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Mamovicap : projet pour améliorer l’état sanitaire de la mamelle

5.1) Présentation générale du projet

5.1.1) Origine de sa mise en place

Les mammites altèrent les performances zootechniques des animaux (baisse de production laitière, dégradation de la qualité du lait) conduisant inévitablement à une hausse du taux de réforme dans les élevages, à une augmentation des traitements intra-mammaires et à une dégradation de la qualité sanitaire du lait (Merceron, 2012) ; (De Crémoux et al., 2014a, 2014b).

A cela s’ajoutent les politiques agricoles sur l’élevage qui prônent pour une réduction de l’utilisation des antibiotiques (Plan EcoAntibio). La société souhaite également être rassurée

Figure 12 : Evolution, chez la Lacaune, des index « Mamelle », « Angle », « Sillon, « Distance plancher-jarret », en écart-type génétique, suivant le millésime des brebis (Index

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quant à la sécurité alimentaire et se préoccupe de plus en plus du bien-être animal. Au vu de ces constats, les mammites, décelées indirectement par les CCS, doivent être réduites dans les élevages.

Pour se faire, plusieurs partenaires R&D (INRA, IDELE, ENVT, CNBL, Capgènes, FCEL) ont monté un projet dénommé « Mamovicap : Outils innovants d’intervention et d’aide à la décision pour la maîtrise des mammites en élevages de petits ruminants laitiers ». Ce travail collaboratif a démarré en janvier 2013 pour une durée de trois ans.

5.1.2) Objectifs

De manière globale, le projet « Mamovicap » s’inscrit dans une démarche de réduction de l’antibiothérapie en élevage, de prévention et de limitation des coûts de la santé. Pour y arriver, il allie la sélection génétique d’animaux résistants aux infections mammaires et un conseil plus spécifique en élevage sur les facteurs de risque d’environnement (pratiques, matériels de traite). Ces deux critères ne peuvent être conduits que par une étude croisée entre les caractéristiques individuelles d’aptitude à la traite, les performances, les statuts infectieux des animaux et l’environnement de traite.

Concrètement, la détection des mammites va s’appuyer sur l’évolution de nouvelles technologies telles que la biologie moléculaire. Ces nouveaux outils ouvrent ainsi la possibilité de disposer de nouveaux phénotypes pour la sélection génétique d’animaux résistants. Ces indicateurs assez récents doivent, cependant, être évalués afin de vérifier leur capacité d’utilisation dans des cheptels importants et leur efficacité de diagnostic sur les facteurs de risque des mammites.

Les facteurs de risque d’environnement sont quant à eux étudiés grâce à l’analyse i) des cinétiques d’émission du lait (à l’aide du lactocorder*), ii) du niveau de vide dans les faisceaux trayeurs à l’aide du Vadia* et iii) du moment de survenue des évènements de traite (à l’aide d’un chronomètre).

5.1.3) Différents axes de travail

Le projet MAMOVICAP s’articule autour de cinq axes de travail (De Crémoux et al., 2014). Le premier se concentre sur la mise au point et la valorisation des méthodes de détection des infections mammaires. Afin de détecter la présence d’agents infectieux, des méthodes directes (détection moléculaire) ou indirectes (CCS) sont appliquées.

Le deuxième axe repose sur l’identification de facteurs caractéristiques de la traite. Tout d’abord, les caractères d’aptitude à la traite des animaux sont pris en compte tels que les paramètres morphologiques et de production. Les conditions de traite ainsi que le fonctionnement de l’équipement de traite sont étudiés.

Le troisième a pour but d’observer la relation entre la sensibilité des animaux aux infections mammaires et les conditions de traite. On s’intéresse, dans ce cas, aux interactions animal/machine/trayeur.

Le quatrième axe se focalise sur la construction de critères de synthèse permettant d’établir un diagnostic sur l’état sanitaire du troupeau.

Enfin, le dernier est axé sur l’appropriation, la diffusion et le transfert de connaissances issues du projet vers les conseillers techniques et donc vers les éleveurs.

Après avoir débuté dans des fermes expérimentales et dans des élevages caprins, le projet Mamovicap est actuellement poursuivi dans des cheptels ovins laitiers. Le projet de fin d’études s’inscrit dans ce volet en fermes ovines, qui s’est déroulé au cours de la campagne 2015.

