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Annexe VII Liste des filtres solaires

3.1. Rappels sur les allergies 1. Définitions

3.1.3. Manifestations cliniques des allergies aux cosmétiques

 Comparaison entre irritation et allergie :

Irritation et allergie sont deux termes souvent confondus car le diagnostic clinique différentiel est délicat. Toutefois, il est nécessaire d’établir cette différenciation car elle conduit à une attitude nuancée dans la prescription des précautions d’utilisation ou l’éviction totale d’une substance ou d’un produit cosmétique.

-La dermatite d’irritation

Est une réaction non immunologique due à l’application de substances irritantes sur la peau. L’importance de l’irritation est liée au pouvoir irritant propre de la substance ainsi qu’à la durée, à la fréquence et au site cutané d’application.

Cliniquement, elle se traduit le plus souvent par des lésions érythémateuses parfois finement squameuses, bien limitées, accompagnées de picotements ou de tiraillements, à aspect fissuré, non ou peu prurigineuses, d’apparition rapide après les premiers contacts avec le produit irritant (Tableau 9).

Les produits le plus souvent en cause sont les savons et shampoings (contenant des tensioactifs ou des molécules irritantes : cocamidopropyl bétaïne CAPB ou dimétylaminopropylamine DMAPA), les produits antivieillissement (alpha-hydroxy-acides), les déodorants. Le lactate d’ammonium, l’urée, le propylène glycol, peuvent être aussi des irritants et ce, en fonction de leur concentration dans les produits finis. Les parfums (aldhéhydes et alcools) peuvent également provoquer des réactions d’irritation [71].

-La dermatite allergique

Beaucoup moins fréquente, elle est de quant à elle de nature immunologique: réaction d’hypersensibilité retardée (HSR) voire immédiate (HSI). Elle apparait après un certain nombre d’application du produit responsable, elle est prurigineuse, extensive et polymorphe (Tableau 9).

Si l’eczéma en est la forme clinique la plus fréquente (et d’aspect très variable), le diagnostic de dermatite allergique doit aussi être évoqué devant une urticaire de contact, un œdème isolé des paupières. Le prurit, constant, oriente vers un mécanisme allergique.

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Afin d’explorer une allergie de contact, il faut, après un interrogatoire très complet sur l’environnement cutané du patient (cosmétiques, allergènes domestiques, professionnels, médicaments), pratiquer des patchs-tests (batterie européenne, produits du patient, batterie arômes-épices) avec lecture à 48, 72 et 96 heures selon les critères de l’ICDRG côtés de - à 3+ [71].

Tableau 9 : Tableau comparatif entre la dermatite d’irritation et la dermatite allergique [72].

Dermatite d’irritation Dermatite allergique

Délai d’apparition Immédiat ou après quelques applications Après plusieurs contacts successifs ou à la réponse du cosmétique après arrêt Siège de l’éruption Limitée au contact avec le produit Souvent étendue au-delà du

contact avec le produit

Prédisposition Non Phénomène individuel de

sensibilisation Signes cliniques Picotements, tiraillements, rougeurs, fissures,

vésicules

Pas ou peu de prurit

Rougeurs, œdème, vésicules, fissures

Prurit intense

Evolution Guérison facile et rapide Guérison lente

Récidives fréquentes si persistance de l’allergène Molécules et produits

responsables

Savons, shampoings, déodorants, produits de rasage, eaux de toilette et produits trop

hydratants, produits anti-vieillissement avec AHA et/ou vit A

Conservateurs++, excipients (lanoline) teintures capillaires, vernis à ongles et produits pour ongles, filtres solaires… Cause Produit mal choisi, inadapté au type de peau Réaction à une molécule

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 Principales manifestations cliniques des allergies aux produits cosmétiques : -L’urticaire :

L’urticaire (du latin urtica, ortie) est une dermatose inflammatoire fréquente définie cliniquement par des lésions papuleuses cutanées et/ou muqueuses, fugaces et migratrices. Ces lésions papuleuses souvent appelées plaques sont habituellement prurigineuses érythémateuses avec souvent une pâleur centrale due à l’œdème intense et disparaissent en quelques heures sans laisser de cicatrices ; elles correspondent à l’urticaire superficielle (Figures 32, 33). Cela est dû à la libération d’histamine ou d’autres médiateurs vasoactifs à partir de granules contenus dans les cellules mastocytaires sanguines. D’autres lésions, plus profondes, tels que des œdèmes sous-cutanés ou muqueux appelés angio-œdèmes ou œdèmes de Quincke (Figure 34) sont souvent plus douloureux que prurigineux et mettent plus de temps à disparaître [73]. Les signes cliniques se développent progressivement : démangeaisons des paumes, des plantes ou de la gorge. L’atteinte laryngée est la plus dangereuse, pouvant entraîner un trouble de la déglutition, une dyspnée et aboutir à la suffocation. Des manifestations viscérales peuvent être également associées (douleur épigastrique ou abdominale, diarrhée).

Généralement, les plaques d’urticaire disparaissent en moins de 24 heures et les angio-œdèmes en moins de 48 heures ; les deux peuvent être isolés ou associés sans que cela préjuge de l’étiologie de l’urticaire [74]. Le diagnostic est clinique et il est nécessaire de différencier les formes aiguës des formes chroniques en termes d’étiologie.

