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LINCOLN. 19 dont les facultés physiques soient en harmonie avec les facultés morales, il faut

Dans le document LINCOLN ROOM UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY (Page 27-31)

lecultiverabovo,leprendre dansl'œuf,

comme

diraitSterne.

Si,aulieu d'être élevédansletravail quotidien,parunpère pionnier;si,au lieu d'avoiraccepté dèsl'âgededixansla responsabilitéde nourrirsamère,sa jeune sœuretson jeunefrère,Lincoln eûtétéfilsde bourgeoiseteût reçu l'éducationde noscollèges français, sousunedisciplinefaitepourannihiler sa nature physique,ilaurait,

comme

tantd'entrenous, payé de l'énervement de soncorps,dela virilitéde son énergie morale,etdutiersde sonexistence,le

mincebagageintellectueldontl'Universitédotesesélus.

Lepremier devoir del'hommeestdesebienporter.Lincolnétaitriched'une santérobuste. Aussin'hésita-t-ilpasunseul instantà reprendre son ancien métier.Sesbras,habitués àmanierlahachedubûcheron,firentdenouveau évoluer l'instrument dont chaque coup ébranlecesvieux géants desforêtsdu nouveauinonde.Redevenurailspitter,ilsemit àdébiterdestraversespourles chemins defer.

Comme

ilétaitdéjàun peu connu»dans" l'illinois par son intelligence etlesquelquesapplications qu'il avaitpufairedeses connaissances, lesobriquet derailspitterfutaccoléàson

nom

de Lincolnetlui estrestéjusqu'à lafin.

Iltrouva encorel'occasionde s'engager

comme

portefaix et

manœuvre

surles bateaux à vapeur duMississipi qui fontle servicede laNouvelle-Orléans.

Comme

quelques années auparavant,lespérégrinationsfluvialesramenèrent l'ardeurde la lecture. Ses épargnesluiservaientà acheter des revuesetdes livresàbonmarché, danslesquelsils'absorbaitlorsquela

manœuvre

luilaissait quelquerepos.

Leséconomiesmomentanéesqu'il avait réaliséesdanslaprofessiond'arpenteur luiavaientdonnédugoûtpourlespositionsindépendantes.Ilavaitcompris qu'à lui, tout

comme

auxautres,ilpourraitlui arriver,avec quelquesefforts,de sortirdelasubordinationàlaquelle, pourlaquatrièmefois, l'assujettissaitla misère.Ilrésolutdetenterencorela fortune, abandonnala batellerie etvint s'installerépicierdanslapetitevillede Decatur.

Toujours ambitieux des'élever,

Abraham

chercha àutiliserlesconnaissances dontlalecture avaitmeublésamémoire, etunefoissonmagasind'épicerie fermé àlanuit tombante,ilappelaitàluilespetits enfants etlesadultes etleur enseignaitun peudece qu'il avaitappristout seul.Pourparlerplussimplement,

ilsefitmaîtred'école.Ilinculqua àsesélèveslesprincipes decette religion sobreetsans fastequeluiavaient enseignésses pères.Aveccet esprit lucide, cette diction claire qu'il apporta dansla suiteàl'exposition des questions lesplus ardues,ildéveloppa devantlesenfants etdevantlesjeunes gens qu'on lui confiaitlesidées saines et droitesqui ontfaitla gloiredesa tropcourte carrière.

En

instruisantlesenfants,ilcherchait àfairedes

hommes.

Dès que ses élèvessavaientlire, illeurfaisaitétudierlesarticlesdela Constitutionaméricaineetleur expliquaitlesdroits etlesdevoirsducitoyen.

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LINCOLN.

Combienles

hommes

qui ontappris" àliresousLincoln doiventêtrefiers aujour-l'huid'avoirreçulesleçonsd'unpareilmaître! Quelexemplede persévérante nergieila légué àses disciplesdeFlllinois!

Demaîtred'écoleà procureuriln'y aquel'épaisseurducode. Ladistance étaità moitiéfranchiepar Lincoln quiavaitdéjàétudiéles loisde sonpays.Le hasardluifournitle

moyen

de passer delachairedu pédagogue aubureau de l'avocat.Uneplacedeclerc setrouvaitvacante chezundeses voisins, proprié-taired'unoffice.11remplaçaleclerc etsefit

homme

deloi.Par sontravail et sa persévérance,ilacquituneconnaissance approfondie dudroit.11s'établitpour soncompteetbientôtsoninstruction solide, sagrande réputation dedroiture, sesmanièresaffablesluivalurentuneclientèleimportante.Ilquitta la petite villede Decatur pourSpringfield, etlà,sa

renommée

lesuivant,ildevintl'avocat leplusdistinguédubarreau.Ilavait alors26 ans(1837)etexerçait saprofession de concert avec sonassociéJohnT. Sevvart.

