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Dans sa biographie de référence sur le Führer, Joachim Fest souligne que la facilité avec laquelle l’Autriche a été annexée et rattachée au Reich permet à Hitler d’envisager sereinement la poursuite de sa politique d’expansion76

. De fait, le rattachement au Reich des provinces des Sudètes, même s’il n’a pas eu lieu aussi rapidement qu’Hitler le souhaitait, s’est fait sans difficulté particulière et sans usage de force militaire. Or, ce n’est que le début du « plan vert » mis en place par le Troisième Reich pour engloutir l’État tchécoslovaque. Dans un document secret daté du 20 mai 1938, Zeitler, lieutenant-colonel de l’état-major, propose à Hitler une ébauche du « plan vert » dans laquelle il est déjà question d’une action militaire à la frontière germano-tchèque alors que dans les échanges épistolaires entre Chamberlain et le Führer, ce dernier prétend envisager cette action comme un dernier recours si les négociations venaient à échouer. L’intervention militaire semble parfaitement préparée, tout comme le prétexte à cette intervention (« une attaque brusquée sans excuse extérieure» qui laisserait croire que l’Allemagne a été agressée, les événements de Teplitz-Schönau par exemple) et le but de cette politique, à savoir l’ « effondrement de la Tchécoslovaquie »77

. Hitler signe le document définitif le 30 mai 1938, soit six mois avant les accords de Munich, qui débute par l’affirmation de la volonté d’ « écraser », de « mettre en pièces » la Tchécoslovaquie : « J’ai pris la décision irrévocable d’écraser la Tchécoslovaquie par une action militaire dans un proche avenir. ». Si son intention est on ne peut plus claire, Hitler a su manœuvrer habilement pour la cacher le plus longtemps possible aux forces alliées, sachant qu’il était sur le point de déclencher un conflit sinon mondial, au moins européen dans un premier temps. Dans le document du 20 mai, ébauche de celui qui a été signé le 30, il est encore écrit : « Je n’ai pas l’intention d’écraser la Tchécoslovaquie par une action militaire. »

75 Beneš, Edouard, Munich, op. cit. p. 23. 76

Fest, Joachim, Le Führer, op.cit. p. 212: «En tout cas, la facilité avec laquelle il avait parcouru la première étape importante de sa politique étrangère l’encouragea à se tourner immédiatement vers son prochain objectif. A peine quinze jours après l’Anschluss, il reçut le Führer des Sudètes allemands, Konrad Henlein, et lui annonça qu’il se préparait à résoudre incessamment le problème tchécoslovaque. »

77 Archives secrètes de la Wilhelmstrasse,op. cit, p. 175: « L’économie de guerre aura la tâche de mobiliser toutes les ressources économiques disponibles afin de hâter l’effondrement final des Tchèques. ».

Après la signature des accords de Munich, Hitler prolonge donc sa politique d’expansion à l’encontre de la Tchécoslovaquie. De plus, le succès de sa politique extérieure incite d’autres pays à demander le rattachement de provinces frontalières. Ainsi la Pologne demande-t-elle les régions de Teschen et de Freistadt, des mines de charbons proches de la frontière78. Cette demande se fonde sur les annexes des accords de Munich, stipulant que tout autre litige concernant des territoires frontaliers à la Tchécoslovaquie sera à régler par l’État tchécoslovaque lui-même79. Le 6 octobre 1938, la Slovaquie devient autonome80. Toutes ces manœuvres ont bien pour but d’affaiblir au maximum la République tchèque afin de l’engloutir entièrement. Le 21 octobre, Hitler signe un document portant pour titre « Elimination du reste de la Tchéquie »81. Après avoir affaibli ce qui est devenu la République tchéco-slovaque de l’extérieur82, il s’agit de l’affaiblir de l’intérieur, et ce, en choisissant pour la République un nouveau président. Le 30 novembre 1938, Emil Hacha, juge de profession, est élu Président. Dans un rapport du 2 décembre, Hacha est décrit comme un homme intègre mais sans aucune expérience politique : « Il ne s’est jamais intéressé à la politique et n’y connaît pas grand-chose, de son propre aveu. (…) Il reste à savoir si le président sera en mesure d’être le maître des destinées de son pays. Les qualités de caractère ne lui manquent pas à cet égard. Par contre, il est certainement dépourvu d’expérience politique.»83. À la suite d’une rencontre avec Hitler, Hacha va véritablement « remettre le sort du peuple tchèque entre les mains du Reich » comme il est écrit dans une déclaration commune entre l’Allemagne et la Tchéco-slovaquie datée du 15 mars 1938, qui stipule les mesures suivantes84 :

 aucune résistance face aux troupes allemandes. Les armes doivent être déposées et les troupes confinées dans leurs casernes ;

 tous les avions doivent rester à terre ;

 tous doivent continuer à vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était, en particulier les services postaux et ferroviaires ;

 la vie économique doit également suivre son cours, en particulier les banques, les industries et le commerce ;

