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Les sources écrites, ethnologiques et/ou techniques

Si la première approche fut la recherche sur le terrain avec un regard neuf d’architecte, les sources écrites1 ont ensuite été étudiées, en particulier pour ce qui concerne l’histoire et le contexte social. Il s’agit soit d’ouvrages édités, soit de rapports de recherche consultés en bibliothèque, également de contributions lors de colloques qui traitaient de sujets proches. Nous développons amplement ce propos qui, outre d'asseoir les bases de la recherche scientifique, est aussi une façon de rendre hommage à ceux qui se sont intéressés, de façon souvent « militante », à ces contrées peu valorisées du Maroc.

Les premiers écrits mentionnant ces régions et dont les historiens soient sûrs, sont le fait de géographes arabes qui ont relaté leurs voyages : « … Des premiers géographes, ceux de l'époque antérieure à la découverte européenne du Sahara et de l'« intérieur de l'Afrique », dont les historiens sont certains, les premiers à laisser une relation de voyage ou une compilation relatives à ces zones, furent les géographes comme Ibn Hawqal au Xe siècle, al-Yaâkoubi au XIe siècle, al-Bakrî2 et al-Idrîssî3 au XIIe siècle, al-Zouhi et Yakout au XIIIe

siècle4. »

Au XIVe siècle, l'historien et philosophe Ibn Khaldûn a écrit son Kitâb al 'Ibar, Discours sur

l’Histoire Universelle, qui fut pour la première fois traduit de l’arabe en français par le baron

de Slanes et publié entre 1847 et 1856, dont les deux derniers tomes mettent en scène les Berbères et leur histoire ou du moins ce qu’il en a imaginé5.

1 Nous retrouvons ces écrits dans la bibliographie sise en fin de thèse. 2El Bekri 1965.

3Al Idrissi 1866. 4Benachir 2001, p. 81. 5Ibn Khaldun 1852-1925.

Une autre traduction, semble-t-il plus fidèle en a été faite par Vincent Monteil : Ibn Khaldun, Discours sur l'histoire

Par la suite, il faudra attendre la « découverte » européenne du Sahara et de « l'intérieur de l’Afrique » pour avoir quelques écrits ; puis, bien sûr, ceux des différentes conquêtes coloniales.

Jusqu'à une époque récente, les seuls écrits disponibles en français sur la région étudiée ici étaient ceux issus de la colonisation, ils émergent immédiatement d’un inventaire bibliographique, et « font référence » dans le monde de la recherche, tant au Maroc qu’ailleurs, même après avoir été soumis à des critiques plus ou moins virulentes. En effet, le propos en est forcément biaisé par le statut même des auteurs, tous plus ou moins liés à la présence coloniale, et par la situation politique, la mentalité générale de l'époque ne pouvant échapper au rapport de dominants à dominés. Mais dès les années 70, ils furent l’objet d’une relecture souvent contestataire - tant parmi les chercheurs français que marocains, ou d’autres nationalités.Cette analyse critique est en marche encore aujourd’hui et rendue de plus en plus pertinente du fait de la distance dans le temps et du recul par rapport à la colonisation-décolonisation.

Pendant le protectorat établi par la France au Maroc de 1912 à 1956, les officiers des affaires indigènes confrontés aux populations autochtones, ne se contentèrent pas d'essayer de les administrer, mais tentèrent aussi de les connaître et de les étudier… pour mieux les administrer et les « pacifier ». Si pour certains il s'agissait d'une manière personnelle et engagée d’aborder et d'apprendre à connaître les territoires dont ils étaient chargés, cela devint partie intégrante de la mission de tous ces militaires à partir du moment où elle leur fut assignée comme telle dès 1913 par le général Lyautey, Résident Général au Maroc de 1912 à 1925. Ces « notices de tribus » sont des documents de vingt à soixante pages, écrits en langage simple et descriptif ; elles témoignent pour certaines, d'une connaissance fine de la réalité de terrain ; et même si cette réalité est déformée par le prisme de l'observateur étranger, occupant de surcroit, elles constituent un fond unique de connaissance du Maroc de cette période.

