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Le Maroc de Delacroix :

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 151-184)

Durant les dernières décennies du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, une vigoureuse attirance pour l'Orient se fait sentir au sein de l’élite intellectuelle française grâce à l’effraction sans précédent du socle littéraire par la thématique en vogue de l’Orient. Parallèlement, insufflée par la Campagne d'Egypte, la conquête de l'Algérie, la volonté de mieux connaître l'étranger devient une préoccupation des pouvoirs publics en France qui n'hésitent plus à financer des expéditions scientifiques conduites par ses propres observateurs patentés. Ces éléments tous réunis vont contribuer à amplifier le phénomène de vulgarisation d'un Orient perçu initialement comme farouche et singulièrement hermétique.

Cet attrait n’allait pas se cantonner aux seuls écrivains comme Chateaubriand, Nerval et d’autres. Il prendra forme dans l'imaginaire d’artistes

1 -Ibid., p.136.

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peintres dont le chef de file est incontestablement Eugène Delacroix. L’intérêt cardinal de ce dernier pour la thématique orientale est consécutif à la prise de connaissance d’une somme accrue de témoignages transmis par les hommes qui reviennent d'Orient, de relations des voyageurs et aussi des poèmes de Lord Byron

; en peinture, ce sont les tableaux et les esquisses de Gros, de Girodet et de son ami Monsieur Auguste. Ce dernier a rapporté de ses nombreux voyages au Moyen-Orient des toiles mais aussi des objets et des vêtements, autant de « curiosités » que Delacroix mettra à profit pour peindre ses amis en sujets turcs ou grecs. Ces influences annonçaient l’éclosion d’une sensibilité romantique, qui contribua à faire connaître au peintre les aspects exotiques et enchanteurs de la terre et des mœurs orientales.

Cependant, ces éléments disparates et fragmentaires ne favorisent chez l'artiste qu’une connaissance assez vague, à la fois documentaire et imaginaire de la vie orientale. Au début du siècle, le genre historique était à la mode et les tentatives de restitution de l'Orient s'avèrent tout aussi superficielles. Il est assez significatif cependant de voir le jeune artiste vouer un engouement incontestable pour les décors et les scènes d'Orient.

Au début de sa carrière, en 1817, encore tout jeune, il avait peint les portraits de l'ambassadeur de Perse et de son esclave préférée, en s'inspirant des dessins persans. Les esquisses qui illustrent cette nouvelle tendance et ce goût immodéré pour les choses de l'Orient foisonnent; et, partant, ne cessent de s'accumuler au point de former florilège dont la densité n’est pas négligeable qui impulsera les suffrages dithyrambiques de la critique d’art et d’un public de plus en plus nombreux et enthousiaste.

En 1822, Delacroix réalise l'aquarelle, « Grec en embuscade », qui représente une scène de bataille lors de la guerre entre Turcs et Grecs; l'année suivante, il peint deux Orientaux en costume, en plus de deux autres toiles illustrant des officiers grecs. Mais ce ne sont là que des œuvres particulièrement imaginatives qui n'ont pas cessé d'obséder son esprit des choses d'Orient et, durant cette période, la référence à l'Orient n'est pour lui qu'un moyen de traduire des émotions dont l'intensité semble être pétrie d'une force nouvelle.

Il faudra attendre le célèbre voyage que le peintre effectuera au Maroc, et qui aura duré six mois, pour voir naître chez l'artiste français le sentiment que l'Afrique du Nord était aussi une destination importante et présentait autant

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d'intérêt pour l'inspiration de l’artiste plasticien que le traditionnel pèlerinage en Turquie des passionnés d’exotisme et de sensations fortes. Aussi ce voyage incarna-t-il, pour Delacroix, l'occasion de fixer ses ambitions et de leur donner une configuration vivante. Il s’agit pour lui d’une aventure authentique à tous égards.

Une aventure qu’il traduira à la mine de plomb, à la gouache et à l’aquarelle.

Raymond Escholier a qualifié le peintre de «premier pèlerin du Moghreb ».