78 Akten zur deutschen auswärtigen Politik, Die Nachwirkungen von München, op. cit. p. 7. Traduction p. 4. 79 Voir p. 11 du présent travail.

80 Marès, Antoine, Histoire des Pays tchèques et Slovaques, op. cit, p. 298. 81

Archives secrètes de la Wilhelmstrasse, op. cit., p. 89: « Liquidation de la Tchéquie restante ».

82 Ibid. p. 72 : Un télégramme non daté et non signé relate de façon lapidaire un entretien entre Mastny, ministre tchèque et Göring. On peut y lire que la Tchéco-slovaquie est particulièrement déçue par la France, l’Angleterre et la Russie et qu’elle est si seule que le Führer peut « tout lui demander » :« Le Führer peut tout demander à la Tchécoslovaquie […] Profonde désillusion à l’égard de la France, de l’Angleterre et surtout de la Russie.» 83 Ibid. pp. 155-159.

84 Ibid. p. 251 : « Le président de la République tchécoslovaque a déclaré que pour atteindre ce but [la paix dans cette région d’Europe centrale] et pour parvenir à un apaisement total, il remet en toute confiance le sort du peuple tchèque et du pays entre les mains du Führer du Reich allemand. »

 la presse, la radio tout comme les œuvres artistiques doivent s’abstenir d’exprimer un avis sur les événements85

.

Il est toutefois hasardeux de parler ici d’un « accord » entre l’Allemagne hitlérienne et le nouveau président de la Tchéco-slovaquie, au vu des conditions dans lesquelles ont été signés ces documents qui rayent pour un temps la République tchéco-slovaque de la carte du monde. Nous l’avons dit, Emil Hacha n’était pas un homme politique. C’était un homme consciencieux dans son travail de juge mais un mauvais choix pour défendre son pays en temps de crise.

La Tchéco-slovaquie n’existe plus, elle devient le Protectorat de Bohème-Moravie. À sa tête furent placés Konrad Henlein, Karl Hermann Frank, Reinhard Heydrich et Konstantin Freiherr von Neurath. Trois phases ont alors eu lieu afin de germaniser la Tchécoslovaquie: la conquête du territoire, le transfert d’une partie de la population et enfin la mise en place de Gaue allemands – régions administratives - dans le territoire tchèque. Au sein du Protectorat, la population tchèque est contrainte de fuir vers l’intérieur pour laisser la place aux Allemands et à leur « espace vital » ou se voit prise dans une politique de « germanisation » que Wolfgang Benz, historien allemand spécialiste de la question des expulsions, définit de la façon suivante : « La germanisation du territoire pourra être considérée comme achevée d’une part, une fois que le sol sera entre des mains allemandes et d’autre part, lorsque les travailleurs indépendants, les fonctionnaires, les employés et la main d’œuvre de qualité sera allemande. »86. Pour ce faire, les nazis prévoyaient de faire venir d’Allemagne 1, 8 million d’Allemands pour peupler le milieu rural et 2, 2 millions d’Allemands pour germaniser les villes. L’autre partie du plan prévoyait de liquider la population tchèque comme le proposa Wetzel, juriste et représentant du ministère du Reich en 1942: « Ne pourrions-nous pas considérer que la partie de la population dont la race n’est pas souhaitable pourrait-être éliminée au cours de l’industrialisation des territoires de la Baltique ? »87 Les Tchèques qui auront réussi à fuir devront se reconstruire à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Jahn Gebhart, historien allemand, estime, dans un article consacré à la migration de la population tchèque au cours des années 1938 et 1939, qu’au 25 décembre 1938, 150.882 civils auraient fui le territoire frontalier au Reich et qu’au 1er

juillet 1939, 20 500 familles sur 139 034 nouveaux départs auraient fui en laissant leurs biens derrière eux, sans avoir été jamais dédommagés88.

