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1.4. Méthodologie : quand les observés interrogent l’identité de l’observateur

1.4.2. Les rapports de domination dans le travail ethnographique

L’identité du chercheur joue un rôle central dans son travail ethnographique. Parce que l’identité de genre et la classe sociale structurent la société et les pensées, elles ont souvent été étudiées de ce point de vue, et surtout des points de vue de la domination de classe et de la domination masculine. Dans un premier temps, nous allons voir comment la question de la domination dans le travail ethnographique a déjà été abordée par d’autres chercheurs.

La domination dans le regard ethnographique

Par domination, on entend le fait que des groupes sociaux (respectivement les détenteurs du capital financier, culturel ou social, ou les hommes38) disposent d’un pouvoir politique, économique et symbolique sur d’autres groupes sociaux (respectivement ceux qui ne possèdent pas ces capitaux, ou les femmes).

La domination a un aspect symbolique, c’est-à-dire qu’elle détermine les savoirs, les pratiques et les comportements légitimes et ceux qui ne le sont pas. Le capital culturel en particulier porte ces marqueurs sociaux qui identifient les individus et leur attribuent des rôles. Par conséquent, elle a une forte influence sur les cadres de pensée du chercheur, quelle que soit son origine sociale, et va lui donner des interprétations ou des valeurs préconçues lorsqu’il aborde son terrain.

Ce pouvoir est pérenne parce qu’il est soutenu par un ensemble d’institutions et de pratiques qui perdurent ; par conséquent, l’identité d’un individu le situe dans la domination qu’il le veuille ou non (un homme, même pro-féministe, est toujours mieux payé en moyenne qu’une femme et court un risque beaucoup moins grand d’être agressé sexuellement) : cette remarque

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95 est vraie aussi pour le chercheur qui ne peut pas se défaire de son identité et de sa position dans la domination.

Domination de classe

La difficulté des intellectuels de milieux sociaux aisés à comprendre réellement les milieux populaires est une question ancienne : ainsi Robert Linhart (1978) décrit-il la tentative des militants de gauche des années 1970 cherchant à comprendre les milieux ouvriers en travaillant en usine.

En critiquant le regard jeté par les sociologues sur les classes populaires, Grignon et Passeron (1989) identifient deux postures également problématiques : le populisme et le misérabilisme. Le misérabilisme se construit à partir d’une position, en particulier une forme réductionniste du marxisme, qui prend pleinement en compte le statut de dominé des individus étudiés. Ce faisant, il enferme leur culture dans une pure position de dominés, sans prendre au sérieux les cadres de pensée de son terrain. Le chercheur dans cette posture vole le sens que ses interviewés donnent à leur monde, pour y appliquer sa propre lecture. Le raisonnement est presque auto-réalisateur : en cherchant à étudier en quoi ces individus sont dominés, le chercheur ne fait que répéter et renforcer cette domination. Le populisme prend le contre-pied et cherche à revaloriser les cultures populaires, ce que réalise le chercheur en les exposant et en leur donnant la parole. Il trouve son point de départ dans une posture de relativisme culturel : chaque culture aurait un ensemble de symboles et de sens cohérents entre eux et irréductible à des théories extérieures. Cette position est contradictoire puisqu’elle repose en dernière analyse sur un anti-intellectualisme de la part de l’intellectuel lui-même et, alors même qu’il cherche à refuser la domination de classe, entérine finalement les cultures populaires dans leur statut de cultures dominées, qui n’ont que la valeur que le chercheur leur attribue. En fin de compte, la critique de Grignon et Passeron reste relativement pessimiste : difficile de sortir définitivement de l’embarras qu’il y a à étudier des groupes sociaux dominés

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lorsqu’on est dominant. Le chercheur doit rester vigilant et autocritique pour ne pas tomber dans ces deux écueils caricaturaux.

Approfondissant la question de la place de l’intellectuel face aux dominés, Rancière pousse plus loin la critique de l’élitisme intellectuel (Huault et Perret à paraître). Même lorsqu’ils cherchent à vaincre les dominations et à permettre l’émancipation, les intellectuels tendent à répéter la hiérarchie des intelligences en considérant que c’est à eux de révéler la domination et d’apporter des cadres et des explications aux dominés pour résister. Cette critique est liée à celle de la critique du misérabilisme : en décrivant ses observés comme victimes de leur domination et en critiquant leur situation, le chercheur continue à se placer en position dominante. Pour ne pas rester dans cette posture surplombante, il lui faut chercher à co- construire l’émancipation avec ses observés pour ainsi contribuer à leur existence39

. Cette position est particulièrement bien décrite et approfondie dans Le maître ignorant (Rancière 1987) qui part de l’expérience de Joseph Jacotot qui au début du 19ème siècle enseigne le

français à des étudiants flamands sans le parler lui-même, simplement en démontrant sa confiance dans leur capacité à y parvenir par eux-mêmes et en les accompagnant dans leur développement intellectuel ; il sort ainsi de la hiérarchie des intelligences.

