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Ce sujet s’est naturellement présenté en raison d’un intérêt personnel envers les thématiques de genre et les droits des femmes dans leur ensemble. Après avoir réalisé que les VBG sont un problème d’une grande ampleur à Madagascar, j’ai décidé de me focaliser sur cette thématique.

Concernant la méthodologie, ce travail de recherches a été réalisé selon une approche basée sur les droits de l’homme, c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur des principes selon lesquels les droits humains sont universels, indivisibles, inaliénables et indépendants tandis que toutes les femmes ont les mêmes droits, peu importe leur origine ethnique, appartenance religieuse ou régionale, niveau de richesse ou d’éducation44. Cette approche « est solidement ancrée dans le travail des Nations Unies qui ont adopté en 2003 un protocole d’accord sur ce que constitue l’approche de la coopération pour le développement fondée sur le respect des droits humains »45. Cette étude s’appuie sur l’analyse et le recoupement des données nationales, tantôt émises par les gouvernements, tantôt par les organisations internationales ou la société civile, que j’ai pu collecter au cours de mes quatre mois passés sur le terrain. Cependant, je peux d’ores et déjà évoquer certaines difficultés liées à ce rassemblement de statistiques.

En effet, les sources à Madagascar sont peu nombreuses, notamment en ce qui concerne les questions de violence envers les femmes, qui restent des thématiques peu documentées. En outre, les critères diffèrent souvent lors des études réalisées sur les VBG car certaines ne prennent en comptent que les violences physiques, d’autres évoquent au contraire les violences psychologiques etc. Aussi, bien que l’aire géographique soit l’île dans son ensemble, la plupart des données que j’ai pu récolter sont à une échelle très locale, et concernent parfois des quartiers seulement de la capitale. Il faut donc prendre en compte des disparités entre les régions, ainsi que les villes et les campagnes. Par ailleurs, ce travail de recherches s’appuie également sur des interviews, réalisées sous la casquette « étudiante stagiaire au OHCHR », en compagnie de personnes toujours prêtes à donner des renseignements et leurs propres avis et critiques sur la question des VBG à Madagascar. Ces multiples échanges m’ont permis d’analyser et d’affiner mon sujet de recherches pour qu’il

44 UNICEF, L’enfance à Madagascar : une promesse d’avenir, analyse de la situation de la mère et de l’enfant, 2014, p. vi, in https://www.unicef.org/madagascar/media/1056/file (consulté le 6/04/19)

45 UNICEF, L’enfance à Madagascar : une promesse d’avenir, analyse de la situation de la mère et de l’enfant, 2014, p. vi, in https://www.unicef.org/madagascar/media/1056/file (consulté le 6/04/19)

devienne ce qu’il est actuellement. Au niveau du choix des personnes interrogées, c’est grâce aux formations des membres de la société civile réalisées par le OHCHR ou par des évènements organisés par d’autres que j’ai pu rencontrer des membres d’associations luttant spécifiquement contre les VBG ou du moins liées à des problématiques de genre. Après m’être présentée, je leur ai directement parlé de mon mémoire tout en leur demandant si elles acceptaient d’être interviewées par mes soins, sans oublier les contacts donnés par ces mêmes personnes après les avoir rencontrées. Les entretiens sont exclusivement de la prise de note. Ainsi, au niveau de la société civile, j’ai pu interviewer trois membres de trois associations malgaches qui sont le Conseil de Développement d’Andohatapenaka, Garan’Teen et EmpowerMen, trois personnes de trois organismes qui sont la clinique juridique d’Andohatapenaka, le Centre d’écoute et de conseil juridique (CECJ) de Tsimbazaza et le Centre Vonjy de de la maternité Befelatanana, et deux scouts de deux mouvements du scoutisme malgache : les Mpanazava (qui correspondent aux Éclaireuses en France) et les Fanilo (qui correspondent aux Scouts et Guides de France).

Au niveau des Nations Unies, j’ai interviewé deux membres du OHCHR et trois membres du UNFPA. Les questions que j’ai élaborées étaient plus ou moins similaires pour toutes les interviews, avec quelques changements en fonction de l’organisation que j’avais en face de moi. J’aurais aimé rencontrer une femme victime de violences, malheureusement le temps m’a manqué, d’autant plus qu’il est parfois compliqué de s’entretenir sur de tels sujets avec une femme victime car il peut être difficile pour elle de répéter son histoire (encore faut-il qu’elle souhaite le faire en ma présence, on peut alors s’interroger sur ma légitimité, et cela nécessite aussi d’établir une certaine relation de confiance bien plus forte que lors d’un simple entretien). De plus, il faut suivre une méthodologie précise lorsque l’on fait des recherches sur les violences au foyer par exemple46. Enfin, je me suis également appuyée sur des observations participatives, notamment lors des ateliers comme celui de la rédaction de l’EPU ; des discussions informelles ainsi que des remarques piochées ici et là m’ont aussi permises d’étoffer mon mémoire et de mieux comprendre d’une part la société malgache et d’autre part la problématique des VBG au sein du pays.

46 Voir annexe document 1

Finalement j’en suis arrivée à l’interrogation suivante : Dans quelle mesure l’impact des agences des Nations Unies et de la société civile a-t-il permis une évolution au niveau de la violence basée sur le genre à Madagascar ? Dans un premier temps, on parlera du contexte à Madagascar, c’est-à-dire la situation historique et socio-économique ainsi que les inégalités de genre, indispensable pour comprendre les problématiques de cette étude. À la suite de cela, nous détaillerons ce qu’est la violence basée sur le genre, en commençant par la violence de manière générale puis de la situation à Madagascar, ainsi que les différents types de violences et les causes et les conséquences des VBG sur la Grande Île. La troisième partie sera plus formelle car elle évoquera l’état du droit et l’action de l’État malgache, soit le cadre normatif et institutionnel ainsi que la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre. Enfin, on terminera ce mémoire avec l’action des autres acteurs : les agences des Nations Unies et la société civile, avant de se pencher sur les résultats et les recommandations.

I. Le contexte à Madagascar

Avant toute chose, il est indispensable pour la compréhension de ce travail de recherches, d’établir le contexte du pays dans lequel se déroule l’enquête.