85 Ibid. p 252.

86 Benz, Wolfgang ‚ (Éd), Die Vertreibung der Deutschen aus dem Osten Ursachen, Ereignisse, Folgen, Berlin, Fischer, 1985, nouvelle édition, 1995, p. 50.

87 Ibid., p. 50.

88Gebhard, Jahn, « Migrationsbewegung der tschechischen Bevölkerung in den Jahren 1938-1939. Forschungsstand und offene Fragen.», in : Brandes, Detlef (éd), Erzwungene Trennung Vertreibungen und

Comment s’organisait alors la vie sous le Protectorat ? Nous savons que la Tchécoslovaquie a payé un lourd tribut à la Seconde Guerre mondiale. Dans l’ouvrage collectif Als die Deutschen weg waren89 qui accompagne la série documentaire du même nom proposée en 2007 par la chaîne allemande WDR (Westdeuscher Rundfunk), les auteurs, Adrian von Arburg historien allemand, Wlodzimierz Borodziej , historien polonais, et Jurij Kostjaschow, historien tchèque, rappellent les 800 000 victimes juives, le génocides perpétré sur environ 17 000 Roms et les 500 000 Tchèques recrutés depuis 1939 pour le « Totaleinsatz » , la guerre totale. Qu’en est-il du quotidien sous le Protectorat ?

Le 5 décembre 1938, le deuxième président de la République tchécoslovaque, Edouard Beneš, est contraint de démissionner. Il trouve refuge à Londres, d’où il forme un conseil provisoire qui sera officiellement reconnu comme gouvernement provisoire par les puissances alliées à partir du moment où l’Allemagne hitlérienne attaquera la Russie, soit le 21 juin 1941. Dans un ouvrage écrit en exil et inédit en français jusqu’en 2008 intitulé La Tchécoslovaquie 1938-1941. Chute et Rétablissement d’une nation90, il revient sur le sort réservé à son pays et sur l’évolution du conflit européen puis mondial. Après avoir été abandonné par les puissances telles que la France ou l’Angleterre, l’homme politique pressent que le conflit à venir sera des plus cruels et s’efforce de faire reconnaître le conseil tchécoslovaque formé à Londres comme le gouvernement officiel de la République tchèque. L’Angleterre le reconnaîtra le 21 juillet 1940, les États-Unis feront de même le 31 juillet 1941. Le 16 juillet 1941, Beneš signe un accord avec la Russie, dans lequel les deux pays s’engagent à se soutenir mutuellement dans la guerre contre la barbarie nazie91. Faisant référence au système antisémite mis en place en Allemagne puis dans les territoires occupés, Beneš reprend une allocution du 20 mai 1940 prononcée devant le London Press Club et au cours de laquelle il lui tient particulièrement à cœur de faire comprendre à ses interlocuteurs quelle est la réalité du quotidien sous la domination nazie. Dans ce chapitre, il détaille les persécutions et humiliations quotidiennes après que le régime nazi eut germanisé le territoire. Ce chapitre est particulièrement pertinent lorsque l’on souhaite comprendre les sentiments du peuple tchèque face à l’envahisseur. Géographiquement, la Tchécoslovaquie n’existe plus et Munich a été une trahison sans pareil envers un peuple livré à lui-même. Le champ lexical utilisé par Beneš

Aussiedlungen in und aus der Tschechoslowakei, 1938-1947 : im Vergleich mit Polen, Ungarn und Jugoslawie,

Essen, Klartext, 1999, pp. 19-20. L’historien rappelle que ces chiffres ne tiennent pas compte du nombre de fonctionnaires déplacés pour être remplacés par les Allemands, chiffre qu’il estime à 50 000.

89 Von Arburg, Adrian; Borodziej, Wlodzimierz; Kostjaschow Jurij, Als die Deutschen weg waren. Was nach der

Vertreibung geschah: Ostpreuβen, Schlesien, Sudetenland, Rohwolht, Berlin 2005, deuxième édition, 2006,

p.191.

90 Beneš, Edouard, La Tchécoslovaquie, 1938-1941. Chute et rétablissement d’une nation, Paris, Institut d’études slaves, 2008.

