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5. Discussion

5.1. Limites et perspectives futures

Il est important de mentionner certaines limites de notre outil, et de discuter certains éléments à envisager avant de pouvoir proposer le TMI comme outil d’évaluation aux psychologues cliniciens. Notons tout d’abord les limites du TMI que nous avons pu observer dans le cadre de ce mémoire. Pour commencer, soulignons que nos observations portent sur un nombre restreint de sujets (40 personnes). Ceci peut limiter la puissance de nos résultats

statistiques et expliquer que certains résultats attendus n'atteignent pas le seuil de que ces stimuli auraient pu bénéficier d’un effet de primauté ou de récence puisque « Trier les déchets » fait partie des deux premiers stimuli et « Acheter des habits » des quatre derniers.

Néanmoins, lorsque ces activités sont rappelées, elles font l’objet de descriptions aussi détaillées que les autres. Nous pourrions envisager de les remplacer par d’autres activités, et de reconduire ce type d’analyse sur un nouvel échantillon afin de s’assurer que les 16 stimuli ont la même probabilité d’être rappelés. Mais ceci semble moins dérangeant que si une photo ne permettait pas de rappeler autant de détails que les autres.

Ensuite, nous observons que notre tâche est relativement longue, puisqu’elle demande une quarantaine de minutes à la première séance et une quinzaine de minutes à la seconde séance. Ceci peut constituer une limite, puisqu’il peut être relativement délicat d’allouer autant de temps à une tâche dans un bilan. Toutefois, la tâche peut être adaptée pour les personnes qui présentent véritablement des troubles de mémoire épisodique, en diminuant le nombre de stimuli par exemple, ce qui devrait permettre de limiter le temps de la passation.

Une autre limite du TMI est son système de cotation. Comme nous l’avons vu, les scores d’activités sont obtenus très facilement et directement pendant la passation. Les scores de détails nous ont pris beaucoup plus de temps à établir. Une des prochaines étapes dans la suite de l’élaboration du TMI sera de réfléchir à un système de cotation qui soit à la fois facile à utiliser pour les cliniciens, et à la fois qui permette d’être suffisamment souple pour s’adapter à chaque patient. Cette tâche s’annonce toutefois subtile, puisque les solutions auxquelles nous avons déjà pu penser sont toutes très limitées. Utiliser une grille avec des réponses préétablies ne permet pas de couvrir toute la richesse des réponses différentes que peuvent donner les individus. Cocher un point chaque fois que le patient donne un détail serait une possibilité, mais certaines personnes parlent vite et peuvent se répéter. Il devient dès lors difficile de savoir ce qui a déjà fait l’objet d’une attribution de point de ce qui ne l’a pas encore été. Élaborer un système de cotation sera donc un défi important pour l’avenir du TMI.

Abordons maintenant d’autres limites du TMI, qui ne sont pas des limites que nous avons pu directement observer dans le cadre des passations, mais qui sont plutôt liées au fait

que le TMI est un tout nouveau test. Tout d’abord, nous partons du principe que le TMI mesure la mémoire épisodique, et plus particulièrement l’intégrité de la fonction de correspondance au moment du rappel immédiat, et l’intégrité de la fonction de cohérence au moment du rappel différé. Mais le TMI devra encore faire l’objet d’études de validation dans le futur, afin de s’assurer qu’il mesure bien ce qu’il est censé mesurer. Une des études qu’il faudra mettre en place concerne la validité convergente du TMI, en vérifiant que les personnes présentant des performances déficitaires au TMI (en particulier au rappel immédiat) sont également déficitaires dans d’autres tâches connues pour évaluer la mémoire épisodique. Nous faisons surtout des hypothèses de validité convergente entre le rappel immédiat du TMI et d’autres tâches puisque nous ne connaissons pas d’autres tâches de mémoire épisodique qui impliquent un rappel différé à sept jours.

Une autre limite du TMI est qu’il ne nous permet pas encore actuellement de situer les performances d’un individu par rapport à son groupe de référence. Il sera donc intéressant de proposer un étalonnage du TMI dans le futur afin d’établir des normes, c’est-à-dire de connaître la performance attendue pour un individu de tel sexe, de tel âge et de tel niveau socioculturel. En effet, l’intérêt d’un test est de mettre en avant des déficits s’ils existent, or, ce genre de raisonnement n’est possible que si des normes sont disponibles.

Nous tenons enfin à noter que beaucoup de données ont été récoltées dans le cadre de ce travail. Nous n’avons pas pu toutes les exploiter. De futures investigations pourront porter plus particulièrement sur la profondeur du lien que le participant crée entre son identité et les stimuli au moment de l’encodage. En effet, il serait intéressant de faire des analyses plus poussées entre les réponses du participant à l’encodage (est-ce qu’il fait référence à son self conceptuel, à sa base de connaissances autobiographiques, à des souvenirs épisodiques discrets, à des émotions, etc.), la facilité avec laquelle il fournit ses réponses (est-ce qu’il faut beaucoup l’inciter à donner des réponses personnelles ou au contraire l’interrompre) et la qualité du rappel ultérieur. Nous avons effectué nos analyses en partant du principe que les participants avaient activé leur Self-Memory System durant l’encodage, ce que nous avons essayé de contrôler au mieux, mais qui ne peut toutefois pas être garanti dans la même mesure pour tous nos participants.