On distingue l’urticaire aiguë (crise isolée ou à répétition) qui nécessite alors la recherche d’une étiologie, et l’urticaire chronique qui a une durée d’évolution de plus de 6 semaines et dont les mécanismes étiopathogéniques sont complexes. Cette dernière affection est fréquente, le plus souvent bénigne mais invalidante [75, 76].

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Figure 32: Urticaire superficiel [73]. Figure 33: Papule urticarienne [77].

Figure34 : Urticaire profond ou angioedème au niveau de la lèvre inférieure [73].

- La dermatite atopique

La dermatite atopique (DA), également appelée eczéma atopique, est une dermatose inflammatoire chronique, s’observant le plus souvent chez le nourrisson pour disparaître au cours des cinq premières années de vie. Mais elle peut également persister au-delà de l’enfance et se poursuivre à l’âge adulte, ou même survenir pour la première fois à l’adolescence, voire chez l’adulte même âgé. Cette maladie regroupe les atteintes inflammatoires cutanées chroniques associées à l’atopie [78].

La dermatite atopique correspond au développement d’une réponse immunitaire classique qui résulte de l’interaction entre des anomalies constitutionnelles de la barrière cutanée liées à un

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terrain génétique prédisposant, qui favorisent la pénétration des irritants et des allergènes ; une hyperréactivité du système immunitaire et des facteurs environnementaux et inflammatoires [79] (Figure 35).

Ces mécanismes se trouvent sous la dépendance de facteurs génétiques, au niveau de l’épiderme comme dans la réaction immunitaire, impliquant trois partenaires – l’Ag, les cellules présentatrices d’Ag du groupe des cellules dendritiques (CD) et les lymphocytes de type T spécifiques [78].

Figure 35 : Physiopathologie de l’eczéma atopique [80].

La DA est caractérisée par des poussées prurigineuses d’eczéma aigu sur fond de xérose cutanée permanente. Lorsque les lésions sont aiguës (figure 36), l’eczéma correspond d’abord à un érythème lié à la vasodilatation, à un œdème de l’épiderme, puis à la formation de vésicules qui se rompent le plus souvent, laissant de petites exulcérations qui suintent, puis se recouvrent de croûtes (figure 38). Plus tard, survient une sécheresse cutanée et, souvent, en cas de chronicité (figure 37), une hypertrophie épidermique (lichénification) [78].

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Figure 36: Lésions aiguës de dermatite atopique.

Figure 37 : Lésions chroniques de dermatite atopique.

L'aspect clinique varie selon le moment de l'examen (poussée ou rémission) mais aussi selon l'âge des patients. Les traitements visent à traiter l’inflammation, les surinfections et la xérose. -Nourrisson et jeune enfant (jusqu’à 2ans) :

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La DA à cet âge de la vie comporte une atteinte symétrique des convexités des membres et du visage avec un respect assez net de la région médio faciale (Figure 38). Le siège qui est protégé par les couches est habituellement indemne.

On peut parfois noter une atteinte des plis dès cet âge. Au cuir chevelu, certains enfants ont une atteinte initialement "séborrhéique", comportant des squames jaunâtres et grasses (« croûtes de lait »). La xérose cutanée n'est pas toujours évidente au départ. Le grattage manuel est souvent remplacé par des mouvements équivalents dès le deuxième mois (frottement, agitation et trémoussement). Les lichénifications ne commencent à apparaître que dans l'enfance, mais parfois plus précocément chez les enfants noirs ou asiatiques [81].

Figure 38 : Dermatite atopique au niveau du visage d’un enfant [81].

-Enfant de plus de 2ans :

Les lésions cutanées sont habituellement localisées aux plis (genoux (Figure 39a), coudes, cou (Figure 39b), ainsi qu'aux mains (en particulier au niveau du pouce sucé, poignets, chevilles, mamelons) (Figure 39c). Elles sont fréquemment chroniques et lichénifiées. Les lésions peuvent également se présenter sous la forme d'un prurigo (papule érythémateuse prurigineuse rapidement excoriée) (Figure 39d).

D'autres signes cutanés de DA peuvent être observés, comme des lésions fissuraires, en particulier sous auriculaire (Figure 39e), une pigmentation infra orbitaire et des plis

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palpébraux (signe de Dennie-Morgan), une atteinte des lévres (chéilite) (Figure 39f). La sécheresse cutanée (xérose) est un élément plus constant qui s'aggrave généralement l'hiver en raison du froid. Au visage, elle est responsable de lésions sèches de coloration blanchâtre appelées «dartres» achromiantes [81].

Les figures ci-dessous représentent les différentes localisations des lésions cutanées de la DA : Figures 39 (a, b, c, d, e, f) [81].

a b

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e f

Figures 39 : Les différentes localisations des lésions cutanées de la DA [81].

a : au niveau des genoux, b : au niveau du cou, c : au niveau des mains, d : sous forme d’un prurigo, e : lésion sous auriculaire, f : chéilite.

-L’adolescent et l’adulte :

L'adolescence est habituellement une période de recrudescence de la DA, notamment à l'occasion de conflits psychoaffectifs ou de stress. Les lésions cutanées sont fréquemment lichénifiées et atteignent les plis. La localisation "tête et cou" est commune. La DA peut aussi se manifester sous la forme d'un prurigo lichénifié. Les formes graves peuvent se manifester à l'extrême sous un aspect érythrodermique (érythème généralisé) [81].