Elles furent tout d'abord éditées dans la revue Archives berbères - de 1913 à 1919 - puis dans le bulletin de l'institut des hautes études marocaines, IHEM, créé en 1920 par le Général Lyautey à Rabat. Cet institut prenait la suite de l'école supérieure de langue et littérature arabes et d'études dialectales berbères fondée en 1912 dès le début du Protectorat, école « instituée pour introduire les administrateurs coloniaux à la civilisation marocaine »1. L'IHEM faisait un pas de plus dans l'administration coloniale, il devait « regrouper l'élite des 1Bendana 2000.

chercheurs du Protectorat qui travaillaient de concert avec les services de la Résidence et orientaient leurs travaux en fonction des besoins de la conquête et de la gestion coloniale1». A la fin du Protectorat cet institut devint, en 1957, la faculté des lettres et sciences humaines, université Mohammed V de Rabat, toujours située aujourd'hui dans les mêmes locaux, 3 rue Ibn Battuta, non loin de l'enceinte en pisé près de Bab Roha.

Le bulletin de l'IHEM, - suite des Archives berbères pour un seul numéro -, fut remplacé dès 1921 par la revue Hespéris, qui devint elle-même plus tard Hespéris-Tamuda, adjoignant à

Hespéris la revue de recherche espagnole Tamuda qui paraissait à Tétouan. Hespéris-Tamuda

toujours publiée par la section recherche de la faculté des Lettres est consacrée à l'étude du Maroc.

Les « notices de tribu » devaient ensuite devenir des documents du CHEAM, centre des hautes études administratives sur l'Afrique et l'Asie modernes, à l'université de Paris, organisme qui n'existe plus. Elles sont consultables actuellement, sous leur forme première brute de rapports, aux archives diplomatiques de Nantes ainsi qu'à la toute nouvelle grande bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, BNRM, à Rabat, où elles sont conservées dans la tour des archives ; c'est là que nous avons pu en prendre connaissance, après les avoir d'abord vainement cherchées à Paris.

Même si on peut en faire une critique sévère, à l'instar de Mohamed Berdouzi, chercheur marocain, car « la plupart du temps, ces études ne visaient pas seulement à faire progresser théoriquement la sociologie, mais plutôt à raffermir le système colonial et son administration2 », elles sont - encore maintenant - ainsi que les articles de la revue

Hespéris-Tamuda, une référence dans les études ethnographiques du Maroc.

Bon nombre de ceux qui y ont publié étaient à la fois officiers des affaires indigènes et chercheurs. Parmi ceux qui, étant avant tout des officiers, furent également attentifs aux populations, nous citerons Paul Azam, François de La Chapelle, Marcel Niclausse, Georges Spillmann ; à l'époque jeunes lieutenants ou capitaines en poste dans la vallée du Drā, ils nous ont laissé de précieuses observations sur la vie des villages et des habitants.

Nous nous attarderons quelque peu sur Robert Montagne, officier de marine pendant la première guerre mondiale, ensuite en poste en Tunisie puis à Port-Lyautey (actuellement Kénitra), où il apprit l'arabe et le berbère. Remarqué par Lyautey, il reçut un ordre de mission original : se promener au sud du Maroc et s'informer sur les coutumes et l'organisation sociale et politique des Berbères, dans le but de faciliter la « pacification ». Ce qu'il fit par des 1Dahane 2000.

enquêtes directes sur le terrain entre 1923 et 1928 qu'il présenta en une thèse sur « les Berbères et le Makhzen1 ». Ainsi, certes dans un contexte colonial, il « a réussi à établir les bases théoriques et méthodologiques d'une anthropologie politique de la société berbère et à édifier la première synthèse de sociologie marocaine2 ».