Delacroix, conscient que les images du Maroc colportées pas les voyageurs qui l’ont précédé étaient imprécises, voire dénigrantes, s’exprime avec un peu de circonspection :

«Nous allions chercher un pays inconnu sur lequel on nous donnait les notions les plus bizarres et les plus contradictoires. C’est un an et demi après la prise d’Alger, au moment où tout ce qu’il y avait de musulman au monde était profondément ulcéré de la brèche faite à l’antique réputation des Barbaresques »1.

L’impact de ce voyage sur la vie de l'artiste équivaut à celui qu’avaient engendré l'Italie et plus particulièrement Rome dans l'existence d'autres artistes comme David, Ingres ou Corot. Dès son arrivée à Tanger, les scènes d'Orient commencent à prendre forme dans l’imagination de Delacroix. Le Maroc sera à l'origine de tableaux des plus fascinants qui n'avaient jamais été peints auparavant.

Il effectua ainsi une entrée distinguée au devant de la scène de la peinture occidentale. Les thèmes marocains vont composer une part essentielle dans son œuvre. Les atmosphères locales et les ambiances intimes sont restituées d'une manière digne et charmeront le public des salons parisiens, défiant ainsi les grandes relations orientales, attirantes certes, mais jugées fragmentaires et visqueuses.

A la fin de décembre 1831, le peintre écrit à son ami Villot qu'il sera probablement parti pour le Maroc la semaine suivante. «Ne riez pas trop, ajoute-t-il, c'est très vrai».

Ce voyage, il le doit à une ravissante actrice de l’époque, Mlle Mars, qui avait préconisé à son admirateur, le comte Charles de Mornay, chargé d’une députation diplomatique auprès du Sultan du Maroc, à la veille de la conquête de

1 - Cahier1-a.

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l'Algérie, d'adjoindre à sa mission le jeune peintre dont le talent, jugé flamboyant, pouvait être utilement mis au service de la mission.

Bien évidemment, sur le plan politique, les desseins de la mission se laissent aisément deviner. Après la conquête d'Alger, la France occupait seulement la bande littorale sur la Méditerranée. Mais elle n'allait certainement pas se contenter d'un mince territoire et comptait poursuivre des opérations militaires à travers tout le pays. Elle avait besoin d'obtenir la neutralité du Sultan du Maroc afin d'asseoir son autorité sur d'autres provinces de l’intérieur. La résistance de l'Emir Moulay Abdelkader lui donnait du fil à retordre et ses déplacements incessants entre les deux frontières créèrent un climat d'insécurité dans la région d'autant plus que la province de Tlemcen qui venait d'être soumise à l'autorité française faisait partie du royaume du Maroc. Tout l'Est marocain fourmillait d'accrochages et la mission prescrite à l'émissaire extraordinaire devait obtenir encore la restitution de trois vaisseaux français, l'Albine, le Marie-Josèphe et l'Amitié, subtilisés par des résistants algériens à la marine française et dissimulés en rade des ports Marocains.

Afin de trouver une issue avantageuse à ces affaires contingentes et d’aboutir à un consensus sur les différends, factuels et potentiels, entre les deux pays, le gouvernement français du Roi Louis-Philippe était enclin à envisager de conclure un accord amiable avec le Sultan du Maroc Moulay Abd Errahman. Dès le 8 décembre, le ministre des affaires étrangères M. Sébastiani donne les instructions préliminaires au diplomate désigné à être «envoyé extraordinaire de France au Maroc», le comte Charles Edgar de Mornay, alors âgé de trente ans, qui voyagera en compagnie de deux valets, Claude Maurignaut et Pierre Boispon et un chargé de courrier François Ferrary. Il incombe à la mission diplomatique, dépêchée au Maroc sous la responsabilité du comte de Mornay de débattre des points de divergence restés en suspens entre les deux pays et d'aboutir à un accord de bon voisinage avec le Maroc.

