• Aucun résultat trouvé

naissance de Morava

I.6. Buback, une quête de rédemption rédemption

I.6.3. Avril, doutes et affirmations

Preuve que Buback ne s’embarrasse plus de questions, il décide de revoir Grete, malgré les avertissements de son supérieur701. Ces deux personnages partagent le désir de trouver une vérité. Grete lui déclare : « J’ai menti presque toute ma vie. Avant de mourir, ce qui pourrait bien ne pas tarder, je voudrais savoir ce qui est vérité et ce qui est mensonge en moi. »702 Buback note plus loin que Grete est sans cesse prise du besoin compulsif de se laver, sans qu’il ne comprenne pourquoi703

. Quant à lui, cette relation, même si elle reste incertaine704, lui offre une pause dans ses tergiversations sur la victoire finale et son avenir : « Il ne la connaissait que depuis trente jours, et, malgré cela, elle avait fondamentalement changé son existence. Elle lui avait donné quelque chose comme un but, même si celui-ci consistait essentiellement à l’attendre. »705

Buback semble renaître et enquête « comme autrefois »706, c’est-à-dire avant d’être mêlé au tourbillon politique du Troisième Reich. Nous pourrions dire que Buback retrouve ici sinon une certaine innocence, du moins une nouvelle jeunesse. Il est en émoi devant Grete – il craint même de rougir lorsque Meckerle lui remet une lettre lui étant adressée 707 – et travaille avec un zèle qu’il ne se connaissait plus. De même, lorsque le personnel du service est convoqué dans le bureau de Meckerle, Buback considère ses collègues comme « des figures de cire » et s’en détache définitivement708. Merckerle, qui était son supérieur, devient « son rival »709 . Ce dernier annonce alors que les Russes attaquent

701 Ibid. pp. 206-207 : « Après la première nuit passée avec elle, malgré sa fatigue, il souhaita jusqu’au soir être à nouveau chez elle. Il était alors certain de n’avoir jamais eu de maîtresse aussi épatante. Seul un sentiment douloureux le retenait : Meckerle la lui avait confiée parce qu’il comptait sur son honnêteté… » puis, lorsqu’il arrive chez Grete : « Qu’as-tu à me dire ? demanda-t-elle avant qu’il ait articulé un mot. Que tu as déçu la confiance de ton supérieur ? Ou la mienne ?

-Non… admit-t-il, que ça a été formidable avec toi ! » 702 Ibid. p. 207.

703

Ibid. p. 219 : « Il prit conscience pour la première fois qu’elle était possédée par le besoin compulsif d’être propre. Elle se douchait plusieurs fois dans la nuit. »

704 Ibid. pp. 207-212 : « S’il demandait si elle avait envie de le voir le lendemain, elle répondait qu’elle ne pouvait le savoir aujourd’hui. Il devrait s’en assurer lui-même le lendemain. », ou encore : « Ainsi continua-t-elle à venir chez lui ou à ne pas venir parce qu’continua-t-elle avait envie d’être seule. »Plus loin, p. 231: « Les avantages que présentait cette liaison étaient si évidents que Buback ne tarderait certainement pas à devenir un simple épisode de plus dans la vie de Grete. »

705

Ibid. p. 212.

706 Ibid. p. 212 : « Comme autrefois à Dresde, à l’époque de ses débuts dans la police criminelle, il étudiait chaque jour les informations qui arrivaient sur le tueur de veuves. »

707

Ibid. p. 214 : « « Rendez-moi un service personnel mon vieux. Transmettez cette lettre…Vous savez bien à qui ! »

-Oui, dit Buback en espérant qu’à son âge il n’allait pas rougir. » 708

Ibid. p. 231 : « Tous était assis, raides sur leurs sièges. Un musée de figures de cire, pensa Buback. Il lui parut inconcevable d’en faire encore partie. »

