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Chapitre 1 Cadre théorique

1.3 Méthodologie générale

1.3.2 Méthodes de traitement de données

Ce projet de recherche est à la fois qualitatif et quantitatif. Pour réaliser le portrait de l’évolution de la baie tel que présenté dans le Chapitre 2, une revue des sources primaires et secondaires a été effectuée. Puisque le Chapitre 2 est en soi une synthèse de la géohistoire de la baie sur une longue durée, les informations et le portrait présentés ont été établis par l’analyse d’études archéologiques, sédimentologiques et géographiques réalisées par des auteurs comme Bonnot-Courtois et al. (2014), Furgerot et al. (2013), Morzadec-Kerfourn (1995), Tessier et al. (2006 ; 2012; 2017) et Verger (2009), ainsi que par la consultation de documents historiques, dont des cartes comme celle de Mortier (1693).

Pour documenter l’évolution de la superficie des marais dans la zone d’étude depuis la poldérisation, des cartes historiques (Mortier, 1693; Saccardi, 1693; Forestier, 1734) et les jeux de photographies aériennes (Tableau 2) ont été intégrés et géoréférencés dans un SIG

type polynôme de deuxième ordre. Les données quantitatives (superficie des marais) ont été compilées et traitées avec le logiciel Excel (MicrosoftⓇ). La superficie des marais salés a été

déterminée en mesurant la surface couverte par la végétation halophyte. Le trait de côte a été défini comme la limite de la végétation halophyte du marais. Pour documenter l’évolution du trait de côte, 30 transects, placés à un intervalle de 150 m, ont été tracés dans la zone d’étude avec une orientation nord-sud (Figure 9). Quatorze transects sont sur ou à l’ouest du MSM (en rose) et seize sont à l’est (en bleu). La distance du trait de côte a été mesurée en fonction de l’année la plus ancienne dans les jeux de photographies aériennes, soit 1947. Le delta Δ (la différence entre deux années) a été calculé et transcrit dans Excel pour chaque transect. Afin de documenter, de représenter et d’analyser l’évolution altitudinale de la baie, des données LiDAR ont été utilisées pour construire des modèles d’élévation dans ArcMap. Le module d’analyse d’image du logiciel a permis, grâce à la calculatrice Raster, de calculer et de représenter la différence d’élévation entre chaque année.

Figure 9 : Transects de la zone à l’étude. Source : IGNF, 2015.

En ce qui a trait à l’analyse des variables de forçages extrinsèques au marais, une analyse de la variance (ANOVA) a été réalisée avec les données marégraphiques du marégraphe de Saint-Malo afin de déterminer la tendance de changement du niveau de la mer et la signification de cette tendance à un seuil de α = 0,05. Les données, à la base horaire, ont ensuite été simplifiées en données journalières et les valeurs minimales, moyennes et maximales ont été extraites grâce à l’utilisation d’un tableau croisé dynamique dans le logiciel Excel. Les journées comportant 21 heures de données enregistrées et moins ont été exclues des analyses (Cayer, 2020). En effet, les probabilités de ne pas être en possession des données des marées hautes et basses avec 22 valeurs enregistrées sont très faibles (<10 %) et permettent ainsi d’éviter un biais potentiel. Les valeurs journalières minimales ont ensuite été soustraites aux valeurs journalières maximales afin d’obtenir l’amplitude des marées. Les

valeurs d’amplitude, ainsi que les valeurs d’évolution du trait de côte et de la superficie des marais, ont été centrées et réduites conformément à l’équation suivante :

𝑥 =

,

où 𝑥 est la valeur centrée réduite, 𝑋 est la valeur de la donnée, µ est la moyenne du jeu de donnée et 𝜎 correspond à l’écart type du jeu. Cette manipulation a été effectuée afin de permettre la superposition et la comparaison des valeurs des différentes analyses (amplitude des marées, évolution de la superficie et du trait de côte) sur une même échelle sous forme de graphique.

Ensuite, une typologie et une cartographie conceptuelle de la baie ont été réalisées avec le logiciel ArcMap dans le but d’obtenir un portrait holistique de l’environnement et des dynamiques côtières de la baie du Mont-Saint-Michel. Cette étape a été inspirée par l’approche développée par Cowell et al. (2003a et 2003b) et French et al. (2016) qui consiste sommairement à cartographier et schématiser les interactions entre différents éléments méso- scalaires, c’est-à-dire qui évoluent sur une base décennale et centennale, d’un système côtier.

Afin d’explorer la conceptualisation du patrimoine et du DD du site, ainsi que la conception et la réalisation du RCM, une analyse critique de la littérature et une analyse de contenu ont été accomplies. L’analyse effectuée s’est concentrée sur la documentation produite en lien avec le projet RCM. Celle-ci comprend entre autres des rapports produits par l’UNESCO (2019), le gouvernement français (Brassens et al., 2005; de Senneville et Verlhac, 2009; Banquy et al., 2013; 2014), le Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel (Projet Mont-Saint-Michel (2019a; 2019b; 2019c), les médias, etc. Une fois la documentation dépouillée, les principaux acteurs ont été identifiés, puis leur discours a été identifié et analysé. Pour ce faire, une attention particulière a été portée sur les termes employés, sur leur contexte d’utilisation et sur la signification que chaque auteur leur octroyait (Foucault, 1969). Le public visé a également été tenu en compte. Enfin, une mise en relation des discours et des conclusions du RCM a été effectuée afin d’analyser de manière critique les résultats du RCM et l’influence des discours sur ceux-ci. Cette analyse permet, dans le cadre de ce projet,

d’exposer les enjeux et possibles difficultés de la mise en œuvre du DD dans un projet d’aménagement côtier.

Finalement, une revue de la littérature a été réalisée sur les concepts de trajectoire écologique, de succession et de communauté climacique (Tansley, 1935; Worster, 1994; Lévêque et al., 2003; Hatvany et al., 2015; Valette, 2019). Une analyse rétrospective a ensuite été effectuée sur l’évolution des marais intertidaux de la baie du MSM, tout en la mentant en relation les concepts de trajectoire, succession et climax. Cette étape a été réalisée afin de mieux comprendre l’influence de l’humain sur l’environnement physique et les marais intertidaux de la baie du MSM.