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B. L’action de la société civile

2. Les mouvements religieux malgaches : le scoutisme

Madagascar étant un État avec une population en très grande partie croyante et pratiquante, on peut considérer que les mouvements religieux font pleinement partis des OSC. Particulièrement le scoutisme, qu’il soit catholique ou protestant, qui est très présent chez les jeunes malgaches, nombreux à s’engager, d’une part en raison de leur foi mais également pour mener des actions positives pour le développement de leur pays. Ainsi, les ministères, les ONG mais aussi les Nations Unies travaillent de concert avec les scouts pour mener à bien différents projets et évènements. En effet, le fait d’être scout apporte une crédibilité, on les écoute, ils sont influents et sont bien vus par la communauté, et les parents y envoient leurs enfants pour leur développement personnel et spirituel. Pour ce travail de recherches, deux interviews, chacune avec les deux grandes branches du scoutisme malgache, c’est-à-dire catholique et protestant, ont pu être réalisées afin d’en savoir plus sur leur implication dans la prise en compte des VBG à Madagascar.

Ø Mpanazava eto Madagasikara209

L’organisation des Éclaireuses de Madagascar compte 43 000 membres dans les 22 régions du pays et est la plus grande association de filles et de jeunes femmes sur l’île

208 Entretien M. Sedera Lalason, Global manager chez EmpowerMen, Antananarivo, Madagascar, le 15 mai 2019

209 Mpanazava eto Madagasikara : Éclaireuses de Madagascar

et est membre de l’Association Mondiale des Guides et des Éclaireuses, le plus grand mouvement bénévole voué aux filles et aux jeunes femmes dans le monde (10 millions de personnes dans plus de 100 pays dans le monde). Leur mission est de permettre aux filles et aux jeunes femmes de développer leurs potentialités en tant que citoyennes du monde. L’organisation est structurée en trois groupes d’âge et propose un programme éducatif complet basé sur le développement personnel210 :

- Social - Physique - Intellectuel - Spirituel

- Psychologique - Sentimental

Le but étant aussi d’augmenter l’estime de soi et la confiance en soi des membres de l’organisation.

En effet, elles mettent en place des activités, des formations sur le développement, sur la lutte contre les VBG, elles font de l’éducation en faveur de la protection de l’environnement, etc. Elles interviennent aussi auprès des sinistrés en cas de catastrophes climatiques. Sur le terrain, la créativité et la pédagogie sont de mises : utilisation de mégaphones pour attirer les jeunes, réalisation de sketchs à destination des enfants211.

Ø Fanilon’i Madagasikara212

L’organisation Fanilo compte environ 32 000 membres dans les 22 diocèses. Elle est la branche catholique du mouvement scout malgache et fait également partie de l’AMGE. Leurs objectifs sont de développer la confiance en soi et de créer un sentiment de fierté par rapport à ce que l’on est, par l’éducation informelle.

L’organisation est composée de six branches, selon les âges, mais aussi contenant une branche pour les guides rurales et une autres pour les jeunes filles en situation de handicap mental et encadrées par des éducatrices spécialisées213. On peut citer trois projets qui sont le « Girl Power Nutrition » pour une alimentation équilibrée, notamment

210 Entretien Anonyme

211 Ibid.

212 Fanilon’i Madagasikara : Scouts et Guides de France

213 Entretien Mme Diéla Jaovanona, responsable administrative et financière chez les Fanilon’i Madagasikara

dans les zones où la malnutrition est fréquente ; « WASH » pour l’hygiène et l’assainissement ; et enfin « Stop the Violence ! » qui sera développé un peu plus bas214. Comme leurs homologues protestantes, elles interviennent en cas de catastrophes naturelles pour seconder les pompiers et la police et secourir les sinistrés. Par ailleurs, elles travaillent également avec de nombreux ministères, des OSC, ou encore le UNFPA.

Ø Stop the violence!

Campagne internationale mise en place par l’AMGE depuis plusieurs années, elle comporte seize jours d’activisme qui débutent le 25 novembre, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et culmine le 10 décembre, Journée des droits de l’homme. Le but de la campagne est de briser le silence qui entoure la violence et de prendre action pour y mettre fin. Une partie de la campagne s’intitule Voices against violence, un programme d’éducation contre la violence envers les filles, développé par l’AMGE et UN Women. De plus, le but est de s’appuyer sur cinq secteurs clés pour permettre aux filles de s’exprimer en faveur de leurs droits215 :

- Campagne de prévention : L’AMGE appelle tout un chacun à « ajouter sa voix » pour arrêter la violence.

- Programme d’éducation : En partenariat avec UN Women, l’AMGE a développé un programme d’éducation non-formelle pour soutenir les filles, les jeunes femmes, les garçons et les jeunes hommes à identifier la violence, comprendre leurs droits et gagner en compétences dans les domaines du plaidoyer et du leadership pour justement réclamer ces droits et mettre fin à la violence à l’égard des femmes.

- Politique de recherche : L’AMGE a pour objectif de conduire des recherches pour combler l’écart des connaissances et de la compréhension au niveau de la problématique de la violence à l’égard des filles et pour trouver des solutions efficaces afin de la combattre.

- Plaidoyer : L’AMGE conduit des campagnes de plaidoyer afin d’influencer les preneurs de décisions pour qu’ils mettent en place des cadres légaux

214 Entretien Mme Diéla Jaovanona, responsable administrative et financière chez les Fanilon’i Madagasikara

215 Entretien anonyme

appropriés, des services et surtout des investissements en faveur de la lutte contre la violence à l’égard des filles.

- Plans d’action : L’AMGE soutient les organisations nationales et les groupes communautaires afin qu’ils adaptent à leur contexte local les projets de la campagne.

Ainsi, les deux mouvements Mpanazava et Fanilo, membres de l’AMGE, mettent en place des activités de sensibilisation, les scouts (surtout les cheftaines) se rendent auprès des fokontany afin de parler directement aux jeunes filles de cette thématique et de les conscientiser sur leurs droits. On sent cependant un engagement plus important pour cette thématique de la part des Mpanazava que chez les Fanilo. Cela étant dit, d’après les deux interviews réalisées respectivement dans chaque mouvement, il semblerait qu’il y ait peu, voir pas, d’activités réalisées ensemble ou de collaboration poussée lors de cette campagne. Pourtant, il serait intéressant que mpanazava et fanilony se rapprochent davantage pour lutter contre les violences à l’égard des femmes. Aussi, travailler avec les branches masculines pourrait apporter une plus-value non négligeable dans la sensibilisation à cette problématique. Par ailleurs, il faut aussi relever le fait que contrairement aux Mpanazava, les Fanilo ne s’intéressent pas à la question du genre aussi ouvertement que ces derniers. En effet, dès l’arrivée au pouvoir du président Marc Ravalomanana en 2002, la branche FJKM, porté par le chef de l’État, s’est intéressée aux questions d’égalité, à l’accès à l’école primaire pour les petites filles et à la lutte contre les VBG216. Les Fanilo, à travers l’Assemblée des Évèques, n’évoquent pas ou très peu ce sujet. Certains vont jusqu’à dire que la question du genre a été introduit par les Occidentaux et ne concernent pas Madagascar.