Parsaseulevolonté, parsaténacitédansunenoble ambition,lesimplerail spkter estdevenu l'hommedistinguéà quitouslesplaideurs del'Illinoisveulent confier leurs causes.Iladignementcaptivé la considération, cette considération sienviable quivalelancer danslavie politique.

C'esticiquelagrandehistoired'AbrahamLincoln

commence

;c'est mainte-nantquenousallonslevoirauxprisesavecles difficultésd'untoutautre ordre.

Mais Lincolnseratoujoursle

même homme,

ilnevariera ni d'allures nide sen-timents:le travail et lamisère, lequakerismeetl'étude en avaientfaitun

homme

complet.Ilétaitprêtpourseshautesdestinées.

VIEPOLITIQUE DELINCOLN. LA CONSTITUTION*DESÉTATS-UNIS.

REPUBLICAINS ET DÉMOCRATES.

Pourapprécierlesévénements,pourjugerles

hommes,

il estessentielde connaîtrelemilieu politiquedanslequelilssemeuvent,danslequelilsvivent.

Ledocumentnationalquirésumelecaractèred'un peuple, sonpassé, ses aspi-rationsversl'avenir,c'estlaconstitutiondecepeuple.

On

adit, etavecraison:

« Unenationn'aquelegouvernementqu'elle mérite. » Voyonsdonc, avant d'étudierl'hommepolitiquedans

Abraham

Lincoln,quellessontlesbasessur lesquelleslegrand fondateur delarépublique américaineavaitposél'édifice socialetpolitique des États-Unis.Étudionssa Constitution.

En Amérique,la

commune

existaitavantl'Etat,etlarépubliqueétantl'image dela famille,quin'estqu'une

commune

enpetit, devaitêtrefatalement la forme d'ungouvernementlibrementdiscuté etfacilementaccepté.La commune, auxEtats-Unis,estunindividudistinctdansl'Etat.Elle estcomplètement maî-tressede prendretouteslesmesures quiluiparaissentconvenables sansquele gouvernementcentralaitàintervenir.Ilestd'axiomepolitique que chaque individuest lemeilleur juge,en cequinetoucheque lui-même,decequilui

LINCOLN.

21 convient ou nelui convientpas.Aussilasouveraineté réside-t-elledans le peuple qui

nomme

ses select-mcn,magistratsauxquelsestconfiélesoindela

commune,

etqui ne représententquelepouvoirexécutifchargé d'appliquerles mesures votées partouslesélecteurs réunis.

Lepeuple

nomme

égalementles officierspublicschargés de préleverlestaxes, ceux dontlesattributionssontdefaireexécuterlesrèglements depolice;il

nomme même

legreffieret lecaissierdelacommune. Uneindemnitéestallouée à chacun,etnulne peut, sous peine d'amende,refuser l'emploidontl'ahonoré laconfiancedeses concitoyens.

L'Étata cependantunecertaine action,mais bienlimitée, sur lacommune.

Si la législaturevote destravauxet laperception d'unimpôt,la

commune

est forcée d'obéir.Maislamanièredontcetimpôtestperçu ne regarde pasl'État.

On

luienvoiel'argentquelaloiadécrété,iln'apas à exiger davantage.

Toutestcombiné

,dansl'organisationdela

commune

,pourlaisseràchacun son indépendanceaussicomplètequepossible.AussiauxEtats-Unisl'hommeest citoyen.«Cettepréoccupation de l'indépendance personnelle,ditM.Belloc, a faitquel'autoritédes magistrats aété restreinteautantquepossible.Pourcela onaemployé deux moyens:d'abordonn'aconcédélesfonctionsmunicipale1.', que pour un temps extrêmementlimité,une année,parexemple;ensuiteona disséminél'autoritédansungrandnombrede mains.Chacuns'accoutume à re-garderla prospéritédela

commune comme

son propre ouvrage;ily prend intérêt etl'aimeenraisonde l'importancequ'ily a acquiseetdela

somme

de bien-êtrequ'ilenretire. »

Au-dessus dela

commune

estYÉtat. ChaqueÉtata uneexistencepropre.