Parmi les chercheurs, Émile Laoust (1876-1952) tient une place particulière. D'abord instituteur à Ghardaïa et Tipaza en Algérie, il fut appelé comme enseignant à l'école supérieure de langue et littérature arabes et d’études dialectales berbères, citée plus haut, dont devait naître l'institut des hautes études marocaines, IHEM, et fut le créateur de la chaire de berbère à l'école des langues orientales, aujourd'hui INALCO, institut national des langues et civilisations orientales. Il mit à profit son séjour au Maroc pour étudier les populations et leur mode de vie, « à chaque progrès de la pacification, Laoust se hâtait de parcourir le pays soumis, d'interroger ses habitants, de contempler sa vie » dira de lui Henri Terrasse. Ses observations ont été consignées dans plusieurs ouvrages dont « Mots et choses berbères » paru en 1920 et maintes fois réédité, tant au Maroc qu'en France, dans lequel il a « groupé (…) un ensemble de notes relatives à la lexicographie et à l'ethnographie berbères … 3» de différentes régions du pays. Cela reste une source incontestée de connaissance des pays berbères marocains.

À cette même époque, Henri Terrasse (1895-1971), historien agrégé et docteur ès-lettres, nous fournit une documentation exceptionnelle, la première sur le patrimoine bâti, dans l'ouvrage « Kasbas berbères »4, publié en 1938, illustré de nombreuses et belles photos sépia. Ce livre marque une étape dans l’approche de ce patrimoine méconnu ; il est demeuré longtemps une référence essentielle de l'architecture du sud marocain. Cependant il reste très incomplet en particulier sur les techniques constructives et est éminemment critiquable dans la mesure où il englobe toutes ces architectures dans un regard unique marqué par la colonisation et le milieu social de son auteur, en omettant leurs particularités et leurs origines. L'architecte Salima Naji qui a elle-même porté un regard neuf sur ces architectures, indique les travers de cet ouvrage dans la préface de la récente réédition : « Cette synthèse trop parfaite d'une histoire désirée de l'architecture berbère montre les engouements des années coloniales pour cette région du monde et trahit en même temps les hésitations des savants et leur incapacité à restituer

1 Montagne 1930b. 2 Dahane in Pouillon 2000. 3 Laoust 1920.

convenablement une architecture dont sont systématiquement niées les origines propres1. » Il faudra attendre la fin des années 50 et les publications de madame Germaine Jacques-Meunié (1902-1985), pour aller plus loin dans la connaissance technique de ces architectures. Ethnologue et archéologue, parlant couramment l'arabe et le berbère, elle se vit confier sa première mission par Henri Terrasse, alors directeur du patrimoine. Elle parcourut et traversa l'Atlas du début des années 40 à la fin des années 50. Ses recherches sont des études fines et documentées sur l'architecture et l'histoire de l'Atlas et des vallées pré-sahariennes ; elle nous les a transmises sous forme de plusieurs livres aux nombreux dessins et photographies, puis de sa thèse finale sur l'histoire du Sud marocain, soutenue en 1975, éditée en1982. Elle était membre de la société des Africanistes. Née Germaine-Amélie Popelin, connue sous le nom de son mari, Henri Jacques-Meunié, lui-même archéologue et architecte, elle s'était donnée à elle-même le prénom-pseudonyme de Djenoun. Par erreur - du fait sans doute qu'elle ait pris le nom de son mari lui-même scientifique et chercheur au Maroc, et de ce double nom à allure de prénom + nom - elle est trop souvent assimilée à un auteur masculin, on la trouve même citée comme Dr. Jacques-Meunié. Pour éviter cette confusion, nous la désignerons le plus souvent par « madame Dj.Jacques-Meunié ». Elle est un des auteurs majeurs pour la connaissance de ces régions du Sud marocain.

Par ailleurs, nous ferons mention particulière, non comme source directe mais comme mode d'approche, de l'étude de Jacques Berque, dont il a fait une thèse, parue en 1955 sous le titre

Structures sociales du Haut-Atlas2, fruit d'une immersion totale dans la tribu des Seksawa, livre écrit comme l'auteur le dit lui-même "dans la communication", c'est-à-dire en vivant avec les gens et les apprivoisant peu à peu. Appartenant au corps extérieur des affaires étrangères, il administra les tribus marocaines en tant que civil, au côté des officiers affaires indigènes. Ayant pris position contre le protectorat en 1947, il fut muté dans un coin reculé du Haut-Atlas ce qui lui donna l'opportunité de vivre de l'intérieur avec cette population. En désaccord avec l'exil imposé du sultan Mohammed V, il démissionna ensuite de l'administration en 1953. Ceci le conduisit à devenir ethnologue et anthropologue, spécialiste des pays méditerranéens et de l'Islam, jusqu’à sa mort en 1995.

