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9.4.10 Il existe quatre méthodes principales d’établissement des prix soumis à tarif : les échantillons appariés, les valeurs unitaires, le profil des clients et l’échantillon de factures.

Échantillons appariés

9.4.11 On parle d’échantillons appariés lorsque l’ensemble des éléments d’une liste de prix soumis à tarif, ou encore un élément d’une structure tarifaire, fait l’objet d’une

«spécification de produit» dont le prix est recalculé pour des périodes ultérieures. Cette méthode est calquée sur la méthode traditionnelle des produits appariés. La méthode traditionnelle d’appariement la plus simple consiste à prendre la liste des prix soumis à tarif de quelques grandes compagnies, et à relever les modifications de l’ensemble des prix, de préférence assorties des poids des différents éléments de la liste.

Cette option peut être viable sur des marchés où la concurrence est limitée, offrant des structures de prix assez stables. Il est difficile en pratique de garantir que les prix établis chaque mois portent sur des produits ayant la même spécification, c’est-à-dire que l’on applique bien la méthode des produits appariés. On dispose généralement de données limitées sur la base de clientèle. En pratique, on établira donc le prix du service grâce à la liste complète de prix selon une méthode assez simple, sans trop différencier sur la base des caractéristiques du client c’est-à-dire que, pour simplifier, on ignore parfois certaines variations dans le tarif.

9.4.12 Une autre méthode d’appariement consiste à sélectionner certains éléments du tarif comme «produits élémentaires représentatifs» et à recalculer leur prix pour des périodes ultérieures. Pour chaque produit élémentaire représentatif, on établit des spécifications détaillées, combinées aux informations fournies par le prestataire. Dans le cas d’un tarif aérien par exemple, on pourrait retenir le prix d’un billet non échangeable et non remboursable, pour un trajet entre deux lieux préalablement spécifiés, à des dates de départ et de retour prédéterminées, selon l’heure et le jour de la semaine, y compris toutes les surtaxes.

9.4.13 Le produit élémentaire représentatif du tarif présente l’avantage de pouvoir être appliqué, du moins en principe, aux différents prestataires de services. On peut ainsi inclure de nouveaux prestataires dans l’indice sans grandes difficultés. Toutefois, si l’on restreint le nombre de produits représentatifs, on peut limiter la validité de la méthode. Aucune des méthodes d’appariement ne convient en cas de changement majeur dans la structure des tarifs. La méthode des échantillons appariés ne peut donc pas en général être appliquée dans les cas où la structure des tarifs est régulièrement modifiée.

Valeurs unitaires

9.4.14 Dans la méthode de la valeur unitaire, plutôt que de prendre en compte la variation des éléments du tarif, on assure le suivi des prix en relevant le prix moyen d’une unité, par exemple d’électricité, qu’un fournisseur donné facture à ses clients. Les services dont le prix est soumis à tarif contiennent des éléments homogènes (par exemple le kWh d’électricité) et la méthode de la valeur unitaire ne doit s’appliquer que dans ce cas. On calcule la valeur unitaire à partir de données globales sur les recettes et les quantités, à un niveau d’agrégation plus élevé et sans opérer de distinction entre les différents tarifs et les différents clients. On suppose que toutes les différences entre les divers paquets sont liées au prix, c’est-à-dire que les différences de qualité sont nulles ou non significatives. Or, ce n’est pas le cas par exemple lorsque la fiabilité de l’approvisionnement varie selon les fournisseurs. Cette méthode présente notamment l’avantage de faciliter les calculs.

Mais du fait de l’amalgame qu’ils opèrent entre qualité et quantité, les indices de valeurs unitaires ne sont généralement pas considérés comme optimaux pour la construction d’un IPC et il est préférable de les éviter, sauf à prouver que leurs faiblesses n’ont pas un impact significatif sur les chiffres.

Profils de client

9.4.15 Profils de consommateurs préalablement spécifiés. Les profils de consommateurs permettent de définir un produit sans le lier à la structure tarifaire d’un seul producteur ou fournisseur. On conçoit une formulation plus générale du comportement du consommateur sur la base d’informations (par exemple d’informations sur les ventes communiquées par l’ensemble

du secteur), à partir de laquelle on définit un éventail de consommateurs type, indépendamment du fournisseur. Le prix des différents services est établi pour chaque consommateur type. On calcule le prix unitaire pour chaque profil de consommateur, puis on le recalcule à d’autres moments. Cette méthode présente l’avantage de ne pas nécessiter d’échantillon effectif de factures, mais seulement le détail des différents tarifs et des informations sur l’usage fait par des clients «typiques». Le statisticien des prix peut aussi définir les profils de consommateurs par catégorie de ménages, et calculer, par exemple, des prix pour les ménages pauvres et pour les ménages aisés.