91 Ibid. pp 117-138. Tous les efforts du conseil tchécoslovaque puis la reconnaissance progressive de ce conseil comme gouvernement tchécoslovaque sont décrit par Beneš dans le chapitre intitulé La fin de Munich.

relève de la souffrance, aussi bien morale que physique : il parle de « désintégration spirituelle et morale », d’un pays « annihilé », d’un « traumatisme moral », d’une « infection de l’âme tchèque par le poison nazi », d’une « extermination spirituelle et physique », d’un « viol », d’une « dislocation », et enfin de « derniers lambeaux de droit ». La Tchécoslovaquie a subi le même sort qu’un prisonnier en camp de concentration (elle a été dépossédée, affamée, humiliée), et sans le soutien des puissances européennes, elle mourra dans l’indifférence. Se fondant alors sur le principe de la continuité légale de l’État, Beneš et les membres du conseil ne reconnaissent pas le gouvernement d’Emil Hacha, imposé par les nationaux-socialistes. D’autre part, étant donné que Beneš a été contraint par le régime nazi de donner sa démission et qu’il n’a donc pas quitté la tête de la République de son plein gré, il se considère encore comme celui qui a été élu pour gouverner la Tchécoslovaquie. Ne se sentant pas tenu par les accords de Munich qu’il rejette, il déclare, lors de la première réunion du Conseil d’État le 11 décembre 1940: « Ce que l’on appelle la deuxième République tchécoslovaque, que les autorités internationales tinrent pour être la continuation directe et de facto de la Première République, fut liquidée par la force, le 15 mars 1939, du fait de l’invasion criminelle et arbitraire de l’armée allemande. En droit international, ce crime n’a jamais été reconnu par aucun État civilisé digne de ce nom. Donc, pour nous, la première République continue simplement d’exister légalement. Tout ce que nous faisons en ce moment est fondé sur ce principe, sur ce fait et découle d’eux. »92

De l’extérieur, la République Tchécoslovaque continue à exister à Londres.

Dans de nombreux ouvrages scientifiques, il est toutefois question de la passivité des Tchèques quant à l’occupation allemande. Pavel Kohout lui-même, auteur tchèque du premier roman dont il sera question dans cette étude, L’Heure étoilée du meurtrier, parle de « capitulation de Munich»93, à savoir d’un abandon total des revendications et des droits tchécoslovaques. En plus d’avoir été abandonnée par les Alliés, la Tchécoslovaquie se serait-elle également abandonnée serait-elle-même ? Cette passivité, cette attente que mentionnent plusieurs historiens tels que Bernard Michel, professeur d’histoire de l’Europe centrale contemporaine à l’université Paris I94

ou encore Antoine Marès, historien spécialiste des pays Tchèques et Slovaques, qui parle d’un « réveil » tardif ayant eu lieu en 194595

, trouve son expression dans l’attitude du jeune héros du roman, Jan Morava, qui n’est pas engagé dans la résistance tchèque même s’il honnit l’occupation nazie et ne se remet pas de la trahison de Munich. Ces accusations sont toutefois réfutées par le point d’orgue du roman, la description