Berlin et que cette attaque est le prélude à la « lutte finale »710. S’ensuit une longue litanie sur ce que les agents de la Gestapo auront à faire pour protéger et Prague et l’Allemagne. Pendant ce discours qui ne diffère en rien des autres discours de Meckerle, Buback plonge dans ses pensées et réfléchit à sa relation avec Grete. Ainsi les instructions de Meckerle sont-elles entrecoupées de questions en discours indirect libre de Buback, qui finit par s’avouer qu’il est jaloux de cet homme qui a possédé Grete avant lui711. Cette histoire personnelle prend le pas sur le récit de guerre puisque Buback est ensuite chargé par Grete de remettre à Meckerle la réponse à sa lettre, dans laquelle elle le désigne comme le successeur de ce dernier712. La séparation entre Meckerle et Buback est alors définitive et en le quittant, le Standartenführer se fend de cette réflexion pour le moins cynique : « Autrefois, on jetait les messagers comme vous aux bêtes sauvages. Remerciez le destin de vivre à une époque civilisée ! »713 Outre l’ironie que perçoit ici le lecteur, cette affirmation de Meckerle souligne une fois de plus sa profonde conviction de faire le Bien et met en exergue le fossé qui se creuse avec Buback, puisque celui-ci qualifie en réponse cette époque de « ratée »714 . Dans son nouvel élan, Buback va même jusqu’à féliciter chaleureusement Jan et Jitka pour leur future union, à la plus grande surprise des deux intéressés715. Le ton reste à l’humour, même si les circonstances historiques ne s’y prêtent pas, ce qui constitue également l’une des caractéristiques de ce roman, qui est, en son centre, entrecoupé de scènes comiques. Le lecteur ne peut qu’imaginer une Jitka pétrifiée devant l’attitude d’un Buback qui n’est plus lui-même et qui sort tout à fait du rôle d’agent de la Gestapo qu’il s’était infligé les jours précédents. Les protagonistes sont rendus à l’état de simples civils et il s’en faut peu pour que les barrières ne tombent, pour preuve, l’invitation à dîner lancée par Morava à l’attention de Buback et Grete. En se comportant ainsi, Buback sait qu’il se met en danger mais il n’en a cure. Il semble vouloir profiter du peu de temps qu’il lui reste pour se réhabiliter. Lui, qui est tombé en « disgrâce »716, prend un malin plaisir à provoquer son supérieur et commence

710

Ibid. p. 231.

711 Ibid. p. 232 : « L’estomac de Buback se contracta. Oui, Grete devait plaire à ce géant… Il reprit ses esprits en faisant appel à sa raison. Un empire est en train de mourir et je suis jaloux ! D’un homme de la Gestapo qui radote et d’une parfaite inconnue qui a eu la plupart du temps l’infidélité pour devise ! »

712

Ibid. p. 237 : « Oui, elle vous présente comme le successeur que je lui ai moi-même choisi. Elle a très bien deviné que j’aurais écumé de rage si c’était l’un de mes hommes que me l’avait appris. Bien sûr, je vois rouge, mais… » Il se redressa et, fou de rage, déchira le papier en petits morceaux. « Allez donc au diable ! Attrapez ce chien pervers avec les Tchèques. Fouillez dans leurs affaires et ne vous montrez pas devant moi si vous n’avez pas une bonne raison de le faire, Heil Hitler ! »

713 Ibid. p. 234. 714

Ibid. p. 234 : « Une affirmation audacieuse, pensa Buback. Notre époque est plutôt ratée. »

715 Ibid. p. 241 : « Ils l’entendirent rire pour la première fois. [ …] Il prit la main gauche de la jeune fille et la droite de Morava et les serra toutes les deux en même temps. Il y mit autant de cordialité que s’ils lui avaient fait très plaisir. " Sincères félicitations ! " »

