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du climat de classe pour favoriser l’adaptation positive d’élèves à risque de décrochage scolaire. Plutôt que de se pencher sur les difficultés d’adaptation rencontrées par les élèves, cette étude s’est plutôt intéressée aux élèves qui se sont bien adaptés malgré la probabilité plus élevée de rencontrer des difficultés, soit qui se sont inscrits dans un processus de résilience scolaire (Howard et Johnson, 2000). Les recommandations qui découlent de cette étude visent donc à favoriser l’adaptation positive de l’élève faisant

face à un contexte d’adversité et non à réduire les influences négatives de ce contexte (Luthar et Cicchetti, 2000). Puisque les acteurs du milieu scolaire n’ont pas nécessairement un pouvoir sur l’adversité à laquelle l’élève fait face lorsqu’il est issu d’un quartier défavorisé, nous nous sommes intéressée aux ressources dans la vie de l’élève qui peuvent compenser face à l’adversité et sur la mobilisation, la promotion et l’amélioration des processus entre l’élève et son environnement.

Du côté des facteurs familiaux, nos recommandations s’appuient sur le fait que, selon notre étude, des parents étant plus engagés et encadrants et ayant plus d’interactions axées sur le quotidien scolaire avec leur adolescent, notamment en ayant un discours valorisant l’éducation, favoriseraient une adaptation positive de l’élève à risque de décrochage scolaire. Tenant compte que, selon le modèle révisé d’Hoover- Dempsey et Sandler (2005) et des résultats de l’étude menée par Deslandes et Bertrand (2005), les parents participent davantage s’ils perçoivent une invitation à le faire, des mesures peuvent être prises par l’enseignant en ce sens. Ainsi, un premier pas à faire par l’enseignant est d’annoncer explicitement ses attentes aux parents quant à leur rôle à jouer dans le suivi scolaire de leur enfant. Étant donné que les élèves sont plus réceptifs lorsque la participation parentale demeure privée (Deslandes et Cloutier, 2002), l’enseignant peut encourager les parents à interagir avec leur adolescent au retour de l’école. Que ce soit pour le questionner quant à ses amis, ses activités de la journée ou ses résultats scolaires, pour vérifier si ses travaux scolaires sont faits en lui offrant un encadrement adapté à son âge ou pour valoriser l’importance de l’école, ces pratiques parentales jouent un rôle non négligeable sur l’adaptation positive de l’élève à risque de décrochage scolaire.

Du côté de la classe, afin de favoriser le climat de classe global, soit la qualité des interactions au sein de la classe, Hamre et al. (2013) et Pianta et al. (2011) proposent que ces interactions se divisent en trois domaines comportant, chacun, des dimensions présentant des pratiques permettant d’établir un bon climat de classe. Par le soutien émotionnel et pédagogique offert aux élèves ainsi que par l’organisation de

sa classe, l’enseignant peut favoriser l’engagement des élèves. L’outil CLASS de Pianta et al. (2011), basé sur le modèle Teaching through interactions (TTI; Hamre et

al., 2013), demeure donc une piste pertinente et globale pour favoriser les pratiques

enseignantes dans la visée de favoriser l’adaptation positive d’élèves à risque de décrochage scolaire.

De manière plus spécifique, les pratiques proposées au sein de la classe renvoient principalement à la réponse aux besoins fondamentaux de Glasser (1999). Que ce soit par le plaisir d’apprendre dans un domaine d’apprentissage particulier, par un sentiment de sécurité ou par un sentiment d’appartenance auprès d’un groupe, il ressort de nos résultats que la réponse aux besoins d’élèves à risque de décrochage scolaire pourrait favoriser leur adaptation positive au sein de la classe. Il s’agit d’une piste de réflexion pertinente qui appuie la perspective ministérielle orientée vers la réponse aux besoins des élèves (Gouvernement du Québec, 2007). Nous détaillons cette idée dans les paragraphes qui suivent.

Dans l’optique de satisfaire le besoin de plaisir dans le cadre de ses apprentissages, lors de la planification ou la présentation d’activités d’apprentissage, nous proposons que l’enseignant réfléchisse quant à la pertinence des apprentissages visés pour l’avenir de l’élève. De plus, lier les activités d’apprentissage aux champs d’intérêts de l’élève peut également être une piste intéressante pour favoriser l’adaptation positive de l’élève à risque de décrocher.

Afin de répondre aux besoins de sécurité de l’élève, nous suggérons que l’enseignant mette en place une relation élève-enseignant significative en misant sur l’écoute et la disponibilité face à l’élève à risque de décrochage scolaire. Cette sensibilité de l’enseignant pourra lui permettre de porter une attention particulière à l’élève afin d’avoir conscience de ses difficultés et de lui offrir le soutien nécessaire face à celles-ci (Hamre et al., 2013; Pianta et al., 2011). Dans certains cas, tout comme

le rapportent nos résultats, il peut s’agir de recommander l’élève au professionnel pertinent.

Quant au besoin d’appartenance, toujours dans la visée de favoriser l’adaptation positive de l’élève à risque de décrochage scolaire, l’enseignant peut aussi viser à augmenter le sentiment d’appartenance au groupe afin de favoriser l’adaptation positive d’élèves à risque de décrochage scolaire. Par le renforcement de ce sentiment, celui-ci s’adapterait ainsi plus positivement en classe (Meeker et al., 2009). Afin de favoriser le sentiment d’appartenance, l’enseignant peut inviter les élèves à travailler en équipe (Glasser, 1998) ainsi que les impliquer dans le processus décisionnel de la classe (Lanaris, 2014).

Nous rappelons qu’il ressort que la contribution relative aux interactions entre l’adolescent et ses parents axées sur le quotidien scolaire ainsi que la qualité perçue par l’élève des interactions au sein de la classe permettent de prédire une diminution du risque de décrochage scolaire. Ainsi, il apparait que le cumul de ces facteurs puisse favoriser l'adaptation positive de l’élève à risque de décrochage scolaire. En ce sens, la concertation entre l’école et la famille permettant la mobilisation des acteurs des deux milieux afin de maximiser l’apport de chacun pour l’adaptation de l’élève à risque de décrochage scolaire est une piste à suivre.

Enfin, nous recommandons, dans le cadre de la formation initiale et continue en enseignement, de mettre de l’avant les pratiques à privilégier afin de favoriser l’adaptation positive d’élèves à risque de décrochage scolaire. Nous suggérons entre autres une formation en lien avec la réponse aux besoins des élèves (Glasser, 1998, 1999) ainsi qu’avec les pratiques reconnues comme étant efficaces afin de favoriser un climat de classe positif, notamment le recours au modèle TTI-CLASS (Hamre et al., 2013; Pianta et al., 2011). Nous proposons également d’informer les enseignants actuels et futurs aux différents types de participation parentale au suivi scolaire et de l’apport de chacun. Ces enseignants pourraient alors, dans la visée d’optimiser l’apport

de la famille, sensibiliser les parents au type de participation parentale à privilégier afin qu’elle soit perçue positivement par les élèves à risque de décrochage scolaire, notamment que les pratiques privées quotidiennes apparaissent plus signifiantes pour ces élèves que le fait de se déplacer à l’école pour certaines activités.