Les points d’équilibre (dénommés aussi points fixes) correspondent aux points tels que :
dX
dt (X
e, U
e) =F(X
e, U
e) = 0
et les orbites périodiques aux trajectoires pour lesquelles il existe0< T <∞ tel que :
∀t, X(t+T) =X(t)
193
194 Eléments de théorie des bifurcations
Ces états limites peuvent êtrestables i.e. pour de petites perturbations autour de cet état,
le système y retourne ou instables c’est-à-dire que toute perturbation fait quitter cet état au
système.
Plus précisément, un état limiteX
eest qualifié destablesi une solutionX(t)qui se situe à
côté de X
ereste proche de X
epour tout tempst. Si, de plus,X(t) →X
elorsque t→ ∞, alors
X
eest dit asymptotiquement stable.
Les propriétés de stabilité d’un point d’équilibre dépendent du spectre de la matrice
jaco-bienne
D
XF = ∂X˙
i∂X
j!
i,j
et celles d’une orbite périodique, du spectre de la matrice de monodromie qui fait intervenir le
flotΦ
D
XΦ = ∂Φ(X, T)
∂X
la terminologie suivante est introduite au niveau d’un point d’équilibre. Soit X¯ un point
d’équilibre etD
XF X¯
la matrice jacobienne en ce point. Au système différentiel non-linéaire
˙
X=F(X) (A.1)
correspond le système linéaire
˙
X=D
XF( ¯X)·X (A.2)
L’analyse de la stabilité du système linéaire permet de conclure quant à celle du système
non-linéaire comme l’affirme le théorème de Hartman-Grobman.
Théorème 4 (Hartman-Grobman) Si D
XF X¯
n’a pas de valeurs propres nulles ou
imagi-naires pures, alors il y a un homéomorphisme h défini sur un voisinage U de X¯ dans R
nfai-sant correspondre localement les orbites du flot non-linéaire Φ
tde (A.1), à ceux du flot linéaire
e
DXF(
X¯) de (A.2). L’homéomorphisme préserve le sens des orbites et peut aussi être choisi pour
préserver la paramétrisation en temps. 2
QuandD
XF X¯
n’a aucune valeur propre de partie réelle nulle, X¯ est appelé point fixe
hy-perboliqueou non-dégénéré et le comportement asymptotique de la solution près de celui-ci
tout comme sa stabilité sont entièrement déterminés grâce à une linéarisation.
Par ailleurs, lavariété locale stableet lavariété locale instabledeX, W¯
s locX¯
etW
lociX¯
se définissent comme suit :
W
locsX¯ = X ∈U|Φ X¯→X¯ quandt→+∞
W
lociX¯
=
X ∈U|Φ X¯
→X¯ quandt→ −∞
W
locsX¯, W
lociX¯ sont des analogues non-linéaires aux espaces propres E
set E
idu
pro-blème linéaire (A.2).
Théorème 5 (Théorème de la variété stable) Supposons queX˙ =F(X)a un point fixe
hy-perbolique X¯. Alors il existe des variétés locales stable et instableW
s locX¯
, W
lociX¯, de mêmes
dimensions n
s, n
ique celles des espaces propres E
s, E
idu système linéarisé (A.2), et tangentes
en X¯ respectivement à E
s, E
i.W
sloc
X¯
, W
i locX¯
Ensemble limite 195
Quand un point fixe a une valeur propre de partie réelle nulle, il existe une variété W
ctangente à l’espace propreE
cassocié aux valeurs propres de partie réelle nulle et invariante par
le flotΦ. Pour poursuivre l’étude d’un tel point d’équilibre, la dimension du problème peut être
réduite grâce au théorème suivant.
