• Aucun résultat trouvé

Le regard d’un captif, Germain Moüette :

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 55-96)

Chapitre III

Le regard d’un captif, Germain Moüette :

D’après les informations que nous livrent Roland Lebel, Germain Moüette naquit à Bonnelles, près de Rambouillet, en 1652. Poussé par l’esprit d’aventure et peut- être par l’esprit du négoce, il s’embarqua à Dieppe en 1670, à l’âge de dix-neuf ans, pour les Antilles, avec un de ses cousins. «C’était l’époque où les jeunes cadets de France, émerveillés par les récits des explorateurs des pays lointains : du Mississipi, du Canada, des Grandes Indes, de la Chine, s’envolaient à l’envi du foyer natal pour tenter la fortune et les aventures.»1.

Fait prisonnier en route par les corsaires de Salé, il resta captif au Maroc jusqu’en 1681, date à laquelle il fut racheté par les Pères de la Mercy. De retour en France, dans les deux années qui suivirent sa libération, il rédigea et publia les souvenirs de son esclavage en terre d’Islam.

La Relation de Germain Mouette affiche, dès le seuil du texte, un aperçu sur le contenu de la narration. Le titre Relation de la captivité du sieur Mouette dans les royaumes de Fez et de Maroc, où il a demeuré pendant onze ans ; où l’on voit les persécutions qui sont arrivés aux chrétiens captifs…et les travaux ordinaires auxquels on les occupe,[…] et sa composition est, à l’instar des titres de l’époque, une reprise de l’intitulé et de la substance narrative d’un livre publié en 1656 à

1 - Blaison (Colonel), Préface de l’édition Mame, 1928.

54

Bruxelles par Emanuel Aranda sous le titre : la Relation de la captivité du Sieur Emanuel mené esclave à Alger en l’an 1640 et mis en liberté l’an1642.

La première édition d’Aranda comportait deux parties : la relation de captivité suivie de trente-sept «relations particulières». Mouette use du même procédé scriptural en ajoutant à l’énoncé de ses aventures six «histoires». En faisant appel à d’autre voix narratives, les deux auteurs cherchent à donner à leurs récits une dimension collective qui consiste à édifier le lecteur par des histoires rapportées sur le vécu de l’aventure captive et sur la Barbarie honnie.

«J’ai cru que le lecteur me saurait gré de lui donner non seulement l’histoire de mon esclavage, mais même les aventures de plusieurs compagnons de mes disgrâces, que j’ai jugées n’être pas tout à fait indignes de sa curiosité», souligne Mouette dans la préface de sa relation. Mais un peu plus loin, dans la même préface, il déclare : «Outre l’histoire de ces cruautés, j’en rapporterai plusieurs autres qui seront moins tristes, et que j’ai insérées telles que je les ai apprises de ceux à qui elles sont arrivées, afin d’ôter au lecteur les fâcheuses idées que le récit des supplices pourrait lui laisser.»

L’ajout d’un complément narratif au récit premier est peut être le lieu d’un et-vient entre fiction et expérience véridique ou livrée comme telle. Par ce va-et- vient, comme le constate Xavier Girard, « le lecteur pouvait se faire une idée de la complexité romanesque d’une geste à multiple héros, réels ou imaginaires, aux situations extraordinairement embrouillées et aux fortunes diverses, réunies en une histoire totale.»1

Mouette s’est rendu compte, lui-même, qu’un récit relatant la misère et la cruauté finirait par lasser le lecteur. Aussi a-t-il eu recours à des motifs plaisants qui ne suscitent pas forcément la compassion de ses coreligionnaires. En effet, dès le chapitre de la capture, Moüette habille son récit d’un air de galanterie que les épisodes de piété n’excluent pas. Ainsi, en arrivant à Douvres où il resta quatre jours pour se rafraîchir, le voyageur eut le temps de remarquer : « Les dames y sont fort galantes, civiles et admirablement belles. [L’un des passagers] de « complexion fort amoureuse, et qui parlait un bon anglais voulant faire connaissance avec elles, s’engagea dans une affaire d’où il ne serait pas sorti

1-Moüette, Germain, Relation de captivité dans les royaumes de Fez et de Maroc, Mercure de France (le Petit Mercure), 2002, p.10.

