• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : PEDAGOGIE RELATIONNELLE DU LANGAGE

Chapitre 3 : PEDAGOGIE DES GESTES MENTAU

IV. LL’ accompagnement en gestion mentale

2. LLe dialogue pédagogique

Le dialogue pédagogique est le moyen dont l’accompagnateur en Gestion Mentale dispose pour accompagner le sujet dans ses apprentissages. Il sera le point de départ des remédiations proposées aux difficultés rencontrées.

Entretien spécifique dont la démarche est introspective, le dialogue pédagogique va permettre au pédagogue de faire émerger à la conscience du sujet le fonctionnement de son intelligence, autrement dit les habitudes mentales qu’il met en place dans une tâche précise. Alimenté par un échange langagier, le dialogue pédagogique implique une participation active du sujet puisque ce dernier doit tenter de prendre conscience et de verbaliser ses procédures mentales utilisées, afin d’en apprécier l’efficacité, d’en généraliser la stratégie si celle-ci est fructueuse ou de la compléter dans le cas contraire.

2.1. Les postulats qui sous - tendent le dialogue

pédagogique

D’après le Vocabulaire de la Gestion mentale, plusieurs postulats soutiennent ce dialogue pédagogique :

« les opérations de la pensée et les structures de projet de sens constituent des réalités intrinsèques du monde mental ;

ces structures peuvent évoluer. L’apprenant peut acquérir la maitrise de ses actes de connaissances et s’ouvrir à des formes nouvelles de l’activité cognitive ; l’éducation de l’intelligence passe par la découverte et l’ajustement de ses propres processus mentaux. »43

2.2. L’ introspection

Le dialogue pédagogique s’appuie sur une démarche introspective. Elle consiste à explorer le fonctionnement mental d’un individu par des interrogations directes et méthodiques. Elle permet

le retour de la conscience dans les apprentissages.

Du latin intro-spectare, l’introspection signifie « regarder en dedans ». C’est par ce moyen en effet qu’il est possible de prendre conscience des phénomènes qui animent notre activité

mentale. Cette observation n’est pas aisée pour les sujets, elle nécessite d’aller chercher en soi, dans l’après coup, les opérations menées par la pensée. Le dialogue pédagogique guidé par le

pédagogue va chercher à développer ce regard en dedans, il s’agira d’aider le sujet à expliciter son fonctionnement mental.

Longtemps décriée pour son manque de fiabilité, l’introspection a pourtant fait ses preuves. Deux critères déterminent la validité de la démarche introspective :

- La nécessité d’obtenir l’accord du sujet

Par le dialogue pédagogique, l’accompagnateur va d’abord recevoir le témoignage livré par le sujet et va chercher à en saisir les phénomènes mentaux. Suite à cela, il pourra proposer une interprétation que le sujet pourra accepter ou non. Il tentera de comprendre par exemple, les habitudes évocatives mises en œuvre : « vous parlez de ressenti, est-ce que vous avez eu

l’impression de vivre cette action dans votre corps ? ».

Certains reprochent alors le risque d’induire une mauvaise réponse chez le sujet. Il s’agira toujours de la part de l’accompagnateur de proposer plusieurs suggestions et hypothèses afin que le sujet puisse choisir celle qui résonne en lui. Par exemple : « pour mémoriser cette phrase, vous

l’avez photographiée dans votre tête ? vous revoyez les mots ? vous voyez plutôt des images concrètes ? vous vous répétez la phrase dans votre tête ? vous entendez quelqu’un qui la répète ? …» . La validité de cette interprétation est véritablement fondée par cette résonnance

mentale dont le pédagogue doit sans cesse s’assurer.

- L’opérationnalité des procédures révélées

Prendre conscience de sa propre manière de fonctionner permet de transformer nos façons d’agir. Ainsi, si une interprétation entraine une augmentation des performances, on peut en déduire que l’hypothèse était bonne. Dans le dialogue pédagogique, le pédagogue doit toujours faire le lien

entre le témoignage du sujet et ses performances dans la tâche donnée ; autrement dit faire le

lien entre les deux sources observables de l’activité mentale : la verbalisation et l’activité effective.

