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Au-delà des principes éthiques propres à toute recherche qualitative, pour les recherches dites participatives, dont la recherche-action, la question éthique est intimement liée à la question épistémologique. Elle exige que la perspective éthique de la

recherche soit en concordance avec les valeurs éthiques personnelles du chercheur. Une clarification du concept de posture étique et épistémologique du chercheur s’impose donc. Selon Bourassa et al. (2007), on parle également d’une « position éthique d’ouverture à l’altérité » (p. 3) ou, selon Cifali (2007), d’une pratique de l’altérité.

Dans la recherche-action, le consentement libre et éclairé exigé dans toutes recherches qualitatives prend ici la forme d’un dialogue orientant à la fois la recherche et ses résultats. C’est un consentement vu comme évolutif tout au long de la recherche, et ce, dans la quête d’un véritable partenariat.

2.6 Justification du choix méthodologique en lien avec les éléments de la recherche

Considérant les caractéristiques de la recherche-action il a semblé approprié de choisir ce type de recherche au regard des éléments des travaux à entreprendre. À cet égard, des liens sont établis ci-après avec en premier lieu la question de recherche, en second lieu avec l’objet de recherche et finalement en troisième lieu avec les trois objectifs poursuivis.

2.6.1 Liens avec la question de recherche

Notre question s’articule sur le comment et nous la rappelons ici : Comment le recours à une pédagogie hybride basée sur la pédagogie autochtone et la pédagogie du lieu permet-il à des enseignantes et des enseignants du primaire d’insérer

des dimensions culturelles autochtones dans des activités d’enseignement-apprentissage en lien avec le curriculum scolaire?

Afin d’y répondre, nous avons choisi la recherche-action dans le cadre d’une démarche de conception et d’expérimentation d’activités d’enseignement-apprentissages réalisées en collaboration avec les enseignantes et les enseignants et les membres de la communauté autochtone de proximité. Ces activités d’enseignement-apprentissage avaient pour but d’intégrer via une pédagogie dite hybride des dimensions culturelles propres aux communautés autochtones dont sont issues les élèves. Ces activités pédagogiques réalisées en milieu réel ont utilisé, lorsque possible et à propos, les aspects géophysiques du territoire comme interface culturelle.

McNiff et Withehead (2010) de même que Greenwood et Levin (2007) mentionnent que la recherche-action interroge, non pas sur le quoi, mais particulièrement sur le comment. C’est ce qui a été visé dans notre recherche. Par ailleurs, l’un des cadres théoriques qui a été interpellé à savoir la pédagogie autochtone, requiert une méthodologie culturellement signifiante ce qui justifie notre choix d’adopter la posture autochtone de la recherche. Parce l’intersubjectivité critique (Bourassa et al., 2007), est visée, cela demande en tant que chercheure d’être sensible aux rapports hiérarchiques et à ces impacts éventuels y compris sur la formulation de la question de recherche. Cette position est en concordance avec la posture autochtone de la recherche et le souci de décolonisation de la recherche.

2.6.2 Liens avec l’objet de recherche

Notre objet de recherche s’articule plus spécifiquement autour du développement d’une démarche et vise l’intégration par les enseignantes et les enseignants de la pédagogie et de la dimension culturelle autochtone en classe. La perspective envisagée, demande d’établir une relation réciproque où chacun a besoin de l’autre et qui demande d’être sensible à la culture de l’autre. En effet, des éléments de la dimension culturelle autochtone sollicités dans le cadre de notre recherche ne peuvent provenir que des acteurs issus des communautés autochtones visées.

La chercheure, considérée comme actrice-accompagnatrice, sert de guide dans l’arrimage de ces divers savoirs qui sont des savoirs pratiques. Ces « savoirs pratiques sont valorisés et ancrés dans une réalité construite et multiréférentielle » (Anadòn et Savoie-Zajc, 2007, p. 7). La méthodologie de recherche-action et la posture adoptée nous demandent que l’objet de recherche ait un impact sur la communauté. À cet égard, les éléments culturels importants pour les communautés visées ont été valorisés dans le cadre des travaux de recherche.

2.6.3 Liens avec les objectifs de recherche

Au bénéfice du lecteur, nous reproduisons ici nos trois objectifs de recherche :

1. Décrire comment la pédagogie autochtone et la pédagogie du lieu peuvent être mobilisées dans des situations d’enseignement- apprentissage (SEA);

2. Analyser les situations d’enseignement-apprentissage (SEA) au regard du Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ) du cadre théorique choisi et des dimensions culturelles propres aux communautés de proximité;

3. Dégager un modèle interculturel d’enseignement apprentissage qui prend en compte des dimensions culturelles autochtones.

Nos objectifs de recherche relèvent de la pratique et exigent une collaboration et un dialogue interculturel. Cette collaboration constitue un des leviers essentiels à la réflexivité (Guay et al., 2016) et ce, pour le développement d’un modèle susceptible d’améliorer la pratique.

Ces éléments constituent des objectifs au cœur des recherches dites participatives comme la recherche-action qui fait partie de la méthodologie retenue. L’objectif de décrire la démarche permet d’en saisir les éléments en tenant compte de plusieurs aspects culturels et scolaires. L’analyse des propositions d’activités pédagogiques permet de s’assurer que les éléments formels du programme scolaire sont respectés en plus de l’arrimage avec les éléments issus du cadre théorique retenu. De plus, l’identification des invariants7 et spécificités de deux milieux distincts a permis de tenter de dégager les éléments pouvant être associés à un modèle en assurant ainsi une plus grande validité des résultats en raison du croisement des données entre les deux milieux, lesquels partagent

une problématique semblable. Les méthodes utilisées pour collecter les résultats sont présentées ci-après.

MÉTHODES DE LA RECHERCHE ET LEUR INSTRUMENTATION : LE MILIEU ET LES PARTICIPANTS

La recherche-action comme il en a été fait mention précédemment s’inscrit dans un processus qui possède également un fort ancrage dans le monde réel, l’écosystème en quelque sorte. Dans le monde autochtone, cet écosystème ne peut pas être dissocié des individus. Dans cet esprit, cette section aborde au regard des méthodes et de leur instrumentation, les caractéristiques du milieu de la recherche et celles des participants.