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2 Stevens refuse la distinction proposée par Becker et introduit la notion de «formation transférable» pour désigner la formation qui est

TYPE D ’ EMPLOI MOYENNE N É CART TYPE

1. M ETHODOLOGIES D ’ ANALYSE DE LA DISCRIMINATION

L’analyse des phénomènes de discrimination sur le marché du travail a été abordée dans le chapitre 2, où nous avons mis cette problématique en relation avec l’évaluation des compétences. Nous voudrions reprendre ce débat sous un angle nouveau: celui des options méthodologiques pour tester empiriquement le phénomène de la discrimination salariale des groupes «défavorisés», notamment la discrimination hommes-femmes.

Dans le cadre néo-classique standard, la discrimination sur le marché du travail est définie empiriquement comme la proportion de la différence salariale entre deux types de travailleurs parfaitement remplaçables (Becker, 1957). Le coefficient de discrimination sur le marché – MDC, désigne, selon Becker, cette différence de salaire entre groupes de travailleurs qui sont parfaitement remplaçables. Il s’agit de la discrimination salariale.

Pour étudier la discrimination, nous devons considérer également les contributions de Brown, Moon et Zoloth (1980) qui ont mis en évidence la problématique des différences d’accès aux professions entre les hommes et les femmes. L’analyse des auteurs permet de comprendre que les différences d’accès induisent un autre type de discrimination sur le marché du travail, laquelle se traduit par la ségrégation professionnelle et, par conséquent, comme l’ajoute T. Chicha, par la production du stéréotype «emplois féminins» et «emplois masculins».

1.1. La différence de rendement du capital humain entre les hommes et les

femmes

Les articles de Oaxaca (1973) et de Blinder (1973) ont influencé les nombreuses études empiriques qui cherchent à évaluer la proportion de l’écart de salaire moyen entre deux groupes, cet écart étant attribuable à la discrimination. Neuman et Oaxaca (1998) ont montré que l’approche des phénomènes de discrimination entre les hommes et les femmes, ou basées sur d’autres caractéristiques qualifiées par les conventionnalistes de caractéristiques «irréversibles», devient habituelle avec la popularisation de la méthodologie de décomposition salariale de Blinder (1973) et de Oaxaca (1973).

La méthodologie de décomposition salariale consiste à utiliser des équations salariales estimées séparément pour deux groupes de travailleurs, afin d’en décomposer les différences de salaires moyens en discrimination (ou la part non- expliquée des différences salariales) et en rendement du capital humain (ou la part expliquée). Chez Oaxaca, il y a discrimination salariale à la contre les femmes «quand le salaire relatif des hommes dépasse le salaire qui devrait prévaloir si les hommes et les femmes étaient rémunérés selon le même critère» (Oaxaca, 1973: 694).

De leur côté, Meurs et Ponthieux ont proposé, plus récemment, une définition de discrimination qui est relative à la «la part de l’écart salarial moyen qui n’est pas attribuable aux différences observées entre les caractéristiques des hommes et des femmes» (Meurs et Ponthieux, 2000: 136).

Blinder, tout comme Oaxaca, se propose d’étudier la discrimination salariale à partir de la décomposition des différences salariales. Son analyse est centrée sur la comparaison entre deux groupes démographiques – le groupe des hauts salaires (high wage group - H) et le groupe des bas salaires (low wage group L) et se développe à partir de deux équations salariales estimées pour chacun des groupes. Dans ces équations, Blinder prend le salaire, sous sa forme logarithmique, en tant que variable dépendante, et un ensemble de caractéristiques individuelles et professionnelles comme variables explicatives (éducation, profession, formation professionnelle, filiation syndicale, expérience sur le marché du travail, ancienneté, famille, etc.) (Blinder, 1973).

