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Introduction Cinquième Chapitre

5.1 Méthodologie de recherche

« Le chercheur doit spécifier son positionnement épistémologique et méthodologique dans le cadre de toute recherche. » Thiétart (2014). Le but est de lui permettre de confronter les différentes observations réalisées sur le terrain avec les théories mobilisées.

« L’épistémologie correspond à un simple retour critique de la connaissance sur elle-même, sur son objet, sur ses conditions de formation et de légitimité ; elle est définie comme la philosophie de connaissance, la théorie des sciences ou encore comme la théorie de la connaissance. » Cohen (1996)1

Le Moigne (1995)2 décrit trois approches épistémologiques : le positivisme, le constructivisme et l’interprétativisme. Sans détailler les deux premiers courants de réflexion, nous nous intéresserons dans cette recherche au troisième courant de pensée à savoir l’interprétativisme et pour des raisons évidentes de la nature de ce travail.

a) L’interprétativisme considère que l’important « … n’est pas la

découverte de lois. C’est de se pourvoir de moyens conceptuels qui permettent d’analyser ce que savent les acteurs à propos de ce pourquoi ils font ce qu’ils font ou quand les acteurs ne sont pas conscients qu’ils savent » (Giddens, 1987, p.27).

Dans cette approche on se pose la question du comment et du pourquoi. Les réflexions sont influencées par les motivations du chercheur, ce qui implique un discourt très proche de ces interprétations (Maurand-valet, 2010).

Dans notre travail, nous privilégions cette approche notamment par rapport à la posture adoptée d’observateur interprétant les discours des managers. Cette démarche n’est possible que par un mode de raisonnement abductif qui consiste en général à faire des allers retours entre les observations et la théorie.

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Y. MEBBANI, « Systèmes d’information de gestion : nouvelle approche et enjeux opérationnel et stratégique, cas des PME en Algérie », Thèse de Doctorat, Université Oran II.2017 (p.161)

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Y GIORDANO et A JOLIBERT, « Spécifier l’objet de la recherche », In M-L GAVARD-PERRET., D GOTTELAND, C HAON et A JOLIBERT, « Méthodologie de la recherche: Réussir son mémoire ou sa thèse en sciences de gestion », Paris, Editions Pearson Education, p.47-86.2008.

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b) Le mode de raisonnement abductif se situe entre les deux extrémités de

l’induction et de la déduction. Ce raisonnement vient combler en quelque sorte les limites de l’induction. « l’abduction est proposée comme une voie de réponse aux attentes axiologiques de la recherche qualitative/interprétative » (Anadón et Guillemette, 2007, p.26)1.

Ce mode est en réalité une théorisation imbriquée dans le processus de recherche. Il est obtenu par une comparaison continue (aller-retour) entre les données collectées et les construits théoriques. Le caractère exploratoire de notre recherche implique logiquement un mode de raisonnement inductif. Or nous ne pouvons prétendre être indépendant et avoir effectué une observation libre comme préconisé par l’induction, bien au contraire nous nous sommes exercés à faire énormément d’interprétations de discours et de comportements et tout cela sous l’influence de nos aprioris.

Nous avons choisi l’exploration, car nous considérons que le rapprochement des concepts issus de la psychologie sociale du manager, de la stratégie de croissance de la PME, via sa valeur est un rapprochement mal connu. Nous souhaitons donc explorer davantage ces concepts, ainsi que les liens entre eux. Nous devons également préciser que nous souhaitons explorer l’existence de ces concepts et des liens qui les unissent de manière hybride, en réalisant de nombreux allers et retours entre notre terrain de recherche et la théorie existante.

Dans ce travail, nous adoptons donc, un mode de raisonnement abductif. Nous pensons que cette démarche est la mieux adaptée à notre recherche (Charreire Petit et Durieux, 2007, p.72)2.

Souhaitant assurer une cohérence entre les données qualitatives et la posture épistémologique interprétative, pour mieux comprendre, nous devons littéralement être empathique, car nous dépendons de l’objet étudié, ainsi et malgré d’autres considérations de caractère subjectif, contextuel, et idiographique.

