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4. CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET OFFRE TOURISTIQUE EN WALLONIE

4.7 L ES ENSEIGNEMENTS POUR L ’ AVENIR

Quel sera le climat en Wallonie en 2040 et quelles en seront les conséquences pour le tourisme Wallon ?

En préambule, rappelons qu’il y a ici trois scénarii tout aussi plausibles les uns que les autres. Il n’y a donc pas UNE projection sur le climat mais plusieurs. Il convient donc de les aborder chacune avec le même degré de probabilité. Il est impossible aujourd’hui de savoir si une des trois se réalisera telle quelle et si oui, laquelle.

Plusieurs constatations peuvent être tirées de l’analyse des indices climatiques saisonniers (Figure 87):

• En 2040, les saisons seront plus marquées qu’en 2010 et cela quelque soit le scénario concerné. En effet, le scénario intermédiaire pour 2010 est celui qui montre le moins de variations entre les indices des différentes saisons (entre l’indice le plus haut et le plus bas, il n’existe une variation que de 4.7 points). Par contre, pour les trois scénarios de 2040, les variations sont beaucoup plus fortes (39.3 points pour le scénario intermédiaire, 46.2 pour le frais et 36.8 pour le chaud), ce qui reflète des saisons beaucoup plus contrastées.

• Le printemps est la seule saison qui voit son indice climatique augmenter et cela quelque soit le scénario. De plus pour les scénarios intermédiaire et frais, le prin-temps sera la meilleure saison en 2040.

• Par contre, pour le scénario chaud, l’été serait la meilleure saison.

• L’hiver reste lui une saison avec des indices climatiques peu élevés, en raison des baisses de températures mais également des hausses des précipitations.

Figure 87 : Variations de l'indice climatique pour la Wallonie

Printemps Eté Automne Hiver

Intermédiaire 2010 44.6 47 42.9 42.3

Intermédiaire 2040 69 29.7 54 49

Frais 2040 76.2 49.1 33.7 30

Chaud 2040 51.9 88.1 53.9 51.3

Au niveau des températures moyennes annuelles, les scénarios intermédiaire et chaud pour 2040 affichent des scores supérieurs. Le scénario frais, par contre, projette des tempéra-tures plus froides (elles passent de 10.7 en 2010 à 8.8 en 2040) (Figure 93).

Selon le scénario intermédiaire pour 2010, l’évolution des températures mensuelles tout au long de l’année forme un pic qui culmine en juillet avec 20.5°C. Par contre pour les scénarios de 2040, la saison « chaude » est plus étendue : de mai à août pour le scénario intermédiaire 2040 avec cette fois, le mois le plus chaud de l’année en mai (18°C), de mai à septembre pour le scénario frais dans lequel les températures ne dépassent pas les 15°C (température maximale de l’année réalisée en juillet) , de juin à septembre pour le scénario chaud avec des températures plus élevées entre 20°C et 23°C qui risquent d’entraîner un épisode de sécheresse (Figure 88, Figure 92).

Figure 88 : Wallonie - Graphes des températures

Au niveau des précipitations, le scénario intermédiaire pour 2040 affiche les mêmes précipitations que pour 2010 (à 1% de différence près), les deux autres scénarios sont plus secs en termes de bilan annuel. La répartition mensuelle, par contre, varie d’un scénario à l’autre (Figure 90, Figure 91, Figure 92).

Cependant, même si annuellement les chiffres sont plus faibles, cela ne signifie pas l’absence de risque d’inondations. D’une part parce qu’un incident isolé n’est jamais à exclure et d’autre part parce qu’au niveau mensuel, certaines données sont très élevées.

Ainsi si dans le modèle intermédiaire de 2010, certains mois pouvaient atteindre des valeurs de 160 mm (juin et septembre) ou de 180 mm (décembre), pour 2040 des valeurs tout aussi importantes sont prévues : 160 mm en aout et 213 mm en septembre pour le scénario intermédiaire 2040, 177 mm en décembre dans le scénario frais et 157 mm en mars pour le scénario chaud.

