• Aucun résultat trouvé

Liens entre les fonctions attentionnelles et exécutives et les mouvements miroirs

Comme nous l’avons précédemment évoqué, l’observation des MM chez l’adulte sain se li-mite souvent à une activité électromyographique involontaire. Différents facteurs pourraient néanmoins favoriser leur apparition. Ainsi, il a été proposé que des tâches complexes impli-quant un contrôle moteur fin et précis ou au contraire une fatigue musculaire importante conduiraient à l’exacerbation des MM chez l’adulte sain. Outre l’implication d’un réseau mo-teur étendu, il a également été proposé que des mécanismes de contrôle cognitif puissent sous-tendre la restriction des MM (Addamo et al.,2007).

Dans ce chapitre, nous commencerons par détailler les différentes observations compor-tementales chez le sujet sain de l’enfant à la personne âgée et dans le cas de certaines pa-thologies qui supportent l’idée d’un lien existant entre des mécanismes cognitifs de natures attentionnelles et exécutives et les MM.

Puis, dans une seconde partie, nous présenterons les différents travaux menés chez les su-jets sains jeunes et âgés ainsi que dans le cas de certaines pathologies qui suggèrent l’existence d’un lien entre des réseaux attentionnels et exécutifs au niveau cérébral et les MM.

4. L MM

4.1 Observations comportementales

Il semblerait que des mécanismes de contrôle cognitif tels que les fonctions attentionnelles et exécutives (pour une description plus détaillée de ces fonctions, voirEncadré 2) puissent venir interagir avec la production de MM. Nous allons développer ici les différents éléments de la littérature en faveur de cette hypothèse. Tout d’abord, nous allons voir que la modifi-cation de la focalisation attentionnelle lors d’une tâche motrice peut moduler les MM. Puis, nous détaillerons les différentes études qui rapportent qu’une inhibition volontaire des MM est également possible. Enfin, nous décrirons les cas de certaines pathologies qui illustrent particulièrement bien l’hypothèse de ce lien entre les fonctions attentionnelles et inhibitrices et les MM.

4.1. Observations comportementales

Encadré 2|Fonctions exécutives et attentionnelles : approche neuropsychologique Les fonctions exécutives (FE) renvoient à un ensemble de processus de contrôle de haut niveau mis en jeu lors de la réalisation de tâches nouvelles et complexes notamment lorsque les routines d’action ou les habiletés cognitives sur-apprises deviennent insuffisantes (Diamond,2013;Seron, Van der Linden, & Andrès,1999). Ainsi, la planification et la résolution de problèmes, les possibilités d’abstraction, le contrôle attentionnel et l’inhibition, la flexibilité cognitive ou encore les capacités de mémoire de travail (MDT) feraient partie, de manière plus ou moins consensuelle, des habiletés cognitives regroupées sous le terme de FE. Ces fonctions de haut niveau ont été associées à de larges réseaux cérébraux au sein desquels le cortex préfrontal occupe une place centrale (Bettcher et al.,2016;Funahashi & Andreau,2013). La fonction d’attention renvoie à un ensemble de processus complexes mis en jeu lors de la réalisation de différentes tâches perceptives, motrices et cognitives. Il s’agit d’une fonction multidimensionnelle nous permettant de gérer nos ressources mentales afin de traiter, d’organiser et d’extraire de nouvelles informa-tions issues de notre environnement. De nombreux modèles ont tenté de conceptualiser cette fonction d’attention en y rattachant différentes composantes ainsi que des corrélats cérébraux sous-jacents (Cor-betta & Shulman,2002;Norman & Shallice,1986;Posner, Sheese, Odludaş, & Tang,2006;van Zomeren & Brouwer,1994). Un des modèles particulièrement utilisé en pratique clinique est celui devan Zomeren et Brouwer(1994). Ces auteurs distinguent deux dimensions attentionnelles, la « sélectivité » et « l’in-tensité », dont le fonctionnement serait modulé par le système attentionnel superviseur (SAS) (Norman & Shallice,1986). La notion de « sélectivité » correspondrait au nombre limité d’informations que l’in-dividu peut traiter et donc à sa capacité à sélectionner les informations pertinentes. On y distingue deux composantes : (1) l’attention focalisée, qui correspond à la focalisation des ressources attentionnelles sur un stimulus pertinent, en inhibant les stimuli non pertinents et (2) l’attention divisée, qui renvoie aux capacités de partage des ressources entre plusieurs tâches ou stimuli simultanés. La notion « d’intensité » renvoie à l’état de vigilance et assure la modulation de la quantité de ressources attentionnelles dévolues à une tâche. De la même façon, deux composantes ont été proposées : (1) une dimension phasique de la vigilance ou attention préparatoire, qui renvoie à la capacité de mobiliser rapidement les ressources attentionnelles en réponse à un signal d’alerte et (2) une dimension tonique de la vigilance ou atten-tion soutenue faisant référence à la capacité de maintenir de façon stable et efficiente son attenatten-tion sur une tâche de longue durée. Enfin, le SAS assurerait la modulation de l’ensemble de ces composantes at-tentionnelles en permettant la mise au point de stratégies pour les tâches non routinières ainsi qu’une certaine flexibilité dans la réalisation d’une tâche lorsque le maximum des ressources attentionnelles est atteint et qu’une décision doit être prise (Norman & Shallice,1986).

Enfin, des recouvrements importants entre les processus attentionnels et exécutifs semblent exister, ce qui rend l’évaluation de ces domaines souvent complexe compte tenu de l’aspect multidimensionnel des tests proposés mais également des processus mis en jeux (Friedman & Miyake,2017;Miyake et al.,2000). En effet, les systèmes de contrôle de haut niveau tels que le système attentionnel superviseur du modèle deNorman et Shallice(1986) ou l’administrateur central du modèle de la mémoire de travail de Badde-ley(2000) ont été proposés comme centraux dans le contrôle exécutif et attentionnel (Baddeley,1996; Friedman & Miyake,2017;Miyake et al.,2000;van Zomeren & Brouwer,1994).

Dans le cadre de ce travail de thèse, outre les fonctions attentionnelles décrites précédemment (van Zomeren & Brouwer,1994), nous porterons un intérêt tout particulier au contrôle inhibiteur en tant que FE du fait de son rôle central tant au niveau des fonctions exécutives qu’attentionnelles (Diamond,2013).

4. L MM

Modulation des mouvements miroirs par une manipulation des