Enfin, cette difficulté se manifeste non seulement dans le regard du chercheur, comme on l’a vu, mais également dans l’attitude de l’interviewé : Bertaux (1997) fait remarquer la difficulté à interroger quelqu’un que le rôle de chercheur impressionne et insiste sur la nécessité de créer une relation réelle entre individus (et non entre rôles sociaux) pour convaincre l’interviewé de l’intérêt de son expérience et de la pertinence de son propre discours. Lorsqu’un ethnographe rencontre des résistances ou des silences sur son terrain (Anteby 2015), s’interroger sur ces rapports de domination peut l’aider à les comprendre, à les

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Notons qu’il ne s’agit pas non plus de tomber dans le « populisme », puisque l’intellectuel ne glorifie pas la situation des dominés et les aide à en sortir par leurs propres moyens. Pour Rancière, partir du présupposé que les intelligences sont égales ne signifie pas qu’elles soient identiques et que chacun aurait un rôle identique.

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97 dépasser et surtout à comprendre ce que ces résistances signifient pour ce terrain en particulier.

Dans un renversement de ce rapport de classe, l’étude de la grande bourgeoisie a mené les sociologues Pinçon et Pinçon-Charlot (1997) à prendre en compte leur statut de dominés relativement aux individus étudiés, qui maîtrisaient parfaitement les codes sociaux et culturels et pouvaient manipuler facilement l’image qu’ils donnaient d’eux-mêmes, traitant le chercheur comme une personne à son service. Cette situation reste cependant plus rare : en tant que scientifique de l’Université ou de toute autre institution du savoir, le chercheur possède et maîtrise un grand capital culturel, qui le place plutôt du côté des dominants.

Dans son ethnographie sur la sorcellerie mentionnée précédemment, Favret-Saada (1977) offre également deux exemples de populisme et de misérabilisme. Le journaliste, « héros du discours positiviste » pose un regard misérabiliste sur les paysans, il les décrit comme « arriérés », « crédules » et inaccessibles à ce discours ; lorsqu’il leur donne la parole, c’est pour leur demander s’ils y croient « vraiment », ce à quoi il ne peut obtenir qu’une réponse déjà préparée, destinée à se protéger de ce regard méprisant. Réciproquement, le folkloriste se concentre sur la collecte de secrets de sorciers et de désenvoûteurs (secrets qui, du point de vue des observés, n’ont en fait pas grande importance), se plaçant ainsi dans une position populiste cherchant à soutirer un savoir secret (et peut-être surnaturel) possédé par les paysans ; il se prive ainsi de la possibilité de comprendre ces mêmes paysans, en ne cherchant pas à saisir pourquoi ils mentionnent la sorcellerie et ce qu’ils disent à travers ces termes. Favret-Saada renvoie dos à dos ces deux attitudes qui toutes les deux postulent l’existence de deux théories physiques différentes et séparées, la « vraie » et celle des paysans, et ainsi s’interdisent dès le départ de réellement comprendre leur terrain. Elle résume ainsi sa critique :

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Les sciences sociales se donnent pour objet de rendre compte de la différence culturelle. Mais est-ce le faire que de postuler ainsi un paysan à qui est déniée toute autre réalité que de constituer l’image inversée du savant ? (Ibid., p. 18)

La posture de l’ethnographe consiste à chercher à comprendre intimement ses observés, c’est- à-dire à comprendre les explications de leur situation, ainsi que les mécanismes sociaux qui encadrent et permettent de comprendre ces explications.

La domination de classe influence le regard du chercheur et le discours de l’interviewé, que le chercheur soit en position de dominant vis-à-vis du groupe social étudié, ou non.

Domination masculine

Les critiques féministes de l’ethnographie partent de la remise en cause d’un présupposé de la domination masculine : l’homme considéré comme universel et objectif, dont la femme ne serait qu’un cas particulier et non-objectif, puisque soumis à ses émotions. Le chercheur masculin est habitué à considérer son point de vue comme un point de vue légitime, ce que Connell (1995) appelle le « privilège épistémique ». L’épistémologie féministe cherche à dégager les biais sexistes provenant de la socialisation masculine des chercheurs hommes (Naples 2003).

