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2 La modélisation de la base lexicale

2.2 Les différentes relations lexicales

2.2.1 Les relations synonymiques

Nous décrivons les relations suivantes : quasi-synonymie, hyperonymie et hyponymie, synonymie intersective.

Quasi-synonymie

Nous appelons quasi-synonymie la similarité de sens de deux lexies. Deux lexies sont quasi-synonymes si la substitution de l'un par l'autre dans une phrase ne change jamais la valeur de vérité de cette dernière. Nous utilisons le terme de quasi-synonymie car il y a toujours de petites différences entre deux lexies : différences fines de sens, d'emploi, d'occurrence avec d'autres vocables, de constructions syntaxiques, de connotation, etc.

Lorsqu'on décrit des relations de quasi-synonymie entre vocables, il faut toujours tenir compte d'un contexte linguistique. En ce sens, deux vocables ne sont jamais synonymes exacts dans l'absolu, c'est-à-dire dans tous les contextes, mais ils peuvent l'être dans des contextes spécifiques. Par exemple, on pourra remplacer emploi par utilisation pour exprimer l’idée de « se servir de » mais cette substitution ne sera plus appropriée pour les autres sens d’emploi. Il faut donc toujours prendre en compte un contexte d’une manière ou d’une autre lorsqu’on considère une relation de quasi-synonymie entre vocables. En général, il est donné par la phrase. Cette contrainte n’existe plus lorsque la description se situe au niveau de la lexie car le contexte n’est plus nécessaire pour déterminer le sens, celui-ci étant spécifié explicitement.

Cependant, lorsque ce contexte disparaît, comme c'est le cas dans les dictionnaires, il devient nécessaire de le réintroduire en spécifiant explicitement quels sont les lexies quasi-

synonymes, ce qui est malheureusement rarement le cas dans les dictionnaires du français (excepté le DEC, Mel'cuk, 1992). Tout au plus avons-nous une synonymie entre une lexie (présentée dans tel sens du vocable) et un vocable. Une des spécificité d'ALEXIA est de décrire systématiquement les relations sémantiques entre lexies. Cette caractéristique nous semble très importante pour les apprenants. Établir une quasi-synonymie entre vocables (quand ce n’est pas entre mots) à la place de lexies ne fait qu'augmenter le risque de confusion.

Hyperonymie et hyponymie

L'hyperonymie et l'hyponymie sont deux relations sémantiques qui découlent de l'organisation hiérarchique du lexique. Une lexie A est un hyponyme d'une lexie B (ou une lexie B est un hyperonyme d'une lexie A) si le sens de A est plus spécifique que celui de B, si tous les traits sémantiques de B appartiennent à A. Les lexies sont liées par une relation « sorte de ». Ainsi, enseignant est un hyponyme de métier et métier est un hyponyme d'activité.

La relation d'hyper/hyponymie est tout à fait évidente pour les noms désignant des objets concrets (comme chaise et meuble). Mais lorsque l’on est confronté à des noms plus abstraits, la relation est plus difficile à concevoir. Concernant les verbes, il apparaît que la relation d'hyper/hyponymie est plus complexe que pour les noms. En effet, verbes et noms ne partagent pas les mêmes caractéristiques (Fellbaum, 1993) et, tandis que la relation principale de l'hyper/hyponymie est une relation « sorte de » pour les noms, il s'agit d'une relation d'implication pour les verbes. Dans son article, Fellbaum montre que l'implication regroupe en fait quatre implications lexicales. Dans ALEXIA, nous utilisons principalement la troponymie : un verbe A est un troponyme d'un verbe B si l'on peut dire :

A, c'est B d'une certaine façon

Par exemple, « destituer, c'est renvoyer d'une certaine façon ». Ici, « certaine façon » doit être interprété assez vaguement pour permettre de multiples interprétations sémantiques.

La troponymie implique la co-extensivité. Ceci signifie que A est un troponyme de B si A implique B et si A et B partage la même étendue de durée, c'est-à-dire que les activités de A se déroulent en même temps que celles de B (Fellbaum, 1993).

Synonymie intersective

La synonymie intersective est une relation entre deux lexies qui ont seulement certains traits sémantiques en commun. Bien qu'il y ait intersection de sens, elles ne peuvent être considérées comme quasi-synonymes. Par exemple, profession et emploi sont deux synonymes intersectifs.

Concernant les synonymes, les deux propriétés linguistiques sont la réciprocité et la transitivité.