716 Ibid. p. 253 : « Rien n’aurait pu refléter plus clairement l’état de disgrâce dans lequel se trouvait Buback depuis sa conversation avec Meckerle que le comportement de Kroloff. Il n’avait pas échappé à cette tête de

même à éprouver un véritable « sentiment de rébellion »717. Pourtant, et c’est ce qui constitue le paradoxe Buback, il continue de servir la police judiciaire du Reich. Alors qu’il est convoqué dans le bureau du Sturmbannführer, il lui assure pouvoir l’informer le plus rapidement possible d’une éventuelle insurrection et continue à engranger des informations sur le fonctionnement de la police tchèque et leurs moyens de communication718. Que penser alors de ce mystérieux personnage ? Le lecteur en ressort perturbé : est-il finalement bon ou joue-t-il un double jeu pour se révéler être un traître envers Morava ? Cette ambiguïté n’est que de courte durée et semble avoir été installée uniquement pour déstabiliser le lecteur qui ne sait pas encore s’il peut se fier à Buback. Gageons que la majorité des lecteurs se sera sans doute identifiée à Jan Morava, se demandant si elle peut faire confiance à Erwin Buback. En retrouvant Grete, ce dernier lui est reconnaissant d’être entrée dans sa vie, car elle apaise son quotidien qu’il qualifie d’« écœurant » et d’« abominable »719

. Pavel Kohout joue ici sur l’ambivalence du personnage née de son questionnement perpétuel. Même s’il qualifie son travail d’ « abominable », le lecteur ne sait pas encore s’il va continuer à le faire ou finalement se retourner contre les ordres qui lui ont été donnés pour protéger les Tchèques.

Lors des interrogatoires suivants, les rôles s’inversent : Morava est « intraitable » alors que Buback joue « le rôle classique du gentil »720. Ainsi, les représentations figées du début du roman (les SS crient et Morava se fait tout petit), relevant du cliché type, sont évacuées au profit de portraits plus nuancées des deux personnages. Les deux hommes se comprennent sans même avoir besoin de se parler puisqu’ils font tous les deux face à la même situation angoissante : c’est en effet au tour de Grete de jouer les appâts dans le cimetière. Cette angoisse est le prélude à la première conversation d’ordre privée entre les deux hommes. De fait, jusqu’à maintenant, les conversations faisaient plutôt l’effet d’interrogatoires de la part de l’un ou de l’autre – lors de leur trajet vers Brno, Buback souhaitait en savoir plus sur Morava mais celui-ci ne lui retournait les questions qu’avec difficulté – alors que cette fois-ci,

mort que le Standartenführer n’appelait plus personnellement Buback depuis un certain temps, mais lui faisait transmettre ses instructions. »

717

Ibid. p. 255 : « Son sentiment de rébellion s’amplifia lorsqu’un Unterscharführer le conduisit au premier étage de l’ancienne faculté de droit tchèque. »

718 Ibid. pp. 256-257 : « Il avait pu constater hier par lui-même combien la proposition insensée de Grete l’avait rapproché des policiers tchèques. Et il les connaissait assez maintenant pour repérer le moindre comportement suspect. », plus loin, « Avant de rentrer chez lui où il l’avait [Grete] à nouveau trouvée dans la baignoire, Buback s’était fait traduire les informations qui venaient d’arriver. Il les lisait plus vite que l’interprète d’aujourd’hui, mais il lui fallait bien jouer son rôle. Cette formule lui permettait d’exploiter les informations de façon plus approfondie. »

719 Ibid. pp. 257-258 : « Elle le débarrassait des désagréments et de contrariétés que la journée avait laissés en lui. Elle le libérait de cette guerre écœurante et de son travail abominable, sans le précipiter, comme il l’avait craint, dans une nouvelle dépendance. »

720 Ibid. pp. 272-273 : Au cours de l’interrogatoire du prêtre qui a signalé le vol d’un tableau représentant Sainte Réparata, une femme martyre mutilée de la même façon que les victimes du tueur de veuves, et qui connaît l’identité du tueur sans vouloir la révéler, les rôles s’inversent. Morava tance le prêtre et « donne libre cours à son amertume » tout en contenant son envie de s’emporter, et lorsque le prêtre fait un infarctus, il n’éprouve « aucune compassion » alors que Buback garde une voix « impassible » et reste « gentil ».

