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Marges en assurance non vie

Dans le document l Enass Ecole nationale d assurances (Page 73-77)

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3ème Partie : Analyse de la rentabilité et pilotage prospectif de l’entreprise

d’assurance

Au-delà de ses missions classiques (production de tableaux de bord / suivi des frais), le contrôle de gestion va intervenir dans l’analyse des résultats et de la rentabilité à la fois dans une logique de court terme et de long terme ce qui impliquera des approches et des outils différents.

Chapitre 1 - Construction et analyse des marges

La construction des marges et leurs analyses suivent une logique différente selon les branches étudiées.

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être corrigée. A la liquidation du sinistre le coût définitif est donc connu. Il est composé des règlements faits plus les frais accessoires (expertises et frais avocats). Par rapport à l’évaluation initiale l’assureur peut donc être en gain ou en perte. Ce gain peut être total lorsque le sinistre est placé en « sans suite ».

Du fait de l’existence d’un délai entre le fait générateur et la connaissance du sinistre par l’assureur, au moment de l’inventaire, l’ensemble des sinistres en cours n’est donc pas connu. L’assureur va donc devoir évaluer le montant de ces sinistres. On parlera alors de sinistres tardifs ou d’IBNR (Incurred but not reported). Il s’agit d’évaluations faites sur des bases statistiques (nombre de déclarations, coûts moyens).

1.1.2 Principes de tarification

Afin de déterminer son tarif l’assureur va estimer le coût statistique des sinistres attendus (la prime pure), ainsi que ses frais d’acquisition et de gestion.

La prime pure

La prime pure correspond à l’espérance mathématique de la charge de sinistre.

Elle repose sur deux hypothèses fondamentales : la fréquence et le coût moyen des sinistres.

Pour évaluer la prime pure l’assureur va utiliser des statistiques issues de son portefeuille ou des données de marché (INSEE, FFSA, GEMA). La qualité de la tarification dépend donc de la qualité des informations disponibles et du périmètre de mutualisation retenu pour établir la tarification.

Il va également intégrer l’impact des modifications contractuelles apportées aux produits sur le portefeuille : politique de souscription plus ou moins restrictive (sélection), modification des franchises, des options du contrat…

Il va en outre fixer des hypothèses d’évolution de la sinistralité moyenne et des coûts moyens (inflation).

La prime commerciale

Pour arriver à la prime commerciale, l’assureur doit intégrer à la prime pure :

• Les frais d’acquisition et de gestion des contrats. Cela suppose une connaissance et une analyse adéquate de la structure des coûts de la société. Pour cela l’actuaire chargé de la tarification du produit devra travailler en collaboration avec les services de contrôle de gestion.

• L’impact des produits financiers attendus entre l’encaissement de la prime et le paiement de la prestation. Pour estimer cet impact il faudra tenir compte des cadences de règlements observées dans le portefeuille ou sur le marché. Le poids du résultat financier dans le tarif sera d’autant plus important que la branche sera longue.

• La marge bénéficiaire et la marge de sécurité. L’assureur doit intégrer une marge de sécurité pour pouvoir être en mesure d’absorber un écart entre la sinistralité attendue et la sinistralité réelle. Pour atténuer les risques de volatilité de la sinistralité il pourra avoir recours à la réassurance pour couvrir les sinistres les plus importants. La réassurance représentant un coût qu’il devra intégrer à son tarif.

L’assureur sera alors en mesure de calculer un S/P « mort » c'est-à-dire le niveau de sinistres pour lequel le résultat attendu sera nul.

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Dans la pratique la prime commerciale est aussi dépendante des conditions de marché. On considère traditionnellement que ceux-ci connaissent des cycles :

Bas de cycle : période de perte

Suite à une période de forte concurrence, et/ou à une sinistralité forte, les résultats techniques enregistrés par le marché deviennent déficitaires durant plusieurs exercices. Face à cette situation de sous tarification chronique les acteurs vont finalement augmenter leurs tarifs pour préserver leur solvabilité. Cette phase peut voir la disparition ou le retrait de certains acteurs permettant un assainissement du marché.

Phase de redressement puis de bénéfice:

La hausse des tarifs permet aux résultats de se redresser progressivement.

Haut de cycle : phase de bénéfice

Les bénéfices sont maximums, ce qui va finalement inciter certains acteurs à baisser leurs tarifs afin de conquérir des parts de marché. Ce durcissement de la concurrence va globalement entrainer une baisse des tarifs de l’ensemble du marché, les différents acteurs cherchant à préserver leur portefeuille. Progressivement les résultats vont donc baisser pour finalement devenir négatifs. Le cycle s’est alors inversé.

Ces cycles peuvent être accélérés par des phénomènes naturels (grosse tempête, sinistre majeur), des retournements de marchés financiers, ou des modifications de réglementation (solvabilité 2).

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1.1.3 Analyse des marges

Le critère de présentation des comptes sociaux est l’exercice comptable (l’année civile). Le résultat est donc composé d’éléments liés à l’exercice en question, ainsi que de la réévaluation des provisions pour sinistres constituées lors des exercices précédents.

Pour analyser et suivre la création du résultat il sera donc nécessaire d’établir des comptes de résultat par centre de profit. Ceux-ci seront établis selon l’organisation de l’entreprise, soit par les services d’actuariat, soit par les services de contrôle de gestion ou les services de comptabilité technique.

En s’inspirant de la présentation comptable un compte économique peut être établi de la manière suivante :

(1) Primes émises (nettes d'annulations) 105

(2) Variation de la provision pour primes non acquises -5 (a) Primes acquises nettes d'annulations (1+2) 100

(3) Sinistres réglés -50

(4) Variation des provisions pour sinistres -10

(b) Charges des sinistres (3+4) -60

(5) Frais de gestion des sinistres -10

(6) Variation des provisions pour frais de gestion des sinistres -2

(c)Frais de gestion des sinistres (5+6) -12

Marges technique brute (a+b+c) +28

(d) Solde de réassurance 0

Marge technique nette de réassurance (a+b+c+d) +28

(e)Commissions -10

(f) Frais généraux -15

Marge technique nette de réassurance et de frais (a+b+c+d+e+f) +3

(g) Produits financiers 4

Résultats technico financier (a+b+c+d+e+f+g) +7

Ce compte peut être établi en fonction des besoins de suivi, par produits, par garanties ou segment de clientèle. L’entreprise peut donc se trouver face à des difficultés en termes de récupération et répartition des données. La qualité de la restitution va donc dépendre en grande partie de la qualité des infocentres d’où elles seront extraites.

Cette présentation est relativement simple. Elle permet de calculer les principaux ratios d’activité : S/P, ratio de frais, ratio combiné ce qui permettra de suivre les résultats par rapport à des objectifs préalablement fixés.

Cependant elle présente le même défaut que la présentation comptable puisqu’elle agrège le résultat issu des affaires de l’année et le résultat lié à la liquidation des sinistres issus des exercices antérieurs. Il est donc souhaitable d’ajouter à cette présentation l’indication de l’impact de la liquidation des sinistres.

Des exemples de comptes de résultat sont présentés en annexe (p.17).

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