Théorème 6 (Théorème de la variété centrale) Soit F un champ de vecteurs de classe C
rsurR
nqui s’annule à l’origine(F(0) = 0)et soitA=D
XF(0). Décomposons le spectre constitué
des valeurs propresλ deA en trois parties, σ
s, σ
c, σ
iavec :
R(λ)
<0 siλ∈σ
s= 0 siλ∈σ
c>0 siλ∈σ
iSoient E
s, E
cet E
iles espaces propres (généralisés) de respectivement σ
s, σ
cet σ
i. Alors il
existe des variétés invariantes W
set W
ide classe C
r, stable et instable, tangentes à E
set E
ien0 et une variété centrale W
cde classeC
r−1tangente à E
cen0. Les variétés W
s, W
iet W
csont toutes invariantes par le flotΦ deF. Les variétés stable et instable sont uniques, mais W
cne l’est pas nécessairement. 2
Le théorème de la variété centrale implique que le système soit topologiquement équivalent
à :
˙˜
x = f˜(˜x)
˙˜
y = −y˜
˙˜
z = z˜
oùf˜est un champ de vecteur et(˜x,y,˜ z˜)∈W
c×W
s×W
isont les composantes d’un vecteur
sur les variétés centrale, stable et instable.
Pour simplifier, il est supposé dans la suite qu’il n’y a pas de variété instable. Le système
peut se réécrire sous forme de blocs diagonaux :
˙
x = Bx+f(x, y) (A.3)
˙
y = Cy+g(x, y) où (x, y)∈R
n×R
mB et C sont des matrices n×n et m×m dont les valeurs propres sont respectivement de
parties réelles nulles et négatives,f etg sont des fonctions dont les dérivées partielles premières
sont nulles à l’origine.
La variété centrale est tangente à E
c(d’équation y = 0), elle se représente donc comme un
graphe local :
W
c= {(x, y)|y=h(x)} avech:U ⊂R
n→R
mh(0) = 0
Dh(0) = 0 (A.4)
Sur E
c, le système s’exprime alors :
˙
x = Bx+f(x, h(x)) (A.5)
Dans ce cas, il existe aussi un théorème d’équivalence entre les problèmes non-linéaire et
réduit.
196 Eléments de théorie des bifurcations
Théorème 7 Si l’originex= 0de (A.5) est localement asymptotiquement stable (respectivement
instable), alors l’origine de (A.3) est aussi localement asymptotiquement stable (respectivement
instable). 2
Le formalisme de la théorie des bifurcations précise que la forme normale d’un champ
analytique de vecteurs résulte de la simplification de son expression (sur la variété centrale).
Pour ce qui est du système dynamique (A.1), aux valeurs critiques du paramètre de contrôle,
il y a soit des bifurcations locales quand des changements de types de trajectoires-solutions
s’observent et se produisent au voisinage d’un point d’équilibre ou d’une orbite périodique, soit
desbifurcations globalessi les modifications de trajectoires-solutions mettent en jeu des
pro-priétés plus globales. Ces dernières apparaissent par exemple quand la variété stable d’un point
fixe n’est pas transverse à la variété instable (du même ou d’un autre point fixe) i.e. les espaces
tangents des variétés n’engendrent pas un espace dont la dimension est égale à la somme de leur
dimension.
L’intérêt se focalisera sur les bifurcations locales dont les configurations de base sont
pré-sentées. Celles relevant des points d’équilibre seront d’abord abordées et les cas pour lesquels
le spectre contient une valeur propre nulle se distingueront de ceux ayant un couple de valeurs
propres imaginaires pures. L’exposé se limitera aux bifurcations de codimension 1 (la
codimen-sion d’une bifurcation étant la dimencodimen-sion la plus petite d’un espace de paramètres contenant
une telle bifurcation). Ensuite, ce seront les bifurcations affectant les cycles limites qui seront
décrites. Au cours de cette thèse, ces différents types de bifurcations sont illustrés et analysés
dans le même ordre de progression tout au long de l’étude pratique de la dynamique du vol des
hélicoptères.
Dans le document
Théorie des bifurcations appliquée à l'analyse de la dynamique du vol des hélicoptères
(Page 194-197)