assis côte à côte à l’arrière de la voiture, Buback fait le premier pas : « Herr Morava, demanda-t-il sur un ton peu officiel, votre fiancée a-t-elle peur lorsqu’elle joue le rôle de la veuve ? »721 La surprise de Morava vient autant de la question que du ton désormais presque amical de Buback. L’amitié naissante entre les deux hommes se renforce même lorsque Morava lui annonce que Jitka attend un enfant. La stupéfaction laisse place à un sentiment tendre : Buback est « touché »722 par le destin du jeune couple et s’en étonne lui-même. D’un chapitre à l’autre, les personnages ne cessent de s’étonner, soit de leur propre comportement, soit de l’attitude de l’autre, de celui qui devient un double au fil du récit. S’ensuit une conversation, pratiquement la seule du roman entre les deux hommes, qui démontre non seulement la confiance que Morava fait à Buback, puisqu’il lui avoue qu’il croit en la victoire de son peuple et des Alliés723 mais aussi le malaise de Buback dans son rôle non pas d’Allemand, mais d’Allemand de la Gestapo, représentant d’une Allemagne qu’il a contribué à construire comme il se l’avoue laconiquement : « Son Allemagne ? Oh, oui, malheureusement ! »724 Cette conversation est d’autant plus importante pour la construction des deux personnages qu’elle se déroule au moment-même où la voiture de service traverse le camp de Terezín. Ce camp a été aménagé dans la petite ville de Terezín, à une heure de Prague, afin de servir de camp exemplaire à montrer aux Alliés. Y étaient regroupés des juifs âgés ou des personnalités du monde des arts – les « Prominenten » –, mais aussi des familles entières, dans des conditions moins difficiles que dans les autres camps, puisque son objectif était de prouver aux Alliés que les Juifs étaient libres de leurs mouvements et de leurs activités tout en étant bien traités au sein du Reich. Dans la réalité, le travail y était pénible et les conditions de vie précaires725. Si Buback prend la décision de traverser le camp, c’est parce qu’il pense que les deux Tchèques qui l’accompagnent – le chauffeur Litera et Morava

721 Ibid. p. 276. 722

Ibid. p. 277: « Buback s’étonna. C’était incroyable ! L’Apocalypse pouvait éclater ici d’un moment à l’autre et ces deux-là se collaient en plus un enfant sur les bras ? Et la jeune femme participait dans son état à la chasse à l’assassin ? Il regarda le jeune visage tendu et s’étonna d’être touché par une histoire à laquelle il était étranger. » 723 Ibid. p. 277 : « " Pensez-vous que la paix sera revenue à sa naissance ? »

Le Tchèque ne détourna pas son regard. « Oui.

- Et savez-vous quand et comment la guerre va s’achever ? - Oui.

- Peut-être pourriez-vous me le dire ?

- Oui, dit son voisin pour la troisième fois. Je crois que le Reich ne va pas tarder à s’effondrer. " » 724

Ibid. p. 279.

725 De nombreux témoignages sont parvenus de ce camp, notamment des journaux d’enfants. Citons par exemple le journal de Petr Ginz, Paris, Le Seuil, 2010 ou encore celui d’Helga Weissová, Paris, Belfond, 2013. Le jeune Petr périra à Auschwitz alors qu’Helga et sa mère survivront. Son père disparaîtra sans qu’Helga ne connaisse jamais la vérité. De même, Claude Lanzmann a interrogé un représentant de la Croix Rouge ayant visité les camps d’Auschwitz et Terezin. Ce dernier, à l’invitation des Allemands, a passé quelques heures dans la camp de Terezin avant d’établir un rapport « satisfaisant des conditions d’hygiène, de tout ce qu’[il] a vu. » La ruse avait fonctionné, alors que les déportations reprirent de plus belle après son départ. Lanzmann, Claude, Un

