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LIMITES DES MESURES BASÉES SUR LE RAPPORT VERBAL

II. 1.2.2.2.1 F ONCTIONS DU COPING : PROBLÈME VS ÉMOTION

II.3 LIMITES MÉTHODOLOGIQUES DANS LA RECHERCHE SUR LE COPING

II.3.2 LIMITES DES MESURES BASÉES SUR LE RAPPORT VERBAL

Le rapport verbal est de loin la façon la plus populaire de mesurer le coping (Beehr & McGrath, 1996). Ce terme fait référence à tout rapport direct fait par des individus sur leurs propres réponses de coping, ce rapport étant provoqué en général par des questionnaires ou par des entretiens (Beehr & McGrath, 1996). Se baser sur le rapport verbal des individus a pour avantage d’être peu coûteux (Beehr & McGrath, 1996), mais comprend aussi beaucoup d’inconvénients.

En effet, même si les mesures basées sur le rapport verbal constituent une voie d’accès importante pour mesurer des réponses cognitives non observables par autrui, le fait de se baser exclusivement sur ce type de mesures semble problématique (Compas et al., 2001). Parmi les inconvénients propres aux mesures basées sur le rapport verbal, certains sont valables uniquement pour les questionnaires, d’autres concernent également les entretiens.

Pour commencer, bien que la majorité des auteurs soient d’accord d’inclure dans la définition du coping seulement des efforts conscients, l’hypothèse selon laquelle les individus sont capables de se rappeler et de verbaliser les efforts de coping qu’ils ont faits par le passé n’a pas été traitée correctement, et il faut y prêter plus d’attention (De Ridder, 1997).

Plus précisément, deux questions devraient être approfondies (De Ridder, 1997, p. 427):

1) dans quelle mesure l’évaluation rétrospective du coping affecte-t-elle la validité des réponses ?

2) dans quelle mesure les individus sont-ils forcés de réfléchir sur leurs efforts de coping passés, et de les reconstruire afin qu’ils soient socialement acceptables ?

En d’autres termes, cet auteur pose le problème de la mémoire et de la désirabilité sociale, à savoir dans quelle mesure les individus se rappellent-ils réellement de tout ce qu’ils ont fait pour gérer un événement, et à quel point peuvent-ils, ou ont-ils réellement envie de dire tout ce qu’ils ont fait, y compris ce qui a échoué et ce qui est mal considéré.

Ces différents éléments constituent une limitation importante des mesures basées sur le rapport verbal (Compas et al., 2001). On sait effectivement que même lorsque le coping est mesuré dans les quelques jours qui suivent le stresseur, la capacité de rappel est aussi pauvre que la volonté des individus de rapporter l’utilisation de stratégies qui n’ont pas abouti au résultat escompté, ou dont la désirabilité sociale est faible (Compas et al., 2001).

De plus, lorsque les sujets doivent décrire les stratégies qu’ils ont mises en œuvre pour gérer un événement stressant qui a eu lieu dans le passé récent, parfois la période temporelle incluse dans ce qui est “récent” n’est pas précisée, d’autres fois il est spécifié que l’événement doit avoir eu lieu dans la semaine ou dans le mois qui vient de s’écouler (Rosella, 1994).

Or, même quand il est dit que l’événement stressant doit avoir eu lieu dans le mois précédent par exemple, ceci implique qu’il peut avoir eu lieu entre un et trente et un jours avant la récolte de données (Rosella, 1994), ce qui pose un problème car les personnes qui se rapportent à un événement qui a eu lieu trente jours plus tôt, ont forcément eu le temps de faire plus de choses pour gérer cet événement, que les personnes qui décrivent un événement qui a eu lieu la veille (Rosella, 1994).

Par ailleurs, il est souvent demandé aux individus de dire “combien” ils ont employé les différentes stratégies de coping décrites (Compas et al., 2001). Une recherche a eu lieu à ce propos, au cours de laquelle des étudiants ont été interviewés après avoir répondu à un questionnaire de coping (Compas et al., 2001). Il semble que leurs réponses à la question aient été basées sur la fréquence,

sur la durée, sur l’efficacité et sur l’effort fait pour réaliser chacune des stratégies décrites, 68% des étudiants ayant basé leurs réponses sur l’ensemble de ces critères (Compas et al., 2001). Ce problème viendrait entre autres du fait qu’au cours d’un même événement stressant, certaines stratégies de coping peuvent être réalisées plusieurs fois, tandis que d’autres pas (Compas et al., 2001).

La méthode d’auto-observation développée par Reicherts et Perrez (Perrez et al., 1998; Perrez, Schoebi, & Wilhelm, 2000; Reicherts, 1999) semble offrir une solution à certains des problèmes mentionnés ici, notamment à ceux qui sont liés au délai entre l’événement et la récolte des données, et aux effets potentiels de la mémoire sur la qualité de ce qui est rapporté. Cette méthode ne résout cependant pas les autres problèmes propres au rapport verbal, et qui sont liés à l’absence d’informations objectives sur ce qui s’est réellement passé.

L’observation directe est souvent mentionnée comme une méthode adéquate pour obtenir des données scientifiques (Beehr & McGrath, 1996) et pourrait résoudre un bon nombre de problèmes inhérents au fait de se baser sur le rapport verbal. Certains auteurs considèrent qu’une telle méthode n’est pas appropriée pour la recherche sur le coping, notamment parce que l’observation ne donne pas accès à des processus d’ordre cognitif (Beehr & McGrath, 1996). Pour d’autres, l’observation serait un complément nécessaire aux méthodes basées sur le rapport verbal (Compas et al., 2001 ; C. R. Snyder, 1999).

Si jusque-là les problèmes décrits concernent la recherche sur le coping en général, certaines difficultés viennent s’y rajouter lorsque le coping est étudié auprès des adolescents.

II.3.3 PROBLÈMES SPÉCIFIQUES À L’ÉTUDE DU COPING CHEZ LES