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5.2) Protocole Mamovicap pour les ovins laitiers

5.2.1) Choix des élevages ovins

En 2015, quinze élevages ovins laitiers sélectionneurs, ont été choisis pour ce projet (Astruc, 2015). Dix appartiennent au Rayon Roquefort (race Lacaune) dont cinq sont suivis par UNOTEC et les cinq autres par la Confédération Générale de Roquefort. Les cinq cheptels restants, de race Manech Tête Rousse, sont localisés dans les Pyrénées-Atlantiques et sont rattachés au CDEO.

Tous ces élevages possèdent des critères communs fixés par le projet (Astruc, 2015). Tout d’abord, tous les cheptels détiennent l’Optitraite (suivi, contrôle et vérification de la machine à traire réalisés avant le début de la campagne 2015) et des salles de traite par l’arrière en ligne haute afin de limiter les hétérogénéités liées aux situations de traite.

Ensuite, ces exploitations ont également été sélectionnées pour leur taux en CCS élevé (>800 000 cellules pour le Rayon ; > 1 million pour les Pyrénées-Atlantiques) (Astruc, 2015).

A la suite de tous ces critères d’inclusion, l’IDELE a proposé une liste d’élevages candidats classés par pourcentage décroissant de brebis avec des CCS élevés, aux trois organismes de contrôle laitier. Au final, le choix ne s’est pas forcément porté sur les cinq premiers élevages de chaque organisme. En effet, d’autres critères sont rentrés en compte (traite par l’arrière en ligne haute, concentration géographique des élevages pour ne pas mobiliser trop de techniciens, choix sur des fermes très motivées qui acceptent de suivre un protocole assez lourd) (Astruc, 2015).

5.2.2) Protocole d’étude mis en place sur ces cheptels

Pour chacun des six contrôles laitiers officiels 2015, le comptage des cellules somatiques ainsi que la collecte d’échantillons de lait pour les spectres MIR* (Moyen Infrarouge) sont réalisés (CNBL, 2014). A ce moment là, le technicien relève également des informations sur les mammites cliniques, les traitements au tarissement et différentes observations en lien avec la santé de la mamelle.

Concernant le pointage des mamelles, il est pratiqué sur toutes les brebis du cheptel et non sur les seules primipares (tel que réalisé en routine pour la sélection). Pour les races Lacaune et Manech Tête Rousse, l’angle du trayon, le sillon, la distance plancher-jarret ainsi que le déséquilibre de la mamelle sont notés. Pour la race Lacaune, la position du trayon est également renseignée. Pour les Manech, on évalue, en plus, le périmètre de l’attache de la mamelle ainsi que la longueur des trayons (Astruc, 2015).

En dehors des contrôles laitiers 2015, deux étudiantes vétérinaires de Toulouse et moi-même avons réalisé des palpations mammaires à deux moments: en milieu de campagne laitière (avril) et en fin de campagne (juillet). Différents critères sont relevés, pour chaque hémi-mamelle, tels que : la taille des nœuds lymphatiques*, l’induration focale* et diffuse*, les abcès*, les kystes* et l’aspect des trayons (annexe 2). Toutes ces informations relatives à l’état sanitaire de la mamelle, ne seront pas traitées dans le cadre de mon travail, car les données n’ont pas été disponibles suffisamment tôt. Au cours de ces visites dans les quinze élevages, j’ai rendu un document technique, aux éleveurs, basé essentiellement sur l’analyse des CCS au sein de leur cheptel (annexe 3). Ce papier leur donne, ainsi, un état des lieux sanitaire de leur troupeau, tout au long de la campagne laitière.

Au sein du protocole ovin, les techniciens des organismes de sélection caractérisent, également deux fois en dehors des périodes de contrôle, les conditions de traite (notation des incidents, des dysfonctionnements, mesure du vide sous le trayon sur quatre postes de traite avec le Vadia, mesure des cinétiques du lait à l’aide d’un lactocorder* sur deux postes). Au

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préalable, en février 2015, les techniciens du Rayon et des Pyrénées ont suivi une formation sur l’installation et les différentes caractéristiques de l’appareil Vadia (formation dans laquelle j’ai participé).

6) Objectifs et problématiques du projet de fin