– sont parfaitement au courant de ce qui se trouve derrière ce que l’on appelait « La petite Forteresse ». C’est ici l’occasion de décrire de façon sobre le camp (« La route les conduisit à travers des ruelles qui, à première vue, n’avaient rien de particulier. Ce qui était surprenant c’étaient les bâtiments à l’allure de caserne et la cohue dans laquelle ils se trouvèrent en un tour de main. »726) mais aussi de revenir sur les interrogations de Buback et de le dédouaner. Lui qui porte un regard plein d’incompréhension sur ce qui l’entoure avouera ensuite à Morava ne cautionner en aucun cas la politique raciale du Reich727. Lors de sa première visite à Terezín, l’ignorance de Buback confine à la naïveté. Il sert le Reich mais semble tout ignorer des pratiques antisémites mises en place par son Führer. Les questions qu’il se pose semblent absurdes : « S’agissait-il d’une population installée ici depuis longtemps ? Ou bien mettait-on ici en pratique une forme de cohabitation avec les Juifs qu’on instaurerait dans le Reich après la fin de la guerre ? Ou encore tout ceci n’était-il qu’une gare de transit ? Pour aller où ? »728 Sous prétexte de « secret militaire », Buback s’était gardé de poser ces questions729. Alors qu’il note des changements dans la vie du camp730, un glissement s’opère entre les deux personnages et Buback voit tout à coup la scène à travers les yeux tchèques de Morava et Litera. Notre personnage allemand témoigne de sa honte et de son malaise - il est « déprimé »731 par ce passage dans le camp et s’en veut de l’avoir traversé avec eux alors qu’il aurait dû, selon lui, les protéger en leur en cachant l’existence. Il se glisse à la place de Morava et par extension, de tous les Tchèques qui subissent l’occupation et la politique nazie. Il (re)devient un Tchèque, de la même manière que Morava était devenu Buback à la mort de Jitka et de son bébé. Les deux miroirs parallèles se font non seulement face mais se rejoignent pour voir la guerre d’un même regard. Ainsi Buback poursuit-il sa rédemption, en avouant à Morava qu’il ne soutient pas cette politique raciste. Le silence qui suit cet aveu met en avant le fossé qui s’est construit entre les deux peuples732

.

Lors de leur arrivée à Prague, l’enquête les rattrape puisqu’ils tombent nez-à-nez avec un barrage de la Gestapo venue fouiller les locaux de la police tchèque dans la ruelle Bartolomejska. Cette razzia signifie que tous les hommes censés être en poste autour du

726 HM., op.cit., p. 279. 727

Ibid. p. 281 : « J’aimerais que vous sachiez que je n’approuve pas ce qui se passe ici. » Devant le silence de son voisin, il poursuivit : « Prenez-le comme une marque de confiance en échange de votre propre confiance. » 728 Ibid. pp. 278-280.

729

Ibid. p. 280 : « De leur côté, Buback et Rattinger ne posèrent pas non plus de questions pour ne pas porter atteinte aux fondements du strict secret militaire. »

730 Ibid. p. 280 : « Il n’y avait pas que les manteaux d’hiver, les couvertures de cheval et les haillons de diverses origines destinés à protéger du froid qui avaient disparu des ruelles bondées. C’était aussi le cas, il le vit, des sinistres étoiles jaunes ! On ne voyait pas non plus un seul uniforme allemand. […] Mais pourquoi Buback se sentait-il plus troublé que la dernière fois ? »

731

Ibid. p. 280 : « Il était déprimé à présent et cela ne pouvait échapper à ses compagnons. Pourquoi leur avait-il imposé un spectacle qu’il aurait dû leur cacher ? »

cimetière et de l’appartement de Jitka sont retenus au sein des bureaux sans pouvoir assurer la protection des deux femmes. Ce rebondissement, nous l’avons vu, est à l’origine d’un glissement de Morava vers Buback cette fois-ci, puisque c’est à cet instant qu’il va perdre sa famille. En effet, Grete Baumann n’ayant pu assurer son tour, c’est Jitka qui a été victime du tueur de veuves. Dans l’ignorance, Buback ne cache toutefois plus ses sentiments : la peur est « écrite sur son visage » et il enfonce « ses ongles dans le poignet »733 de Morava. C’est alors que tous deux découvrent le corps sans vie de Jitka. Sans perdre un instant Buback entreprend de transporter la jeune femme à l’hôpital et se fait paternel : « Buback ne put s’empêcher de lui caresser la main. Elle était chaude.»734 C’est maintenant au tour de Morava de se murer