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Chapitre 3 : Vision zéro-sum des relations de genre dans le contexte éducatif

I. Etude princeps n°0 Le collège comme un jeu zéro-sum entre les filles et les garçons : différences de

I.1. Méthode

I.1.1. Participant.e.s

L’échantillon comprenait 224 élèves, dont 117 filles et 102 garçons (5 participant.e.s n’ayant pas indiqué leur genre). La répartition des participant.e.s dans les différentes conditions expérimentales est présentée dans le Tableau 1. Tou.te.s étaient scolarisé.e.s en classes de 5e (n= 138) ou de 4e (n= 85, information manquante pour un participant) dans différents collèges situés dans l’agglomération de la ville de Clermont-Ferrand, dont trois établissements publics (16% de l’échantillon) et un établissement privé. La moyenne d’âge de l’échantillon était de 12.52 ans (ET = 0.67). Cent quarante-huit participant.e.s présentaient un statut socio-économique élevé pour 30

59 participant.e.s de bas statut socio-économique, 46 participant.e.s (environ 20% de l’échantillon) n’ayant pas correctement renseigné leur statut socio-économique. Les participant.e.s ont été recrutés sur la base du volontariat et pour chacun le consentement parental a été obtenu.

Tableau 1.

Répartition des participant.e.s dans les conditions expérimentales selon leur genre (étude princeps)

Genre

Condition Garçons Filles Total

Contexte menaçant 35 42 77

Contrôle 36 39 75

Contexte peu menaçant 31 36 67

Total 102 117 219

I.1.2. Procédure

Les participant.e.s avaient pour tâche de compléter un questionnaire lors de passations collectives. Ces passations, d’une durée approximative de 30 minutes, avaient lieu dans une salle de classe ou d’étude au sein de l’établissement scolaire des élèves. Une seule et même expérimentatrice procédait à l’ensemble des passations. L’étude était présentée aux participant.e.s comme s’intéressant à leur perception de l’école et de la réussite scolaire. A ce titre, les participant.e.s avaient pour consigne de lire un texte et de répondre à des questions concernant différents aspects de l’école. Les participant.e.s étaient assuré.e.s de l’anonymat de leurs réponses. Chaque passation commençait par la présentation d’exemples permettant de s’assurer de la compréhension du fonctionnement des échelles de réponse. Dans la mesure où des études montrent que les garçons ont tendance à être plus orientés vers la compétition que les filles (e.g., Niederle & Vesterlund, 2007), nous avons décidé de contrôler l’effet des croyances en lien avec la perception d’une compétition entre élèves. Les participant.e.s commençaient donc par compléter une échelle de croyances zéro-sum interindividuelles.

Manipulation du contexte intergroupe. Les participant.e.s devaient ensuite lire un texte constituant notre manipulation expérimentale du contexte intergroupe. Il.elle.s étaient aléatoirement réparti.e.s selon trois conditions : un contexte intergroupe menaçant, un contexte intergroupe peu menaçant et une condition de contrôle. En fonction de la condition expérimentale, des informations différentes sur la réussite en classe et aux examens (i.e., brevet des collège et

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baccalauréat) étaient données aux participant.e.s. Afin de créer un contexte intergroupe menaçant, le texte expliquait aux participant.e.s que l’exogroupe réussissait mieux que l’endogroupe dans le domaine scolaire. Dans cette condition, nous mettions donc en avant la meilleure réussite scolaire des filles auprès des garçons et la réussite des garçons auprès des filles. A l’inverse, pour un contexte intergroupe peu menaçant, le texte présentait la meilleure réussite de l’endogroupe par rapport à l’exogroupe. Nous mettions alors en avant la réussite scolaire des garçons auprès des garçons et la réussite des filles auprès des filles. Pour la condition de contrôle, le texte évoquait le choix des langues vivantes au collège en présentant des statistiques concernant les langues vivantes les plus fréquemment choisies par les élèves. Dans la mesure où les collégien.ne.s doivent choisir une première puis une seconde langue vivante dans les premières années de l’enseignement secondaire, ce texte abordait un sujet pertinent (bien que non compétitif) pour les participant.e.s. L’expérimentatrice ignorait alors tout de la répartition des participant.e.s dans les différentes conditions, celle-ci se faisant aléatoirement lors de la distribution des questionnaires. Suite à la lecture du texte, les participant.e.s répondaient à des questions de contrôle des manipulations. Il.elle.s complétaient ensuite la mesure de croyances zéro-sum de genre dans le contexte scolaire. Pour terminer, les participant.e.s étaient invité.e.s à renseigner quelques informations biographiques telles que leur âge, leur niveau scolaire, leur genre et la profession de leurs parents. A la fin de la passation, l’expérimentatrice remerciait les élèves de leur participation et procédait à un débriefing. Un compte rendu était adressé à chaque chef.fe d’établissement à la fin de l’étude.

I.1.3. Mesures

Croyances zéro-sum interindividuelles. Six items formaient une échelle de croyances zéro- sum interindividuelles appliquée au domaine scolaire (α = 78) permettant de mesurer l’adhésion des élèves à l’idée selon laquelle la réussite scolaire d’un élève se fait au détriment des autres élèves (e.g., « L’école est comme une partie de tennis, un élève ne peut réussir que si d’autres échouent. »). Sa construction reposait sur une traduction et une reformulation de l’échelle créée par Rozycka- Tran et al. (2015). L’adhésion à cette perspective zéro-sum était un indicateur d’une vision compétitive des relations entre élèves à l’école, indépendamment du genre.

Contrôle des manipulations. Afin de contrôler l’efficacité de l’induction expérimentale portant sur la nature du contexte intergroupe, deux items ont été créés (α = .65). Ils permettaient de tester si les élèves avaient bien intégré les informations contenues dans le texte d’induction. Les participant.e.s devaient indiquer dans quelle mesure il.elle.s pensaient que les filles et les garçons obtenaient les meilleures notes au brevet des collèges et au baccalauréat (« Au brevet des collèges et au baccalauréat, les élèves qui obtiennent les meilleures notes sont les filles [garçons]. ».

61 Croyances zéro-sum de genre dans le contexte scolaire. Sept items formaient une mesure des croyances zéro-sum de genre dans le domaine scolaire (α = .77). Cette échelle a été construite sur la base des items proposés par Wilkins et al. (2015). Elle permettait de mesurer l’adhésion des élèves à l’idée selon laquelle la réussite scolaire des filles se fait au détriment des garçons et inversement (e.g., « En classe, prêter moins d’attention aux problèmes des filles pourrait améliorer la situation des garçons. » ; « A l’école, aider les garçons augmente les difficultés des filles »). L’adhésion à cette perspective zéro-sum constituait un indicateur d’une vision compétitive des relations entre les deux groupes de genre à l’école.

Pour l’ensemble de ces mesures, les réponses étaient données à l’aide d’une échelle type Likert en sept points allant de 1 (Pas du tout d’accord) à 7 (Totalement d’accord).

Statut socio-économique. L’indicateur du statut socio-économique utilisé dans cette étude était la profession des parents (Kraus & Stephens, 2012). Si un de parents appartenait à la catégorie des « artisans, commerçants et chefs d’entreprise », « cadres et professions intellectuelle supérieure » ou « professions intermédiaires », les participant.e.s étaient considérés comme appartenant à une famille de haut statut socio-économique. Dans le cas contraire, un bas statut socio-économique leur était attribué.