2.2.2 Réciprocité

Soit deux synonymes équivalents A et B. Si A est synonyme de B, alors naturellement B est synonyme de A. Cette relation (arc) ne doit pourtant être exprimée qu'une fois dans la base. Or un fait Prolog étant non symétrique, il faut donc construire une règle de réciprocité.

La relation synonymique de base est exprimée par

syn(A,B,Rel).

où les lexies A et B sont reliées par la relation Rel (quasi-synonymie, hyperonymie,

hyponymie ou synonymie intersective).

Pour obtenir une relation réciproque, on a donc la règle synrec telle que : synrec(A,B,eq) <= syn(A,B,eq) ∨ syn(B,A,eq)

eq exprime l'équivalence (ou quasi-synonymie).

La réciprocité s'applique de la même manière à la synonymie intersective :

synrec(A,B,inter) <= syn(A,B,inter) ∨ syn(B,A,inter).

L'hyperonymie et l'hyponymie sont des relations réciproques par nature, à savoir que si A

est hyperonyme de B, alors B est hyponyme de A. Soit B, hyponyme de A, on a donc synrec(A,B,pe) <= syn(A,B,pe) ∨ syn(B,A,pl)

Et de même

synrec(A,B,pl) <= syn(A,B,pl) ∨ syn(B,A,pe)

2.2.3 Transitivité

Cette propriété permet de regrouper plusieurs synonymes équivalents. Soit A, B et C trois synonymes, si A est synonyme de B et B est synonyme de C, alors A est synonyme de C. La transitivité peut d'ailleurs être étendue à n synonymes et il faudra n-1 relations (arcs) plus une règle Prolog de transitivité pour décrire l'ensemble des liens.

On aura donc, par exemple, pour quatre synonymes équivalents A1, A2, A3, A4 : syn(A1,A2,eq).

syn(A2,A3,eq). syn(A3,A4,eq).

et la règle de synonymie transitive syntran :

syntran(A,B,eq) <= synrec(A,C,eq) ∧ syntran(C,B,eq).

La relation de synonymie égale est une relation privilégiée qui implique certaines règles concernant les relations d'hyperonymie et d'hyponymie. En effet, plusieurs synonymes égaux forment un concept, et toutes les relations que possède l'un des synonymes sont valables pour les autres. On peut ainsi dégager les règles suivantes d'hyperonymie étendue :

syntran(A,B,pl) <= (synrec(A,C,pl) ∧ syntran(C,B,eq)) ∨ (syntran(A,C,eq) ∧ synrec(C,B,pl)) ∨

(syntran(A,C,eq) ∧ synrec(C,D,pl) ∧ syntran(D,B,eq)).

et d'hyponymie étendue :

syntran(A,B,pe) <= (synrec(A,C,pe) ∧ syntran(C,B,eq)) ∨ (syntran(A,C,eq) ∧ synrec(C,B,pe)) ∨

(syntran(A,C,eq) ∧ synrec(C,D,pe) ∧ syntran(D,B,eq)).

Nous pourrions aussi considérer les transitivités concernant les hyperonymies ou les hyponymies seules à savoir qu'un hyperonyme d'un hyperonyme d'une lexie est aussi hyperonyme de cette lexie et de même pour les hyponymes. A l'opposé de Wordnet, cette relation n'a pas été développée au sein de la base lexicale principalement pour des raisons didactiques. En effet, on arrive assez rapidement à des lexies de sens trop général ou trop spécifique et qui ne possèdent qu'un rapport étroit avec la lexie de départ. En général, il n'est pas pertinent lorsqu'un apprenant cherche un vocable proche de travail de voir acte (hyperonyme d'activité qui est hyperonyme de travail) ou action humaine. Nous nous sommes donc limités à un seul niveau de transitivité concernant l'hyper/hyponymie.

2.2.4 L’antonymie

L’antonymie a été implémentée sur le même modèle que la synonymie en ne reprenant cependant que la relation de réciprocité. Les relations de transitivité sont beaucoup moins évidentes, à supposer qu’elles existent, car l’antonyme d’un antonyme n’est pas forcément antonyme du premier.

L’antonymie implique aussi d’autres relations linguistiques complexes telles que la gradation, l’opposition ou les relations entre antonymes converses. Ces relations n’ont pas été suffisamment étudiées pour faire l’objet d’une implémentation dans ce travail de thèse.