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Chapitre II : Enjeux mémoriels

II- 4-Mémoire littéraire

Notre corpus est traversé par plusieurs textes qui, ou bien se fondent dans la narration jusqu’à ne faire qu’un ou bien se démarquent par des signes typographiques. Ces textes appartiennent sans conteste au patrimoine littéraire universel et en leur donnant la primauté dans cette partie de notre analyse, nous tentons de montrer que par cette dynamique d’insérer d’autres textes dans leurs écrits, qui vont des chansons du terroir aux livres sacrés,

en passant par les adages, les auteures tendent à préserver une certaine mémoire, orale et écrite, mais en tout cas productrice de sens.

II-4-1-Romans des origines

Les textes de Maïssa Bey et de Nancy Huston présentent un autre intérêt commun, celui de la préservation et de la mise en avant d'une certaine mémoire littéraire, c’est-à-dire la présence en force du concept de l'intertextualité dans notre corpus. Désignant à l'origine une forme de dialogisme signalée par la coprésence de textes multiples à l'intérieur de tout énoncé dès lors considéré comme une mosaïque de citations, l'intertextualité renvoie au caractère hétérogène constitutif des œuvres littéraires et spécialement du roman, lieu par excellence des rapprochements entre plusieurs voix plus au moins distinctes.

Le concept d'intertextualité puise sa définition initiale dans le fait que « tout texte

s'écrit à partir d'autres textes, dans les marges d'un écrit antérieur »364, imitation est à la fois hommage, rivalité, dialogue, bref, au sein de l'écriture se rencontrent d'autres textes, générant une contamination et faisant apparaitre une certaine littérarité des documents et un aspect documentaire de maintes fictions : « Au roman des origines, il emprunte l'incessant

entrecroisement de la mémoire familiale et de la mémoire intertextuelle, selon un vertigineux jeu de mises en abyme, où investigation généalogique et fouille intertextuelle s'entrelacent »365. La confrontation de plusieurs textes permettra de voir comment un écrivain s’empare délibérément du texte d’un prédécesseur à la fois dans un souci d’émulation et pour le faire sien, sans l’abolir pour autant

Faut-il considérer comme un phénomène intertextuel la seule présence objective d’un texte dans un autre, dont la forme emblématique serait la citation ? Mais que signifie l’objectivité, lorsque la mémoire, la culture, c’est-à-dire aussi bien l’ancrage dans une histoire donnée, sont en jeu ? »

II ne serait pas vain en parlant ici de la notion d'intertextualité, de l'associer à la quête identitaire présente dans les littératures francophones. Assimilée d'office à une interculturalité, elle acquiert une autre fonction, à part celle de signaler la présence d'autres textes dans les

364BENIAMINO, Michel ; GAUVIN, Lise, Vocabulaire des études francophones, les concepts de base, op., cit., p. 15

énoncés. Elle devient un concept opératoire « qui permet de comprendre l'histoire de ces

littératures, de leur constitution et de leur affranchissement »366

L'étude de cette intertextualité des littératures francophones se fait d'abord dans une première vision, fondée sur l'axe colonisateur/colonisé, nous conduisant d'abord à remarquer une omniprésence des (inter)textes canoniques français, que ce soit à titre de modèles ou de références littéraires.

A un stade postérieur du développement des littératures ex-coloniales en français, l'intertextualité peut devenir un véritable « performant diégétique »367, pour parler comme André Belleau, c'est-à-dire un élément qui intervient dans le déroulement de l'intrigue ; associe à cette composante fondamentale de l'œuvre, il rend donc compte d'«une

appropriation en profondeur de textes souvent puises dans plusieurs traditions et non uniquement dans celle de l'ex-métropole »368. Il arrive bien sûr que cette intertextualité «profonde » joue sur d'autres plans que sur celui de l'intrigue.