55

heureusement s’il n’avait été secouru par quelques-unes des nôtres»1. D’ailleurs, ce n’est pas le seul morceau galant qu’on rencontre dans son œuvre. Après le récit de sa capture et sa vente sur le marché des esclaves, le narrateur insère une deuxième anecdote qui a des points communs avec la première : au début de sa captivité à Salé, Moüette fut l’objet de tentatives amoureuses de la part de la femme de son maître, qui le sollicitait de se faire renégat pour pouvoir lui donner de plus grandes marques de bienveillance.2

Dans un chapitre intitulé «Du commerce galant d’un esclave français et d’une dame de Salé», l’auteur raconte une histoire qui contraste sûrement avec les souffrances des captifs et les tortures que leur infligeait Moulay Ismaïl. Un jeune chirurgien français reçut les faveurs de la femme d’un bourgeois salétin ; des juifs qui avaient prévenu le mari de son infortune furent poursuivis pour dénonciation, et condamnés, grâce à l’alibi que procura à l’épouse coupable une négresse complaisante. Le mari put donc vivre tranquille, plus occupé d’ailleurs à boire qu’à contenter l’ardeur excessive de son épouse. L’esclave et sa maîtresse, que nul ne dérangea plus, continuèrent à s’aimer jusqu’en 1678, où ils moururent ensemble de la peste.

Moüette, en commentant cette historiette pense que les femmes africaines sont pour la plupart fort peu chastes. Selon lui, la première raison majeure est que ces femmes n’ont qu’un mari à plusieurs. Aussi, trouvent-elles auprès des jeunes captifs, des amants voluptueux. La seconde raison, selon l’auteur, est que ces femmes « aiment les Chrétiens parce qu’ils ne sont pas circoncis»3.

Dans une autre histoire « contenant les aventures du sieur de La Place, gentilhomme normand» et à laquelle Roland Lebel consacre beaucoup d’éloges4, l’auteur nous relate le bonheur du sieur de La Place, qui donnait des leçons de luth à l’épouse de son maître. Celle-ci fut si contente de son esclave qu’elle en parla à ses amies. Toutes voulurent bientôt prendre des leçons, et elles emmenèrent le vendredi au bain public le professeur de luth, déguisé en fille, « lequel, pendant

1-Ibid., p.29.

2-Ibid., p.4.

3-Moüette, Germain, Histoire des conquêtes de Mouley Archy…, Paris, E.Coutrot, 1683.

L’ambassadeur Saint-Olon fait sienne cette explication dans son Etat présent de l’empire de Maroc, op.cit, p.79

4-Lebel, Roland, Les voyageurs français au Maroc, op.cit «, chap. IV : «Véritables pages de roman», « verve comique que n’eût pas désavouée Molière», et « façon de conter» digne de La Fontaine ».

56

qu’elles entraient seules dans un bain séparé, restait au milieu des autres femmes qui, toutes nues, se baignaient devant lui pendant qu’il jouait de la guitare, en attendant que ses maitresse le vinssent retrouver». Moüette ajoute : « Et, s’il se passe quelque chose de plus particulier dans ces galanteries, je n’en ai point eu connaissance.1»

Les deux histoires associent les thèmes ressassés et complémentaires de la libertine barbaresque et de l’heureux esclave et montrent bien que l’aventure captive n’est pas exclusivement une série de persécutions et de supplices, mais aussi une expérience luxurieuse et douce. Moüette, en étoffant sa Relation d’épisodes plaisants, se démarque ainsi de l’orthodoxie rédemptrice qui réduisait le Maroc de l’époque à un espace de sang et d’apostasie et le Maure à un individu cruel, avide et sans parole.

Moüette est le seul auteur à avoir parlé des rapports des esclaves et des femmes marocaines. Les religieux ne jugeaient pas convenable moralement d’aborder un tel sujet. D’autre part, Moüette a connu le temps où les captifs n’étaient pas tous rassemblés dans la prison de Meknès. Au service de particuliers, il leur était laissé une relative liberté, qui favorisait les intrigues.