A partir des résultats des équations salariales, l’auteur cherche à décomposer les différences salariales en: une partie expliquée qui correspond à la valorisation des

différences moyennes des caractéristiques des deux groupes; et une partie non expliquée qui représente l’écart des rendements des caractéristiques des deux populations étudiées:

(

)

(

L

)

j H j j L j L j H j j H j L j j L j H j j H j

X

β

X

β

X

X

X

β

β

β

−∑

=∑

+∑

Plus spécifiquement, Blinder met l’accent sur la partie de l’équation qui représente les différences salariales attribuables aux caractéristiques, que l’auteur a appelée E, tandis que la seconde partie de l’équation est imputable aux coefficients, c’est-à-dire à la valeur de ces mêmes caractéristiques, appelée C. Les différences de la proportion non expliquée, U, sont relatives aux différences des constantes:

β

0H

−β

0L.

Ainsi, les différences salariales représentent la somme de E+C+U, et la proportion des différences attribuées à la discrimination est égale à C+U. La part non justifiée représente, selon Meurs et Pontehieux, l’«avantage masculin» - l’écart entre le rendement moyen des caractéristiques et les rendements masculins de ces mêmes caractéristiques; et le «désavantage féminin» - l’écart entre les rendements moyens et les rendements féminins des caractéristiques individuelles.

En effet, Oaxaca et Ransom (1994) font référence aux théories qui suggèrent que la discrimination sur le marché du travail ne conduit pas seulement à une rémunération moindre des groupes défavorisés, mais qu’elle entraîne aussi un accroissement de la rémunération des autres groupes. À partir de ces modèles, les auteurs cherchent des explications sur les raisons qui conduisent les individus des groupes majoritaires à résister aux politiques anti-discriminatoires.

Les affinements de la méthodologie d’évaluation de l’intensité de la discrimination se poursuivent, avec les études de Polacheck et Kim (1994) et de Rosholm et Smith (1996), particulièrement en utilisant des donnés de panel. Tandis que les premiers utilisent la technique de l’effet fixe pour estimer les écarts salariaux entre les hommes et les femmes, Rosholm et Smith calculent des équations séparées pour les hommes et les femmes.

1.2. La ségrégation professionnelle

Zoloth (1980), proposent une analyse qui met particulièrement l’accent sur l’activité professionnelle. Plus précisément, les auteurs proposent un modèle d’analyse de la discrimination où ils tiennent compte du type de profession exercée par les hommes et les femmes. Ainsi, ils présentent une reconstruction de l’équation de Blinder, en y incluant explicitement la probabilité d’accéder à une certaine profession.

Les auteurs proposent d’utiliser la régression logistique multinomiale pour calculer la probabilité d’une certaine catégorie de la main-d’oeuvre d’accéder à une profession. Chez Brown, Moon et Zoloth, la profession exercée par l’individu est fonction de la volonté de l’employeur pour embaucher l’individu et du désir de l’individu d’exercer cette profession. La volonté de l’employeur dépend des caractéristiques individuelles, comme l’éducation, la formation et l’expérience. Le désir de l’individu peut s’exprimer à partir des arguments de la fonction d’utilité – rendement et appétence pour des activités (Brown, Moon et Zoloth, 1980).

Le modèle de régression logistique multinomiale utilise ainsi l’interaction entre les facteurs de la demande et de l’offre dans le processus d’allocation d’un individu à une certaine profession et il se présente comme suit:

(y

i

oc

j

)

f(x

i

)

p

=

=

où p(yi = ocj) est la probabilité d’un individu i d’accéder à la profession j et xi est le vecteur des variables exogènes qui affectent les décisions de l’offre et de la demande (Brown, Moon et Zoloth, 1980:8).

Pour notre analyse, nous nous concentrerons sur la probabilité d’accès à l’emploi de chargé de clientèle par les hommes et les femmes. Naturellement, nous utiliserons la régression logistique binomiale, car nous n’avons que deux types d’emploi: les chargés de clientèle et les employés de guichet.