Dans cette optique, les théories épistémologiques du point de vue reprennent l’idée marxiste d’une vision du monde propre à la bourgeoisie et d’une autre propre au prolétariat. Les épistémologies du point de vue transposent cette idée aux rapports femmes/hommes, postulant que la vision du monde de chaque individu est construite par son rapport au monde. Si dans un premier temps, le point de vue féminin est considéré comme le seul objectif40, à cause de

l’expérience de la maternité propre aux femmes, les développements ultérieurs insistent sur l’idée qu’il n’y a pas de point de vue privilégié, que ce soit du point de vue des hommes, des femmes, d’un point de vue féministe et plus chargé politiquement ou d’autres positions sociales (liées à la race ou à la classe notamment).

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99 Dans sa revue de littérature critique de ces réflexions, Espìgnola (2013) met en évidence un paradoxe : en remettant en cause la centralité du point de vue masculin, elles montrent du même coup qu’il est impossible de trouver un point de vue objectif à partir duquel bâtir une connaissance. Espìgnola pointe combien cette posture est inconfortable méthodologiquement, puisqu’elle ne permet pas de dégager de règles méthodologiques simples qui permettrait de construire un regard objectif :

C’est principalement pour cette raison que les propositions féministes, persistant à vouloir substituer au sujet masculin de connaissance un autre sujet (féminin ou féministe), ont échoué à produire quelque élément normatif permettant d’identifier le « point de vue » épistémiquement supérieur aux autres. (Ibid.)

S’appuyant sur les travaux de Longino (1990; 2002), Espìgnola appelle à une création de connaissance par la multiplication des points de vue, c’est-à-dire, par la rencontre des différentes subjectivités sur un même objet.

Ces questionnements renforcent l’idée que l’ethnographe homme doit remettre en cause sa position d’observateur. De plus ils suggèrent que son point de vue puisse participer à ce croisement des subjectivités et ainsi apporter à la constitution de la connaissance.

Les réflexions de Rancière et de Grignon et Passerot, citées précédemment, peuvent être transposées à ces débats pour les enrichir et poser à nouveau la question de la spécificité de la position du chercheur. La posture misérabiliste et la posture populiste contre lesquelles Grignon et Passeron mettent les intellectuels en garde peuvent être ainsi adaptées à la question du regard masculin sur des femmes. Si ce regard les enferme dans leur position de dominées et ne cherche pas à comprendre comment elles peuvent sortir de cette position ou créer des espaces où cette domination n’existe pas, on peut dire qu’il est misérabiliste. Si au contraire ce regard considère que seul leur point de vue est valable et qu’elles détiennent une position épistémologique objective, il devient l’équivalent du populisme. Pour sortir de cette dichotomie, l’approche de Rancière suggère à l’ethnographe homme de chercher à co-

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construire le savoir avec ses observées, c’est-à-dire à la fois d’écouter ses observées et de les faire participer à la création de ce savoir.

Question de recherche

Ce que ces développements nous enseignent, c’est l’impossibilité de se passer d’une réflexion épistémologique sur son propre point de vue. L’ethnographe doit prendre en compte sa personnalité, son origine et comment cela affecte le rapport à son terrain. L’objectivité n’est pas un présupposé, mais une attitude à construire individuellement, en prenant conscience de sa propre subjectivité et de ses limites, et de la façon dont cette subjectivité est construite par la socialisation, et plus largement par les rapports sociaux.

Si ces réflexions épistémologiques ont beaucoup porté sur la critique du point de vue masculin, blanc, européen, riche… elles ne donnent pas une méthode pour surmonter les limites de ce point de vue. Autrement dit : comment un chercheur homme, blanc, européen, riche… et conscient de sa position, peut-il remettre en cause son propre regard ? Cette question semble d’autant plus pertinente qu’elle fait écho à une entreprise relativement ancienne de déconstruction de la masculinité hégémonique et violente par des hommes pro- féministes (ainsi le travail de Stoltenberg 1989 au titre explicite: « Refusing To Be A Man ») et elle a souvent été problématisée par les intellectuelles féministes (Dupuis-Devi 2008). Sans avoir l’ambition d’apporter des réponses définitives, je propose ici d’éclairer cette question à travers l’expérience de mon terrain. Celui-ci est particulièrement pertinent parce que le féminisme est particulièrement attentif à la place des hommes en son sein, menant ainsi à une double remise en cause du regard du chercheur homme : à la fois par le chercheur lui- même, conscient que son regard n’est pas « objectif », et à la fois par les observées féministes, très conscientes de cet écart et très vigilantes à ne pas le reproduire. Dans un premier temps, je décrirai comment j’ai été pris par mon terrain et comment j’ai acquis ses cadres d’analyse, avec les difficultés que cela comporte. Dans un deuxième temps, je montrerai que, si la

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101 relation avec les observées est bien négociée, cette position particulière peut être bénéfique pour l’enquête. Enfin, j’explorerai la difficulté de prendre du recul sur mon terrain.