Nous relevons plusieurs degrés dans le recours à d'autres textes ; cela commence par une intertextualité empreinte d'un certain respect, à deux doigts du pastiche, qui traduit la conception que se font les écrivain(e)s francophones de leur « handicap » initial (c'est-à-dire de leur « retard », de leur pauvreté) et qui génère ou même reconduit les hiérarchies, en trahissant ce qui est appelle « une foncière insécurité culturelle»369. Ensuite, l'on passe progressivement, au fil des décennies, a une activité intertextuelle plus explicite, empreinte même quelquefois d’agressivité.

Les ouvrages de Maïssa Bey et de Nancy Huston sont un carrefour de citations et de renvois à des textes antérieurs et au patrimoine littéraire. Cantique des plaines, comme son nom l'indique, est une collection de textes appartenant au patrimoine musical ; ce dernier constitue l'essence même de l'œuvre, le socle sur laquelle elle repose, tel cet extrait du Voyage

du chrétien370, ouvrage constituant le livre de chevet de la tante de la narratrice et qui a servi

366BENIAMINO, Michel ; GAUVIN, Lise, Vocabulaire des études francophones, les concepts de base, op. cit., p. 18

367BELLEAU, André, Le romancier fictif, Sillery, Presses de l'Université du Québec, 1980, cité in BENIAMINO, Michel ; GAUVIN, Lise, Vocabulaire des études francophones, les concepts de base, op. cit., p14

368BENIAMINO, Michel ; GAUVIN, Lise, Vocabulaire des études francophones, les concepts de base, op. cit., p. 17

369 Ibid., p. 14

de perspective d'un univers magique à Paddon depuis son enfance, mais dont les promesses ont été réduites à néant : « Nous y serons avec les Chérubins et les Séraphins [...] qui sont des

créatures si glorieuses que nos yeux seraient éblouis de les voir...Chacun de ces êtres se tient sans cesse en la présence du seigneur, plein de joie» (CDP, p. 28)

Dans Cantique des plaines, Nancy Huston attribue aux personnages principaux des métiers où l'écriture tient une place prépondérante : Paula, journaliste, éprouvant le plus grand mal à rassembler les morceaux épars du manuscrit et de la vie son grand-père, ce dernier étant lui-même enseignant d'HISTOIRE, ayant une vocation d'écrivain et rédigeant son mémoire de maitrise sur Saint-Augustin, de sorte que plusieurs citations de l'illustre théologien ponctuent le récit de Paula : « Ce n'est pas dans le temps, disait Augustin en s'adressant à Dieu, que

Vous précédez le temps : autrement Vous n'auriez pas précédé tous les temps»(CDP, p. 29), le temps qui est le principal thème du livre que voulait rédiger Paddon, et dont Paula a retrouvé quelques extraits, ces derniers devenant par-là la seule mémoire dont elle hérite :

Les mots avancent. Le langage se déploie dans le temps. Il peut ralentir le temps, faire semblant de tenir ou de retenir les secondes, planer sur place, se figer en montrant du doigt sa propre suspension miraculeuse, mais il ne peut faire en sorte que le temps recule (CDP, p. 14)

Comme nous l’avons cité auparavant, Cantique des plaines a d’abord été rédigé en anglais puis auto-traduit en français, mais à ce point de notre analyses, il serait utile de préciser que les deux versions du roman comportent une différence importante, celle de la suppression d’un passage d’un commentaire politique et d’une comparaison entre les Autochtones canadiens et les Algériens, qui ont conquis leur indépendance et expulsé les Français de leur pays (les pages 197-198 de Plainsong correspondant à la page 238 du

Cantique des plaines). Le lecteur assiste à l’omission d’un passage important du roman, il s’agit de l’isolation d’un niveau du texte-source, ce qui prouve encore une fois que la version française est une recréation. C’est la technique la plus proche de l’adaptation ou de la transposition. La recréation produit ici le même effet que l’original.

