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4. Résultats

4.6. Liens entre le rappel des détails et le fait d’être imageur ou verbalisateur 38

Le fait de se considérer comme étant un imageur est corrélé avec le nombre de détails rappelés par photo (r = 0.13, p = 0.001). Le fait de se considérer comme un verbalisateur est également positivement corrélé avec le nombre de détails rappelés par photo (r = 0.26, p <

0.001). À noter que la corrélation entre imageur et le nombre de détails n’est plus significative si on considère uniquement T2. Toutes les autres corrélations restent positives et significatives si on considère T1 et T2 individuellement.

4.7. Comparaison de profils

En fonction des performances au TMI, des profils distincts peuvent être mis en évidence. Pour établir la comparaison de certains profils, nous avons essayé de sélectionner des paires de sujets qui soient comparables sur différentes variables qui peuvent influencer la mémoire. Les variables qui ont pu être appariées pour chaque paire de sujets sont présentées au début de chaque comparaison de profil.

Sujets 11 et 26. Comparons les sujets 11 et 26. Tous les deux sont des hommes, âgés de 62 et 65 ans respectivement, de niveau socioculturel 3, et toujours actifs professionnellement. Ces deux sujets se sont doutés qu’ils seraient à nouveau interrogés sur les photos à T2 et ont un peu repensé aux photos entre les deux entretiens. Ils présentent également des scores d’imageur (9 et 11) / verbalisateur (12 et 12) comparables.

En terme de nombre d’activités rappelées, la Figure 6 montre que le sujet 11 maintient sa performance à T2 alors que le sujet 26 oublie quatre activités de plus qu’à T1.

Figure 6. Comparaison des scores d’activités à T1 et T2 des sujets 11 et 26.

Toutefois, en terme de nombre de détails rappelés par photo, ces deux sujets sont tout à fait équivalents, comme le montre la Figure 7. Tous les deux expérimentent une légère dégradation de la qualité de leur souvenir épisodique, qui se traduit par une diminution des détails rappelés par photo (passe de 6.18 détails moyens par photo à 5.17 pour le sujet 11 ; et de 7 à 5.25 détails pour le sujet 26).

Figure 7. Comparaison du nombre de détails moyen donnés par photo à T1 et T2 des sujets 11 et 26.

Il est intéressant de noter qu’au moment de l’encodage, le sujet 11 a établi des liens profonds avec son self, alors que le sujet 26 avait plutôt tendance à donner des réponses

gens jetaient leur télévision par la fenêtre » et de ses valeurs (« je pense que c’est important de préserver l’espace dans lequel on vit et surtout dans lequel on élève nos enfants »). Il a également fait des liens avec ses émotions (« ça me pèse », « ça ne me réjouit pas forcément »,

« c’est un plaisir »). Le sujet 26 a fait des liens avec son self conceptuel uniquement en évoquant des croyances (« les amis c’est précieux ») et des valeurs (« très important par rapport à l’aspect écologique »). Il a également évoqué certaines de ses émotions (« c’est une source de plaisir et de joie »). Malgré mes nombreuses incitations, les réponses du sujet 26 restaient souvent assez superficielles et générales (« c’est très important pour prendre les informations sur le monde »).

Notons également que les deux sujets ont fait des descriptions très générales et succinctes des photos, assez équivalentes (sujet 11 / sujet 26) : « un père de famille avec ses enfants » / « un jeu avec des enfants d’un parent » ; « des jeunes qui jouent aux cartes » / «des joueurs de cartes ».

Sujets 2 et 14. La comparaison des sujets 2 et 14 met également en évidence des profils différents. Ces deux sujets sont des femmes, de 68 et 62 ans respectivement, qui n’ont actuellement ni activité professionnelle ni activité bénévole. Aucun de ces deux sujets ne s’était douté qu’il s’agissait d’un test de mémoire à T1, le sujet 14 s’était douté qu’il serait à nouveau interrogé sur les photos à T2, et tous deux avaient un peu repensé aux photos entre les deux entretiens. Ils présentent un score d’imageur de 12 tous les deux.

La Figure 8 illustre le fait que ces deux sujets ont rapporté exactement le même nombre d’activités à T1 (9 activités) et T2 (8 activités). Cette performance est d’ailleurs plutôt stable puisque les deux sujets oublient seulement une activité de plus à T2 qu’à T1.

Figure 8. Comparaison des scores d’activités à T1 et T2 des sujets 2 et 14.

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Néanmoins, les sujets 2 et 14 présentent des différences dans le nombre moyen de détails qu’ils sont capables de rappeler par photo. En effet, dès le premier rappel, le sujet 14 rapporte plus de détails par photo que le sujet 2 (10.78 détails versus 7.78 détails en moyenne). À T2, le sujet 14 maintient sa performance (11.75 détails) alors que la performance du sujet 2 diminue (4 détails en moyenne par photo).

Figure 9. Comparaison du nombre de détails moyen donnés par photo à T1 et T2 des sujets 2 et 14.

Il est intéressant de souligner que les réponses du sujet 2 étaient de manière générale beaucoup plus succinctes que celles du sujet 14. La durée de l’encodage a d’ailleurs été de 6 minutes plus courte pour le sujet 2. Sa description des photos était moins précise que celle du sujet 14 (sujet 2 / sujet 14) : « une dame qui fait du tri » / « elle est bien disciplinée, jeter le plastique, les verres dans le verre, l’alu dans l’alu et le papier dans le papier » ; « un repas en famille » / « un repas familial, ils en sont à l’entrée ».

Lors de l’encodage, le sujet 2 a fait des liens avec sa base de connaissances autobiographiques, en évoquant des périodes de vie (« à l’époque, c’était important, les enfants demandaient beaucoup ma présence »). Il a également fait des liens avec son self conceptuel, en mentionnant des croyances (« on sait déjà tous que si on est un peu moins commode, avec des petits gestes on peut aider ») et des valeurs (« c’est important de rester en contact »). Quant au sujet 14, il a créé des liens durant l’encodage avec sa base de connaissances autobiographiques en évoquant des événements généraux (« j’aime bien regarder un petit moment la télé le matin, télé-matin, pour avoir un aperçu des infos »). Il a également fait des liens avec son self conceptuel en évoquant des croyances (« je suis pas sûre que derrière il y a beaucoup de suivi dans toutes ces belles paroles ») et des valeurs (« C’est

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très important parce que dans ce monde dans lequel on vit actuellement, personne a le temps, c’est un moment où on peut inviter ses enfants, savoir ce qui va, ce qui va pas, leurs projets, pour communiquer »). Le sujet 14 a également fait des liens avec son système de mémoire épisodique (« tiens, ils ont parlé de plastique dernièrement, par rapport à la mer, ça tuait les tortues parce qu’elles étaient prises dans des sacs plastiques »).

Relevons enfin que l’attitude des deux participants était très différente lors de la passation. Le sujet 2 semblait assez pressé que la passation se termine, j’ai dû intervenir plusieurs fois pour essayer de le cadrer, il essayait par exemple de tourner les feuilles du livret de stimuli pour passer à la photo suivante. Le sujet 14 semblait vouloir bien faire, prenant son temps, j’avais d’ailleurs noté qu’il hésitait souvent entre deux réponses concernant la question de l’importance des activités.