Tout au long de son récit, le captif varie ses motifs, prend soin de faire alterner les scènes paisibles et les situations fortement cruelles. Le lecteur passe d’une scène à l’autre, sans transition, d’une exécution à un somptueux palais, d’un mauvais traitement à un relevé topographique d’une ville. Ainsi, après avoir été capturé et fait esclave des Maures, Moüette en profite pour se livrer à un bref repérage des défenses de la ville de Salé :

« Elle est bâtie sur la rivière de Bou Regrag, qui descend des montagnes des zaouïa et qui la divise en deux parties. Celle qui est du côté du nord s’appelle proprement Chellah, en langue du pays, et Salé en la nôtre. C’est en ce lieu que demeurent les plus riches marchands juifs et maures .Elle est entourée de bon murs d’environ six brasses de hauteur et de neuf ou dix palmes, d’épaisseur, construits de terre et de sable rouge, engraissée de chaux pilée à la mode du pays.»2

1-Relation de captivité du sieur Moüette, op.cit, pp. 263-264.

2-Ibid., p.30.

57

Le captif -qui se déplace beaucoup pour un esclave dans les fers- décrit chacune des villes où il est resté quelque temps et fournit un ensemble de renseignements sur les mœurs des habitants, leurs façons de vivre, leurs façons de traiter les affaires, d’obtenir la justice. Moüette est curieux de tout. Il entre dans les maisons et scrute tout ce qui lui paraît digne de remarque. Ainsi, en décrivant les demeures fassies, l’auteur, tel un technicien, en dessine un plan détaillé :

«Les maisons de l’une et l’autre Fez, aussi bien que celle des autres villes de Barbarie, sont bâties en carré et couvertes d’une terrasse. Les murailles qui donnent sur les rues ou sur leurs voisins, n’ont aucune ouverture, elles ont ordinairement quatre chambres basses, larges de huit à dix pieds et longues de vint-cinq à trente, quelques-unes plus ou moins. Les portes de ces chambres sont directement au milieu, afin que le jour qui entre par icelle, donne également dans les deux bouts de chaque chambre. La cour est au milieu, où il y a d’ordinaire des puits, ou si ce sont des maisons de seigneurs qui sont toujours fort amples, il y a des coquilles de marbre qui jettent de l’eau et quelque vivier, sur les bords duquel sont quelques orangers et des citronniers qui sont chargés de fruits toute l’année.»1

A l’instar de ses prédécesseurs, comme Léon l’Africain2 , Moüette vante les jardins délicieux, les vergers magnifiques, les arbres parfumés et les vallées heureuses des royaumes de Maroc. Il voit dans ces belles contrées une terre en friche que le conquérant pourrait cultiver et en tirer un bon parti.

Le captif, qui n’a pas perdu de vue les intérêts de sa patrie, imagine même une possible intervention : «Si l’on entrait dans le pays pour y faire des conquêtes, il faudrait se mettre en campagne au mois de mars, afin de faire retirer les Arabes du côté des montagnes, et pour se conserver les grains qu’ils commencent à couper vers le mois de mai, et qu’ils enserrent dans la terre et labourent dessus.

Car si on y allait après qu’ils sont coupés, l’armée y périrait de faim, aussi bien

1 -Ibid., pp. 53-54.

2 -Description l’Afrique, publié dans Schefer Charles, Recueil de voyages et de documents pour servir à l’histoire de la géographie, Paris, Leroux, 1896, tomes XIII, XIV et XV (la traduction française de Jean Temporal a été publiée pour la première fois en 1556) et Marmol (Marmol y Carjaval(Lui), Description générale de l’Afrique, Paris, Billaine, 1667.

58

les hommes comme les chevaux, car ils ne font aucune provision d’herbes sèches, que le soleil détruit en été par son excessive chaleur.»1

En détaillant les fortifications des villes et les pièces d’artillerie d’une ville comme Salé, plus d’un conseil pratique pour une invasion en règle et à la bonne saison, Moüette livre l’image d’une terre facile à occuper. Il n’oublie pas, pour autant, que son « principal dessein est de faire connaître les misères des pauvres captifs de ce pays». Si sa Relation se fixe un programme d’édification morale et religieuse, il convient, cependant, de noter qu’elle est loin d’être un réquisitoire contre l’esclavagisme comme l’avait illustré le Père Dan au milieu du XVIIe siècle, ou Dominique Busnot au début du siècle suivant. L’auteur-captif relate son expérience personnelle et celle de ses semblables non comme un fervent propagandiste, mais comme un simple témoin d’une captivité apaisée.

