• Aucun résultat trouvé

C HAPITRE 3 P ROJET DE MODERNISATION AGRICOLE ET PAUVRETE : L ’ EXEMPLE DU PRESAR EN RDC

3.2. Présentation du projet

3.3.4. Mesure de la pauvreté

L’évaluation du projet est menée en deux temps, d’abord les performances du ciblage et ensuite l’analyse d’impact. On calcule l’impact du projet sur les principales variables d’intérêt retenues dans les objectifs du projet. Il s’agit des superficies cultivées (le projet envisage l’augmentation des superficies cultivées afin d’accroître la production) et la production en quantité et en valeur, toutes variables mesurées lors de l’enquête. L’analyse des performances de ciblage nécessite de disposer d’un indicateur de mesure du bien-être afin de classer les ménages.

Généralement la mesure de la pauvreté nécessite de disposer d’un indicateur de mesure du bien- être, d’un seuil de pauvreté et des indices de mesure de la pauvreté, comme par exemple le taux de pauvreté. Pour construire l’indicateur de bien-être, on utilise soit des variables de revenus, soit celles relatives à la consommation. Les données sur la consommation des ménages sont préférées aux revenus pour plusieurs raisons. D’abord parce que la consommation est moins sujette à des erreurs de collecte que les revenus (il n’est par exemple pas facile d’avoir une bonne exactitude dans les données sur les revenus des travailleurs indépendants qui ne tiennent aucune comptabilité). Ensuite parce que les données sur la consommation sont moins sensibles aux chocs exogènes que les revenus et reflètent donc mieux sur le long terme le niveau de vie réel du ménage (Deaton et Zaidi, 2002).

Lors de l’enquête PRESAR, les consommations alimentaire et non alimentaire des ménages ont été saisies de manière synthétique en utilisant une dizaine de rubriques. Même si le nombre de rubriques utilisé dans le questionnaire est réduit et donc moins précis que les opérations plus détaillées telles que l’enquête 1-2-3 utilisée pour le diagnostic de la pauvreté de 2007, on utilise néanmoins ces informations pour mesurer le niveau de vie des ménages. L’indicateur de niveau de vie est égal à un agrégat de consommation auquel on ajoute le loyer imputé des ménages

103

propriétaires et ceux logés gratuitement ; et il est normalisé deux fois. On le normalise d’abord par une variable qui prend en compte la taille et la composition des ménages, car des ménages de tailles et de compositions différentes ont des besoins différents. On le normalise ensuite par une autre variable qui prend en compte les différences de coût de la vie entre ménages vivant dans des localités différentes, les ménages de localités différentes ne faisant pas face aux mêmes prix à cause des coûts de transport et autres coûts de transaction.

D’abord l’agrégat de consommation est égal à la dépense mensuelle (alimentation, entretien de maison, boisson et tabac, habillement, loyer, santé, éducation, transport, autre)12 déclarée dans l’enquête à laquelle on a ajouté une estimation de l’autoconsommation mensualisée évaluée à partir des informations sur la production des exploitations agricoles. Ensuite pour les ménages propriétaires et logés gratuitement, un loyer imputé a été calculé à partir d’un modèle hédonique de logement13 et a été ajouté à la dépense pour donner l’agrégat de consommation. Enfin cet agrégat a été divisé par le nombre d’équivalents-adultes du ménage (variable qui prend en compte la taille et la composition du ménage) pour donner un indicateur de mesure de bien- être14. En réalité on a calculé deux indicateurs de bien-être ; dans le premier cas on tient compte des différences de prix. Comme on ne dispose pas de prix, on utilise le déflateur utilisé lors des travaux sur l’évaluation de la pauvreté à partir de l’enquête 1-2-3 de 2005 ; à l’époque il avait été estimé que le coût de la vie était d’un tiers plus faible en milieu rural par rapport au milieu urbain. Etant donné la fragilité de cette hypothèse (il n’existe pas d’informations fiables sur les prix), on calcule un second indicateur de niveau de vie qui ne tient pas compte des différences de prix. Par rapport aux travaux plus élaborés sur la pauvreté, il n’a pas été tenu compte de la valeur d’usage des biens durables des ménages, faute d’information sur ces variables ; néanmoins, cette composante est généralement négligeable.

12 On n’y a pas inclus les dépenses de réfection du logement (il s’agit d’un investissement du ménage), les dépenses

d’achat du mobilier (acquisition de biens durables), ni les transferts aux parents et l’épargne (elles ne font pas partie de la consommation finale). A un moment donné on a pensé à exclure les dépenses d’éducation dans la mesure où certains s’acquittent des frais de scolarité annuellement et d’autres mensuellement. Mais ces dépenses sont quasi- nulles et ne perturbent pas l’indicateur de bien-être.

13

Le modèle a comme variable expliquée le fait d’être propriétaire ou non et comme variable explicative les caractéristiques du logement.

14 L’échelle d’équivalence utilisée est la même que celle des travaux sur l’évaluation de la pauvreté à partir de

104

Dans le cas qui nous concerne où il s’agit simplement de classer les ménages sur l’échelle de niveau de vie, il n’est pas nécessaire de calculer des indices de mesure de la pauvreté et donc il n’est pas nécessaire de calculer un seuil de pauvreté. En effet la construction d’un seuil de pauvreté est sujette à plusieurs hypothèses et habituellement, on teste la robustesse d’un profil de pauvreté en examinant plusieurs seuils. A la limite, on peut considérer une infinité de seuils s’étalant sur l’ensemble de la distribution des revenus, ce qui revient à utiliser une approche par la dominance, cette approche est adoptée dans le cas présent (Ravallion, 1998). Néanmoins, ayant besoin de temps à autre d’un niveau chiffré de pauvreté, on retient comme seuil de pauvreté celui de 2005 ajusté pour tenir compte de l’inflation au cours de la période (les données disponibles sont trop agrégées pour permettre de construire un seuil de pauvreté). Ce seuil est égal à 28192 FC par mois, soit approximativement 31 dollars. S’agissant des indicateurs de pauvreté, on fait appel aux indicateurs classiques FGT, l’incidence de la pauvreté, la profondeur de la pauvreté et la sévérité de la pauvreté (Foster et al., 1984).

3.4. Principaux résultats