Nancy Huston n’a pas traduit dans la version française les vers des chansons de cow-boy, western, inconnues par le public francophone pour recréer une atmosphère authentique dans son roman. Dans la version anglaise, les chansons et les hymnes sont intégrés dans le texte avec lequel ils forment un ensemble linguistique, thématique et culturel :

Huston tient à ce que chaque phrase participe, de par sa phonétique et sa ponctuation, au chant de l’histoire. Le but de l’écrivaine était de marier la syntaxe, la musique et le paysage albertain. Les phrases suggèrent l’idée d'éternité: elles sont longues, enchevêtrées et lyriques comme les champs de blé à perte de vue.371

La différence que nous pouvons relever est celle des registres. Ses textes contiennent de nombreuses ruptures de style, à travers lesquelles Huston s’amuse, joue et passe du style soutenu au style familier. Il est plus facile pour elle, étrangère, que pour les natifs de transgresser les normes strictes de la grammaire française.

Dans Instrument des ténèbres, l'intertextualité est également prolifique car le récit est composée de deux récits enchâssés l'un dans l'autre et sert même à expliquer l'annihilation de l'identité de la narratrice, Nadia devenue Nada :

(L'initiale N m’enchante au plus haut point. Selon certain auteur français du siècle dernier, ce phénomène est singulièrement apte à exprimer des idées de négation, d’anéantissement et de nihilisme, et j'ai tendance —Nil Nul Nix Niet- A lui donner raison. L'auteur en question s'appelait Nodier372) (IDT, p. 10)

371TURTUREANU, Aliteea-Bianca, « Translinguisme et transculture dans l’œuvre de Nancy Huston », [Thèse en ligne], université de Cluj-Napoca (Roumanie), 2012, p. 112 in http://ciret-transdisciplinarity.org /biblio /biblio _pdf/Aliteea_Turtureanu_Final.pdf

372Charles Nodier, philologue, poète et romancier du XIXème siècle, membre de l’Académie Française, in http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-nodier

Puisque nous avons essayé de montrer précédemment que la narratrice d’Instruments des ténèbres puise largement dans la propre vie de Nancy Huston, nous y revenons également à ce point de notre travail car Nancy Huston vit en France, dans le Berry, sa région d’adoption et elle fait intervenir dans son récit un extrait d’un ouvrage qui parle justement de la région du Berry, rédigé par un natif de la région :

Nous luy avons trouvé une contusion très meurtrière à côté de l’œil gauche; après avoir fait l’ouverture de la tête dudit Deluteau, nous avons trouvé la délarcade de la pommette; fracturée, après laditte dilatassion faite, à qui nous avons donné occasion de plus grande recherche, nous avons trouvé que la contusion et fractures avoient été faite par un terrible instrument contondant,‘ que le coup avoit occasionné un contrecoup; au côté opposé de la tête et qui a occasionné des ruptures à toute la partie opposée de la tête.

Ça, c’est la première phrase. Voici la deuxième :

Après toute direction faite, nous avons trouvé la temporale tout fracturé de la rondeur d’environ deux pouces de diamètre, et une fente au parietalle du même côté opposé audit coup, ce qui a occasionné une rupture aux vesseauxsansgains de la tête, dont le sang s’étoit extravasé d'une partie à l’autre des dittes deux parties fracturées de manière que le serveau s’est trouvé tellement à saigné de la bondance du sang par la violence du coup et commotion a occasionné un épanchement à tout le viscère, comme il a peu de ressort, il n’a pas pu revenir de cet état et par conséquent la distribution des esprits dans tout le reste du corps nécessaire pour tous les mouvements avoient cesses dans l’instant qui a occasionné la mort.(IDT, p. 120) 373

373Les Drs Michel Texier et Léonard de Bize, cités in André Alabergère, Au temps des laboureurs en Berry, Édition CGH-B, p. 179. (Nous avons reproduit ces extraits tels quels, c’est-à-dire en transcrivant fidèlement les erreurs, reproduites par l’auteure). Ancien cadre au T.G.V, André Alabergère a longuement exploré archives oubliées et vestiges de l'ancien Berry, en quête de ses aïeux laboureurs jusqu'au Moyen Âge et de témoignages