Capturé en mer le 16 décembre 1670, Moüette fut vendu à Salé, pour la somme de 360 écus. Ses propriétaires étaient au nombre de quatre, dont l’un possédait à lui seul la moitié de l’esclave. Les trois autres, dont chacun s’était réservé le sixième de Moüette, vinrent le voir tout de suite au foundouk où il avait été conduit après la vente. Le plus vieux, Muh’ammed al Marrakchî, était «fermier des poids du Roi» ; le second était un marchand de laine et d’huile, nommé

«Mohammed Liebus», et le troisième un juif, Rabbî Yamîmin. Muh’ammad el Marrâkchi mena l’esclave chez lui et le fit voir à sa femme qui lui donna à manger

«un pain blanc, du beurre, avec du miel et quelques dattes et des raisins de Damas».

Moüette, reconduit au fondouk, y reçut la visite du juif qui le salua cérémonieusement et lui promit la liberté pour peu que ses parents acceptent bien de payer le prix exigé par les quatre propriétaires. Ses maîtres le forcèrent à écrire une lettre et l’envoyer en France pour demander la rançon. Craignant d’être châtié impitoyablement et de mourir dans un matemore, le captif s’exécuta sans hésitation : « J’écrivis donc une lettre la plus pitoyable du monde, et je mandais à un frère, que je traitais de savetier, de faire la quête pour amasser quarante ou cinquante écus, pour donner aux Pères de la Rédemption, afin qu’ils ne m’oubliassent pas quand ils viendraient dans le pays.»2

1- Op.cit, pp.36-37.

2-Ibid., p.41.

59

Le renégat qui servait d’interprète au juif en conclut que l’achat de cet esclave n’était pas une bonne affaire. Le lendemain, Moüette fut remis à son troisième propriétaire, le marchand d’huile et de laine, dont la femme et la belle-mère se montrèrent très compatissantes. On le chargea de moudre le blé, de promener l’enfant du maître. La femme de Mohamed Liebus, voyant que son fils s’attachait à Moüette, régala ce dernier avec du pain blanc, du beurre, du miel et des fruits et elle lui fit ôter la chaine de vingt-cinq livres qu’on lui avait mise aux pieds. Elle aurait même voulu le marier à sa nièce. Le captif refusa la proposition de façon courtoise :

« Je lui répondais, que si c’était elle que j’eusse dû espérer cet avantage, je le ferais volontiers ; mais que pour toute autre qu’elle, qu’un pareil dessein n’entrerait jamais dans mon âme. Enfin je lui disais les paroles du monde les plus tendres et les plus touchantes ; ce qui l’obligea de me faire exempter d’aller coucher à la matemore avec les autres »1.

L’« heureux esclave » resta ainsi un an sans trop souffrir. Mais à la longue, son quatrième propriétaire, le gouverneur du château de Salé, racheta Moüette, dont il possédait déjà la moitié, et le fit travailler dans ses écuries. L’esclave mangea désormais du pain noir, et dut coucher dans une matemore infecte avec d’autres captifs et une trentaine d’Arabes. N’ayant pas reçu la rançon souhaitée, le gouverneur envoya Moüette travailler avec des maçons occupés à refaire le château. Durant cette période, le captif dit avoir été brutalisé par ses compagnons:

« […] lesquels l’espace de deux mois et demi ne cessèrent de me frapper à grands coups de truelles, sans m’alléguer d’autre raison, lorsque je me plaignais de leur cruauté, sinon que j’eusse à donner 1000 écus à mon patron, et que je ne travaillais plus.»2.

