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D'après la définition du Cnrtl, une limite est une ligne qui détermine une étendue, une chose ayant un développement spatial ; une ligne qui sépare deux étendues. Dans cette recherche, plusieurs facteurs de natures différentes ont posé des limites à mon travail et son développement.

Le premier est ma faible connaissance du champ de la psychanalyse lui-même, au départ de ce travail. Nouveau pour moi, c'est un monde dont l'étendue et parfois la complexité ont pu me faire douter d'y inscrire correctement et avec légitimité ma recherche, d'utiliser les concepts comme ils le devaient.

Encore aujourd'hui, je garde l'impression d'une découverte très modeste et incomplète, de n'avoir qu'effleuré les concepts que j'ai généralement intégrés pour moi et dans ma recherche, de manière « simplifiée ». Le manque de temps pour mieux me les approprier, plus en profondeur, s'est fait sentir tout au long de ce travail, de la même manière que j'ai eu besoin de temps pour me permettre cette approche bousculante pour moi du fait de la découverte de mon rapport à l'objet de recherche « à mon insu », et qui s'est donné à être analysé conjointement.

En effet, le temps a été une problématique prégnante et constante dès le début de ce travail, comme, je crois, toute personne qui fait des études en parallèle d'une activité professionnelle bien remplie et qui a une vie de famille. Mes nombreux projets menés « à côté » ont accentué le rythme déjà soutenu, ce qui ne m'est pas désagréable mais laisse malgré tout l'impression de ne pas avoir fait aussi bien que j'aurais pu.

Un phénomène plus gênant s'est invité et installé au moment de la rédaction, alors que la structure de ma recherche et de mon mémoire avec mon directeur de recherche s'était construite sans problème, et même avec beaucoup de plaisir et de satisfactions lors des « découvertes » et surprises, à mesures de la construction du cas. C'est que parallèlement aux moments de voir, et de comprendre « mon cas » il y a eu les moments de voir et comprendre mon propre rapport à l'objet de recherche. Ce retour a été si intense et perturbant qu'il m'a mise à l'arrêt, pour pouvoir intégrer ce qui m'était justement donné à voir et comprendre.

Ainsi, malgré toute mon attention et ma bonne volonté à respecter le cadre et les échéances posées par mon directeur de mémoire, avec lequel j'ai été très au clair et en accord pendant tous ces mois, « malgré moi », ou « sans que je puisse allez contre », voire à mon insu je ne pouvais pas, ou

peu, écrire, et surtout pas terminer.

La rédaction s'est donc faite sur un temps à mon sens trop court pour que je puisse donner le relief souhaité à mon travail, tel que je voulais le faire. Un autre facteur limitant a été la période de confinement pendant la crise sanitaire dûe au Covid-19 qui, contrairement à ce qu'on pourrait penser n'a pas dégagé de temps supplémentaire. Bien au contraire, les contraintes de (télé)travail nouvelles ont été particulièrement chronophages, et la fermeture des bibliothèques pénalisante.

Un autre facteur, dû au hasard, fait que j'ai été la seule de la section Master IRE à le faire dans le champ de la clinique orientée par la psychanalyse. Après avoir connu deux années d'échanges très fructueux avec des pairs lors de ma reprise d'études en DU et en préparation au Cafipemf, le fait de ne plus pouvoir échanger avec quelqu'un qui travaille dans le même domaine et qui a les mêmes préoccupations restera pour moi comme un manque important, malgré la grande disponibilité de mon directeur de mémoire et nos échanges réguliers et fructueux.

Je l'ai ressenti avec force lors d'un séminaire/groupe de travail qu'il a organisé, en saisissant la richesse des échanges, apports et questionnements malgré les « avancements » différents des participants (master 2 1ère année et doctorants que je n'ai pas osé solliciter, consciente du peu de temps dont il devaient déjà disposer pour leurs propres recherches). La crise sanitaire n'a d'ailleurs pas permis de donner suite à ce qui avait été initié ensemble.

Enfin, l'éloignement géographique n'a pas non plus été favorable à ce genre d'échanges, et mon ressenti d'isolement, dû à tous ces facteurs réunis constitue pour moi une limite à mon travail, à une dynamique qui a fait défaut.

Concernant la méthodologie, si le cas unique renseigne le collectif et que l'étude de cas est pertinente dans le cadre d'une recherche clinique orientée par la psychanalyse, confronter la singularité de plusieurs cas aurait été intéressant.

Je pense notamment qu'il aurait été enrichissant de travailler avec un enseignant pour lequel l'erreur aurait d'emblée été considérée comme « grave », ou un enseignant « pas bienveillant » envers l'erreur, ou encore un enseignant en début de carrière au déjà-là expérientiel pas encore ancré dans sa pratique, afin d'analyser sa mise en oeuvre. Travailler avec un enseignant ou une enseignante en maternelle aurait également permis d'avoir une approche du rapport à l'erreur de l'enseignant dans ses intentions et projections à long terme pour l'élève. Enfin, il aurait été fructueux d'entendre un enseignant se considérant être dans une très bonne maîtrise et utilisation de l'erreur.

revenir dans sa classe observer une séance ou plusieurs séances aurait présenté l'avantage d'une mesure de l'impact de cette recherche dans le temps, entre les moments ante et post recherche.

Une autre limite méthodologique concerne les entretiens non directifs ou semi non directifs dont la tenue n'a pas été facile pour différentes raisons. La première est mon inexpérience pour un exercice qui n'a rien d'évident en présence même si la théorie et les objectifs le concernant sont connus. Le fait d'avoir mené en parallèle des actions pour favoriser l'utilisation de l'erreur a rendu compliqué le changement de posture que nécessite celle du chercheur, et puis le transfert et la demande d'Antoine, qui m'a placée en tant que sujet supposé savoir, m'ont parfois engagée sur la piste de « sauveuse » contre laquelle j'ai dû lutter pendant les entretiens.