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Face aux limites de l’évaluation clinique des MM, plusieurs auteurs ont développé d’autres mesures quantitatives plus objectives et plus fines des MM. Ainsi,Todor et Lazarus(1986) pro-12

1.3. Évaluation des mouvements miroirs pose un dispositif permettant de détecter les variations de force produites par les deux mains à l’aide de lamelles métalliques qu’il faut serrer entre le pouce et l’index. Ce dispositif permet ainsi de mesurer l’amplitude de force produite par la main non volontairement active lorsque l’autre main réalise des contractions volontaires. Par la suite, cette méthode de quantification des MM par le biais d’une mesure de force a également été utilisée dans de nombreux travaux chez l’adulte sain (Addamo et al.,2010,2009a,2009b;Baliz et al.,2005;Uttner et al.,2007, 2005).

Une autre façon de quantifier précisément les MM est d’enregistrer l’activité électrique musculaire par électromyographie (EMG) sur le membre supposé être inactif. Dès1961, Cerna-ceka utilisé cette mesure des MM par EMG lors d’une tâche unimanuelle de flexion/extension de l’index chez des adultes sains et des patients hémiparétiques. Par la suite, Mayston et al. (1999) ont également utilisé cette mesure EMG sur les muscles interosseux dorsaux de chaque main lors d’une tâche séquentielle d’opposition entre le pouce et les doigts et lors d’une tâche rythmique d’abduction de l’index d’une main. Ce dispositif permettait ainsi de mettre en exergue la présence de MM au niveau des muscles homologues de la main oppo-sée chez des enfants mais également chez des adultes sains (Mayston et al.,1999). Comme en témoignent de nombreuses études récentes, l’utilisation de l’EMG semble être particuliè-rement appropriée pour quantifier de façon précise et fiable les MM notamment chez des adultes sains (e.g.,Beaulé et al.,2016;Derosière et al.,2014;Maudrich et al.,2018,2017,2019; Morrison, Hong, & Newell,2011;Sehm et al.,2010,2016). En effet, cette méthodologie permet de mettre en évidence des MM discrets chez l’adulte sain en l’absence de production de force ou d’un mouvement involontaire visible. C’est pourquoi l’évaluation des MM chez l’adulte sain nécessite d’une part, l’utilisation d’outils de mesure précis et d’autre part, de se placer dans des conditions optimales favorisant leur émergence.

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1.4 Conditions optimales d’observation chez l’adulte sain

Différents facteurs tels que le niveau de force, le rythme, la fatigue musculaire ou encore la charge cognitive ont été rapportés dans la littérature comme modulant le degré de MM chez l’adulte sain.

Un premier facteur important est la force requise lors de la contraction unilatérale du membre actif. En effet, de nombreuses études ont rapporté une augmentation progressive de l’activité EMG controlatérale à mesure que la force volontaire produite par le membre actif augmentait (Derosière et al.,2014;Maudrich et al.,2018,2017;Sehm et al.,2010,2016; Shino-hara et al.,2003;Todor & Lazarus,1986;van Duinen, Renken, Maurits, & Zijdewind,2008; Zijdewind, Butler, Gandevia, & Taylor,2006;Zijdewind & Kernell,2001). Ainsi, une contrac-tion unilatérale à un haut niveau de force (e.g., 80% MVC) semble générer plus de MM sur le membre controlatéral par rapport à une contraction à un faible niveau de force. Néanmoins, lorsque les MM sont exprimés en moyenne relative par rapport à la force produite par la main active (Addamo, Farrow, Bradshaw, & Georgiou-Karistianis,2011), d’autres travaux rapportent une intensité de MM plus importante pour des faibles niveaux de force (e.g., 25% ou 33% MVC) par rapport à des niveaux plus élevée (50%, 66% ou 75% MVC) (Addamo et al.,2009a, 2009b;Armatas, Summers, & Bradshaw,1996a,1996b;Georgiou-Karistianis,2004;Hoy, Fitz-gerald, Bradshaw, Farrow, et al.,2004;Hoy et al.,2009). Ces auteurs font alors l’hypothèse d’une inhibition moins efficiente des MM liée à la complexité de la tâche à un faible niveau de force nécessitant un contrôle moteur plus fin et précis. Cette hypothèse est appuyée par la moindre performance (variabilité plus importante) des participants à la tâche à un faible ni-veau de force rapportée dans ces études (Addamo et al.,2009a,2009b;Armatas et al.,1996a; Georgiou-Karistianis,2004;Hoy, Fitzgerald, Bradshaw, Farrow, et al.,2004;Hoy et al.,2009). Ainsi, l’augmentation des MM pourrait ne pas être liée spécifiquement au niveau de force mais plutôt aux exigences fonctionnelles de la tâche (Sehm et al.,2016). En effet, d’autres travaux