2.3. DDéroulement du dialogue pédagogique

Pour mener un dialogue pédagogique, il est indispensable de postuler que nous ne savons pas à

la place de la personne : elle seule a accès au for intérieur de sa conscience. Ainsi, toutes les

techniques visant à définir si un sujet est visuel ou auditif seront à bannir en gestion mentale. De la même façon, toutes les techniques visant à affirmer ce que le sujet fait mentalement, sans avoir pris soin de lui demander vérification ne seront pas de la gestion mentale.

Généralement, le dialogue pédagogique s’élabore en deux modes. Il s’agira d’abord pour le pédagogue de se renseigner sur les procédures dont le sujet fait usage pour s’approprier le savoir.

Ensuite seulement, il pourra le renseigner sur les procédures dont il pourrait faire usage pour

enrichir son fonctionnement mental.

Citons à présent les principes généraux d’un dialogue pédagogique bien mené, afin de mieux en saisir la réalité.

2.3.1. Interroger sur le fonctionnement de la pensée

Après une tâche donnée, le pédagogue demande au sujet un effort d’introspection. Il posera donc des questions telles que : « Comment as-tu fait pour trouver cette réponse ? Comment ça s’est

passé dans ta tête ? ».

2.3.2. Ecouter et accueillir sans jugement

Le pédagogue doit alors se taire pour se placer en position d’écoute. Son silence est ici une marque d’accueil de l’autre. Par cette façon d’être, il laisse le temps et la place au sujet de s’exprimer et de mettre en mots ce qu’il a fait mentalement. Cette position d’écoute est aussi une position de neutralité et de non-jugement de l’autre. Ainsi, le pédagogue prendra soin de mettre de côté tout commentaire, que celui-ci soit positif ou négatif.

2.3.3. Amener à décrire une évocation

Dans ce que le sujet exprime de son fonctionnement mental, le pédagogue va relever ce qui a trait aux évocations, aux perceptions et à la gestion mentale. Il lui faudra laisser de côté les causes psychosociales, familiales, organiques qui pourraient participer aux difficultés rencontrées.

Selon ce qui est énoncé, le pédagogue pourra alors l’amener à décrire avec plus de précisions ses évocations.

Si le sujet parle d’évocations visuelles, il s’agira alors de l’interroger par exemple sur la couleur, le volume, le relief, le mouvement de celles-ci.

Si le sujet parle d’évocations auditives, il pourra être intéressant de lui demander s’il s’agit d’une mélodie, d’un son, d’une voix off, du volume ou encore de la fréquence.

Si le sujet parle d’évocations verbales, le pédagogue pourra par exemple lui demander s’il s’agit de sa propre voix, d’une voix connue, d’une voix étrangère, de phrases entières ou bien de simples mots.

Tout ce questionnement va participer à la prise de conscience du sujet de ses évocations et de la manière personnelle de les mettre en œuvre.

2.3.4. Poser une hypothèse et la vérifier

C’est donc dans l’après-coup et dans un effort d’introspection, que le sujet va partager ses propres observations à propos de ses évocations. A partir de ces indices recueillis, le pédagogue va créer des hypothèses à propos du fonctionnement mental de la personne.

Deux possibilités s’offrent alors à l’accompagnateur : - Ne pas vérifier ses hypothèses :

Avec ce qu’il a perçu du discours de l’autre, le pédagogue pose une étiquette : « il est visuel ». C’est alors en gestion mentale une grave erreur de se livrer à de telles interprétations qui confondraient en fait la personne à un objet.

- Vérifier ses hypothèses :

A partir de ce que la personne livre comme information, le pédagogue reformule ce qu’il

a dit et reçoit ou pas une confirmation de la part du sujet. La formulation pourra

ressembler de près ou de loin à cela : « D’accord, si j’ai bien compris ce que vous me

dites, vous avez fait, comme ceci ? ». Si la personne se reconnait dans le discours du

pédagogue, l’hypothèse sur son fonctionnement mental est validée. Dans le cas échéant, l’hypothèse est infirmée, il nous faut la modifier et poser de nouvelles questions au sujet.

Partie II