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LLe trouble langagier comme symptôme 1 Définition du symptôme

CHAPITRE II : PEDAGOGIE RELATIONNELLE DU LANGAGE

II. A Alliance de trois mots

2. LLe trouble langagier comme symptôme 1 Définition du symptôme

La notion de symptôme est introduite en psychanalyse par Freud. Elle est à mettre en lien avec la notion d’inconscient et la théorisation de l’appareil psychique individuel. Trois espaces y sont décrits et liés de manière dynamique par des échanges de forces, de pressions et de clivages :

- Le conscient : espace psychique où sont reçues les perceptions du monde extérieur et

intérieur, il est aussi le monde des pensées.

- L’inconscient : espace auquel notre pensée n’a pas accès, rempli de contenus fortement chargés affectivement, dont la censure ou le refoulement refuse l’accès à la conscience. En effet, il exerce une poussée permanente sur les systèmes pré-conscient-conscient pour chercher à refaire surface mais il se heurte au refoulement.

- Le pré-conscient : espace intermédiaire entre le conscient et l’inconscient. Les contenus

du pré-conscient ne sont ni vraiment refoulés, ni réellement accessibles directement par la pensée. Ils peuvent cependant ressurgir sans être déformés. Exemple : les souvenirs anciens non réactualisés.

Les phénomènes psychiques correspondent donc à cet ensemble de forces en conflit, qui s’exercent notamment entre le conscient et l’inconscient. Elles sont donc à l’origine de conflits psychiques, dans lesquels l’inconscient essaie de ressurgir sous une forme tolérable pour la conscience. Le refoulement déforme alors le contenu de l’inconscient pour qu’il puisse s’exprimer d’une façon déguisée et acceptable.

Ainsi, au sens freudien, le symptôme est l’expression d’un conflit inconscient donnant naissance à une sorte de compromis entre le désir refoulé et les exigences de l’instance refoulante.

Plusieurs caractéristiques sont accordées au symptôme :

- Il résiste au traitement : même si visiblement le patient souffre de son symptôme, au

fond il résiste pour ne pas le voir disparaître. Selon Freud, il existe une certaine satisfaction dans ce symptôme et il faut pour comprendre cela, envisager la valeur du message porté par le symptôme.

- Il a un sens : il renvoie à un sens en attente d’un déchiffrage. Le contenu latent, la signification n’est pas manifeste car elle a fait l’objet d’un refoulement avec lequel il est en lien.

- Il peut se déplacer : s’il n’est pas entendu

- Il peut se transformer dans la relation à l’autre

2.2. LLe trouble langagier comme symptôme

En PRL, le trouble langagier est envisagé comme un symptôme qui fait sens : il nous parle, il dit quelque chose du sujet. Freud l’a affirmé : le symptôme « a un motif, un sens et une

intention ».16 Ainsi, même si le trouble langagier est organique, il faut prendre soin de l’accueillir

comme un symptôme : il a une signification puisqu’il est dans le langage qui est lui-même pris dans le symbolique.

Le postulat en PRL sera toujours le suivant : le symptôme, qui se donne à voir dans le langage, dit toujours quelque chose de la personne. C’est le moyen mis en œuvre par celle-ci pour se faire

entendre. Même si elle en souffre, il correspond au seul compromis possible pour maintenir un

semblant d’équilibre.

Le symptôme peut être gênant, faire souffrir, mais le sujet y tient, il ne peut s’en détacher. Freud appelle cette réaction « la réaction thérapeutique négative ». Ainsi la dyslexie serait un symptôme singulier ayant un sens, il est voué à la répétition tant qu’il n’est pas entendu. C’est la principale cause des échecs de rééducation qui n’en tiennent pas compte.

2.3. LL’orthophoniste et ce symptôme

Considérer le trouble langagier comme un symptôme nous amène à une façon particulière d’aborder la clinique :

- Le symptôme est aussi bien à entendre qu’à respecter - Il a du sens, même si celui-ci n’est pas lisible d’emblée

- Il peut se transformer dans le lien à l’autre, médiatisé par l’écriture, la parole, le jeu... Françoise Dolto nous disait « il y a péril à pourchasser le symptôme ». Devant un enfant en souffrance, il est tentant pour l’orthophoniste de vouloir supprimer ce symptôme qui est cause de mal-être ; mais cela reviendrait à supprimer le moyen de parvenir au sens dont le symptôme est porteur pour le sujet.

Etre un orthophoniste qui tient compte du symptôme c’est d’abord garder en tête que sa disparition ne correspond en rien à la guérison.

Ensuite, c’est prendre le parti que ce symptôme qui porte ici sur des troubles du langage, est

transformable dans le lien à l’autre. Pour cela, il n’est pas à prendre à la lettre, ce qu’il manifeste

explicitement a un sens caché, un sens latent dont il faut avoir conscience.

Il est à considérer comme un signifiant : en lui-même il ne désigne rien s’il n’est pas rattaché à la chaine des autres signifiants. Il se construit par des processus métaphoriques dans lesquels un nouveau signifiant remplace un ancien signifiant refoulé avec lequel il entretient des rapports de voisinage. Lacan disait à ce propos : « le symptôme est le signifiant d’un signifié refoulé dans la

conscience du sujet ».

L’orthophoniste sera amené à accompagner le patient dans la reconstruction subjective de sa propre histoire et de son rapport au savoir. Ce patient se présente à lui comme porteur d’un problème de sens. Du sens a été perdu et c’est ce qui entraine ses difficultés.

L’objectif sera d’accompagner le patient dans l’appropriation d’un langage qui le constitue en tant que sujet, qu’être à part entière. La délivrance de son échec sera permise par la parole entendue et le discours authentique qui naitra à ses côtés.

Cependant il serait dangereux de croire que le travail de l’orthophoniste PRL consiste à retrouver la cause profonde du trouble. Certes, les éléments reçus ont de l ‘importance pour le thérapeute,

mais le sens qu’il cherche reste latent. Nous y reviendrons plus loin, il ne lui appartient pas d’analyser et d’interpréter les manifestations du symptôme.