Ce recours à un autre texte, nous y voyons une volonté de l’auteure à rendre hommage à sa région d’adoption par le biais d’une intertextualité féconde, car l’extrait (presqu’une page) est reproduit tel quel par Nancy Huston, qui n’omet pas de citer la référence exacte. L’hommage n’est pas le seul moteur de l’auteure, nous y voyons également un clin d’œil à l’HISTOIRE de toute une région rapportée par un témoin d’envergure ; l’extrait proposé décrit les dommages causés au cerveau par un coup mortel, ce qui amène l’auteure/narratrice à enchainer de suite en abordant directement le concept de la mémoire et en l’appréhendant scientifiquement(association cerveau/mémoire), ce qui conforte notre idée principale, à savoir que notre corpus est hautement mémoriel : « Notre mémoire est

littéralement stockée374dans une partie spécifique dans ce chou-fleur gris, et elle est susceptible d’être ranimée à tout instant […] sans doute que le niveau secondaire de leur cortex occipital se trouve drôlement stimulé » (IDT, p. 121). Ce qui est encore plus intéressant dans cet angle intertextuel est que la narratrice continue dans sa lancée en mêlant l’une des rares fois dans ce récit des personnages de la Sonate de la résurrection et du Carnet

Scordatura: Jeanne l’amie de Barbe, Sabina l'amie de Nadia: « quand le cerveau de Jeanne

lui a sauté hors de la tête, ou quand celui de mon amie Sabina a été enfoncé » (IDT, p. 121) La narratrice se sert également de l’intertextualité pour tenter de trouver une explication de la violence de son père contre sa mère en citant Freud telle qu'elle s'en souvient, d'après l’expression utilisée par Sigmund Freud, expliquant également la violence dont il usait envers sa femme :

Peu de temps après leur mariage, Sigmund Freud écrivit une lettre à son épouse Martha pour lui expliquer ses ponctuelles explosions de mauvaise humeur : celles-ci, d’après lui, étaient le résultat de sa nature violente et passionnée. En

sur les campagnes de l'Ancien Régime. Il présente ces documents retrouvés, illustrés de fac-similés, pour servir la mémoire d'une civilisation rurale millénaire menacée de disparition.

Des commentaires et des documents originaux sur l'histoire des laboureurs et la vie rurale des campagnes sous l'Ancien Régime à travers la généalogie de la famille des Alabergère, depuis le 17e siècle in http://cgh-b.pagesperso-orange.fr/publications/livres/labour.htm

effet, « il était comblé de toutes sortes de démons qui ne [pouvaient] sortir » et qui grondaient en lui ou « [se trouvaient] lâchés contre toi ma chérie ». Je me suis toujours demandé comment Martha Freud avait réagi à cette lettre: a-t-elle compris ce que son mari voulait dire ? Voici l'alternative : ou bien ils grondent en moi, ou se trouvent lâches contre toi ma chérie (IDT, p. 87)375

Dans l'autre récit parallèle, dont l'action se déroule il y a plusieurs siècles, la narratrice fait un clin d'œil à la tradition orale, qui prévalait à cette époque et qui se matérialise dans la mémoire de Barbe, l'héroïne qui pense à son frère jumeau, Barnabé (personnage inventé par l'auteur) : « Elle rêve qu'ils se retrouvent et qu'ils vivent ensemble, les deux orphelins, comme

dans l'histoire de Jeannot et Margot qu'elle a entendu raconter tant de fois» (IDT, p. 32) Dans Entendez-vous dans les montagnes, Maïssa Bey introduit la troisième personne et l’intertextualité avec Le liseur376de Bernard Schlink (dont plusieurs passages sont alternées avec le texte initial, sans aucun préambule ni annonce) ; le premier extrait du liseur, livre qu’est en train de lire la narratrice dans le train, fait irruption dès le début de la lecture, page 10 précisément, alors que ce n’est qu’à la page 24 que nous est révélé le nom de l’auteur et de son ouvrage. L'ouvrage de Schlink parle d'une gardienne d'un camp nazi, Hanna, qui ne sait pas lire et dont le compagnon, un étudiant en droit plus jeune qu'elle lui fait la lecture chaque soir sans être au courant de son analphabétisme. Plus tard, ayant perdu le contact avec elle et devenant avocat, il tombe sur elle, prisonnière alors qu'il supervise ses étudiants dans un des procès contre les nazis. Ces repères jouent comme des opérateurs de distance en faisant une action routinière, est-ce pour souligner l’inhumanité du bourreau à travers cette incompréhensible indifférence ? Avec ces trois reprises textuelles, Maïssa Bey établit délibérément un lien entre la Shoah et la guerre d’Algérie. Les bourreaux (comme Hanna dans