Méthode des échantillons de factures 9.4.16 Méthode des échantillons de factures. Il s’agit d’une version plus perfectionnée de la méthode des profils de clients. Au lieu de définir des profils représentatifs des activités mensuelles moyennes d’un éventail de clients (voir plus haut), on établit chaque mois le prix d’un volume fixe de services pour un échantillon effectif de clients. Pour ce faire, on peut par exemple retenir un échantillon pour chaque catégorie de clients, de façon à refléter la structure des tarifs des fournisseurs du service considéré. On peut par exemple établir un échantillon de clients et de factures pour les gros, les moyens et les petits consommateurs du service. L’indice qui en résulte mesure le coût de la consommation pour la période de facturation en cours (normalement un mois ou un trimestre) aux prix en vigueur pour la période de l’indice, rapporté aux prix facturés pendant la période de base. La méthode des échantillons de factures diffère à plusieurs titres de la méthode des profils des clients, en particulier :

 Elle prend en compte les variations de la consommation pendant l’année, par exemple l’augmentation du volume des appels internationaux pendant les jours fériés et les festivals.

 Se référant aux factures, elle reflète le comportement effectif du consommateur.

 Elle permet de déceler des variations de prix qui ne sont pas liées à une modification des tarifs, telles qu’une réduction du prix unitaire lorsqu’un seuil minimum de consommation est atteint.

9.4.17 On notera qu’il peut y avoir un décalage dans le temps car les factures sont dressées après la compilation de l’indice relatif à la période considérée.

9.4.18 Dans chacune des méthodes précédemment décrites, les calculs doivent se fonder sur des prix et sur des poids reflétant la structure de consommation de biens et services en fonction des caractéristiques prédéterminées des consommateurs et en fonction du niveau, de la structure et du moment de la consommation. La liste des caractéristiques pertinentes pourrait ainsi inclure :

 Les modes d’utilisation du service dans le temps, que l’on peut mesurer par jour, par semaine ou par an.

 L’intensité d’utilisation du service, par exemple lorsque la tarification appliquée est différente pour les petits et gros consommateurs.

 Le comportement du consommateur dans le passé. Cela s’applique en particulier pour les services d’assurance où les demandes de règlement présentées dans le passé, et les antécédents médicaux peuvent avoir une incidence sur le prix.

 Les anticipations relatives du comportement futur d’un groupe de clients, entraînant des différences de prix, par exemple entre les hommes et les femmes ou entre différents groupes socioéconomiques. Là encore, cela s’applique en particulier aux services d’assurances, les compagnies d’assurance prenant en compte les caractéristiques personnelles lorsqu’elles analysent les demandes d’indemnisation.

 Les prix liés au revenu, que l’on rencontre le plus fréquemment dans les structures de tarif du secteur public.

9.4.19 Les procédures d’échantillonnage doivent également prendre en compte les services groupés, combinant par exemple la téléphonie mobile et les communications gratuites aux heures creuses, ou encore des services téléphoniques et informatiques en ligne, quand ces pratiques sont répandues.

9.4.20 Il est clair qu’il existe de nombreuses combinaisons des facteurs susmentionnés qui permettent d’établir différentes structures tarifaires, et que ces

structures peuvent être régulièrement modifiées. Le statisticien des prix devra donc effectuer des recherches approfondies sur le sujet considéré et suivre le marché de façon à s’assurer qu’il a bien relevé tous les écarts de prix pertinents.

Exemples

9.4.21 On trouvera ci-après des exemples des différentes méthodes à suivre pour inclure des prix soumis à tarif dans l’IPC. La question des ajustements visant à prendre en compte les différences de qualité sera traitée séparément dans la prochaine section.

Échantillons appariés

9.4.22 L’exemple donné au tableau 9.4.1 concerne les services de télécommunications.

9.4.23 La méthode des modèles appariés la plus simple consiste à prendre les listes des prix soumis à tarifs de quelques grandes compagnies et à observer les changements opérés dans tout le système des prix, en y incorporant les informations relatives aux poids des différents éléments du tarif. En présence de nombreux fournisseurs ou de nombreux éléments tarifaires, il peut être plus pratique de sélectionner certains éléments du tarif comme «produits élémentaires représentatifs» et de recalculer leur prix pour les périodes ultérieures, mais il convient de veiller à constituer un échantillon représentatif. Dans l’exemple qui est présenté ici (Tableau 9.4.1), on a retenu un seul fournisseur de services pour les appels nationaux et trois pour les appels internationaux. On a supposé que la valeur de l’indice de la période de base était 1,9200.