Ces résultats, sont également le signe que rien n’est véritablement simple et certifié dans les prévisions des changements climatiques et que selon le scénario qui se mettra en place, les variations des flux touristiques pourraient être importantes.

Du point de vue de l’offre touristique, plusieurs points sont à retenir :

• Le printemps (avril, mai) est une saison à considérer avec la plus grande attention et qui mérite une réflexion approfondie, sachant qu’aujourd’hui, la saison touristique débute avec les vacances de Pâques. Le printemps pourrait en effet se révéler beaucoup plus propice au tourisme qu’actuellement. Dans ce cas, le secteur du tou-risme wallon gagnerait sans doute à repenser la période d’ouverture de la saison touristique.

• Si le scénario chaud se met en place, une hausse des températures est à prévoir qui pourrait avoir des effets tant positifs que négatifs. En effet, si cette augmentation peut accroître l’attractivité touristique de la Wallonie, et mener à une augmentation de nombre de touristes (belges notamment), à l’inverse, les risques de sécheresse et de canicule ne peuvent être négligés.

• Le milieu aquatique, un des produits phares du tourisme wallon, constitue un excel-lent exemple de ces effets contrastés. D’une part, deux types d’effets positifs sont à épingler : la hausse des températures améliorerait le confort des baigneurs, pourrait allonger la durée de la saison touristique et par ailleurs, lors de canicules, les zones de fraîcheur que constitueraient ces ressources pourraient représenter un atout de taille. D’autre part, la sécheresse et les périodes de canicule pourraient faire baisser le débit des cours d’eau et le niveau des plans d’eau et limiter ou empêcher la pra-tique d’activités naupra-tiques. Un autre élément à ne pas négliger, et valable pour les différents types de ressources touristiques, est la nécessité de développer de nou-velles infrastructures touristiques au sens large (transport compris), en cas de hausse de la fréquentation.

• La vulnérabilité des espaces verts serait sans doute moins forte, le paysage consti-tuant souvent –sauf espaces très spécifiques- un élément accessoire de l’offre touris-tique. De plus, à l’instar des cours et plans d’eau, les espaces verts pourraient devenir des zones « refuges » pour certains touristes en cas de températures éle-vées.

• Concernant le régime des précipitations, dans le cas du scénario intermédiaire notamment, qui projette plus de précipitations en été, les inondations pourraient de-venir plus fréquentes. Etant donné la part non négligeable du territoire wallon située en zone d’aléas d’inondations, les risques encourus par certains équipements touris-tiques (campings notamment) pourraient être importants.

• Le tourisme hivernal et la pratique du ski risquent sans doute, d’être compromis par la hausse des températures, sauf dans le cas du scénario frais. Notons ici l’actuelle instabilité en la matière, l’enneigement n’étant pas garanti chaque hiver.

• Enfin, les espaces urbains, bien moins développés touristiquement que le tourisme

« vert », pourraient subir les effets négatifs des îlots de chaleur en cas de hautes températures, mais a contrario les ressources touristiques indoor (en milieu urbain ou non) pourraient représenter une alternative en cas de fortes précipitations (ce qui est déjà le cas actuellement) mais aussi lors de fortes chaleurs dans le cas de lieux cli-matisés (le développement généralisé de la climatisation n’étant toutefois pas sou-haitable).

Figure 89 : Wallonie 2010 – Graphe ombro-thermique – Scénario intermédiaire

Figure 90 : Wallonie 2040 – Graphe ombro-thermique - Scénario intermédiaire

Figure 91 : Wallonie 2040 – Graphe ombre-thermique - Scénario frais

Figure 92 : Wallonie 2040 –Graphe ombro-thermique - Scénario chaud

Figure 93 : Wallonie – Températures et précipitations (détails selon les scénarios)

Intermédiaire 2010 Intermédiaire 2040 Frais 2040 Chaud 2040 Températures moyennes (C°)