• Aucun résultat trouvé

PARTIE 6 - ANALYSE DES RESULTATS

B. Logique du don à l’œuvre dans l’engagement

Nous avons déjà évoqué les logiques du don concernant l’employabilité des jeunes engagés, toutefois il nous semble néanmoins intéressant et plus complet, d’analyser également le témoignage de notre échantillon sur cet aspect, concernant la citoyenneté.

1. L’objet du Don au départ

Sur son volet citoyenneté, la démarche d’engagement est guidée par un certain altruisme. Le don de départ repose sur des valeurs citoyennes, humanistes

Chloé(L1679) évoque le besoin de donner car elle estime être issue d’un milieu favorisé: « Moi, je sens que j’ai besoin d’apporter aux autres des choses en fait, parce que j’ai plus de chance à la naissance que d’autres. C’est un peu injuste, ce côté un moment tu nais à un endroit, et bien tu as le droit à cela, et à d’autres non »

Juliette (L1659) explique sa volonté d’aider ces concitoyens en difficulté, se référant à la piété religieuse, tout en s’en démarquant : « je suis citoyenne, et que je vais voter aussi, et citoyenne parce que j’aide les gens en difficulté, je vais faire des maraudes avec des

associations, pour les personnes vivant dans la rue, j’aide mon « prochain » même si je ne suis pas croyante, mais c’est vrai que cela se transpose aussi au niveau de l’engagement. »

2. L’incertitude du contre don

Le début de la démarche d’engagement des jeunes est marquée par une incertitude sur son action et ce qu’elle va engendrer exactement.

Jean-Pierre (L493) a envie de s’investir pour changer des choses, mais sait que le succès n’est pas garanti : « c’est une envie de m’investir pour qu’il y ait un impact, enfin essayer, » De même, Chloé (L 960) explique qu’au moment de son engagement elle partageait les mêmes doutes que son entourage mais, qu’elle a fait ce pari d’essayer : « Quand je lui ai dit

à mon père « J’arrête, je quitte un boulot qui est bien payé pour me lancer dans un projet, où je ne suis même pas sûre d’être payée à un moment donné, il m’a fait « Tu es sûre de ton coup ? » J’ai fait : « Eh bien oui, je fonce et je verrai si cela m’apporte … »

Du point du vue de la structure d’accueil, il apparait aussi que l’échange n’est pas certain au départ, Elisa (L550) l’exprime ainsi : « Je ne sais pas s’ils s’attendaient vraiment quelque

chose …Je ne sais pas s’ils ont attendu, et je ne sais pas s’ils ont même obtenu ce qu’ils attendaient… je ne sais pas du tout… »

3. Réciprocité, endettement mutuel positif

On retrouve dans l’échantillon le processus d’endettement mutuel entre l’engagé et la structure, chacun donne, mais se sent obligé de rendre autant, si ce n’est plus.

Elisa (L722) évoque le fait qu’une fois son engagement débuté, elle prend conscience que d’autres dépendent maintenant d’elle et qu’elle lutte parfois avec une envie d’arrêter : « avec

le magazine là j’ai compris qu’il ne fallait pas abandonner et qu’il fallait toujours continuer même si on a souvent envie de lâcher…Quand les autres sont impliqués dans un projet …on ne peut pas lâcher même si nous on en a envie parce que ça ne dépend plus que de nous… »

Michel (L 415) explique qu’il ressent le besoin de passer davantage de temps que la règle ne l’y oblige : « il y a une partie un peu bénévole, c’est un poste salarial, mais je ne compte pas

toujours mon temps, parce que travailler dans une association, il y a une partie du travail qui est un peu bénévole, là où je suis, c’est-à-dire que l’on ne compte pas nos heures. Si j’étais dans une autre structure pour un autre type de travail, je viendrais à l’heure où l’on me dit de venir et je partirais à l’heure où l’on me dit de repartir…

La confiance qu’on lui témoigne le motive et même le fait sentir redevable : « Mais là j’ai

une autonomie, on a confiance dans ce que je fais aussi, et du coup cela me pousse à aller quand même plus loin que ce que je peux donner ….Du coup il y a quand même cette part d’engagement …parce que voilà , il le faut parce que sinon je ne peux pas faire mon travail dans les heures qui me sont données …peut être que je suis trop lent (Rire), ou je ne sais pas…mais en tout cas….(Il cherche ses mots) je m’investis …..Peut-être un peu trop ? (Rire)

Chloé (L869) explique également que son engagement est une aventure à plusieurs, que des responsabilités collectives y naissent, et ont vocation à durer un certain temps : « Radio

Campus ; on l’appelle notre « Bébé », c’est une association mais c’est un bébé …et tout le monde même dans mon entourage l’a compris, et c’est quand même assez fort comme terme, parce qu’en fait on l’a construit, on l’a fait grandir tous ensemble… on est les parents d’une association ! »

4. Le rôle des relations affectives

Les relations affectives semblent importantes, par exemple au moment de l’engagement mais aussi au cours de l’engagement. Fadila (L465) raconte comment son entourage amical a déclenché son engagement : « quand ma camarade de classe m’a proposé de participer à ce

projet-là, j’ai tout de suite accepté », tout comme Nina (L470): « Quand j’en ai fait, de la radio, c’était le déclencheur, et puis dans mon cercle d’amis personnel », et Cédric

(L490) : « Une amie à moi, m’a proposé ça me plaisait bien »

Chloé(L799) quant à elle souligne que son engagement lui a fait tisser des liens d’amitié

: « Cela m’a apporté des amis, (Rire), c’est bête, mais c’est vrai… (Elle réfléchit), et …c’est déjà bien. »

Elisa (L719) aussi mentionne les liens noués avec ses camardes d’engagement : « j’aime

beaucoup travailler avec les gens du magazine… et sur ce plan-là, ça a été énorme parce que j’ai pu me faire des amis ».

Même Armand (L628) qui a tissé peut-être des liens moins forts a néanmoins étendu son réseau relationnel et amical : « Au final, j’ai développé une certaine relation, avec le groupe

que j’anime…. On s’entend bien ils viennent me voir même en dehors du temps de travail…et par Messenger »

A l’inverse, Mehdi, dans son engagement actuel ne semble avoir noué un lien affectif particulier (L1203) : « Il n’y pas une amitié intime avec ces personnes, on était dans

l’association, en dehors de l’association on ne se côtoyait pas…A part des compétences pures rien d’autres. »