilomètre.

- Ne voyager qu’avec au moins 80% de l’avion rempli: cela demande alors des coopé-rations entre les compagnies aériennes.

- Réduire le poids: en diminuant les charges en eau ou en catering et en imposant pour chaque passager, un poids de bagages maximal de 20 kilos, bagages à main et achats free-tax compris.

- Choisir les plans de vols les plus rapides, ce qui supprime alors les escales.

- Ajuster les programmes de bonus : inclure des bonus pour l’utilisation des bus ou du train au lieu de l’avion.

- S’engager dans des programmes liés aux changements climatiques.

Pour le transport par voiture, les voitures peu consommatrices, les hybrides ou celles fonctionnant au bio carburant devraient être privilégiées. Cependant, cela peut également avoir d’autres côtés négatifs : la production de biocarburants peut entrainer des problèmes de biodiversité notamment par la destruction de forêts pour les cultures, mais également des conflits d’usage entre alimentation et carburant. Dans ce domaine d’atténuation comme dans d’autres, les effets et les conséquences sont encore mal connus.

Au niveau des différents moyens de transports, la diminution des émissions passera également par une prise de conscience des touristes, des tours opérateurs et des destinations. Les différentes actions qui peuvent être menées sont récapitulées dans la Figure 18.

Le secteur des hébergements est un domaine très vaste, il comprend les hôtels, les motels, les chambres d’hôtes, les campings, les gîtes. Il a, lui aussi, à sa disposition plusieurs moyens d’action pour diminuer les émissions de CO2. Dans ce domaine, cette réduction est d’ailleurs très souvent synonyme de réduction des coûts. Parmi ces mesures, nous pouvons en citer plusieurs:

- Une meilleure gestion de la température des chambres.

- Une meilleure gestion des lumières, par exemple, couper les lumières automatique-ment lorsque la chambre est vide.

- Dans les restaurants, privilégier les produits locaux et les légumes.

- Penser les constructions ou les rénovations dans un souci d’économie d’énergie.

Au niveau des Tours opérateurs, le rapport de l’UNEP préconise que ces derniers développent des packages à faibles émissions de carbone : par exemple en privilégiant le train à l’avion dès que cela est possible. Une autre option est de privilégier les voyages plus longs et ainsi mieux rentabiliser les trajets.

Pour les touristes également les auteurs proposent plusieurs pistes d’actions :

- Voyager moins souvent mais plus longtemps pour les destinations longues distances.

- Réduire les voyages aériens

- Privilégier les compagnies aériennes avec un management environnemental.

- Privilégier les destinations avec un plan environnemental.

Les destinations peuvent également élaborer des plans d’actions pour diminuer leurs émissions. Parmi celles-ci, se trouvent des actions générales de diminution des émissions, comme favoriser des moyens de transports avec un faible taux d’émission. Les auteurs suggèrent également que les destinations privilégient le marché domestique et choisissent leurs marchés cibles en fonction des émissions produites par les touristes.

Pour cette dernière suggestion, ils se basent sur l’exemple de la ville d’Amsterdam qui a calculé le ratio émission CO2/revenus engendrés pour chaque marché (Figure 20). La ville a ainsi essayé de revoir sa stratégie de marketing en combinant cette approche à la place des différents marchés dans sa clientèle (Figure 21). Par exemple, le marché américain provoque énormément d’émissions mais son poids dans le tourisme de la ville fait que son abandon provoquerait une trop grande perte, à l’inverse de l’Australie. Cependant, les auteurs n’expliquent pas plus en détail la suite du programme ni les conséquences que ce programme a pu engendrer pour le tourisme à Amsterdam.

Figure 20 : Emissions de CO2 par marchés - le cas d'Amsterdam (UNEP 2008)

Figure 21 : Emissions de CO2 par marchés - le cas d'Amsterdam (2) (UNEP 2008)

Le manque de perspective à long terme est d’ailleurs un reproche qui pourrait être formulé à l’encontre de toutes les études qui se penchent sur le sujet. Les données sont encore vagues, les expériences ponctuelles et ne sont disponibles actuellement quasiment que des recueils de bonnes intentions ou de propositions.

De plus, ces différentes pistes ne tiennent pas compte de tous les éléments et entre autres du fonctionnement actuel du tourisme : par exemple, ces mesures prônent des voyages moins nombreux et de longues durées alors que la tendance actuelle est aux courts séjours plusieurs fois par an. Enfin, les labels ‘environnement friendly’ sont mis en avant comme constituant une des solutions à utiliser par les touristes et les Tour Opérators. Pourtant, ces labels sont aujourd’hui d’abord et avant tout des outils de marketing et de communication avant d’être de véritables outils d’atténuation, et leur efficacité environnementale est loin d’avoir été prouvée (Diekmann et al 2011).