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CHAPITRE 1 – INTÉGRATION, IDENTIFICATION ET EXPLICATION DE

5. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

5.2 Méthodologie

5.2.1 Inventaire des modes d’identification et d’explication de particularismes

Pour atteindre notre premier objectif, c’est-à-dire pour situer le glossaire d’accompagnement d’œuvres littéraires par rapport aux divers modes paratextuels par lesquels un auteur ou un éditeur peut ajouter des commentaires métalinguistiques à un texte littéraire, nous avons tout d’abord analysé les 31 œuvres de notre exemplier afin d’identifier et d’inventorier les éléments de paratexte métalinguistique qui s’y trouvent.

Ensuite, nous avons recueilli, lors d’entretiens semi-dirigés, les commentaires d’éditeurs québécois quant à leurs pratiques et à leurs opinions au sujet de l’identification et de l’explication de québécismes dans un roman. Nous avons interrogé cinq éditeurs québécois : Michel Gay, directeur

3 En ce concerne l'édition de 2008 (réimprimée en 2012), nous n’en tiendrons pas compte dans notre mémoire. Comme notre objet d'étude est le glossaire d'accompagnement et que celui-ci a été supprimé dès l'édition de 1998, nous considérons que nous aurons épuisé le sujet.

39 de Bibliothèque Québécoise, Normand de Bellefeuille, directeur littéraire aux Éditions Québec Amérique, Jean-Yves Soucy, directeur littéraire au groupe Ville-Marie Littérature - Éditions de l’Hexagone, TYPO et VLB Éditeur, Robert Laliberté, directeur littéraire également au groupe Ville-Marie et Giovanni Calabrese, éditeur aux Éditions Liber. La grille d’entretien que nous avons employée est présentée à l’annexe 4 et a été constituée selon trois thèmes principaux : la norme du français québécois, les ouvrages de référence employés lors de la révision de textes et le traitement réservé aux particularismes québécois dans l’édition d’une œuvre littéraire québécoise.

Finalement, nous avons analysé des articles de journaux et de revues spécialisées portant sur les œuvres de notre exemplier et nous avons colligé les observations d’auteurs et de critiques québécois qui se sont prononcés sur l’identification et l’explication de particularismes.

5.2.2 Étude de la genèse et de l’évolution du glossaire de L’enfirouapé

Pour atteindre notre deuxième objectif, c’est-à-dire faire la lumière sur la genèse et l’évolution du glossaire de L’enfirouapé, nous sommes entré directement en contact avec l’auteur et ses éditeurs au Québec et en France pour ensuite procéder à des entretiens semi-dirigés ainsi qu’à des échanges épistolaires avec eux.

L’élaboration des questions de la grille d’entretien (voir Annexe 5) s’est faite en tenant compte de la méthode proposée par Genette (1987) pour l’examen d’un élément de paratexte. Il s’agit à travers elles d’examiner les différents traits qui

[…] décrivent pour l’essentiel ses caractéristiques spatiales, temporelles, substantielles, pragmatiques et fonctionnelles [et qui] consistent à déterminer son emplacement (question où?), sa date d’apparition, et éventuellement de disparition (quand?), son mode d’existence, verbal ou autre (comment?), les caractéristiques de son instance de communication, destinateur et destinataire (de qui?, à qui?), et les fonctions qui animent son message : pour quoi faire? » (Genette, 1987 : 10)

Cette méthode nous a permis de comparer les points de vue des acteurs impliqués dans la création et l’édition des glossaires et les motivations qui en sont à l’origine.

Ensuite, nous avons procédé au dépouillement des archives du Fonds Henri Tranquille (en dépôt à l’Université de Sherbrooke) qui contiennent plusieurs documents relatifs à L’enfirouapé. C’est

Henri Tranquille qui, en 1974, a « ordonné » (Beauchemin, 1985a : 261) à Yves Beauchemin de faire publier son premier roman et qui a convaincu Alain Stanké de publier le jeune auteur. Les archives rassemblées dans le Fonds Tranquille, qui contiennent les lettres que se sont échangées Tranquille et Beauchemin dès 1964, apportent un éclairage quant aux conditions d’édition du roman et de création du glossaire. Certains documents d’archives ont été retenus pour les informations qu’ils donnent en ce qui a trait à la sélection du titre de l’œuvre et à des éléments de discours épilinguistiques qui ont été produits par Beauchemin. Nous avons également consulté le manuscrit de L’enfirouapé ainsi que les épreuves 1 et 2 de L’entourloupé, disponibles dans le Fonds Yves Beauchemin en dépôt à Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Les données obtenues, notamment les commentaires épilinguistiques émis par les deux hommes dans les différents contextes nommés ci-dessus, nous permettront de compléter nos analyses de façon ponctuelle.

5.2.3 Étude de la représentation du français québécois qui se dégage des deux glossaires

Finalement, pour atteindre notre troisième objectif, soit de faire ressortir la représentation du français québécois qui ressort du glossaire québécois et du glossaire français et, par le fait même, les éléments qui traduisent la conscience linguistique des auteurs des deux glossaires, nous avons eu recours à l’analyse de contenu, à l’entretien semi-dirigé lors de diverses entrevues et à l’analyse documentaire.

Nous avons d’abord transcrit chacune des entrées des deux glossaires dans un fichier informatique afin de faciliter la comparaison entre les nomenclatures et leurs contenus. La liste ainsi établie permettra de déterminer la proportion des particularismes retenus dans chacun des glossaires par rapport à l’ensemble des particularismes relevés dans le texte. Nous avons identifié dans le roman tous les particularismes et locutions idiomatiques propres au français en usage au Québec. Pour ce faire, nous avons numérisé la version québécoise de 1974 et la version française de 1985 du roman pour permettre la recherche en plein-texte. Nous avons ensuite parcouru les deux romans, page par page, tout en notant les unités lexicales qui nous semblaient, à la lumière de la méthode préconisée par Poirier (1995) pour le classement des variantes topolectales du français, ne pas appartenir au français de référence. Nous avons consulté divers ouvrages lexicographiques afin de déterminer si chacune des unités lexicales relevées dans le texte était bel et bien un particularisme québécois,

41 c’est-à-dire un mot « qui n’appartien[t] pas au français commun [à tous les francophones]. » (Wissner, 2008)

Le classement des particularismes contenus dans notre corpus a été fait à partir de plusieurs catégories complémentaires qui seront définies plus en détail dans le dernier chapitre du mémoire. En somme, il s’agit de faire la lumière sur la nature et la provenance (dialogues ou narration) des mots retenus dans le GQ et dans le GF ainsi que sur les types d’informations données sur ces mots (notamment en ce qui a trait au métalangage employé pour gloser ces mots), tout en précisant ce qui distingue le glossaire québécois original du glossaire hexagonal (qui compte le double d’entrées).