Valeurs unitaires

9.4.24 Lorsque la qualité des services fournis par les différents fournisseurs est homogène, on peut appliquer la méthode de la valeur unitaire, qui présente en général l’avantage d’exiger moins de ressources que celle des modèles appariés. On calcule la valeur unitaire à partir de données globales sur les recettes et les quantités à un niveau d’agrégation plus élevé. Par exemple, le prix des appels nationaux interurbains peut être obtenu en divisant les recettes totales perçues au titre de ces appels par leur nombre de minutes. Dans la mesure où elle ne demande pas d’échantillon, la méthode des valeurs unitaires présente l’avantage de

couvrir complètement les services et de ne pas nécessiter la spécification d’éléments représentatifs ou de différentes catégories d’usagers. En revanche, la compilation des valeurs unitaires exige généralement une étroite collaboration avec les fournisseurs. Le statisticien des prix devra les convaincre qu’il est important qu’ils communiquent, à titre confidentiel, des informations sensibles sur le plan commercial. Il devra aussi leur donner l’assurance que ces dernières seront utilisées exclusivement pour le calcul de l’IPC, qu’elles resteront confidentielles et ne seront pas divulguées à des tiers. On notera que la stratification demeure importante, selon par exemple que l’appel est local ou interurbain et qu’il est émis pendant les heures creuses ou pendant les heures de pointe. Une bonne stratification est en particulier critique si l’on

veut minimiser les effets résultant d’un amalgame de la qualité et de la quantité.

Profils de consommateurs

9.4.25 Pour des considérations de marketing, les sociétés de télécommunications classent souvent leurs clients en fonction de leurs habitudes de consommation. L’exemple suivant (tableau 9.4.2) montre les profils représentatifs des usagers du téléphone mobile. On peut obtenir des informations sur les différents profils auprès des prestataires de services qui les utilisent pour définir leur stratégie en matière de prix. Ces informations sont en général plus facilement accessibles dans la mesure où elles sont moins sensibles que les données sur les recettes, et peuvent fournir des données utilisables dans la méthode de la valeur unitaire et pour le calcul

Tableau 9.4.1 Modèles appariés : lignes téléphoniques terrestres Pondération

des dépenses Tarif

(prix unitaire en dollars) : période de base

Tarif

(prix unitaire en dollars) : période t

Modification du prix soumis à tarif (en %)

Appels nationaux Locaux

Heures de pointe Heures creuses

50 30 20

1,20 0,80

1,30 0,80

+ 0,10 (8,3 %) 0,0 (0,0 %) Appels interurbains

Heures de pointe Heures creuses

20 5 15

2,10 0,90

2,50 1,10

+ 0,40 (19,0 %) + 0,20 (22,2 %) Appels

internationaux Vers Le Cap (prestataire A) Vers Singapour (prestataire B) Vers Washington (prestataire C)

30 10

10

10

3,50

4,20

3,90

3,50

4,40

5,10

0,0 (0,0 %)

+ 0,20 (4,8 %)

+ 1,20 (30,8 %)

Indice (moyenne géométrique pondérée)

100 1,9416 (admettons)

2,1673 + 0,2257 (11,63 %)

des pondérations dans la méthode des échantillons appariés. Les autorités réglementaires nationales peuvent aussi parfois fournir des profils détaillés à titre confidentiel.

9.4.26 En principe, l’emploi des profils de clients est relativement simple. Une fois que l’on a repéré les profils, on calcule le prix de chaque offre de service, puis on le calcule à nouveau sur la base des factures (fictives) que ces clients virtuels recevraient. On estime les coûts encourus par chaque groupe de clients, pour plusieurs offres, sur la base d’informations sur les ventes, de façon à déterminer l’importance relative des différentes offres et des groupes de consommateurs ciblés correspondants. L’indice global est ensuite établi comme d’habitude en pondérant les coûts unitaires moyens pour ces profils

d’usagers en fonction de l’importance relative des dépenses de chaque offre de service (représentant une catégorie de consommateurs).

9.4.27 Cette méthode peut poser problème lorsqu’une nouvelle offre, différente et plus avantageuse, est offerte l’année suivante alors que le prix de l’offre précédente continue d’être calculée. Dans ce cas, la baisse du prix unitaire ne sera pas reflétée dans l’indice. Une nouvelle offre de service pourrait donc offrir des prix moyens plus élevés ou plus bas sans que l’IPC ne capture les modifications de prix intervenues entre l’année 1 et l’année 2.

Méthode des échantillons de factures 9.4.28 Cette méthode est en principe très proche de la méthode des profils de consommateurs, mais elle peut être plus Tableau 9.4.2 Profils de consommateurs : services de téléphonie mobile

Spécification Unité Petit usager Usager moyen Gros usager Utilisation totale (par

période de facturation) à l’exclusion des textos

Minutes 14 24 59

Appels

Au sein du même réseau

Heures de pointe Nombre* 5 (35) 10 (35) 15 (40)

Heures creuses Nombre* 10 (55) 10 (65) 20 (80)

En dehors du réseau

Heures de pointe Nombre* 0 (0) 5 (20) 15 (25)

Heures creuses Nombre* 5 (20) 10 (30) 20 (40)

Vers une ligne terrestre fixe

Heures de pointe Nombre* 0 (0) 0 (0) 5 (20)

Heures creuses Nombre* 5 (3) 5 (8) 5 (13)

Autres services

Texto Nombre* 5 (20) 10 (25) 30 (35)

*entre parenthèses, durée moyenne des appels, en secondes

difficile à appliquer en pratique car elle nécessite davantage de données et exige l’accès à des données personnelles plus précises et plus sensibles sur le plan commercial.

Ajustement aux changements