A la suite de ces "Anciens", Paul Pascon, natif de Fès en 1932 et mort prématurément en 1985, était petit-fils de colons français ; marqué par une enfance et une adolescence dans le 1Naji 2010, p.11.

sud du Maroc, il s'est consacré en tant que sociologue, à l'étude du Maroc rural. Il parlait l'arabe marocain et avait choisi de prendre la nationalité marocaine. Outre de nombreux ouvrages et articles, il rassembla ses connaissances en une magistrale thèse d'État sur le Haouz de Marrakech, soutenue en 19751.

Plus près de nous, quelques architectes ont travaillé sur ces régions présahariennes. Mais, comme le regrettait André Ravéreau, nous pouvons confirmer qu'il n'y a encore aujourd'hui que « très peu d'études approfondies sur l'architecture des pays d'Afrique du Nord »2.

Les travaux de Jean Hensens de 1968 à 1986, sur les architectures de terre crue du Maroc et leur devenir, viennent compléter ceux de Djenoun Jacques-Meunié, toutefois sur un mode plus opérationnel, réalisés dans un cadre institutionnel. Arrivé en 1962 à Casablanca pour occuper un poste au ministère des travaux publics dans les services locaux de l'habitat puis à Marrakech, il fut ensuite nommé, à l'automne 1968, au CERF, centre d'expérimentation, de recherche et de formation, bureau d'études de la direction de l'urbanisme et de l'habitat à Rabat, devenu ensuite ministère de l'habitat ; c'est dans cette fonction qu'il a procédé à des travaux de recherche sur l'habitat et l'aménagement rural, dont ses études des qsour, en examinant la possibilité de les aménager à partir des nouveaux besoins des habitants et des conditions de l'époque moderne. Ses travaux ont été édités, sous forme de compte-rendus au CERF, d'articles ou de livres, certains dans le BESM, bulletin économique et social du Maroc. Les rapports professionnels, conservés au ministère, sont difficilement accessibles, en particulier ceux sur la rénovation de l'habitat dans la vallée du Drā qui nous importaient tout particulièrement ; un inventaire de tous ces travaux, réalisé en 2010 par sa femme après sa mort en 2005, fut une heureuse découverte à la fin de notre recherche, et nous ont permis de constater sa connaissance précise de ces architectures. Seul l'ouvrage, Habitats des qsour et

qasbas des vallées présahariennes, illustré de ses dessins et réalisé avec son collègue et ami,

l'architecte marocain Saïd Mouline a donné lieu à une publication par le ministère en 1991, d'abord en français, puis en arabe en 1992 ; il s'agit en quelque sorte d'un inventaire des qsour de ces vallées du Sud, avec des propositions d'aménagement3. Tous ces travaux ont donné lieu finalement, en collaboration avec ce confrère, à des maquettes très précises -malheureusement restées peu montrées - de quelques qsour.

Plus récemment, Salima Naji, architecte franco-marocaine a poussé plus avant la connaissance de ces architectures marocaines, nous y reviendrons plus loin.

1 Pascon 1977.

2 Ravéreau 2007, p. 51 « À l'époque de ma pratique professionnelle, je n'avais pas trouvé d'études approfondies sur l'Afrique du Nord. Je ne sais d'ailleurs pas si, à l'heure actuelle, il en existe beaucoup. ».

En Algérie, l'architecte André Ravéreau, avec la photographe Manuelle Roche, a étudié l'architecture vernaculaire du M'Zab1, région berbère de qsour au contexte similaire, dégageant de ses observations une véritable « leçon d'architecture » ; ensemble ils ont ensuite réalisé un travail similaire sur la casbah d'Alger et les manières d'y habiter2. Ces ouvrages sont pour nous et pour nombre d’architectes une référence pour une « architecture située » en lien avec l'homme et son environnement, et constituent une base d'enseignement majeur dispensé encore aujourd'hui dans les écoles d'architecture ds pays du Maghreb.