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Y. MEBBANI, « Systèmes d’information de gestion : nouvelle approche et enjeux opérationnel et stratégique, cas des PME en Algérie », Thèse de Doctorat, Université Oran II.2017 (p.165)

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Charreire-Petit, S. et Durieux, F, Explorer et tester: les deux voies de la recherche, in R.A. Thiétart et al., Méthodes de recherches en management, Dunod, Paris (2007)

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Nous sommes conscients de ne pouvoir garantir une responsabilité, voire d’une réflexivité quant à la connaissance produite. De notre point de vue, sans prétention aucune, nous cautionnons qu’un objet d’une recherche à caractère interprétativiste consiste à appréhender un phénomène dans la perspective des individus participant à sa création, en fonction de leurs langages, conceptions, représentations, motivations et intentions propres, et donc une immersion dans le phénomène étudié et son observation plus ou moins participante. Cette immersion et cette observation nous permettront de développer une compréhension de l’intérieur de la réalité sociale, et en particulier d’appréhender les problématique, les motivations et les significations que les différents acteurs y attachent (Allard-Poesi et Maréchal, 1999, p.34-56)1.

Nous précisons que notre recherche exploratoire explicative porte sur le contenu et ses composantes, mais et surtout sur le processus d’enchainement de ces dernières, pensant ainsi qu’à partir des éléments fins constituant l’objet de recherche qu’on pourra tenter de comprendre les causalités et les liens entre variables, objet de notre étude explicative. Face à la problématique, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions qui traduisent autant d’hypothèses et sous-tendent la problématique de notre recherche. Notre questionnement en apparence très large est centré sur des axes comme repère pour une résolution cohérente de la problématique. Notre recherche a pour but de partir de la revue de la littérature afin de construire un corpus de recherche, et d’aller par la suite au terrain pour discuter ce dernier.

Face à une problématique de recherche très large, développer des propositions nous aide à dresser un cadre de recherche, et nous guide pour déterminer la méthode qu’il convient de suivre. La méthodologie élaborée pour les fins de cette recherche postule que la création des connaissances dans un processus de management, peut être effectuée à travers un exercice généré par un changement de l’intention stratégique du manager et de la dynamique collective, il explique un processus dynamique interne et vise à répondre à notre problématique de recherche.

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Allard-Poesi F. et Marechal Ch. « Construction de l'objet de recherche », in Thiétart, R.A. & coll., Méthodes et Recherche en Management, Paris : Dunod, (1999).

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Afin de pouvoir exploiter au mieux les apports théoriques exposés dans la première partie de cette recherche, nous nous sommes efforcé de formaliser certaines propositions, et comme le préconisent R. Quivry et L. van Campenhoudt (1995)1, « de les traduire dans un langage et sous des formes qui les rendent propres à guider le travail systématique de collecte et d’analyse des données d’observation ou d’expérimentation qui doit suivre ».

Afin de mettre au jour la cohérence globale existante entre la problématique de recherche, portant sur la compréhension fine d’une question de type « comment ? », dont le manager et sa PME agissent pour générer de la croissance, et sa déclinaison en deux questions de recherche opératoires et complémentaires d’une question également de type « comment ? » portant respectivement sur la valeur de l’entreprise et sur la vision du manager, ainsi sur leur participation dans cette orientation dans la croissance de la PME. Tel est l’objet de cette démarche qui constitue la charnière entre les propositions de recherche et le travail d’élucidation fondée sur une approche empirique.

Nous allons tenter dans cette deuxième partie à opérationnaliser nos variables, pour que nos propositions soient compréhensibles. Nous distinguons dans notre socle d’indicateurs, des indicateurs liés à l’intention stratégique propre aux compétences du manager et à la valeur des forces et des maitrises des PME.

En ce qui concerne ces deux variables, nous avons mené des investigations dans des thèses, ouvrages, et articles d’auteurs. En revanche, les mesures proposées par les auteurs ne correspondent absolument pas à ce que nous voulons indiquer par ces variables dans le cadre de notre recherche. Un travail de réflexion, nous a permis de développer une certaine mesure dont nous tentons d’assurer le résultat.