1.4. Conditions optimales d’observation chez l’adulte sain ont retrouvé une exacerbation des MM dans le cas de mouvements rythmiques à fréquence élevée (Bodwell et al.,2003;Morrison et al.,2011) ou faible (Koerte et al.,2010;Uttner et al., 2007), impliquant une charge cognitive importante (Addamo et al.,2009b;Baliz et al.,2005; Bodwell et al., 2003) ou encore un niveau de fatigue musculaire majoré (Arányi & Rösler, 2002;Bodwell et al.,2003;Post et al.,2008). Il semblerait donc que l’ensemble de ces facteurs puissent faciliter l’émergence de MM chez l’adulte sain en rendant la tâche plus coûteuse.

Parmi ces différents facteurs, celui du rythme semble être particulièrement intéressant. En effet, de nombreuses études ont pu mettre en évidence des MM chez des adultes sains par l’intermédiaire de différents paradigmes de contractions unimanuelles rythmiques de pince pouce-index (Koerte et al., 2010; Uttner et al., 2005), de grip (Uttner et al., 2007), de tap-ping de l’index (Bodwell et al.,2003), d’applaudissement unilatéral (Morrison et al.,2011), de flexion/extension du poignet (Ridderikhoff, Daffertshofer, Peper, & Beek, 2005) ou encore d’extension du majeur (Vardy, Daffertshofer, Ridderikhoff, & Beek,2007). Dans cette dernière étude, les participants réalisaient également des contractions bimanuelles de leurs deux ma-jeurs soit en phase (symétrique) ou en antiphase (asymétrique). De cette façon, les auteurs cherchaient notamment à explorer l’effet de ces deux types de contractions bimanuelles sur la genèse des MM lorsqu’elles étaient réalisées juste avant la condition unimanuelle. Ainsi, une augmentation des MM a été retrouvée lors de la tâche unimanuelle lorsque celle-ci était précé-dée de la condition bimanuelle en phase (Vardy et al.,2007). L’émergence de MM semble donc être facilitée par l’activité motrice précédente notamment lorsque celle-ci concerne des mou-vements bimanuels symétriques en phase. Au vu de ces différents éléments, un paradigme pertinent pour explorer les MM, notamment chez l’adulte sain, pourrait être une tâche d’ar-rêt sélectif, exigeant l’ard’ar-rêt d’un mouvement rythmique bimanuel symétrique pour ne conti-nuer qu’un mouvement rythmique unimanuel (Deiber, Caldara, Ibañez, & Hauert,2001; Sal-lard, Tallet, Thut, Deiber, & Barral,2014,2016;Tallet, Albaret, & Barral,2013;Tallet, Barral, & Hauert,2009). Cette tâche permettrait ainsi d’évaluer les MM du fait de l’implication de

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processus excitateurs lors de mouvements bimanuels symétriques (Gre es, Eickhoff, Nowak, Dafotakis, & Fink,2008;Serrien, Cassidy, & Brown,2003) par opposition aux processus inhi-biteurs engagés lors de mouvements unimanuels en vue de supprimer les MM sur le membre controlatéral (Cincotta & Ziemann,2008;Gre es et al.,2008).

En résumé

— Les mouvements miroirs (MM) sont définis comme des mouvements ou des contractions involontaires impliquant les muscles homologues controlatéraux à ceux du mouvement volontaire.

— Les MM sont exacerbés chez l’enfant avant 10 ans puis se manifestent de manière discrète chez le jeune adulte avant de réapparaitre progressivement de façon plus marquée avec l’avancée en âge.

— Lorsqu’ils sont visibles à l’œil nu, les MM peuvent être quantifiés par de simples échelles cliniques. En revanche, une évaluation instrumentale impliquant des mesures de force et d’activité électromyographique (EMG) est souvent nécessaire pour objectiver de faibles MM. Ce type d’évaluation permet alors une quantifi-cation plus objective et plus fine des MM.

— Chez l’adulte sain, différents facteurs pourraient favoriser l’apparition des MM. Ainsi, les MM pourraient être exacerbés dans le cas de contractions rythmiques à une fréquence faible ou élevée, impliquant une charge cognitive importante ou encore un niveau de fatigue musculaire majoré.

Chapitre 2

Bases cérébrales des mouvements