• Aucun résultat trouvé

DEUXIÈME PARTIE

L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU FLE

I. LE LINGUISTIQUE ET LE CULTUREL

Nous estimons qu‟une distinction entre ces deux notions est plus que nécessaire afin d‟éviter toute ambiguïté car ces deux appellations sont employées tout au long de notre travail de recherche.

La linguistique est un terme générique qui réfère au code linguistique partagé entre un émetteur et un récepteur. Il désigne la compétence de production et l‟habileté d‟interprétation à travers l‟encodage et le décodage du message dans une situation de communication. Tandis que le culturel est vivant. Il se perpétue par le biais d'échanges:

langagiers, comportementaux, sociaux,...et représente le lien qui garantit l‟attachement de l‟individu à une appartenance communautaire. Contrairement à la culture, synonyme de la transformation de soi et d‟ouverture vers l‟autre, le culturel est la préservation du noyau de l‟identité hors mutation.Cet encadrement lui consente l‟acquisition d‟une conception de sa communauté et par la suite l‟appropriation de son propre identité en tant qu‟entité singulière inscrite dans une référence d‟être et d‟agir selon des convictions partagées. Le culturel muni l‟individu d‟une boussole identitaire qui lui assure un filtre culturel contre les dangers de déculturation au contact avec l‟Alter. Il donne l‟opportunité à l‟individu de se reconnaitre à travers ce qui le sépare de l‟autre et par conséquent il procure une sécurité culturelle. Le culturel englobe le linguistique, étant donné que la langue affirme une identité et une appartenance. La langue, étant un mode d‟expression de la pensée, demeure indissociable de l‟être .Elle est un instrument de communication, mais elle remplit une fonction identitaire.

135

Entre «compétence de communication» telle que définie par HYMES D.et

«compétence linguistique», nous estimons qu'il faut lever l'équivoque quant à la terminologie qui caractérise ici la posture de notre démarche.

Entre compétence linguistique et compétence de communication, le pont a été jeté par MOIRAND S. qui estime que la compétence de communication

« Relèverait des facteurs cognitifs, psychologiques, socioculturels dépendant de la société dans laquelle vit l'individu et reposerait sur une compétence linguistique (la connaissance des règles grammaticales du système ou du code), une compétence psycho-socio-culturelle (la connaissance des règles d'emploi et la capacité de les utiliser) ».268

Nous pouvons donc noter que la compétence de communication est subordonnée à la combinaison de plusieurs composantes qui fonctionnent de façon indissociable:

ces composantes constitutives de la communication varient selon les théoriciens qui ont cherché à les définir. Ils s'accordent sur quatre composantes tandis que TAGLIANTECH.269 Propose six composantes.

- Une composante linguistique: qui implique l'appropriation des modèles

phonétiques, lexicaux et grammaticaux d'une langue, ainsi que la capacité de les utiliser .Elle comprend les quatre aptitudes, ou capacités, de compréhension et

d‟expression orales et écrites.

- Une composante sociolinguistique : c‟est d‟elle qu‟est née la notion de situation de communication. GERMAIN C. précise que la forme linguistique doit être adaptée à la situation de communication270 .Pour pouvoir communiquer, il ne suffit pas de maitriser la composante linguistique, il faut pouvoir mobiliser ses connaissances à bon escient, selon la situation de communication dans laquelle on se trouve. Enseigner à partir de situations de communication plausibles et culturellement liées au vécu quotidien de l‟étranger dont on apprend la langue, c‟est permettre à l‟apprenant d‟utiliser les énoncés adéquats à une situation donnée 271.

268 Op.cit. 1990, p.30

269 Op.cit. p.56

270 GERMAIN C.:Evolution de l’enseignement des langues, 5000 ans d‟histoire, coll. DLE, CLE International, 1993, p.203

271 BERRARD E.:L’approche communicative, théories et pratiques, coll DLE, CLE International, Paris, 1991, p.28

136

- Une composante référentielle« c'est-à-dire la connaissance des domaines d‟expérience et des objets du monde et de leur relation »272, qui concerne les savoirs, les savoir-faire et les représentations (plus ou moins « scientifiques »).Cette compétence devrait être prise en charge par un enseignement de civilisation (de type

« géographique » en particulier).

- Une composante discursive : qui a trait à la connaissance des types de discours et de leur organisation en fonction des paramètres de la situation de communication, c'est-à-dire « les savoirs et savoir –faire relatifs aux discours et aux messages en tant que séquences organisées d‟énoncés».273

Il peut s‟agir d‟obtenir des renseignements, de donner un ordre ou un conseil, de déclarer son ignorance, de donner des explications, de relater des faits……

- Une composante pragmatique : qui se rapporte à la capacité de produire et d'interpréter des intentions de communication et de maîtriser le feed-back : par

exemple, comment répondre (par écrit ou oralement, en face- à –face ou au téléphone) à telle ou telle invitation, émanant de tel ou tel interlocuteur ou correspondant, en telle ou telle occasion.

- Une composante socioculturelle : qui concerne la saisie des règles sociales et des normes qui régissent les interlocutions.

- Une composante qui concerne la maîtrise des connaissances, des opinions et des représentations collectives, en relation avec les diverses identités (sociales, ethniques, religieuses, politiques…) qui coexistent et s‟affrontent. Cette composante ethno-socioculturelle permet de saisir et de faire fonctionner toutes sortes d‟implicite (il sera question plus longuement de cette composante sur laquelle la didactique a commencé à se pencher ces dernières années).

272 MOIRAND S.:Apprendre à communiquer en langue étrangère, Hachette, Paris, 1990, p.20

273 COSTE D.: « Lecture et compétence de communication », in le Français dans le monde, n° 141, 1978, p.27

137

II. LA LANGUE ET LA CULTURE : FRONTIERES, LIMITES,