Les éloges rendus au talent de Delacroix par le gestionnaire du fameux journal des Débats, Armand Berlin ou encore le directeur de l'Opéra Charles Edmond Duponchel auprès du jeune diplomate trouvent leurs échos dans son âme tourmentée par cette mise à l’épreuve diplomatique et il souhaite parer son ambassade d'un prestige mondain. Mais ce sont certainement les souhaits de la célèbre actrice Mademoiselle Mars qui seront décisifs dans cette cooptation : «En compagnie (d'un) jeune peintre ayant du talent, de l'esprit et d'un excellent

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caractère, ce qui n'est pas à dédaigner lorsqu'on doit passer côte à côte quatre ou cinq mois».

Ce faisant, le jeune peintre Eugène Delacroix, dûment recommandé par des amis communs, se rendit au Maroc pour accompagner cette mission diplomatique.

D’emblée, « […] il découvre là dans l’enthousiasme, l’objet précis de son désir.

Ce n’est pas que ses rêves prennent corps- ils n’en manquaient pas- mais ils trouvent leur vrai visage, définitif, dans les réalités sociales maghrébines qui sont ainsi subsumés. Fantasias, processions confrériques, sorties publiques de hauts dignitaires fourniront désormais, avec les motifs animaliers, les sujets récurrents de son inspiration orientale. »1

A mesure qu’il visite les cités de l'intérieur, il n’a de cesse de scruter l'éclat étalé des lumières, des couleurs et d’observer avec un savant intérêt les formes des hommes et des cavaliers lors des réceptions officielles. Ses carnets de dessins sont un témoignage de l'admiration qu'il exprime à son retour sur ce pays, ses habitants et leur civilisation. L’image du Maroc enrichie par un regard d'artiste est une révélation. Peaufiner ce regard n’a pas été une sinécure. Delacroix sait prendre son temps et instrumentaliser une mémoire sélective dont il est conscient qu’elle n’est pas à l’abri de scansions d’anamnèse. Longtemps après, les doutes sur la nature fugace des souvenirs demeurent omniprésents :

« On conviendra aussi que plus les souvenirs sont récents, plus il est difficile de les fixer de manière à ne pas regretter d’omissions importantes […]. A une certaine distance des événements, au contraire, le récit gagnera en simplicité ce qu’il doit perdre en richesse de détails et de petits faits. On glissera plus facilement et avec moins de regrets sur une foule de petits faits dont la nouveauté peut exagérer l’importance. Il est difficile de savoir s’arrêter en cours d’épanchement. […] La date de ce voyage est déjà ancien ; ce qui m’eût empêché d’en écrire quelque chose il y a quelques années, est justement ce qui m’en donne le courage aujourd’hui. Je ne vois plus qu’à travers un nuage une foule de circonstances qui avaient fixé mon attention. Beaucoup de ces dernières me paraissent inintelligibles. En revanche je vois

1 - Pouillon, François, Fantaisie et investigations dans la peinture orientale du XIXème siècle, in D’un Orient, l’autre, volume 1, Editions du CNRS, paris 1991, p.269.

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clairement en imagination toutes ces choses qui méritent d’être conservées dans la mémoire ou tout au moins présentées à des lecteurs ».1

A l’instar des écrivains voyageurs qui l’ont précédé, le peintre a le même reflexe de l’accroche visuelle qui sépare les deux mondes. Une fois dans la baie de Tanger, il jette un dernier regard vers le Nord au milieu des flots de la Méditerranée et de l'Océan atlantique pour admirer à distance les montagnes de la Sierra Nevada. Ces cimes d’Andalousie en train de se dissiper sous la lumière du soleil levant à la manière des souvenirs qui échelonnent le courant de sa vie;

stances de mémoire s'évaporant sous une lumière incertaine qui se succède à l'aurore du matin après avoir tracé son arc diurne au-dessus de l'horizon que les miroirs de la mer réfléchissaient en vagues rosâtres. Le peintre, un brin nostalgique, devait lutter contre une tristesse lugubre qui s'emparait de lui à l'idée de laisser derrière lui les amours les plus chères. Puis, la Perle s'approche enfin du large de Tanger, le jeune romantique aperçoit de loin au sommet des montagnes verdoyantes la ville de Tanger juchée sur deux collines, abritées de maisons peintes d'une blancheur scintillante, surmontée par les minarets des mosquées qui se dressent droit vers le ciel.

