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D Deuxième cas : Marion 1 Présentation du sujet

Partie II PARTIE PRATIQUE

II. EEtude et analyse de cas

2. SSéances sous l’éclairage de la Gestion Mentale 1 Premier cas : Laura

2.2. D Deuxième cas : Marion 1 Présentation du sujet

Marion est une jeune fille de 12 ans, actuellement en classe de 6ème , diagnostiquée dyslexique.

Egalement suivie par une orthophoniste, elle consulte en Gestion Mentale pour des « difficultés de

La praticienne décrit une enfant débordant d’imagination, laquelle l’empêche souvent de canaliser sa pensée sur un objectif donné. En d’autres termes, son geste d’attention devient inefficace, en raison de la force de son geste d’imagination créatrice qui l’amène à tout déformer.

2.2.2. Observation de la séance

La séance débute par un état des lieux : pendant quelques secondes, Marion fait revenir dans sa tête l’essentiel de la séance précédente. Cela permet à la fois de faire le lien d’une séance à l’autre, et de consolider les connaissances.

La praticienne avait initialement prévu de travailler sur l’évocation d’un texte lu, en le traduisant en dessin. Cependant, elle s’aperçoit que Marion a apporté un livre, et lui demande alors si elle souhaite en discuter pendant la séance. La jeune fille parle alors de son histoire, elle avoue avoir quelques difficultés à comprendre certains passages et reconnaît savoir par cœur toutes les répliques du film qui y est associée.

Joëlle accueille ce que lui livre Marion et en profite pour essayer de lui faire préciser le type d’évocations qu’elle a fabriquées pendant sa lecture. Ce mouvement introspectif permet à la jeune fille de prendre conscience de ce qu’il y a dans sa tête et de le verbaliser. On observe que ce sont essentiellement des évocations visuelles :

- Marion : Quand je lis le livre, je revois dans ma tête les images du film.

- Joëlle : Et comment fais-tu lorsqu’il y a des passages du livre qui n’existent pas dans le

film ?

- Marion : Et bien je prends deux images du film et parfois j’en crée une au milieu.

Joëlle décide alors de mener la séance à partir du livre de la jeune fille, en travaillant sur la façon dont elle met les choses dans sa tête quand elle lit. Elle lui demande de raconter le début de l’histoire jusqu’au passage mal compris. Marion est très prolixe, très expressive, son discours est très vivant incluant gestes, onomatopées, expressions faciales, intonations riches. Joëlle l’écoute attentivement et tente de synthétiser sa pensée par le schéma suivant :

Livre

Quoi

Qui

- Joëlle : Si je comprends bien, tu es donc en train de répondre aux questions où, quand,

qui et quoi ?

Marion réfléchit un instant et acquiesce, ce que la praticienne lui renvoie.

Joëlle lui propose ensuite de reprendre ensemble le passage du livre dont Marion ne saisit pas le sens. Elle lui laisse le choix : « Tu préfères lire toi ou tu préfères que je lise moi ? ». Sur demande de l’enfant, Joëlle commence la lecture. A la première phrase, Marion dit ne pas comprendre. Joëlle poursuit et s’assure des évocations au fur et à mesure : « c’est bon, tu l’as

dans ta tête cette phrase ? ». Petit bout par petit bout, la compréhension du texte se construit.

Pour cela, Joëlle reprend les phrases, lui demande d’évoquer, lui pose des questions sur les lieux, lui demande d’anticiper la suite et essaie d’assurer les liens permettant à Marion d’évoquer le texte comme un tout cohérent.

La praticienne apporte aussi des explications et cherche à comprendre pourquoi certaines phrases n’ont pas de sens pour Marion. Ainsi, Joëlle repère que certaines évocations de paramètres 1

en première personne gênent la compréhension. En effet, la jeune fille évoque l’histoire de

façon très concrète en s’impliquant elle-même dans les évocations (projet de sens de première

personne). Ses images mentales ne sont pas en rapport avec ce qui est réellement dit dans le texte,

d’où la naissance de certaines incohérences.

L’accompagnement du geste de compréhension se poursuit à petit pas. Joëlle découvre avec Marion les phrases qui gênent la compréhension de la jeune fille : ce sont souvent celles supposant une condition, celles étant moins concrètes ou incluant un pronom dont le référent n’a pas été identifié par l’enfant.

Elle poursuit donc la lecture, reprend le vocabulaire et l’aide à faire des liens entre les différentes phrases. Souvent, Joëlle s’arrête et demande à Marion ce qu’elle en a compris. Le geste de compréhension est ici travaillé, réclamant sans cesse une comparaison entre la perception auditive et visuelle fournie par Joëlle, et les évocations formées par Marion.

Joëlle verbalise ce qu’elle observe du fonctionnement de Marion : « Ce qui semble t’embêter ce

sont les phrases que tu ne peux pas mettre en images dans ta tête. » Elle aborde par exemple la

notion de condition exprimée par « si » que l’enfant n’avait pas compris comme tel. Elle lui demande ensuite :

- Joëlle : Comment tu pourrais le mettre dans ta tête pour comprendre que c’est une

condition et que ce n’est pas sûr. Est-ce que ça t’aiderait de faire une parenthèse dans ta tête, et de te dire que tu la refermes ?

- Marion : Oui, ou alors un « ting !!!!! » , tu sais avec une bulle qui s’allume comme dans

les bandes dessinées.

Son évocation est visiblement pleine de sens pour elle, Joëlle l’accueille volontiers. Marion décrit ici une évocation à la fois visuelle, auditive et empreinte d’une certaine mobilité.

La praticienne relit une phrase difficile et demande à Marion de l’expliquer. L’enfant s’exprime avec beaucoup de spontanéité, elle apporte beaucoup de commentaires, de jugements sur les personnages et sur l’histoire. De même, elle ajoute beaucoup de gestuelle et de mimes en tout genre à son expression très vivace. Joëlle l’écoute attentivement mais n’hésite pas à la ramener dans le texte afin de canaliser son geste d’imagination et lui permettre de s’habituer à vérifier

que ses évocations correspondent bien au texte. Elle souligne aussi avec gentillesse le potentiel

de Marion à jouer du théâtre.

La praticienne demande ensuite à l’enfant de faire revenir en tête tout ce qui a été lu pendant la séance. En référence au film déjà visualisé par la jeune fille, elle lui demande de raconter ce qu’il va se passer de suite après l’épisode lu. Ainsi, c’est à la fois, une tentative d’anticipation, ce qui permet une lecture harmonieuse, et à la fois un essai de cadrer la jeune fille dans le temps

présent, pour ne pas laisser son esprit divaguer trop loin.

La séance se termine par une fiche qui synthétise les points essentiels : - Ce que j’ai fait, vu, entendu

- Ce que j’ai découvert

La fiche est remplie avec l’accompagnement de la praticienne. Pour Marion, ce qu’elle a découvert s’exprime de la façon suivante : « je mets facilement les personnes, les lieux, les

moments et les actions dans ma tête. Les phrases sont difficiles quand il y des conditions (si), ou des petits mots comme « en ».

Ces éléments-là permettent à l’enfant de faire le point sur la séance effectuée et ils seront travaillés ultérieurement avec l’accompagnatrice en gestion mentale.

2.3. TTroisième cas : Flora