Lorsque, au début du règne de Moulay Ismaïl, Moüette fut transféré à Meknès ses peines et celles de ses compagnons de fortune s’intensifièrent. Les esclaves étaient particulièrement révoltés par la nourriture et se plaignaient amèrement de ceux qui la préparaient. Selon Moüette, ces pauvres cuisiniers subissaient les insultes de tous, parce que la soupe était trop salée ou trop froide, ou pas assez cuite, si bien que personne ne voulait remplir cet office. De plus, les

1- Ibid., p.45.

2- Ibid., p.52.

60

gardes noirs, soigneusement choisis, par le sultan lui-même, pour leur force physique et leur brutalité, rendaient la vie des captifs aussi misérable que possible.

Lors de sa première rencontre avec le garde des esclaves français, Moüette fit de lui une description frappante :

« Un noir d’une hauteur prodigieuse, d’un regard épouvantable, et d’une voix aussi terrible que l’aboiement de Cerbère.» Partisan d’une discipline stricte, « il tenait en main un bâton, d’une grosseur et d’une longueur proportionnées à sa taille, et nous reçut par une saluée de coups dont aucun de la troupe ne se trouva exempt. Ensuite, il nous mena dans les magasins choisir des pics d’un poids extraordinaire»1.

Ces supplices barbares subis par Moüette et les captifs chrétiens étaient cependant, de l’ordre de l’exception. En effet, à côté des châtiments qui étaient infligés dans certaines circonstances, Moüette, lui-même, ne manque pas de préciser que beaucoup de prisonniers avaient des occupations assez agréables. Ils étaient associés aux fêtes célébrées à l’occasion d’un mariage. Ils portaient la mariée dans sa litière, au son des hautbois et des tambourins, et la conduisaient au domicile de l’époux. Ils recevaient chacun «un pain blanc et une éculée de viande»2.

En outre, les esclaves appartenant à des particuliers étaient mieux soignés quand ils étaient malades, puisque leur maître craignait, s’ils venaient de mourir, de perdre un précieux capital. Malgré la trivialité des procédés, les captifs ont le droit, tout de même, à un traitement que Moüette décrit ainsi «Ils ont de certaines verges de fer, au bout desquelles est un bouton aussi de fer de la grosseur d’une noix qu’ils font rougir et brulent le malade en plusieurs endroits du corps, comme on fait ici les chevaux, ce qu’ils lui font souffrir malgré lui»3.

Les secours dont les captifs avaient besoin leur venaient, cependant, d’abord d’eux-mêmes : l’organisation des hôpitaux, la confection de l’eau-de-vie dont ils revendaient en cachette une partie à des musulmans peu soucieux de l’observation de la loi coranique, les confréries pieuses qu’ils avaient créées à l’instigation des

1 -Ibid., pp.92-93.

2 -Ibid., p.208.

3 -Ibid.,

61

franciscains, toutes actions et ces prières en commun créaient une solidarité de fait entre les esclaves.

Moüette fut lui-même trésorier de la confrérie de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, créée sous Moulay ar-Rachid, et dont le but était de secourir les malades. Elle tirait ses ressources d’un pourcentage prélevé sur la vente de l’eau-de-vie. La confrérie «était composée d’un trésorier, d’un écrivain, et de douze confrères qui se changeaient toutes les années»1. Pour augmenter ses ressources « les Espagnols qui surpassaient le reste en nombre et étaient les directeurs de tout, établirent une table pour jouer aux dés, et une autre pour jouer aux cartes pendant la nuit, et voulurent que ceux qui gagnaient payassent la dîme à la confrérie »2 En dépit de la tolérance religieuse effective manifestée par le sultan à

Moüette fut lui-même trésorier de la confrérie de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, créée sous Moulay ar-Rachid, et dont le but était de secourir les malades. Elle tirait ses ressources d’un pourcentage prélevé sur la vente de l’eau-de-vie. La confrérie «était composée d’un trésorier, d’un écrivain, et de douze confrères qui se changeaient toutes les années»1. Pour augmenter ses ressources « les Espagnols qui surpassaient le reste en nombre et étaient les directeurs de tout, établirent une table pour jouer aux dés, et une autre pour jouer aux cartes pendant la nuit, et voulurent que ceux qui gagnaient payassent la dîme à la confrérie »2 En dépit de la tolérance religieuse effective manifestée par le sultan à

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 55-96)