D'autres auteurs, ni français ni francophones, ont apporté leur contribution à la connaissance de ces régions du Maroc. Parmi les européens, citons tout d'abord Gerhard Rohlfs, premier voyageur anglais, qui a consigné dans son journal dès 1874 ses impressions et ses observations sur la vallée du Drā et du Tafilalet3.

Pour ceux qui viennent après la colonisation, certains s’inscrivent en faux contre les écrits du protectorat. Étant plus à même d’un regard distancié non troublé par des visées colonialistes, ils n'en reconnaissent pas moins la qualité des observations et des documents recueillis par les Français. Ainsi un réseau de chercheurs nord-américains travaillant sur l’aire marocaine s’est constitué à partir des années 60, dont l’anthropologue Clifford Geertz.

David Montgoméry Hart, anthropologue américain, a, pour sa part, étudié de très près la société des berbères Ayt Ātta, vivant en leur sein dans les années 60-70, et parlant leur langue. Son travail porte sur tous les aspects de la vie de cette tribu : organisation socio-politique, droit coutumier, environnement naturel ; il en a fait le fond de sa recherche et écrit plusieurs livres qui se complètent mutuellement, ainsi que de nombreux articles. Il a, en outre, révélé et diffusé largement le mythe fondateur de Dadda Ātta et ses quarante fils.

Également Ernest Gellner, de l’école anglo-saxonne d’anthropologie réunie autour de l’anthropologue britannique E.E. Evans-Pritchard, étudia une tribu du Haut-Atlas et plus spécialement le rôle de la confrérie religieuse qui lui était attachée. Sa thèse éditée à Londres en 1969 sous le titre Saints of Atlas, et traduite en français en 20034, remet en cause la théorie des leffs, alliances entre tribus, construite par Robert Montagne en 1930.

Force est, à travers ces différentes recherches de sources non francophones et surtout non colonialistes, de contredire bien des dires de la période coloniale française.

La recherche présentée ici a le privilège de se situer à l’heure où ces études, maintenant 1 Ravéreau 1981.

2 Ravéreau 1989. 3 Rohlfs 1874. 4Gellner 2003.

traduites, - même si elles étaient déjà connues avant -, font vraiment partie du champ anthropologique français, ouvrant le regard sur la réalité marocaine, et apportant des éléments différents de la vision coloniale. Comme le dit Daniel Cefaï dans sa préface à la traduction du

Souk de Sefrou de Clifford Geertz, « Les images du Maroc produites par cette génération

d’enquêteurs ont rompu sur bien des points avec la littérature coloniale française et espagnole. L’entreprise de Geertz et de ces collaborateurs mérite un meilleur sort dans ce champ de recherches, à parité avec celle d’Ernest Gellner1.» Les traductions de ces ouvrages de chercheurs, donnent en effet lieu à des préfaces et des commentaires contemporains qui apportent un éclairage et affirment les différences.

Par ailleurs, et sans référence aux écrits coloniaux, différents chercheurs européens ont étudié davantage les structures physiques de ces contrées : en Allemagne, le géographe Alfred Pletsch, a soutenu sa thèse en 1970 sur la transformation des structures de la vallée du Drā2, l'architecte Jürgen Axel Adam, a réalisé en 1980 une thèse sur l'architecture de la vallée du Dadès3 et le géographe H.J Büchner étudia dans les années 90 l'évolution récente des qsour4. En France à l'heure actuelle, plusieurs anthropologues, généralement de l'EHESS, école des hautes études en sciences sociales, se consacrent à l'étude des civilisations berbères du Maroc, souvent en lien avec celles de l'ensemble du Maghreb. Claude Lefébure, anthropologue et enseignant à l'EHESS et professeur de langue berbère à l'INALCO, a d'abord écrit sa thèse en 1971 sur une fraction des berbères Ayt Ātta avec éclairage sur l'habitat5, puis l'a prolongée par divers articles. Les thèses soutenues par Marie-Luce Gélard6 et Corinne Cauvin-Verner7 sur certains aspects de la société berbère ont également été éditées.

Les chercheurs marocains quant à eux, se sont longtemps référés aux écrits de la colonisation,