Le liseur et l’ancien appelé dans Entendez-vous dans les montagnes…) sont parmi nous et peuvent avoir un visage très humain. La femme algérienne aura besoin de cette leçon à la fin de son voyage. Ainsi elle peut faire face à celui qui est peut-être le bourreau de son père. Le roman allemand l’aide aussi à comprendre le bourreau : il ne haïssait pas ses victimes, elles lui étaient complètement indifférentes, aussi ambivalente que cette explication puisse être.

375Lettre du 10 novembre 1883, citée in Ernest Jones, la vie et l’œuvre de Sigmund Freud, t. I, Les jeunes années (1856-1900, New York, Basic Books, p. 215. Les crochets sont de l’auteure.

L’intertextualité avec Le liseur ne met pas seulement en lumière l’impossibilité de lire la réalité et de juger les bourreaux à travers une vision unidimensionnelle, il aide aussi à rendre le récit plus universel.

Son récit est émaillé donc de plusieurs extraits de Schlink, Le liseur : « Je

l’observais avec ses cheveux gris, ses joues toujours mal rasés, les rides profondes qu’il avait entre les sourcils et qui couraient des ailes du nez aux coins de la bouche. J’attendais377 » (EVDLM, p. 63). Ici l’originalité réside dans le fait que les extraits du liseur se confondent avec le récit de Maïssa Bey au point où l’on a du vérifier si plusieurs passages appartenaient à Maïssa Bey ou à Bernard Schlink ; par exemple dans l’extrait ci-dessus, la description du personnage pouvait laisser penser qu’elle s’appliquait au médecin dans le train, ce qui a attiré notre attention, ce sont les caractères en italique, et encore, car les pensées du médecin, compagnon de train de la narratrice, pensées qui vagabondaient à l’époque où il était un jeune appelé en Algérie étaient toujours transcrites en italique…L’élément qui a achevé de nous pousser à vérifier est la répétition de ce passage (pages 10 et 63), une page du livre sur laquelle la narratrice butait dans ce compartiment, comme un souvenir lancinant. Autre exemple de cet enchevêtrement intertextuel : « Lorsqu’il parla, il me fit un exposé sur la personne, la liberté et la dignité, sur l’être humain comme sujet et sur le fait qu’on n’avait pas le droit de le traiter en objet » (Le liseur,

p. 77)

Non, je ne parle pas d’ordres reçus et d’obéissance. Le bourreau n’obéit pas à des ordres. Il fait son travail. Il ne hait pas ce qu’il exécute, il ne se venge pas sur eux, il ne les supprime pas parce qu’ils le gênent ou le menacent ou l’agressent. Ils lui sont complètement indifférents(Le liseur, p. 81)

Dans Surtout ne te retourne pas, M. Bey puise dans un autre répertoire, celui des livres sacrés, et plus précisément le coran, elle décrit les enfants après le séisme qui a secoué la région algéroise « comme "des papillons dispersés" » (SNTP, p. 71) une citation empruntée à un verset du Coran sur la résurrection, [sourate 1011]

Cette rencontre de textes au sein d'une même œuvre nous mène vers une autre confrontation, toujours dans les écrits, à savoir la rencontre avec l'Autre. Un contact qui est loin de se matérialiser toujours, en littérature francophone et dans la réalité historique, dans un idéal d'échange et de complémentarité, mais plutôt empreint de violence. Cette confrontation s'effectue dans la comparaison entre le devoir de vérité comme héritage de la tradition ancestrale et une logique explicative d'une histoire arrangée, « de quoi générer un

puissant conflit d'interprétation, un brouillage des repères et une vacillation jusqu'au vertige

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