C'estunerépubliqueindépendante danslagrande république.L'Étataseslois, sesadministrateurs, qui ne relèvent d'aucuneautorité supérieure.Danschaque État,lepouvoirlégislatifestexercé pardeuxassembléesélues.L'uneestle Sénat,l'autre laChambredesreprésentants.Les représentants sont

nommés

pourunan,lessénateursrestentdeux outroisannéesenfonctions.La Chambre estrenouvelée intégralement,leSénat partiers,detellesortequecettedernière assemblée renferme toujours des

hommes

habituésauxaffaires.

Au

sommetdel'édificeconstitutionnel setrouve placéleCongrès,composé d'un Sénatetd'uneChambredesreprésentants.Toutlepouvoirlégislatifréside dansleurs votes.LepouvoirexécutifestconfiéauPrésidentdes Etats-Unisqui, de

même

queleVice-Président,est

nommé

pour quatreans.

C'estàlaConstitutionfédéralerédigée parWashington que lesAméricains doiventle développementexceptionnelqui, ensoixante ans, afaitdeleur nationunenationde premierordre. Lalibertéest

comme

lesoleil,tousles peuples aujourd'hui veulentseréchaufferàses rayons.LaRévolutionfrançaise, enlafaisant luiresur l'Europe,aétépourlesÉtats-Unislepluspuissantagent decolonisation.En Amérique,lescolonstrouvent plus deliberté, plus d'avan-tagesmatériels, plusdeprivilèges sociauxetpolitiquesqueneleurenoffre

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LINCOLN.

laterre natale:ilsy émigrent en masse;laguerre

même

n'apasarrêtéce mouvement.

Danscepays,oùl'individualitéestlaisséeàtoutesoninitiative,personne ne rougitdesa position,quelque infimequ'ellesoit.Telmarchandquis'envapar

lesrues, traînantson haquetetcriantdes

pommes

duCanada,seramillionnaire demain,pour redevenir pauvre quelques mois aprèsetrefairedéfinitivement fortunesi, aumilieu detoutes ses péripéties, l'intelligence etlaprobité n'ont jamaisétéentamées.Les Orientaux regardentleschoseslesplus étonnantes sans êtrejamaissurpris,maisce n'est làquedel'indifférenceapathique;c'est réelle-mentpour l'Américainquelepoète Horace aécritson proverbe:Nilmirari,ne s'étonnerderien.Le Yankee,quine doute derien,nesaurait, par simple logique,avoir lesdédainsniaisquelesraces aristocratiques professentpource qu'ellesappellentun

homme

de rien,elles qui nesont plus grand' chose. La réussite d'un

homme

de volontéet d'intelligence n'a rien qui étonne dansce pays deliberté.

Les parvenus, danscettedémocratie, sontd'essence nationale.

Lesuccèsd'AbrahamLincoln

comme

avocatn'adoncriende surprenantaux Etats-Unis.Ilétaithonnête,conciliant,ferme dansle droit

comme

dansses devoirs, et aussi légistequ'aucun avocat deSpringfield.Ilavait alors trente ans.

En

politiqueilétaitrangé danslafractiondeswhigsavancés.Pourleswhigs, l'unitédelarépubliquemarcheavanttout.Unpourtous,touspourun, voilà leur devise.NousverronscombienLincolnaété fidèleàceprincipe sauveur qui, gràcê à son énergietenace,aétémaintenuparun tempsde guerrecivile

l'indivisibilitédesEtats-Unisaétésiterriblementmenacée.

.Les whigs,plus rationnellementappelésrépublicains,formentleparti op-posé àcelui des démocrates, annexionistes forcenés qui poussentle libéra-lisme jusqu'à vouloir démocratisertoutlecontinent américain.Paruneétrange inconséquence,ces torysoudémocrates,sifanatiquesdeliberté, sontles sou-tiensdesesclavagistes.

LINCOLN ESTENVOYÉ REPRÉSENTANTAL CONGRÈS DEWASHINGTON.

ILESTÉLUPRÉSIDENT DESÉTATS-UNIS.

Lincoln,quiavait siégépendanttroisannées consécutives àla législaturede sonÉtat, futenvoyé auCongrès, en1847,parlepartirépublicaindel'illinois.

IlentrapourlapremièrefoisàlaChambredesreprésentants,àWashington,le premier lundi de décembre.Ilfutundeceuxqui,danscette enceinte, blâmè-rent laguerre quelesEtats-Unisvenaient d'entreprendre contreleMexique.

Illadésapprouvaénergiquement

comme

injuste et inconstitutionnelle.Ce res-pect dela Constitution,quiéclateicipubliquement, nousleverronsdominer savie politique.

L'abolitiondel'esclavagetrouva enluiunrudechampionetilnelaissapas

LINCOLN.

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