92 Ibid. pp. 105-106. 93 HM., op.cit., p. 18.

94 Michel, Bernard, Histoire de Prague, Paris, Fayard, 1998.

de la révolte de Prague avant l’arrivée des forces armées soviétiques. Ainsi ce roman met-il non seulement en lumière un épisode peu traité et encore mal connu de la libération de la Tchécoslovaquie mais aussi les forces intérieures d’une résistance secrète. De fait, depuis son exil londonien, Beneš entreprend de montrer au monde que la Tchécoslovaquie ne se soumet pas. En 1942, il sera à l’origine de l’attentat contre le Protecteur du Reich Heydrich, attentat qui coûtera la vie à de nombreux tchèques en guise de représailles96. La répression violente empêche alors toute résistance de s’exprimer, mais cela ne signifie pas que cette résistance n’existe pas. Detlef Brandes, historien allemand, mentionne lui aussi cette apparente indifférence du peuple tchèque, qui serait en réalité une résistance passive, prête à attendre le bon moment pour agir97. Edouard Beneš, quant à lui, enjoint régulièrement son peuple à la patience. Dans un manifeste du 19 juin 1941, il s’adresse à la nation tchécoslovaque en ces mots : « Attendez avec calme et confiance. Demeurez fidèles à nos idéaux moraux, politiques et sociaux. »98 Le Président tchécoslovaque insiste également sur le repli nécessaire dans la niche que constitue la culture afin de résister et de survivre à l’occupation : « Pendant les siècles durant lesquels la nation tchèque luttait pour son existence, le peuple avait coutume, quand les temps étaient durs, de se tourner vers la musique, la littérature, le théâtre et sa propre histoire. Il y trouvait soutien et encouragement dans son combat comme nation. Les nazis devinèrent avec justesse que les Tchèques allaient de nouveau dresser face à l’ennemi le camp de leur culture. »99. Il n’est donc pas erroné de dire que les Tchèques attendaient patiemment le bon moment pour agir mais il ne s’agit là que d’une demi-vérité, car c’est occulter la résistance mise en place depuis Londres mais aussi sur le territoire tchèque, comme nous le rappelle Detlef Brandes, qui recense les nombreux groupes de résistants actifs au sein du Protectorat, se posant même la question : « Quel groupe de résistants prendra la main lors de la révolte de Prague ? »100. Concrètement, avant la révolte de Prague, il s’agissait pour les résistants de saborder au maximum le travail des nazis par des actions qui peuvent paraître minimes mais pour lesquelles les résistants risquaient tout de même la prison, voire la mort, à coup sûr la torture. Ces mouvements de résistants, en contact permanent avec

96 Beneš, Edouard, La Tchécoslovaquie 1938-1941, op. cit., p. 16 note 20 : dans l’introduction à cet ouvrage, Milan Hauner, historien tchèque, rappelle que Beneš a toujours nié une quelconque implication dans l’attentat qui a coûté la vie au Protecteur du Reich Reinhard Heydrich et provoqué la mort de milliers de Tchèques en représailles.

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Brandes, Detlef, Die Tschechen unter deutschem Protektorat Teil 2, Besatzungspolitik, Kollaboration und

Widerstand im Protektorat Böhmen und Mähren bis Heydrichs Tod bis zum Prager Aufstand : 1942-1945,

Munich, Vienne, Oldenbourg, 1975.

98 Beneš, Edouard, La Tchécoslovaquie 1938-1941, op. cit., p. 97.

99 Ibid. p 75, plus loin, p. 77 : « En ces temps de sombre oppression, notre nation enchaînée cherchait du réconfort dans les livres, plus spécialement dans les œuvres des auteurs des XIXe et XXe siècles qui avaient pour thème la renaissance et la lutte nationale. Mais les nazis eurent tôt fait de priver le peuple tchèque même de cette consolation spirituelle et patriotique. »

Londres, se plaignaient d’un manque d’armes et de soutien de la part du gouvernement en exil101. Malgré le peu de moyens dont ils disposaient, ils n’hésitaient pas à effectuer des actes de sabotages dans les industries, en travaillant particulièrement lentement par exemple, de façon à ne pas enrichir le Reich, en faisant sauter ou brûler des lignes de chemin de fer ou en menant une véritable lutte armée qui connût son point d’orgue lors de la révolte slovaque, lancée le 29 août 1944 et soutenue par les forces de la résistance tchèque. Dans un élan de panique face aux événements, Karl Herman Frank avait fait fermer les frontières entre le Protectorat et le Slovaquie et demanda expressément l’envoi de troupes dans le Protectorat, ce qui lui fut refusé102. Suite à ce refus, la surveillance des frontières du Protectorat fut à nouveau renforcée et trois mesures furent prises afin de protéger les Allemands vivant sur le territoire, mais surtout la domination germanique qui était en passe de s’écrouler :

 la création d’une « communauté allemande » (« Deutsche Gemeinschaft ») qui rassemblerait tous les Allemands du Protectorat sans exception. De cette façon, tous les Allemands seraient regroupés à l’intérieur d’une même organisation, ce qui, vu de l’extérieur, empêchait tout distinguo entre membres du parti et allemands non engagés politiquement ;

 le 10 octobre 1944 furent crées des « groupes d’alarmes » (« Alarmverbände ») : tous les hommes allemands devaient participer à la surveillance de leur quartier, impliquant de facto tous les Allemands dans la politique nazie ;

 enfin, le « service de protection » (« Schutzdienst ») existant en Moravie orientale fut remplacé par le service de « protection patriotique de Moravie »