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R. Quivry et L. van Campenhoudt , construction de l’objet de recherche dans Rymond Alain Thiertart, Méthodes de recherche en management, Dunod, 4 éditions, 2014

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F. Wacheux (1996)1 met en évidence cinq sources différentes de données : l’entretien, l’observation directe, l’observation indirecte, les archives et la documentation disponible. Vu le caractère stratégique de la fonction de manager en PME et les types de données que nous cherchons à collecter, nous avons été confronté à des difficultés d’accès aux entreprises pour effectuer une étude de longue durée, et également une observation directe et indirecte. Sur les cinq sources décrites par F. Wacheux, nous avons retenu dans notre travail comme source principale de collecte des données : l’entretien.

Nous avons approché 32 entreprises de la région pour effectuer nos entretiens, 24 d’entre eux ont abouti à des entretiens. Les difficultés liées à cette démarche sont diverses et variées, nous essayerons de les énumérer plus loin. Les vingt-quatre entretiens semi-directifs sont réalisés principalement dans des entreprises (PME) du secteur de l’agroalimentaire privé. Ces entreprises sont plus ou moins stables dans leur activité selon les dires de leurs managers et leurs collaborateurs. Une ouverture d’ordre collaboratif s’est installé au fil de nos entretiens fréquents, et très cordiaux. Toutefois les entretiens ont parfois pris une tournure de débat sur d’autres sujets à caractère politique et sociétal. Nous évoquons la fréquence des entretiens, vu l’interruption de certains d’entre eux due à un changement d’emploi du temps des interlocuteurs ou des imprévus de dernière minute.

Les entretiens se sont déroulés pendant la période entre 2014 et 2017 et ont une durée moyenne d’une heure. Leur conduite se faisait dans la plupart des cas dans un climat détendu, propice à la discussion et parfois même dans un cadre informel.

Les techniques d’analyse de données en sciences de gestion sont nombreuses, et l’utilisation d’un outil plutôt qu’un autre dépend généralement de la question de la recherche et du résultat souhaité (RA. Thiétart et al, 1999).

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Usunier et al. (2000)1, distinguent entre deux moyens fondamentaux d’analyser les données qualitatives : l’analyse du contenu et la théorie fondée (grounded theory). Allard-Poesi, Drucker-Godard et Ehlinger (1999) ajoutent une troisième méthode issue de la psychologie cognitive et sociale. La grounded theory et la cartographie cognitive ne sont pas directement transposables, ni applicables dans le cadre de notre recherche. La grounded theory est utilisée dans des études fondées sur une démarche inductive (JC. Usunier, M. Easterby-Smith et R. Thorpe, 2000), alors que la cartographie cognitive n’est applicable, comme le souligne A. Huff (1990), que dans des recherches longitudinales.

Notre recherche avait pour objectif initial de développer les fondements d’une analyse du processus de management visionnaire, en termes de création de valeur de l’entreprise. La démarche de recherche élaborée peut être en grande partie retenue puisque la totalité des propositions initialement prévues n’ont pas pu être rejetées. L’analyse qualitative débouche sur des résultats. Nous présentons la synthèse des résultats de l’analyse en relation avec les arguments que nous avons avancés pour justifier la pertinence de la méthodologie de la recherche.

Ainsi, suivant Giordano et Jolibert (2008), nous arrivons à une cohérence globale dans notre projet entre le statut de la recherche qui est liée davantage à l’exploration qu’au test, les techniques de collecte et d’analyse des données plus précisément l’usage du logiciel « Sonal »2 pour analyser les données qualitatives et une posture épistémologique interprétative pour mieux comprendre les motivations et les interprétations des acteurs en question.

Notre positionnement épistémologique dépond principalement des objectifs de la recherche articulés dans la problématique de la croissance des PME à travers les compétences des managers à identifier les opportunités et à les transformer en croissance.

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Rymond Alain Thiertart et Al, Méthodes de recherche en management, Dunod, 4 édition, 2014.

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Sonal est un logiciel gratuit d'enquête qualitative. Il permet de collecter, d'organiser, de transcrire et d'analyser des fichiers audio/vidéo.

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