Delacroix pouvait assez s'émerveiller de la beauté des spectacles.

L'apparence visible des paysages remplit son âme d'émotions et de toutes les diverses pensées qui lui viennent à l'esprit, il n'y en a point d'autres qui l'agitent et l'ébranlent si fort que font ces passions palpitantes. Delacroix éprouve enfin la révélation d’une grâce à laquelle il avait impatiemment aspiré.

Le 24 janvier de l’année 1832, « par le plus beau soleil du monde », Delacroix peut enfin fouler la terre, ou plutôt le sable de Tanger, car le port est dépourvu de débarcadère. C’est donc à dos d’homme, que le peintre touche la côte africaine. Le vice-consul de France M. Jacques Denis Delaporte se rend sur La Perle, stationnée dans la baie de Tanger, pour offrir au comte de Mornay les suggestions de son expérience, le renseigner sur les pratiques protocolaires courantes dans ce pays et les égards que les autorités locales réservent à l'intention

1 - Manuscrit A, folio1v°.

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des envoyés spéciaux des autres nations1. Ensuite il retourne à Tanger pour débattre avec le Pacha des modalités de la réception de l'ambassadeur2.

Une fois débarquée, la mission consulaire en compagnie des membres présents sur les lieux s'arrangent en un long défilé, devancés par une musique militaire, entourés de soldats de la garnison qui leur font suite, se dirigent jusqu'aux vastes portiques de l'édifice de la douane à la rencontre du Pacha de Tanger, Sidi Larabi Saïdi qui les reçoit avec grande considération et leur témoigne dans un discours prononcé à l'occasion des vœux d'amitié et de bienvenue.

Le dimanche 29 janvier, le représentant de l'autorité locale, le Pacha de Tanger en compagnie du directeur général de la douane Sidi Ettayeb Biaz ainsi que les «Oumanas» (administrateurs) de la ville, personnages humbles et pleins de dignité, enrobés dans leurs formidable «Ksas» d'une blancheur immaculée, évoquant pour le peintre les membres du Sénat romain, offrent une aimable réception d'accueil en l'honneur de l'ambassadeur et sa suite en présence des diplomates étrangers à l'entrée du palais du Sultan qui se trouve à l'intérieur de la Casbah, lieu de résidence du Pacha et siège de son administration.

Etant donné la position géographique de la ville de Tanger, elle fut la capitale diplomatique de l'époque où siégeaient la plupart des représentants des pays européens. Comme toutes les autres villes du royaume, elle était entourée de remparts qui la protégeaient contre d'éventuels assauts brusques et n'envisageait guère de s'étendre au-delà de ses fortifications.

Cependant, c’est la ville qui comptait la plus importante colonie européenne du pays. Selon le témoignage d'Antoine Burel, un citoyen français ayant visité la ville durant cette période, venu au pays à l'occasion d'une mission diplomatique en 1808; la communauté européenne comptait approximativement 150 personnes. Elle menait une vie assez ennuyeuse en raison de son autarcie. Cette monotonie fastidieuse était tempérée, de temps à autre, par des réceptions que les différents consuls donnaient respectivement à l’occasion de la célébration d’une fête nationale. Le seul enchantement que pouvaient s'offrir les membres de cette communauté était de s'adonner à des randonnées de chasse aux environs des murailles de la ville et que Delacroix trouve d'un goût exquis.

1-A Tanger, outre la France, huit nations sont représentées : les Etats-Unis, la Suède, le Danemark, l’Autriche, l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Espagne.