1.4.3. Etre remis en cause par ses observées

J’ai étudié un groupe de femmes tout en étant un homme. Cette position était renforcée par deux aspects de La Barbe.

En premier lieu, le fait qu’il s’agit d’un groupe majoritairement lesbien, question dont la complexité a déjà été discutée, et dont beaucoup de membres se battent pour la reconnaissance et la défense des personnes LGBT. Etant hétérosexuel, je suis également issu d’un groupe social dominant.

En second lieu, il s’agit d’un groupe féministe, dont les membres ont conscience de la domination masculine et me rappelèrent plusieurs fois avec bienveillance à mon identité de dominant. Si mon identité d’homme jouait un tel rôle, c’était avant tout la conscience qu’elles en avaient, plus qu’un rapport « réel » de domination entre elles et moi. Je n’avais pas de pouvoir symbolique ou effectif sur elles, mais elles me mettaient en garde contre ma propre identité, en particulier dans mon regard de chercheur.

Il faut nuancer cette situation : je partageais avec les membres de La Barbe le fait d’être blanc (dans leur quasi-majorité) et surtout de disposer d’un fort capital culturel, ayant comme la majorité d’entre elles fait des études supérieures.

Pour prendre en compte cette situation, ma posture générale était de rester silencieux, d’éviter de paraître invasif et d’aider au mieux l’action et le groupe ; j’ai également explicité très tôt ma position et demandé aux activistes de discuter entre elles dans quelle mesure ma présence était acceptable, afin de prévenir tout conflit. J’ai aussi fait un effort sincère pour acquérir les cadres de pensée des activistes interviewées à la fois durant les entretiens et en lisant les références qu’elles citaient.

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Pour montrer comment je me suis intégré au groupe et comment j’ai acquis les cadres du groupe, je décrirai ma relation générale aux activistes. Puis je reviendrai sur deux événements spécifiques mettant en évidence cette intégration progressive. Enfin, je décrirai mon expérience et comment ce terrain m’a affecté personnellement.

Relation au groupe

Je vais d’abord rendre compte de la relation concrète avec l’ensemble des activistes, à travers plusieurs micro-interactions tirées de mes observations de terrain. Elles décrivent comment les activistes manifestaient leur conscience de mon identité et m’y rappelaient ; l’évolution de ces micro-interactions montre aussi mon intégration progressive au sein du groupe.

A la fin de la première action que j’ai observée41

, les activistes ont fait un tour de parole pour que chacune puisse donner son impression et exprimer son point de vue sur la manière dont l’action s’était déroulée (il y avait beaucoup de nouvelles arrivantes à cette action et les activistes plus anciennes ont veillé à bien les accueillir, à rappeler les consignes de sécurité et à les inviter à s’exprimer). Lorsque vient mon tour, je décris mon expérience et je précise en particulier que j’ai eu peur pour les activistes42

(à ce moment-là je prends encore beaucoup la parole, plus tard et notamment à cause de cet incident, je prendrai plus de distance). Une activiste, relativement nouvelle, me répond aussitôt : « Ah, c’est un réflexe de mâle protecteur ! » sur un ton assez sérieux. Je réponds par un sourire un peu gêné, ne sachant s’il s’agit de premier degré ou de dérision et le tour de parole passe à quelqu’un d’autre. Cette interaction est la première où ma position d’homme est abordée de façon critique ; elle me suggère implicitement de ne pas me mettre en position surplombante et de laisser agir les activistes. C’est une crainte courante des féministes que de voir des hommes – de bonne

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5 juillet 2011, Think-tank qu’il y aura des hommes, cible : la conférence de think tanks organisée par la revue Acteurs Publics.

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J’ai eu plusieurs fois sincèrement peur pour les activistes, à la fois physiquement, mais aussi à cause de la pression (insultes, menaces, etc.) à laquelle elles faisaient face.

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103 volonté – chercher à prendre la direction d’un groupe féministe, ma présence a sans doute réactivé cette crainte.

Après une action en octobre de la même année43, les activistes s’étaient retrouvées à leur habitude dans un bar pour rédiger le compte-rendu. Ne buvant pas d’alcool, je commandais par habitude un jus de tomate. Alors qu’elle commande une bière, une activiste s’en amuse, en me disant que ça fait très « petit jeune homme sage ». Ce commentaire marque une certaine acceptation de sa part, qui me décrit comme un homme, mais inoffensif. D’une certaine façon elle valide aussi mon choix général de rester en retrait et relativement silencieux. L’humour de la remarque indique aussi une connivence absente jusque-là.

En milieu de ma période d’observation, La Barbe a mené une action44 dont l’événement était

une conférence d’un explorateur décrivant son expédition dans l’Arctique, financée par la cible, Air Liquide. A la sortie de l’action qui avait été assez mouvementée (insultes, charivari