Chapitre 1. Les processus décisionnels – études et théories au Canada 7
1.4. Méthodologie de recherche 24
Les informations utilisées dans cette recherche seront essentiellement qualitatives. Une analyse diversifiée et complète des discours et documents officiels sera exécutée. Les perceptions du public seront également examinées. Plusieurs sources secondaires d’auteurs ayant analysé les trois conflits à l’étude contribueront aussi à cette analyse. Cette approche permettra ainsi de voir la cohérence entre les contraintes internes, les perceptions des élites, la position du Canada dans le système international et les énoncés de politique.
La partie principale de la recherche sera fondée sur des études de cas détaillées. Selon Lijphart, les études de cas sont un excellent moyen pour tester la validité d’une théorie (Lijphart 1971, 692). Les études de cas seront construites autour des variables du modèle de prise de décision réaliste néo-classique identifiées plus haut. Ce découpage permettra ainsi de créer un historique réaliste néo-classique des processus décisionnels dans le cadre de l’intervention dans le Golfe Persique, de l’intervention en Afghanistan et de la décision de non-intervention en Irak.13 Ces trois différentes histoires permettront de voir
l’influence de la variable indépendante et des variables intermédiaires sur les décisions du gouvernement canadien.
Certes, trois études de cas ne constituent pas un échantillon suffisant pour avoir une portée généralisatrice (George et Bennett 1997). En revanche, selon Van Evera, ces difficultés de généralisation sont compensées par la qualité des recherches produites par les études de cas (Van Evera 1997, 54). L’auteur souligne également que les études de cas sont plus pertinentes que les études grand N pour des recherches qui, comme celle-ci, cherchent à comprendre le « comment » d’un processus décisionnel.
13 Ces trois cas ont été choisis, car ce sont des guerres, et non des missions de paix (Roussel 2007).
Il est en effet important de choisir des interventions similaires dans la mesure où il sera plus facile pour le gouvernement de faire accepter à la population la participation du Canada à une mission de paix. Qui plus est, la proximité géographique de nos trois études de cas sera intéressante pour contrôler l’intérêt régional du Canada.
1.4.1. Le corpus d’analyse
L’analyse des processus décisionnels lors de la guerre du Golfe, de la guerre en Irak et de la guerre en Afghanistan sera soutenue par une importante recherche documentaire de sources primaires et de sources secondaires. Tout d’abord, la recherche se basera sur l’analyse des politiques officielles du ministère de la Défense. D’autres documents officiels viendront également compléter l’analyse, tels que les débats en chambre, les débats des comités parlementaires, ainsi que les discours officiels prononcés par les élus (principalement le ministre de la Défense, des Affaires étrangères et le premier ministre). Finalement, des statistiques économiques et budgétaires du Canada seront utilisées pour comprendre sa position relative dans le système international. Le PIB et le niveau de dépense militaire14 du Canada permettront de procéder à cette analyse.
Une place importante sera également donnée aux sources non gouvernementales. Tout d’abord, les sondages d’opinion publique serviront à comprendre la position et la cohésion de la société derrière les interventions internationales étudiées. Ensuite, les études faites sur les discours et la documentation issue des représentants de la société civile seront analysées. Ceci permettra de voir si la société civile et les groupes d’intérêt ont une voix importante auprès du gouvernement lors de l’élaboration des décisions d’intervention militaire. Des études analysant les éditoriaux de certains journaux canadiens durant les périodes précédant les décisions politiques serviront à l’analyse. Pour comprendre les perceptions des élites, certaines sources secondaires, telles que les biographies des leaders, seront utilisées. Il sera à cet effet intéressant d’étudier les biographies récentes de Brian Mulroney, Jean Chrétien et Paul Martin, tout comme celle de conseillers politiques, tels qu’Eddie Goldenberg. Ces sources sont simplement complémentaires, mais elles peuvent être intéressantes pour comprendre l’état d’esprit des dirigeants. Finalement, pour ouvrir la
14 Les données des dépenses militaires sont compilées pour tous les pays chaque année par le
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boîte noire du gouvernement lors de la prise de décision, des ouvrages analytiques se basant sur des entrevues avec le personnel politique et les élus seront exploités.15
15 Pour le cas de l’Afghanistan, l’ouvrage de Janice Gross Stein et Eugene Lang, Unexpected War :
Canada in Kandahar sera utilisé. Pour le cas de la guerre du Golfe, ce sera l’ouvrage La dernière croisade, La guerre du golfe et le rôle caché du Canada de Jocelyn Coulon ; ainsi que celui de Sean
M. Maloney, War with Iraq : Canada’s Strategy in the Persian Gulf, 1990-2002. Puis, pour le cas de l’Irak en 2003, la note de recherche de Sean M. Maloney intitulée Are We Really Just:
Peacekeepers? The Perception Versus the Reality of Canadian the Iraq War Military Involvement in the Iraq War sera employée.
Tableau 1 Les variables et leurs indicateurs
Variables Indicateurs
Variable indépendante
La distribution de la puissance
relative Le niveau des dépenses militaires
Le Produit intérieur brut
Variables
intermédiaires Autonomie de l'État Gouvernement majoritaire ou minoritaire
Discipline de parti
Cohésion des élites Position des partis de l'opposition
Cohésion de la société Fragmentation de l'opinion publique (sondage)
Manifestations populaires
Cohésion des institutions
politico-militaires Opinion des dirigeants militaires sur les décisions gouvernementales
Relations entre les institutions militaires et gouvernementales
Influence des acteurs sociétaux et
des groupes d'intérêt Présence dans des manifestations publiques
Déclarations publiques dans les médias
Perception du décideur Déclaration du premier ministre
Sources secondaires (ex: analyse se basant sur