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L'absence de liens de proximité entre la communauté européenne et la population locale résulte d'une intolérance partagée de part et d'autre et qui relève incontestablement, soit de croyances culturelles, religieuses ou nationalistes qui font que chaque groupe s'estime très parfait dans ses convictions, juge les songes de son goût pour l'unique certitude véritable et continue de prendre pour inspiration toutes les perceptions spécifiques qui l’assaillent.

Dès son arrivée à Tanger, Delacroix fut surpris par la splendeur des paysages et la première impression qu'il a eue aussitôt à terre fut l'émerveillement devant la fascination de la découverte. Il a l'impression qu'il fait un rêve ou qu'il est porté dans un autre monde; il est tout distrait de ce qu'il aperçoit. L'émerveillement du peintre devant la découverte de l'authentique s'accompagne immédiatement d'une crainte de perdre le secret de la singularité qui caractérise les hommes et les choses de ce pays.

Curieusement, aussitôt arrivé, il s'inquiète déjà à l'idée de perdre, à son retour à Paris, l'authentique qui «court dans les rues». Heureuse jonction entre le monde merveilleux des beaux rêves et la déception de tout perdre à l'instant de l'éveil.

Une rupture dans la perception de la notion de l’espace et du temps est à l’horizon. Il découvre un peuple qui lui semble être descendu directement des temps les plus anciens. Il confie à son ami Jean-Baptiste Pierret:

«J'arrive maintenant à Tanger. Je viens de parcourir la ville. Je suis tout étourdi de ce que j'ai vu. Je ne veux pas laisser partir le courrier, qui va tout à l'heure à Gibraltar, sans te faire-part de mon étonnement de toutes les choses que j'ai vues. Nous avons débarqué au milieu du peuple le plus étrange. Le Pacha de la ville nous a reçus devant tous ses soldats. Il faudrait avoir vingt bras et quarante-huit heures par journée pour faire passablement et donner une idée de tout cela. Les Juives sont admirables. Je crains qu'il soit difficile d'en faire autre chose que les peindre: ce sont des perles d'Eden. Notre réception a été des plus brillantes pour le lieu.

On nous a régalés d'une musique militaire des plus bizarres. Je

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suis en ce moment comme un homme qui rêve et qui voit des choses qu'il craint de voir lui échapper» 1

Le jeune peintre romantique observe scrupuleusement ce monde pittoresque, fait de dépaysement, d'exotisme auquel son imagination fougueuse aspirait passionnément depuis quelques années. Sur cette terre inconnue où il vient de débarquer, les songes défilent devant ses yeux, mais cette fois-ci dans le réel.

Delacroix est secoué, désorienté; les sensations qu'il éprouve au contact de ce nouveau monde ont une fréquence subliminale qui l'assaille corps et âme.

Au Maroc, dans le creuset du réel, le peintre découvre la grandeur d’un peuple à travers le regard serein de celui-ci, son renoncement devant la fuite du temps, et la noblesse de ses attitudes inlassablement répétées depuis les temps les plus lointains. Il observe, sous la lumière éclatante de la Méditerranée, un peuple qui possède une richesse millénaire. Il admet volontiers avoir foulé une terre encore vierge, berceau d'une pureté primitive restée encore intacte.

Alors il écrit à son ami intime Pierret pour lui révéler cette certitude que confortent de fortes réminiscences gréco-latines : «Imagine, mon ami, ce que c'est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires des Catons, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l'air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde; ces gens-ci ne possèdent qu'une couverture dans laquelle ils marchent, dorment, et sont enterrés, et ils ont l'air aussi satisfaits que Cicéron devait l'être de sa chaise curule. Je te le dis, vous ne pourrez jamais croire à ce que je rapporterai; parce que ce sera bien loin de la vérité et de la noblesse de ces natures. Il passait hier un paysan qui était foutu comme tu vois ici [à cet endroit petit croquis]. Plus loin, voici la tournure qu'avait avant hier un vil Maure auquel on donne vingt sous.

Tout cela en blanc comme les sénateurs de Rome et les Panathénées d'Athènes»2.

Tout cela en blanc comme les sénateurs de Rome et les Panathénées d'Athènes»2.

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